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31 janvier 2006

On va bien se… guydollé

-Boys… Lakshmi, le patron du ranch « Mittal des Hollandais », veut passer en force sur nos terres avec ses troupeaux qu’il vend à la foire de Calcutta. Foi de Kinsch, contremaître d’Arcelor Ranch, il ne passera pas. Notre boss, vénéré, le major Guy Dollé, a reçu son offre. « C’est une offre hostile. Il veut la guerre, il l’aura,… » Voilà, les gars, ce sont les paroles mêmes du major…
-Lakshmi va ravager les cultures d’Arcelor Ranch, patrons !
-C’est toute la profession de cow-boys de la région qui est menacée…
-Le folklore du Sud aussi…
-On peut pas supporter ça, les gars… On a le droit au bout de nos Winchester.
-D’autant qu’on a eu une partie du Canyon ravagée par les sauterelles. Elles ont bouffé jusqu’aux hauts-fourneaux de nos termites !...
-Personne a un plan ?
-Boys… nous attendrons Lakshmi à la sortie du grand désert de Seraing, et nous lui ferons son affaire dans le canyon de Cheratte. Nous avons avec nous les Indiens du Pairay et les tribus de la basse Meuse…
-Il ne passe pas avec mille têtes de bétail sans ses hommes de main, Ispat l’Indien et les gens du chemin de fer du Texas. Cela fait du monde… Il a des tueurs… l’Indou-Hollandais, des fines gâchettes… Sans compter les petits planteurs sur lesquels on ne peut pas se fier…

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-Boys… et si on faisait appel au Mexicain !
-Quoi !... le marshal… pour descendre Lakshmi ?
-Boys… on l’a vu dans le désert de Mojave arrêter des hommes de la tribu Carolo qui voulaient construire des masures à prix d’or aux mineurs, sur les terrains de la Pacific...
-Il a joué sa part de petit rancher à Reno, mais il doit encore en avoir. C’est un petit porteur aussi… Il n’est pas fiable… Il pourrait tomber amoureux du Hollandais…
-Boys… Il faut courir le risque… On le tient par les couilles avec son amour du pays…
-C’est un fédéré convaincu. Quand on lui parle de l’épopée de la ruée vers l’or, le bon temps quoi, il fait dans son jean’s de bonheur…
-Et si on lui faisait miroiter une poignée de dollars en plus de l’offre de Lakshmi ?
-Boys… il faudrait savoir combien le ranch Mittal veut mettre. Moi, je préférerais verser une prime au marshal, à condition qu’il nous débarrasse de l’Indou-Hollandais.
-Depuis qu’il est marshal, il passe ses journées à faire reluire son étoile, à changer son stetson quand un gazetier vient de Baton-Rouge pour l’interviewer. Les après-midi, il tire avec son Smith & Wesson sur des bouteilles de rye. Le soir, il fréquente les bars gays de la frontière…
-Boys, il faut essayer le marshal, c’est le major qui le demande… Didi, sweet, tu finis de tondre la pelouse, puis tu pars au galop pour le Rio Grande, fais seulement gaffe quand tu toucheras Mons-City. Tu sais que la tête du marshal est mise à prix par la bande des déserteurs du général Custom…
-Bien, patron…
-Boys… les plus dangereux ce sont les petits planteurs. Ils ont des lopins de terre autour de la propriété, Arcelor-Ranch… D’habitude on en pendait quelques-uns pour les intimider, maintenant il va falloir faire avec…
-On a quand même avec nous les hommes de main de Castagnero. Ils veulent se battre pour nous patron !...
-Boys… c’est étonnant… des Indiens !... On les payait à peine pour retourner notre fumier et nourrir nos bêtes… et voilà qu’ils veulent se battre pour nous… Enfin, on s’en plaindra pas. Faut s’en méfier quand même, c’est tout fainéants et mauvais tireurs ces gars-là.
-On les encadrera patrons. Et le premier qui bouge… pan !
-Boys… Wayne, tu vas me chercher Castagnero dans son hacienda et tu l’amènes au major.
-Ok patron.
-Boys… on est à une veillée d’armes… C’est pas la première… Ce sera pas la dernière. Il faudra voir à lui faire payer ça, à ce fils de pute…
-Et si en plus du marshal, on faisait appel aux deux frères Dalton ?
-Boys… ils sont aussi sûrs qu’une paire de crotale qui n’aurait plus vu de mulot depuis trois mois… Mais peut-être le gouverneur ? Ouais… le cul dans son palais, il aime pas les Hollandais quand même, vu que son ancêtre leur a taillé des croupières en 30 à El Alamo. Puis, il s’est chauffé aux braises des bivouacs que John Cockerill fit au bord du Rio Grande avant de saccager la vallée…
-Et comment qu’on sera payés ?
-Boys… on verra au résultat. Mais il y aura une prime, à condition de pas le dire aux hommes de Castagnero. Vous savez comme sont les pauvres… On leur donne un radis, ils veulent la botte… ils sont pas patriotes… ils sont pas pour Arcelor-Ranch, dans le fond… ils sont rien que pour le fric…
-Comme le patron…
-Boys… c’est vrai… mais faut pas le dire. C’est la règle du jeu… jamais !... Ce serait comme gueuler qu’on a trouvé une pépite de trois kilos dans le canal Albert !...

30 janvier 2006

Les grands chefs

On les regarde depuis trop longtemps à la télé, sur les magazines et à la veille des élections sur les murs des pissotières.
Ils sont partout.
Ils font semblant que tout les intéresse. Alors qu’on sait bien que c’est impossible. Pas pour eux. Ils passent d’un ministère à l’autre, avec la même passion, la même apparente compétence. D’ailleurs, ils savent tout et nous assènent le savoir que leur distillent au coup par coup leur attaché de cabinet, qu’ils nous balancent comme si cela venait d’eux.
Ce sont nos grands spécialistes…
Ils vieillissent mal.
Alors qu’on décramponne à 55 ans, eux s’accrochent, se teignent les cheveux, gomment leurs rides, quand le retoucheur vidéo ne les leur gomme pas. Faut-il qu’ils y tiennent à leurs 45 mandats, à la bonne soupe pas populaire pour un sou qui les fait vivre, comme s’ils valaient à eux seuls 36 chômeurs !
Et on applaudit au spectacle de leurs pauvres gueules…
Certains ont été des cibles dans ces carnets qui « débloguent ».
Surtout un, dit de « gauche ». Tour à tour, Pie XII, Louis le quatorzième ou Marco Polo du plan Marshall. Voilà qu’il se met à ressembler à Cocheese sortant de son tipi.
Entouré de laudateurs, il est aux dithyrambes le front ceint de laurier.
Il a été si bon élève ! Sa thèse aurait fait le sujet de dix livres. Rien qu’à l’énoncé des chapitres, cent fois aurait-il mérité le prix de la physique et de la chimie réunis en un super-Nobel. Un si gros cerveau, que même les avocats qui sont la crème de la démocratie active comme chacun sait, se prosternent devant lui. C’est quasiment poussé par les autres qu’il est arrivé au poste élevé qu’il occupe. Il nous l’a dit. Il s’est sacrifié pour nous. L’âme wallonne était en danger. C‘est notre héros !
Je ne peux pas le voir en effigie sans me demander s’il a chaussé ses mocassins, s’il va sortir ses plumes et faire mouche de ses flèches ? Quand il fustige ses adversaires du haut des tribunes où rougeoie son gonfalon, on s’attend à ce que ses squaws le décorent de ses peintures de guerre…
Ses guerriers alanguis dont il fustige la paresse fument le calumet de la paix avec les tribus de la rive droite, lui, toujours très rive gauche, fait mine de ne pas les voir, alors qu’on sait, dans les rendez-vous de chasse, qu’il les fréquente. Entre eux, ils se touchent le front avec des « hugh » sonores. Mais que voulez-vous, il faut bien en conter au peuple…

