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Liège à sang coulant.

Depuis que la Commission européenne a publié les chiffres sur la criminalité dans les grandes villes, je sors à Liège en rasant les murs. Me gardant bien d’offrir mon dos à un des nombreux psychopathes qui circulent librement depuis que la police n’arrête plus que les jolies filles pour faire la causette, j’avance en quinconce afin de ne présenter qu’un minimum de surfaces trouables. Le nombre de crimes enregistrés pour 1.000 habitants est de 153 à Bruxelles, 117 à Anvers, 144 à Charleroi, et atteint 256 à Liège, ce qui la place en tête du classement de 258 villes européennes.
Je savais qu’on était les plus forts en tout, mais pas à ce point.
La preuve, le bourgmestre Demeyer s’est réfugié au poste central de la police pour y tenir une conférence de presse afin d’affirmer le contraire.
Ce que les journalistes accrédités ont repris comme une vérité incontournable, mais en gilet pare-balles quand même. On a beau faire confiance aux autorités et croire à ce qu’elles disent, il n’en demeure pas moins : on n’a qu’une vie.
Même Paris, capitale du vice, n’est qu’à 146 crimes, soit plus de cent points en-dessous de Chicago sur Meuse.
Et Palerme, soit disant maffieuse, 63 crimes seulement.
Ce triste record nous le devons à notre tempérament de feu. Le Wallon serait l’être le plus criminel d’Europe.
Les autorités nous ont cependant fait savoir par la voix des confrères de la presse écrite que les statistiques datent de 2001. Depuis cette époque, ça va beaucoup mieux. La morgue de la rue Dos-Fanchon s’est agrandie. Les balayeuses automatiques passent plus régulièrement pour laver les trottoirs et les caniveaux, du sang répandu la veille.
On ne le dit pas officiellement, mais les bosses dans les anoraks, les objets déformant anormalement les poches des pantalons n’ont rien avoir avec l’ardeur violente dont jadis Carton de Wiart créditait la jeunesse liégeoise. La Cité Ardente n’est plus qu’un formidable dépôt d’armes de toutes natures et ce qu’on en voit ne sont que les armes de poing à peine dissimulées et qui simulent la virilité.
On peut relever comme une impatience de martyr parmi nos héros futurs. Chacun des postulants s’agite. Compte tenu de la violence montante, aucun de nos journalistes ne regrettent l’Irak. J’avais cru voir l’un d’entre eux en casque de combat et équipement genre rat du désert, ce n’était qu’un ouvrier du gaz creusant une tranchée devant chez moi !
Alors que je m’écriais « comme en 14 », il m’a simplement prié de ne pas jeter mon mégot dans l’excavation.
A la nuit tombante, il est recommandé de sortir accompagné. Ce que je fais, tout en laissant passer ma fiancée devant moi. Ne m’a-t-elle pas dit qu’elle serait prête à me faire un rempart de son corps ? Je l’ai prise au mot…
Le plus dangereux, c’est de franchir un carrefour à découvert. J’ai adopté la progression par bonds et en zigzag. L’embêtant c’est le feu rouge pour piéton au pied de la rue Saint-Gilles, en direction du Pont d’Avroy. On est trente secondes à découvert. Quand on échappe aux balles, ce sont les gangsters en voiture qui ne vous ratent pas.
J’ai déjà perdu deux fiancées de la sorte.
On commence à me connaître à la morgue de la rue Dos-Fanchon.
En me voyant, le préposé me dit amicalement « la vôtre, je l’ai mise dans un tiroir près de la fenêtre. C’est plus calme de ce côté là. ». Je reconnais le corps en bavardant avec lui. C’est un supporter du Standard. Il me reconduit jusqu’à la porte en me souhaitant un week-end prudent. Il me conseille de ne pas revenir au centre par le quai des Tanneurs. « On en a encore abattu deux cette nuit. » qu’il fait en claquant la porte derrière moi. Je m’éloigne en crevant de peur, tandis que je l’entends repousser avec violence les lourds verrous.
On dit que c’est plus calme du côté de Chaudfontaine. Embourg n’est pas mal non plus. Est-ce qu’on sait avec cette criminalité liégeoise qui gagne les faubourgs !
Je signe demain une pétition. Puisque nous voulons vivre à l’américaine, nous proposons à nos élites d’adopter le premier amendement de la Constitution américaine concernant le droit de sortir armés des américains en règle avec leur conscience et les taxes en vigueur. Nous irons porter cette pétition à la Violette en agitant un drapeau blanc, des fois que les conseillers communaux inquiets de notre attroupement ne nous tirent dessus sans sommation.

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Aux dernières nouvelles, il reste encore deux messes des morts, mais les funérarium affichent complets pour la semaine du Réveillon de l’an. Quant au crématorium, les fumées incommodent tout Robermont.
Le bourgmestre espère bientôt un débouché pour les cendres. L’Université et Meusinvest feraient bien de trouver quelque chose, au lieu de n’investir qu’à Francorchamps où il n’y a des morts qu’un seul jour de l’année.

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