Justice en do mineur
La semaine dernière s'est achevé l’ultime péripétie des rebondissements de l’affaire Dutroux : celle du scandale d’Outreau !
En effet, c’est à cause de notre pédophile national de sinistre mémoire que le juge français Fabrice Burgaud, influencé par l’opinion publique, a instruit seulement à charge envoyant certains inculpés jusqu’à faire trois ans de préventive, pour qu’enfin la Cour de Cassation de Paris les disculpe !
C’est terrible que le justiciable soit la victime d’un con de l’ampleur de ce juge d’instruction d’Outreau !
Des gars de ce genre, il doit y en avoir tout un rayon. C’est une fois de plus le problème de l’omniscience que donnent certaines fonctions de justice et aussi de police qui est posé. Laisser sans contrôle des individus qui se croient sortis de la cuisse de Jupiter dès qu’ils ont touché le but qu’ils s’étaient assignés, paraît de plus en plus inique et calamiteux.
C’est toute la véracité des témoignages des petites victimes des pédophiles qui est en question. Malmenés par des parents indignes, interloqués et apeurés par tout l‘appareil de justice, ils se sont trouvés en face de psychologues persuadés à l’avance de la véracité de ce qui n’était qu’un échafaudage hasardeux issu de l’imagination enfantine de ces petits martyrs. Ces enfants sont passés de victimes manipulées à personnages importants, du jour au lendemain. La parole des enfants fut triturée et amplifiée par des gens qui d’habitude sont plus circonspects.
Cette histoire de fous aurait pu, selon un témoignage d’un accusé disculpé, envoyer la France entière à la guillotine !
Tous les inculpés innocentés ont été unanimes pour dénoncer les carences graves de l’instruction. De l’avis général, y compris du ministère public qui a plaidé pour l’acquittement des accusés, au point que la défense n’a pas jugé utile de plaider, le juge Fabrice Burgaud n’a pas su écouter les gens, parce qu’il cherchait des coupables, pas des innocents.
Le Monde parle des dérives d’Outreau, comme devant nous interroger sur cette rumeur de pédophilie, la plus facile à exporter et à exploiter et difficilement contestable.
L’affaire Dutroux, on s’en souvient, aurait pu se terminer comme à Outreau. En résistant à la tentation de partager la thèse de réseau avec les parents des victimes, le juge Langlois aurait-il agi sagement ? Qu’aurait fait le juge Connerotte, s’il n’avait pas été dessaisi ?
Après les conclusions et les condamnations et sans préjuger du dossier bis qui pourrait livrer des surprises, force est de constater le sérieux de l’instruction belge en regard de l’instruction française pour un procès du même genre. Notre juge d’instruction a préféré a rebours de l’opinion publique, ne pas sacrifier à la rumeur.
Voilà qui est tout à son honneur et le place certainement dans cette catégorie de magistrats dont nul ne peut contester l’honnêteté et la rigueur.
Que va-t-il se passer en France après ce couac dans la magistrature ? On parle d’un collège de trois juges dans les cas graves. On commence petit à petit à trouver extrêmement lourd le pouvoir d’un seul homme d’envoyer quiconque en prison sur de simples soupçons.
En Belgique, Laurette Onkelinx s’amuse à modifier la législature en matière de Cours d’Assise, sans se poser la question de la préventive.
C’est dommage.
Ce serait bien l’occasion de comparer les deux poids et deux mesures relatifs aux soupçons selon que l’on soit un délinquant en col blanc ou un has been du vol à la tire.
Parions que la faillite de Francorchamps qui s’annonce fort mouvementée et qui pourrait dégager certaines responsabilités judiciaires n’enverra pas en prison pour certains délits ce que d’habitude, pour moins que cela, y finissent quelques malheureux escarpes et autres médiocres de la délinquance ordinaire.
Nos sociétés apeurées des perspectives terroristes et intégristes font en sorte que les pouvoirs régaliens soient de plus en plus attribués à un paquet de gens, certains très biens, mais parmi lesquels se glissent des cons fameux de l’importance de celui d’Outreau.
Quant au juge français d’Outreau, il court encore comme on dit. Aux dernières nouvelles, s’il a été déplacé, il n’encourra aucune sanction. Peut-être même a-t-on prévu pour lui une voie de garage dorée.
Sa responsabilité n’est pas engagée. Les drames de tous ces innocents dont il a brisé la vie et saccagé l’avenir, ne le concernent pas. Mieux, il n’a pas à présenter des excuses à ses victimes…
Les traditions ne se perdent pas.
Les grands serviteurs de l’Etat n’ont pas à se faire du mauvais sang. Sans gaffe ou avec gaffe, la voie sera toujours royale.