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Sitting Bull Ratio, l’autre chef, celui de la rive droite où campe la tribu MR, l’invective d’une rive à l’autre, parfois il fait mine de traverser à la nage, son tomahawk entre les dents. Quand il le défie devant les foules, on voit qu’il a été beau jadis. Aujourd’hui, son visage poupin s’est alourdi. C’est qu’il plie sous les banquets, les tournées générales et cette facilité de vivre sans compter avec l’argent d’un Eldorado qu’il est seul à apercevoir, et qui n’est autre que ce qu’il prend dans nos poches.
Sitting Bull Ratio nous montre sa voie, le fleuve Ockham’s razor. Il n’émet des hypothèses qu’au compte goutte, selon le grand principe que moins on en fait, plus on évite les gaffes. Il apparut un soir d’automne et prit la place du grand Manitou. Celui-ci, l’œil cerné des veilles à notre service, le teint jauni des vins riches et des viandes sauvages, s’en était allé vers des dimensions grandioses au bleu étoilé des fédérés de l’Europe .
Grossir au service de la nation est le sort dur, mais nécessaire de l’édilité.
Enfin, autre adversaire de Cocheese, une belle chrétienne destinée aux lions et qu’un bon ange sauva. Hélas ! elle aussi ravagée par les macérations et le travail de nuit, pourtant prémunie du destin par la vocation qui conserve : celle du barreau. Tremplin magnifique à tout envol démocratique, sa plaidoirie la vouait au peuple. C’est ce qu’elle fit, malgré les avatars et les perfidies des machos qui n’admettaient pas qu’un sang impur abreuvât leurs sillons à uriner dans l’accroupissement de la fange du ruisseau.
Elle osa arborer ses peintures de guerre en temps de paix. Signe qu’elle était prête pour les scalps de la tribu d’en face.
Cocheese est sous le charme. Sa nature indistincte le rapproche et l’éloigne. Ils cohabitent, elle et lui, sur la rive gauche. Leurs nuits au tam-tam, tels Georges et Musset, assourdissent du bruit de leurs amours les montagnes de schistes et les laminoirs vides. Des hauts-fourneaux lugubres montent des plaintes qu’ils confondent avec les cris de joie des fidèles assemblés à leur messe noire et rose. Ce serait divin, si sous nos climats, cela le pouvait être.
Aussi attendront-ils qu’un passage à vide succède au passage à plein. Ils patientent et guettent, le moment de l’envol vers des territoires de chasse après la vie publique.
Je parie qu’ils n’auront même pas la décence de nous dire merci…

29 janvier 2006

Vivent les sondages !

Après un sondage sur les 250 ans de Mozart, le MR en a fait un sur les 200 ans d’Alexis de Tocqueville qui est passé complètement inaperçu.
A l’heure où j’écris ces lignes, on ne sait toujours pas si c’est l’admiration pour l’écrivain, dans la continuité de Montesquieu et qui écrivit des pages sur la démocratie en Amérique que les candidats MR aux suffrages apprennent par cœur ou si c’est par admiration pour le bourgeois coincé et juge auditeur au tribunal de Versailles, dont la conversation était, paraît-il, d’un ennui profond, qui a poussé le staff pensant des libéraux à profiter de la manie des journaux à nous sonder régulièrement ?
Toujours est-il que ce document inmontrable est pour la première fois montré.
Confondant Alexis et Didier, à cause d’une coquille typographique substituant le prénom de Didier à celui d’Alexis, bon nombre de sondés ont cru qu’il s’agissait de leur président. Les résultats sont catastrophiques.
Didier fait-il ses 200 ans en qualité de penseur libéral ?
Oui : 53 % 8 - Et en tant qu’homme politique : 42.9% - Ne les fait pas : 1,6 %.

La commémoration des 200 ans de Didier vous intéressent : a) S’il y a un buffet 83 % 7
b) S’il n’y en a pas : 3 % 2

Vivement ses 300 ans : 4 % 7.

Marre d'en entendre parler : 86 % 8 (C’est la Fédération MR de Jodoigne qui a fait basculer le score, celle de Liège n’ayant pas compris la question.)

J’aime le libéralisme : 37 % 9. Je n'aime pas le libéralisme : 10 %.
Il y aurait donc 10 % de libéraux qui n’aiment pas le libéralisme ! Ces chiffres seraient incompréhensibles si les sondés ne s’étaient pas fait infiltrer par les hommes de Di Rupo. L’inverse étant manifestement vrai également, un grand nombre de libéraux siègent parmi les membres du PS, comme nous l’indique un récent sondage, non publié lui aussi, qui ferait état de 82 % de sondés au PS favorables au libéralisme.
Au PS, les commentaires sur le sondage libéral vont tous dans le même sens. Mais comme seul le président le connaît, les autres attendent lequel.
Une note de l’Institut Matagne, l’homologue liégeois du Vandervelde bruxellois, relève que le socialisme réformateur serait légèrement plus libéral que le mouvement réformateur libéral, d’où la carte politique de la Belgique qui montre un centre massif mais où la droite socialiste domine légèrement la droite libérale, celle-ci moins fermement attachée à la loi des marchés.

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Enfin, à la question « Qui est-ce? » 9 % des sondés ont répondu connaître Didier. Enfin, la bévue étant découverte, sur ce point, à la question enfin rétablie « Qui est Alexis de Tocqueville » 27 % 7 ont dit savoir qui il était. Tocqueville serait donc 3 fois plus populaire que Didier au MR. Ce qui laisse rêveur.
Il est vrai qu’à la question subsidiaire qui demandait de préciser qui était ce grand libéral qu’était Tocqueville, certains l’ont vu comme le grand’père de Leonid Brejnev, planteur d’hévéas en équateur ou proxénète au quartier de La Goulette à Marseille.


Les sondages ayant un grand impact populaire, on pense que le gouvernement pourrait dorénavant procéder par sondage.
C’est ainsi qu’à la question voulez-vous travailler jusqu’à 70 ans, 68 ans ou 65 ans ? Le sondage indique une écrasante majorité pour 65 ans. Idem pour les salaires, voulez-vous une diminution de 50, 40 ou 20 euros ? Tous les fonctionnaires ont opté pour les 20 euros. Le sondage parmi les chômeurs a établi les normes de pénalités à la grande satisfaction des pénalisés qui ont voté eux-mêmes leur sanction et du gouvernement dont la tâche est singulièrement allégée.
Notre démocratie, grâce aux sondages, va certainement faire école, ne serait-ce que par la modération dont nos députés font montre quant à la question « voulez-vous 5 mille ou 2 mille euros d’indemnités supplémentaires pour abandonner vos mandats dans les Intercommunales. » Une majorité écrasante s’est dite satisfaite à 2 mille !...

28 janvier 2006

Les beaux « empois » du FOREm.

