Pour un nouveau PS.
Le PS est le seul parti de la gauche qui subsiste dans un climat politique dégradé. Il mène une stratégie qui se voulant éloignée des extrêmes tombe nécessairement au centre. Cette fascination centriste n’est pas spontanée, elle est le fruit d’une stratégie vieille de trente ans, confortée par les statisticiens, les publicistes et les avocats du PS, convaincus que la société loin de se gauchir, s’embourgeoise et que l’électeur se recrute désormais au centre. D’où l’abandon de la théorie de la lutte des classes. Cela sera de moins en moins vrai à l’avenir, en regard des événements et de la dérive du capitalisme.
La formulation en parti réformateur du PS est trop peu représentative en 2005 de la gauche pour que celle-ci s’en satisfasse. Aussi, les déçus du socialisme se comptent-ils par dizaines de milliers, jusques et y compris dans les rangs mêmes de ceux qui collaborent au triomphe du libéralisme en lui donnant leur caution.
Jouant de son monopole, le PS a jusqu’à présent tenu bon. Mais les scandales redoublés dans les sociétés de logement qu’il gère et le fiasco de Francorchamps altèrent son image et risquent de lui coûter des sièges.
La voie est étroite pour le nouveau et palot observateur, le jeune avocat Gilles Doutrelepont, que Di Rupo a lancé au cœur de la catastrophe annoncée, pour ramener au parti les mécontents. On est loin de l’ancienne Jeune garde socialiste et de la fougue du passé. Celui-ci pourrait faire aussi bien « Jeunesse libérale » que vicaire chez Milquet.
Il n’empêche, malgré la collaboration avec les libéraux, le PS se dit toujours le parti de la transformation sociale.
Et c’est là, devant les faits qu’il tient un double langage.
Car, de quelle transformation s’agit-il ? Puisqu’il ne peut plus modifier grand-chose dans l’équilibre économique.
Les mots ne suffisent plus à rassurer les esprits inquiets.
Les faits sont là. Loin de gauchir la politique libérale, le PS en suit les méandres. On assiste au démantèlement des grands services collectifs, sous prétexte de moindre coût, pour le bénéfice d’entrepreneurs privés. Les lois de protection de la précarité comme le chômage se détricotent et perdent de leur efficacité, alors que les chômeurs sont de plus en plus nombreux. Bref, le PS aide à la précarité générale des populations à bas revenus. Mieux, il condamne les syndicats qui mobilisent contre « le pacte de solidarité » et qui n’est rien d’autre, au-delà des mots accrocheurs, qu’une récession des droits des travailleurs âgés.
Le PS feint par sa politique ne pas voir dans l’accroissement des inégalités que le clivage entre les actifs et les exclus et même entre les générations, s’accroît, alors qu’il se vante d’arrêter la fringale capitaliste dans son désir de manger le « petit » !
Aux questions innombrables que sa politique soulève, il n’est aujourd’hui aucune réponse satisfaisante.
Comment socialement démocratiser le libéralisme ?
Un contrepoids au système est, on le voit bien, insuffisant.
Toute aspiration nouvelle, tout progrès ne peut se concevoir que dans une espérance lointaine, mais omniprésente dans la volonté de changement. Un retour aux idéaux qui irait jusqu’à la volonté de changer la donne de l’économie libérale mondialisée, en commençant par la critiquer.
C’est ce qui n’apparaît jamais dans les discours de Di Rupo qui est devenu le grand collaborateur de la droite.
Comment ne pas souhaiter qu’un nouveau socialisme libéré du carcan libéral détermine enfin une autre politique que celle que les pays occidentaux suivent et qui nous conduit à coup sûr dans le mur ?
Il faut le répéter sans cesse, un système économique qui s’accommode de millions de chômeurs, qui ne vit que sur le profit et l’égoïsme, qui a fait ses preuves qu’il est inamendable et que plus on avance, plus sa singulière logique tranchera en faveur des plus riches et spoliera les plus démunis, augmentant sans cesse le malheur des multitudes : EST UN MAUVAIS SYSTEME !!!
Ceux qui disent : « Oui, mais le moyen de faire autrement ? » n’ont de gauche que l’étiquette, parce qu’ils n’ont en eux que la résignation du chien couchant d’un capitalisme triomphant.
Il faut espérer que bientôt des voix se feront entendre à gauche qui exploreront les conditions d’un futur redressement idéologique qui balayera le réformisme de collaboration.
Il faut trouver les moyens et cela dans l’immédiat pour que puissent s’exprimer démocratiquement les recalés du suffrage universel, ceux qui, à force de mettre de l’eau dans leur vin, n’ont plus de vin du tout.
Ce ne sont pas des réformes qu’il faudrait au PS, mais une refondation sur les anciens principes, un changement radical d’objectifs et une autre voix que celles trop souvent entendues de ces ministres noyés, imbibés dans le système libéral, qu’ils servent en leurrant les gens qui les élisent…