Sabine Pluquejamè, conseillère - Dans le cadre de notre nouveau délayage de l’emploi dans l’eau chaude, nous offrons à nos stagiaires l’occasion de leur donner une bonne tenue et une saine raideur devant les employeurs, grâce à l’empois... Cette démarche « arrêté du 1er avril 1927, par. 7, aliéna 2, L’empois pour tous » s’articulera autour d’interview de personnes ayant développé de nouveaux métiers. Aujourd’hui nous recevons Gaspard Venu qui vient de créer une start-up à joint-venture avec le groupe canadien Dixie Laonverrabien. Cette entreprise produit des bruits divers, allant du bruit retentissant au faux bruit. Si vous avez des questions à poser à Monsieur Gaspard Venu.
Un stagiaire méritant – Monsieur Gaspard Venu, quelle est la différence entre votre métier et celui de preneur de son ?
G.V. – Le preneur de son est sur un plateau de tournage, à la radio ou bien dans la rue. A la société Gaspartout, nous nous approprions des sons que nous collectionnons et vendons sur catalogue ou que nous mettons en vente directement à des particuliers.
Un stagiaire méfiant – Cela, plaît-il, rapporte-t-il, une fois assez pour m’acheter une mobylette, deux fois ?
G.V. – Pas mal. C’est parfois aussi lucratif que le métier de paparazzi.
Un stagiaire peu convaincu – Pouvez-vous nous donner des exemples et y a-t-il un marché pour couvrir les frais ?
G.V. – Considéré d’abord comme un hobby, mon métier ne m’est apparu comme tel que le jour où j’ai capté des bruits dans un fond de salle d’un Congrès MR. J’avais deux alternatives : négocier leur diffusion avec les journaux ou les faire entendre à Didier Reynders. C’est la deuxième alternative que nous avons choisie.
Un stagiare libéral (Oui, ça existe) – cela s’appelle du chantage, Monsieur Gaspard Venu.
G.V. – Non. Au contraire. Le président du MR a été très heureux d’enfin savoir ce qu’on pense de lui dans les derniers rangs. Nous allons étendre cette approche des Congrès au CDh et au PS. Nul doute que les bruits y seront instructifs.
Un stagiaire mal vu au FOREm – Que pensez-vous des faux bruits ? Pourriez-vous en capter dans nos locaux ?
G.V. - Le faux bruit est ce qu’il y a de plus répandu. Parfois il est le fruit de malveillants, par exemple le faux bruit selon lequel Elio Di Rupo est pour le non-cumul des mandats ; mais le faux bruit est aussi lancé exprès par ceux qui ont intérêt à troubler l’opinion. Le plus bel exemple est donné par Monsieur Reynders qui nous fit tout un discours sur les bienfaits de l’économie libérale à l’occasion de la libération du prix du pain. Selon lui, le pain au lieu d’augmenter allait baisser grâce à la rude concurrence que ne manqueraient pas de se livrer les boulangers. Près d’un an plus tard, le pain a augmenté de 35 % et ce n’est pas fini.
Un looser stagiaire mais décidé à gagner de l’argent sans passer par la petite entreprise – pouvez-vous nous dire votre plus gros coup, Monsieur Gaspard Venu ?
G.V. – C’est un scoop. Vous allez voir que les correspondants à l’étranger sont parfois très utiles dans le développement de votre petite entreprise. Figurez-vous que nous avons saisi le bruit le plus médiatique que nous ayons en stock que nous avons revendu très cher.
Tous les stagiaires intrigués – Oui. Lequel ?
G.V - Nous avons un bruit inhabituel de Jean-Paul II lors de l’élévation à la messe de Pâques de 2002.
Un stagiaire fils de franc-maçon qui, en principe, ne devrait pas se trouver là - Un pet ?
G.V. – Je n’aime pas employer ce mot fort irrévérencieux, mais qui, cependant, dit bien ce qu’il veut dire. Mettons un vent coulis fort excusable compte tenu de l’âge de notre futur saint.
Un stagiaire qui jusque là s’emmerdait profondément – Vous en avez fait du fric, de ce bruit ?
G.V. – A l’époque, Joseph Alois Ratzinger, pas encore Benoît XVI a négocié le prix au nom de la Curie.
Un stagiaire épaté – Combien ?

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G.V. – Monsieur René Mené des Classes moyennes nous enseigne qu’il ne faut jamais d’énoncer les prix dont pourrait s’emparer la concurrence. Mais pour un beau coup, ce fut un beau coup.
Un stagiaire boutonneux – Vous en avez d’autres en perspective ?
G.V. – Nous suivons les ministres aux banquets et aux cérémonies. Jusqu’à présent le pet se situe entre dix et quinze mille euros selon qu’il s’agisse d’un ministre ou d’une femme ministre. Celui d’Onkelinx n’est pas encore chiffré. Nous avons une ouverture pour la suite au Vatican, mais ce n’est pas celle que vous croyez. Benoît XVI veut en négocier un qu’il nous revendrait à la moitié du prix de celui qu’il a racheté de son prédécesseur. Nous sommes en pourparler.
Sabine Pluquejamè – Merci, Monsieur Gaspard Venu d’avoir évoqué votre petite entreprise. C’est une leçon pour tous nos demandeurs d’empois. La semaine prochaine, nous recevrons Florence Delatouf qui vend des posters d’Ecclestone à la foire de Libramont au profit des Produits wallons.

27 janvier 2006

BIT en pleine tumescence.

Nos flèches auraient le résultat encore plus pourri, qu’on risque pas de changer de crémerie.
C’est le Bureau International du Travail (BIT) qui le dit : la croissance ne suffit pas à faire baisser le chômage.
On est parti pour longtemps dans le paradoxe du capitalisme bourgeois. La productivité et la technique sont des facteurs aggravants qui foutent la merde dans le système libéral.
Jusqu’à présent, tout le monde s’en foutait. Maintenant, nuance, on s’en contrefout.
Les salaires diminuent mais les arrhes des professions libérales augmentent, comme les rémunérations des fonctionnaires de l’Europe et les émoluments de nos distingués hommes politiques.
C’est normal, disent les économistes. Rémunérer un ministre à 50 fois le salaire d’un trouduc, ce n’est pas ça qui va faire capoter le budget. Mais augmenter de dix cents un salaire de trois euros, on ne se rend pas compte de l’incidence ! Par contre mettre le même trouduc à deux euros nonante, c’est toute l’économie belge qui respire et la dette qui débande.
Le nombre, voilà le malheur. Il y a deux volets dans la démocratie. Ceux qui votent et qui généralement poussent des brouettes et perdent des doigts aux scies sauteuses et l’élite qui dit ce qu’il faut faire pour se mettre à l’abri du besoin.
Si c’est trop difficile à comprendre, Reynders et Di Rupo se font fort de publier une brochurette explicative, avec des dessins criants de vérité pour ceux qui ne savent pas lire.
On peut décrypter davantage le rapport du BIT.
Sur le temps que la production mondiale s’élevait à 4,3 % de plus que l’année précédente les demandeurs d’emplois augmentaient de 2,2 millions pour s’établir à 191,8 millions. On a calculé que plus le taux de croissance est fort, plus les demandeurs d’emplois sont nombreux.
Bien entendu, dans les populations qui cherchent du travail, il y a beaucoup de chômeurs qui ne sont pas répertoriés. Vous voyez des formulaires distribués à Kinshasa ? Le papier y est tellement rare, que les fonctionnaires les revendraient sur le marché.
Il y a même des gens qui travaillent pour un employeur sans être payé. Certains pensent qu’ils rendent service et que ce n’est pas un travail. On a vu des enfants travailler dans des plantations de bananes et qui croient que ce qu’ils font, c’est aller à l’école !
Juan Somavia, directeur du BIT, s’inquiète. Certes, pas pour lui, il fait partie de l’élite.
Mais, sait-on jamais ?
On peut se demander s’il s’inquiète des chômeurs qui menaceraient son poste de directeur ou de la lubie d’une cadre supérieur qui lui ferait comprendre qu’au point où on en est, les statistiques ne servent plus à grand-chose.
D’autant que Juan dit avoir besoin d’une politique nouvelle pour faire face à ces problèmes.
Or, qui dit politique nouvelle, dit qu’il faut se tirer le cul des fauteuils pour constater qu’une pompe à eau par village ou la réparation d’une barque vermoulue n’a jamais empêché l’accroissement des demandeurs d’emploi. Ici, nos industriels en savent quelque chose, tous plus ou moins en symbiose avec PS et PRL sur la qualité excellente de l’hôtellerie bruxelloise lors de leurs colloques sur la question essentielle des menus à la carte.
Que le chômage touche particulièrement les jeunes, ce ne sont pas les vieux qui contrediront, d’autant qu’ils ont été jeunes et donc chômeurs avant les jeunes d’aujourd’hui.
Le BIT voudraient qu’il y ait plus d’emplois dans les services.
Le monde manque de domestiques.

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Les patrons ont beau multiplier les amours ancillaires, les enfants qu’ils font à leurs boniches ne compensent pas les mises à la retraite. Il est vrai qu’une femme de chambre à quarante ans a la ménopause geignarde. Le licenciement devient indispensable. Monsieur René Mené pourrait établir pour ses affiliés une réglette d’âge compensatoire. Par exemple un patron de 67 ans pour obtenir des résultats devrait coucher avec une servante de 25 ans. Et cela irait crescendo jusqu’aux industriels de plus de 90 ans qui frôleraient le détournement de mineur. Ainsi, on augmenterait les naissances et donc dégagerait l’avenir de la profession. Voilà tout un aperçu qui servira à reformuler les stratégies de développement et de croissance. En attendant, sur les 2,8 milliards de travailleurs dans le monde, la moitié ne gagnait pas assez pour se situer au-dessus du seuil de pauvreté qui est de 2 dollars par jour. Les ministres occidentaux l’ont juré, ils vont faire tout ce qu’ils peuvent pour ramener de 4 dollars à 2, le seuil de pauvreté européen. Ainsi, ils auront contribué à l’égalité parfaite dont nous rêvons tous. Qu’ils soient remerciés ici de leurs efforts. On le savait depuis longtemps, le débat n’est plus entre les riches et les pauvres, mais entre les pauvres et les pauvres.

26 janvier 2006

Le mot.

-Tu leur racontes une anecdote militaire… les gens aiment bien les grosses farces quand l’armée était faite de troufions qui attendent la quille en se saoulant la gueule.
-…la Jup était à cinq balles. Elle est à combien à l’heure où je te cause ?
-J’ose pas y penser.
-On déambulait dans les rues de Namur. C’était pas d’une folle gaieté. C’était du temps de la guerre froide. Si t’avais vu la gueule des gamelles qui se croyaient envahis par les Popov.
-J’en étais aussi, comment on s’est pas connu ?
-On fréquentait pas les mêmes bars ?
- Les gens nous aimaient pas. Les filles non plus. Faut dire qu’avec la solde on avait, on pouvait entrer nulle part. On se faisait jeter.
-Moi, j’avais une combine. Je m’envoyais une jeunesse pendant que son mari faisait son service.
-Un collègue en quelque sorte ?
-C’était pas la pin up tu vois…
-Une femme de rengagé.
-Non. Un appelé comme nous.
-Un planqué alors ?

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-Pas tout à fait. Le mec avait épuisé tous les sursis. Il avait bien cinq ans de plus que nous. Sa mousmé avait loué un appart à Wépion, soi-disant pour que son chéri soit pas seul. Or, son bataillon huit jours plus tard déguerpissait de Marie-Henriette pour l’Allemagne. La charmante s’était trouvé coincée en bord de Meuse, tandis que le loustic était en bord du Rhin à l’exercice.
-C’est intéressant ça…
-Tu parles. Elle avait un de ces appétits ! Toute la caserne la sautait à tour de rôle. Pour pas embouteiller, elle filait un mot d’ordre.
-Comment ça ? Un mot de passe, tu veux dire ?
-Oui. On pouvait pas débarquer à quarante dans un environnement judéo-chrétien. Puisque t’en as été, quand on relève la sentinelle, on file un mot de passe. Si c’est le bon, ça va.
-Et quand c’est pas le bon ?
-On court le redemander au corps de garde. Et on se fait engueuler par le maréchal des logis.
-C’est la règle.
-Sauf qu’ici, c’est la luronne qu’avait le mot de passe. Note, c’était facile. C’était toujours le même. Une nuit, c’était mon tour. J’avais fait le mur d’accord avec le caporal Baste. Je me pointe à vélo jusque Wépion. Il faisait noir comme dans un four. Je frappe à la porte. Elle ouvre le judas… J’entends « qu’est-ce que c’est » dit d’une voix bizarre. C’est moi, que j’y fais… Elle fait « le mot de passe » ? Plus moyen de me le rappeler !... Je dis à tout hasard « Normandie-Niémen » c’était l’année où on en avait fait un feuilleton.
-Alors ?
-C’était pas le bon. On s’était déjà mélangés dans les fraises. Je te dis pas l’état des fraises… et elle m’ouvrait pas ! Moi, je ne voyais que ses yeux au judas. J’en ai encore balancé quelques-uns, de mots : « Tronche à bitte », « Champagne-Ardenne », « Bastogne », même le « nuts » de Mac-Auliffe, puis une inspiration « Brigade Piron », sans résultat… J’allais tout de même pas retourner à Marie-Henriette de Wépion pour demander le mot à Baste. J’aurais jamais pu revenir pour l‘appel de six heures.
-Alors, qu’est-ce que t’as fait ?
-Rien. Qu’est-ce que j’aurais pu faire ? J’avais pas le mot. Elle jouait la sentinelle pure consigne. Je hurlais, ouvre Loulou, c’est moi Albert… Ah ! elle s’est bien foutue de ma gueule ! Pour pas rater l’appel, je suis rentré et juste comme j’étais dans le porche, j’ai eu un éclair… I’ m’est revenu !....
-Quoi ?
-Le mot.
-Ça, c’est la poisse…
-Encore aujourd’hui, j’y repense. Le mot, je l’ai jamais oublié, depuis...
-C’était quoi, le mot ?
- Attends… Je l’ai sur le bout de la langue… Manage… non… Heinmat ? Non. De nouveau un trou …
-C’était pas Mannheim, des fois ?
-C’est ça !... Mannheim. T’en étais aussi, toi ? Pourtant, je t’ai pas connu à Marie-Henriette !
-Mannheim, c’est là que j’ai été caserné après Marie-Henriette. J’ai eu une permission spéciale. Quand je suis revenu, Loulou m’a dit que des petits cons se disaient de Mannheim, pour qu’elle leur ouvre pour la sauter. Mais qu’elle voulait pas, que c’était moi, son petit homme qu’elle aimait… Je me suis mis au judas…
-Ah ! dis donc, quelle histoire. Tu crois qu’elle est drôle ? Tu m’en veux pas ?
-L’année suivante, elle foutait le camp avec le caporal Bast. Alors, tu penses si je m’en fous…
-Tu crois qu’on peut balancer ça sur le blog à Richard ?
-Facile. Ça fait au moins une semaine qu’on rigole plus !


25 janvier 2006

La pandémie libérale

Les transformations permanentes de structure de la révolution industrielle n’ont jamais été négociées, ni négociables en Belgique, ni dans aucun autre pays industrialisés, parce qu’elles ont tant d’incidences et de liens internationaux que ce serait une utopie d’en vouloir contrôler et limiter les excès dans le cadre du libéralisme.
Jusque dans le début des années quatre-vingts, l’industrialisation pouvait apparaître comme le compromis entre le changement technique et la régulation politique.
La proximité des pouvoirs industriels, sociaux et politiques permettait que le dialogue atténuât les tensions.
Après, l’unilatéralité de la décision industrielle par l’éloignement et l’inaccessibilité des pouvoirs de gestion a rendu caduque toute forme de procédure et de compromis.
Aujourd’hui la persistance du chômage structurel, la répercussion sur l’emploi des décentralisations vers des salaires moindres, la révolution de la nouvelle industrie microélectronique, sont autant de facteurs aggravant de l’évolution des sociétés développées vers des paupérisations annoncées dans le cadre d’une « démocratie » à deux vitesses.
Tout cela sans que le corps social soit associé.
La seule réaction possible du pouvoir politique reste le blocage des décisions industrielles qui, on le voit bien partout, par exemple à Cockerill-Sambre dans sa mise à mort par ARCELOR, ne peut aboutir à long terme qu’à la destruction et la reconstruction ailleurs des sites visés, sinon passer par les ukases de l’entrepreneur dont la décision est souveraine, pour quelques squelettiques structures assorties d’une maigre réalisation.
Il en va de l’avenir du citoyen ordinaire, comme celui de l’homme de pouvoir.
Il faut que les sociétés démocratiques de type libéral trouvent rapidement des solutions pour rééquilibrer les pouvoirs entre la société civile et la société anonyme de type macro structurel, comme la holding.
D’un siècle à l’autre, l’évolution ne s’est pas faite dans le bon sens. L’éducation n’a pas eu pour conséquence la réduction des inégalités. Des citoyens résistent mieux que d’autres aux modifications actuelles. Ce sont pour la plupart des citoyens possédant un statut dans les Services de l’Etat, Régions et Communes, les Fonctionnaires de plus ou moins haut rang, ainsi que les personnels éligibles par le suffrage universel, ainsi que les professions libérales et les fonctionnaires européens. Les autres, employés et ouvriers du privé, chômeurs, pensionnés et assistés sociaux, c’est une véritable défaite et la mort de tous les acquis sociaux qui sonnent le glas des illusions de progrès.

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Le pays se coupe littéralement en deux. Comme les pouvoirs sont généralement dans la partie émergente, on assiste aux dérives comme les contraintes et les relégations nouvelles des chômeurs, la stagnation, voire la régression des bas salaires, le misérabilisme des pensions du privé et les restrictions en matière de sécurité sociale. Comble de l’ironie, souvent les ministères fédéraux et régionaux qui ont en charge ses programmes de « recalibrage », sont dirigés par des socialistes !

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D’un côté les producteurs et les gestionnaires du changement technique, ainsi que les bénéficiaires décrits ci-dessus des plus-values de l’innovation, de l’autre les petits consommateurs déçus et condamnés à vivre en parasites, dont certains décramponnés finissent dans la marginalité misérable.
Si c’est à cela qu’aboutit les « trente glorieuses » et le système libéral, qu’il soit permis aux idéalistes et aux rêveurs d’imaginer un monde plus solidaire et moins inégalitaire.
La société duale qui se construit est un déni à la démocratie.
Si la social-démocratie était au départ naturellement mieux armée que la société libérale à relever le défi citoyen, au cours de ses années de collaboration avec le pire, elle s’est proprement détricotée et a perdu tout crédit.
Le spectre d’une technocratie dessaisissant du pouvoir les représentants du peuple n’est pas loin.
Ce n’est pas le socialisme qui est au bout de la route du capitalisme mais un gouvernement autoritaire fixant les normes de ce qui est bien ou ne l’est pas, en-dehors de toute participation du plus grand nombre.
Aucun expert n’a prévu le naufrage qui se prépare.
Il se fera, sans doute, comme le naufrage communiste, sans qu’aucun coup de feu ne soit tiré. Cependant, que nous retrouverons toujours les mêmes avocats et les mêmes discours, dans un autre contexte, que nous pourrions même encore appeler démocratie, cependant qu’il ne serait plus qu’une coquille vide dans laquelle se débattront nos derniers socialistes, toujours convaincus que ce sont eux qui referont l’Histoire.
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24 janvier 2006

Une fausse émotion irrationnelle.

Les auditions publiques suite au fiasco de l’affaire d’Outreau continuent à faire des remous en France, comme les auditions publiques suite à l’affaire Dutroux en avaient fait en Belgique.
Aussi curieux que cela paraisse, ce sont des journalistes français qui s’émeuvent. Ils ne supportent pas l’idée que le peuple se mêle de ce qui le regarde.
Un des ténors des goualantes radiophoniques, Elkabbach en personne, le dit clairement : « …le risque de retransmettre toutes les auditions en direct était de provoquer une émotion irrationnelle. Il fallait donc compléter cette opération avec des analyses et des réflexions plus à froid. ».
Ah ! que c’est beau se souci d’éviter des écarts de langage de l’auditeur sous la pression d’émotion irrationnelle ! Ne serait-ce pas plutôt la frousse, comme en Belgique, que le citoyen ordinaire découvre que « les gens du dessus » ne sont pas infaillibles et pourvus d’une super intelligence, comme le croient encore des péquenauds béats d’admiration pour un ensemble de personnes trop bien considérées et payées et parmi lesquelles il y a de gros cons !
Heureusement les chaînes et les journaux sont là pour nous éclairer et nous empêcher d’avoir des jugements à l’emporte-pièce. Car, après les ondes de choc provoquées par l'instruction de l'affaire d'Outreau, puis par les deux procès d'assises, tellement bien exposés par la presse tout entière que, si on l’avait écoutée, on aurait remis la guillotine en état.
Changement de décor : pour les acquittés de Paris, la retransmission télévisée de leur témoignage bouleversant, prenant à témoin l'ensemble des Français risque d'avoir des conséquences graves, et pas seulement sur la justice. Aussi conviendrait-il que les éclairants personnages de la société démocratiques que sont les gens en place des journaux, radios et télévisions donnent une dimension civique, pédagogique et politique, avant sa dimension médiatique.
On a bien lu : pour une fois l’audimat s’efface devant la dimension civique ! Ces braves gens reculent devant leurs parts de marché pour leurs parts d’altruisme. Personne de ce joli monde ne méconnaîtrait donc plus le côté pédagogique du métier d’informer, essentiel à l’épanouissement du lecteur, de l’auditeur ou du téléspectateur moyen…
Fi de ces loups qui pour une part de marché auraient vendu père et mère… les voilà devenus bergers…
Comme quoi, la chiasse se partage bien dans les hautes sphères rien qu’à la pensée que le peuple saoulé par l’émotion ne rechante une version moderne des « aristos à la lanterne » » !
Cette retransmission prend des allures de catharsis sociale, se félicite un cabinet d’avocats qui propose ses services aux magistrats mis en cause.
En Belgique, on a entendu à peu près le même langage, sauf que les Français ne savent pas encore que saoulé de travail, de misère, abêti par la société de consommation, la chronique des sports et les discours de nos grands hommes, les Belges se sont rendormis après le show de la Commission d’enquête parlementaire suite à l’affaire Dutroux. Retombée comme un soufflé, la colère, le stress, l’émotion. Ça se sentait déjà à la marche blanche à Bruxelles. Les 300.000 traînaient les pieds. Le cœur n’y était déjà plus.
Elkabbach s’est excité pour rien. Mieux, à TF1, le directeur de l'information, Robert Namias, ne cache pas qu'il envisage de diffuser en direct l'audition du juge, comme s’il était un pionnier de la vérité.

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En France, ce sera pareil qu’en Belgique. Ils peuvent retourner à leurs audimats, leurs discours conformistes. Les lieux communs refleuriront sur les ondes et bouleverseront le Français moyen. Ce n’est pas encore demain la veille qu’on verra des changements. Personne ne perdra son emploi dans les hautes sphères.
Difficile pourtant de ne pas s'identifier aux acquittés qui témoignent, y compris d'ailleurs pour les députés, qui trouveront là matière à réfléchir sur les conséquences des lois qu'ils votent.
"C'est comme pour la crise des banlieues » s’enthousiasme Dominique Wolton, chercheur au CNRS « on est enfin obligé de regarder la réalité en face". Ceci dit, cette fine rapière de la conscience collective rassure immédiatement ses pairs Il ne redoute pas un lynchage du juge Burgaud par les médias : "Ils jouent leur rôle. En démocratie, un pouvoir a toujours besoin d'un contre-pouvoir. Et il faut faire confiance à l'intelligence populaire."
Voilà, tout est dit. Chacun est dans son rôle : les députés s’étonnent, ils n’étaient pas au courant. Les journalistes rassurent, ce n’est pas grave. Ils assument le contre-pouvoir. Le contre-pouvoir, c’est comme le pouvoir, il est tout contre. Ils contrôlent bien le mental des lecteurs. Enfin les acquittés, ils devraient s’estimer heureux de l’avoir échappé belle. Quant aux gens du peuple, il faut leur faire confiance, entre les coups, ils boiront des bières et regarderont Paris-Saint-Germain et l’Olympique de Marseille marquer des goals.
On a, évidemment, l’exemple de la télé aux States. Les commissions d'enquête retransmises en direct à la télévision pleuvent sur toutes les chaînes, de McCarthy à l'affaire Enron, en passant par l’affaire des pipes dans le bureau ovale de Clinton, sans oublier la fameuse commission Warren sur l'assassinat de Kennedy qui a réussi le tour de force d’embrouiller tellement les pistes que les assassins courent toujours.
C’est beaucoup plus dangereux pour le pouvoir de filmer des flics qui tabassent des Noirs dans les faubourgs de Los Angeles.
Alors, la révolte de la banlieue française, c’est déjà du passé, voyons. C’est même tout profit pour Citroën, Renault et Peugeot. Les acquittés d’Outreau ? Connais pas…

23 janvier 2006

Simulacre et partage du pouvoir

Il n’y a pas qu’Habermas dans sa critique du positivisme (illusion objectiviste des sciences » qui doute de la rationalité des interventions de l’Etat moderne dans sa « scientification de la politique » et de la « politisation de la science », à cela s’ajoute en France « politisation de l’Histoire » avec la nouvelle mouture de présentation du colonialisme.
C’est qu’ayant de moins en moins de prise sur les décisions qui touchent à l’économie et qui concernent à peu près tous les citoyens, les responsables ont tendance à compenser cette faiblesse par un regain d’autoritarisme dans toutes les autres branches d’activité.
En réalité, à gauche comme à droite, chacun prend conscience de la dérive.
Du néo-libéralisme à la social-démocratie, on ne saurait dire quelles sont les limites des compétences de l’Etat moderne dans son fonctionnement habituel.
A-t-il raison de prendre en charge la santé des gens en taxant les fumeurs afin de décourager la partie des citoyens la plus pauvre d’acheter des cigarettes hyper-taxées ? N’est-ce pas là une sollicitude suspecte ? Alors, qu’il est en droit d’interdire de fumer dans des lieux publics afin de respecter le choix des non-fumeurs.
S’il s’agit de la santé de tous les citoyens, que compte-t-il faire pour dissuader les riches de fumer ?
Sinon, un Etat qui prend en charge tout le sanitaire, que ne limite-t-il pas aussi la vente de l’alcool par une augmentation prodigieuse des accises ? Réservant ainsi, une fois de plus, le droit de fumer, de boire et, pourquoi pas, de rouler en voiture aux seuls riches du royaume ?
On voit comme la démocratie deviendrait facilement ingouvernable, enfin par les citoyens d’en bas, ce qui pourrait déjà se démontrer dès à présent.
L’Etat en fait trop dans tous les domaines, enfin dans ceux qu’il estime propres à préserver les acquis en augmentant son arsenal de mesures sécuritaires et qui n’ont d’autre but que de garantir les structures actuelles avec les emplois des mandataires y afférents, ceux qui touchent à la santé des citoyens, parce qu’il faut bien un exutoire à son impuissance à contrôler le pouvoir économique et enfin à la rentabilité du système, très dépensier et généreux pour son élite et qu’il faut rémunérer par des taxes et autres rentrées, d’autant plus lourdes que les revenus de ses dignitaires sont élevés.
Derrière l’arsenal de mesures et de Lois sans cesse en augmentation, on retrouve l’idée que l’extension de ses domaines rend l’Etat aussi dépendant des particuliers qu’il l’est du pouvoir économique, cosmopolite et intouchable. En même temps que ceux qui sont assaillis, souvent abasourdis par des Lois fusant en tous sens, se dépolitisent et affichent ouvertement un désintérêt pour la chose publique.

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Il y aurait à réfléchir, par exemple, sur certaines Lois qui se superposent et s’entremêlent dans le domaine du racisme, allant de la pénalisation de la simple injure, aux propos violents du Vlaams belang, comme étant propres, justement à favoriser la haine raciale et le refoulement des extrémismes, en laissant dans les coins honteux de la conscience, ce que certains ont sur le cœur, qu’une prise de parole rétablirait, peut-être, dans une plus juste et moins haineuse appréciation des choses ?
L’impératif de la sécurité des citoyens masque l’impératif de la sécurité nationale. C’est au travers de la première qu’impunément s’alourdissent les budgets de la Justice et de la Police au bénéfice de la seconde, de telle sorte qu’il sera demain impossible à une formation politique majoritaire de changer quoi que ce soit, sans l’assentiment des juges et des policiers.
On verra dans les années prochaines les budgets de ces deux pouvoirs prendre une telle dimension qu’il faudra bien en déduire une partie des budgets de l’enseignement et de ceux des couvertures sociales. C’est déjà le cas aujourd’hui, dans la présentation en équilibre du budget de Reynders.
Les décisions importantes sont prises par des voies et procédures et dans des structures administratives très éloignées du citoyen.
Ce qui est en jeu, c’est le contrôle par les citoyens du politique en autonomie croissante dans une société où il est facile d’échapper au contrôle et à la responsabilité par une fuite calculée mettant en cause d’autres pouvoirs, comme l’Europe, la mondialisation de l’économie, voire l’ONU.
La seule et dernière grande manifestation du pouvoir citoyen fut l’enquête publique sur les dysfonctionnements de la justice et de la police, à la suite du fiasco de l’enquête dans l’affaire Dutroux. Suivie par des millions de citoyens, qu’on se le dise au fond des chaumières, cette belle leçon de démocratie ne se reproduira plus.
Nous y avions trop à gagner et les gens de pouvoir trop à perdre.

22 janvier 2006

Un homme de beaucoup de biens.

-Je suis atteint de la boulimie d’avoir(s).
-Depuis quand ?
-Depuis toujours. Quand j’étais petit je gardais mes fèces.
-Tu étais constipé, quoi ?
-Je suis un enfant FUCA.
-Avec FUCA, vous y seriez déjà disait maman…
-Sauf que moi, je n’y étais jamais. Plus tard, j’ai fais les sciences économiques, le marketing, tout quoi.
-Oui. Tu es devenu un financier. Pourquoi cette soif inextinguible d’accumuler ?
-Surtout que j’ai déjà pas mal accumulé.
-Alors ?
-Quand je ne gagne pas d’argent, j’angoisse. Je me dis que si je n’en gagne pas, j’en perds…
-Pourquoi ?
-Cela me rassure. J’ai l’impression qu’ainsi je vais vivre plus vieux…
-C’est aujourd’hui que tu me fais des confidences pareilles !
-Je me suis trompé sur moi-même. Penser que les sommes que l’Etat me prélève pourraient être dilapidées, mieux… être données aux autres, m’est insupportable.
-Tu es pour une minorité de riches dans une majorité de pauvres.
-C’est la seule façon de bien vivre notre richesse. La mondialisation nous y conduit. Mais je ne verrai pas le but final : un seul riche et sept milliards de domestiques.
-A condition que ce soit toi le riche !
-Je te dis que je ne vivrai pas jusqu’à ce triomphe du capitalisme. Je le regrette.
-Que fais-tu de ta vie en espérant l’apothéose ?
-Je fuis ma condition d’humain. J’éloigne le spectre de ma mort en me trouvant un exutoire…
-Bref, tu as une passion…
-Oui, de l‘argent.
-Tu n’es pas le seul. Tu es un angoissé qui se détend en prenant le pognon des autres.
-J’ai quand même une fonction sociale. Je l’assume pourvu qu’elle ne me coûte rien.
-Toi, une fonction sociale ?
-L’argent est un symbole. Il canalise la violence dans la société, entre les rails de sécurité, sur un chemin à peu près supportable. L’argent c’est le super Loto, la cagnotte après laquelle tout le monde court, quand il n’y en aura qu’un seul en fin de course pour empocher le magot.
-Tu échanges les intégrismes, en quelque sorte ?
-C’est évident. L’intégrisme le moins violent en apparence, c’est l’argent. Les gens se contentent des apparences, parce que, s’ils allaient au fond des choses, ils verraient qu’ils ont opté pour le plus meurtrier.
-La monnaie substitut aux rites sacrificiels ?
-La plus belle image c’est l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est le dernier vestige de l’anthropophagie.
-Tu thésaurises, tu es donc un criminel, le sachant ?
-Oui. Je n’ai pas d’excuse, si ce n’est une de taille.
-Laquelle ?
-J’aime les honneurs. C’est gratuit. Je ne paie rien, au contraire. Je suis honoré, je donne des conférences, on me paie même pour assister à des banquets. Le roi va me faire baron. Le gouvernement me consulte. Si je leur disais ce que je pense, crois-tu que ces imbéciles m’honoreraient encore ?
-Tu es un hypocrite.
-Et eux, ne le sont-ils pas plus que moi en me flattant ? La dollarisation complète de la société est proche. Les banques dont je suis propriétaire étranglent le crédit intérieur, la fragilité est sur les épaules des finances publiques. L’Europe accélère le processus en débridant les marchés qui explosent et réduisent les gens à subir les concurrences qui les poussent à la misère. Encore un petit effort et les gens courront nus dans les rues. Je ne te dis pas combien je paierai mes domestiques. Le grand moment est venu où nous, les riches, seront adulés comme des dieux, montrés en exemple.
- Qu’est-ce que tu as ? Léopold, tu m’entends ? Docteur, faites quelque chose…

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Le docteur – Ne vous alarmez pas. C’est la crise habituelle après les cours de la Bourse. Nous avons intérêt à ce qu’il ne nous claque pas entre les doigts. Nous lui avons déjà évité de se surmener à ses Conseils d’Administration en plaçant une Thaï qui le suce sous la table. Il fait du golf électronique pour se dégourdir les deux doigts utiles pour ses signatures. Nous contrôlons sa tension. Il est en dialyse régulièrement. Nous l’avons opéré de son troisième cancer. Il a l’œil droit d’un Mexicain qui s’est retrouvé borgne le lendemain d’une beuverie. Le foie d’un condamné à mort en Chine. Un comédien qui a exactement sa voix enregistre ses commentaires financiers écrit par le staff des secrétaires. C’est un sosie qui boit le champagne avec les délégations étrangères et va à la télévision. Et quand il a été nommé grande croix de l’Ordre de malte et prince de l’église, celui qui le soutenait en lui administrant tous les quarts d’heure une piqûre dans les fesses étaient un haut dignitaire d’une Loge franc-maçonnique. Quand il sera fait baron, il a choisi pour devise «Pour sa santé, le pauvre doit toujours quitter la table avec un peu d’appétit ». Comme son nom fait entrer de l’argent dans les œuvres caritatives, il le monnaie pour que les bénévoles l’inscrivent comme membre d’honneur. S’il a voulu vous rencontrer, vous son frère, c’est parce qu’il s’est souvenu que vous habitiez dans une petite maison avec votre mère qui vient de mourir. Elle était la propriétaire et il va sûrement vous en parler pour négocier sa part. Surtout soyez ferme sur les frais d’enterrement. N’entrez pas dans l’évaluation de la qualité du bois du cercueil par rapport à la facture. N’avancez rien que vous ne puissiez prouver. Négociez à 50 – 50…

21 janvier 2006

Chouette… pas de pognon, pas de guerre !...

La guerre, que les Américains ont gagnée sur le terrain mais perdue du point de vue financier en Irak, sera peut-être la dernière qu’ils risqueront au cours de ce siècle. D’autant qu’une couverture militaire importante aux nouvelles autorités irakiennes coûte des sommes exorbitantes que le Sénat de Washington n’en finit pas d’allonger.
C’est toute la stratégie américaine qui doit être révisée et avec elle, celle des Nations Unies, de l’Europe et des membres « démocrates » du Conseil de sécurité favorables aux thèses américaines.
La politique du gros bâton ne peut valoir que s’il y a quelqu’un qui tient le manche pour cogner, s’il y a lieu, après les semonces et les menaces.
Ce qui se passe actuellement en Iran et en Syrie est le résultat de l’analyse qu’ont faite Bachar Al-Assad, président Syrien, et Mahmoud Ahmadinejad, président iranien, de la nouvelle donne internationale.
Le premier poursuit sa chasse aux sorcières au Liban et son beau-fils, le général Assef Chawkat, chef des services secrets, élimine ses opposants dont l’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri ; le second poursuit le rêve de Khomeiny de doter l’Iran de l’arme atomique.
L’Europe vient de rengainer ses bons offices et rompus le contact avec l’Iran, au vu de la poursuite des travaux du nucléaire militaire, les Américains gesticulent et le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra une réunion à ce sujet. Tout ce que l’on pourrait imaginer, c’est au pire un blocus des marchandises depuis les ports « amis » afin de contraindre les récalcitrants à composer avec la Commission de contrôle. Cela rappelle que c’est sur le refus de Saddam Hussein de laisser se poursuivre les inspections, que Bush a envahi l’Irak. Sauf, que personne n’envisage le même scénario avec l’Iran. Le blocus lui-même est une sorte de baroud d’honneur d’autant plus inopérant que la Russie et la Chine poursuivraient leurs rapports commerciaux sans désemparer avec l’Iran. Et puis, inutile de rêver, le pétrole iranien est indispensable au monde entier ne serait-ce qu’à seule fin de contenir les prix du brut dans les limites du raisonnable.
De son côté Bachar Al-Assad, même plus vulnérable que son collègue iranien, sait qu’il pourra poursuivre impunément son double jeu au Liban, s’il persiste à faire le modeste et se proclamer innocent, pour les mêmes raisons d’impuissance des USA.
Voilà où l’on en est.

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Les autres Etats arabes, plus ou moins, clients et fournisseurs des USA réprouvent la politique de leurs deux confrères, tout en faisant remarquer qu’avec ses 200 ogives nucléaires, Israël est le premier à avoir mis la Communauté arabe en état de légitime défense.
Le dernier rebondissement revient aux effets de la diplomatie russe qui souhaite que les discussions reprennent à titre informel !
Est-ce une bonne chose que le géant américain soit à bout de dollars pour ses guerres se voulant libérer les peuples sous dictature dans une croisade pour la démocratie ?
Oui, si cela peut éviter des milliers de morts supplémentaires, non, si selon une formule de Mao, l’Amérique ne serait qu’un tigre de papier, ce qu’elle est en train de démontrer par l’absurde, libérant du coup l’ardeur des seigneurs de la guerre, une race d’assassins fort répandue sur cette planète..
Reste que cette affaire Syrie-Iran risque de donner des idées aux peuples les plus pauvres et les plus mal armés qui ont un contentieux avec les USA.
Si la force de frappe la plus performante au monde finit par capituler devant les attentats et les guérillas urbaines, c’est devenu inutile que les opposants pauvres aux USA entretiennent à grands frais des armées tournées vers l’extérieur. Il suffit de se laisser envahir et d’obliger l’occupant de rester sur un pied de guerre important, ne serait-ce que pour maintenir les troupes d’occupation dans un bon état de performance. Le désastre économique d’une telle dépense ferait le reste.
C’est ainsi que pour les conflits avec la Syrie et avec l’Iran, l’Amérique serait obligée de faire contribuer ses alliés à l’effort de guerre, à défaut de les aider militairement.
On voit que s’amorce timidement chez certains gazetiers américanophiles une tendance à nous pousser aux avant-postes de la « guerre froide » avec ces deux pays.
Pourvu, surtout, que nous ne tombions pas dans le panneau d’une démocratie agressive à l’américaine à promouvoir chez les autres, sensibles que nous serions aux discours intégristes de la maison Blanche.
Enfin, le dernier argument d’un Israël en danger parce qu’à portée d’un nucléaire iranien, est des plus sensibles et ce depuis longtemps, depuis que les Américains ont en sous-main aidés leurs alliés Juifs à se doter de l’arme nucléaire, mettant ainsi directement sous cette menace plus de deux cent millions de musulmans.
C’est la conséquence de cette bourde monumentale dont il est question dans le débat actuel.

20 janvier 2006

Dépravation de l’autorité de justice.

Le fiasco du juge Burgaud et de la justice française lors de l’affaire d’Outreau débouche sur une commission d’enquête parlementaire qui doit nous rappeler quelque chose, celle du dysfonctionnement de la justice en Belgique et de la guerre des polices lors de l’épilogue de l’affaire Dutroux qui s’était terminée, elle aussi, par une enquête parlementaire publique qui avait fait un tabac énorme dans les télévisions de l’époque, tant nous étions habitués à la politique du silence de ces Messieurs-Dames qui se défendaient d’exposer leurs conneries au jugement des citoyens..
On sait ce qu’il en est advenu de l’enquête parlementaire en Belgique : RIEN !
Si l’on tient pour négligeable la fusion de la police et de la gendarmerie, à seule fin politique d’éviter que des officiers de gendarmerie n’occupent un jour le Parlement avec leurs hommes ou qu’une affaire du type « les tueurs du Brabant wallon » ne débouche sur l’organisation d’un putsch fasciste.
On sait aussi comme les sanctions que l’opinion publique aurait voulu voir tomber sur des magistrats et des policiers négligents ou incompétents se sont transformées en « promotions » à tel point qu’un policier avait déposé plainte contre les Russo, parce qu’il lui semblait que les accusations portées contre lui étaient diffamatoires et portaient préjudice à son avancement ! Il a sûrement eu gain de cause en retirant sa plainte et il est probablement passé au grade supérieur, sans tambour, ni trompette – à la belge en quelque sorte….
Pourvu que l’enquête parlementaire française ne se transforme pas en eau de bidet comme en Belgique. C’est tout ce qu’on leur souhaite.

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Chez nous, c’étaient les parents des malheureuses victimes de Dutroux et de la Justice qui étaient accueillis par Marc Verwilghen, président de la Commission. En France, ce sont les acquittés qui se sont livrés à une attaque en règle de l’enquête policière, du rôle des magistrats et en premier lieu de celui du juge et de la presse. Les députés, eux, tombaient des nues que la justice en soit encore à des méthodes et un code qui datent de François I, à peine remanié par Napoléon !
Et c’est le défilé des victimes du juge Burgaud, lamentable suite d’innocents traînés dans la boue, méprisés, menottés, injuriés comme « violeurs d’enfant » ! Ce qui fit dire à l’une d’entre elles - acquittée à Paris en décembre 2005 et qui fit 23 mois de détention sur la seule décision de Burgaud - "L’humanité, c’est ce qui a le plus manqué dans ce dossier", devant le juge, "j’ai eu l’impression de tomber devant le Bon Dieu. Il avait le droit de vie et de mort".
En effet, au nom de l’indépendance de la justice, ce qui est fort controversable puisque celle-ci a tendance de prendre des gants et faire des politesses quand il est question d’un personnage influent ou médiatique, on assiste à la toute puissance de personnages qui du policier au magistrat cultivent depuis toujours la politique de l’aveu et la présomption de culpabilité, afin d’arriver au résultat.
En Belgique comme en France, ça fait des dégâts. Si l’on ajoute à cela l’opinion publique attisée par la meute journalistique en quête de sensationnel, on a un cocktail explosif qui peut envoyer en prison pour de longues années des gens qui craquent sous la pression et qui finalement avouent n’importe quoi, pourvu qu’on leur fiche la paix, alors que, simplement, ils voulaient rentrer chez eux, comme Patrick Dills, où là encore, la justice française avait déraillé.
L’affaire d’Outreau a ceci de différent par rapport au fiasco de la justice belge que la justice française en a fait trop et n’a instruit qu’à charge sur la foi des experts et de la parole des enfants - on sait ce qu’il en est aujourd’hui de la fragilité de certains témoignages - tandis que la justice belge en a fait trop peu et la police encore moins et mal.
Que la France se méfie des bonnes résolutions et d’une remise au pas de l’institution judiciaire, à la lumière de ce qui en est advenu chez nous.
Il n’y a rien de plus difficile à réformer que des fonctionnaires nantis d’autorité sur le citoyen, d’autant plus qu’ils sont les serviteurs de la loi, même si celle-ci acquise de l’Ancien Régime est de façon évidente dépassée, obsolète et elle-même criminelle par certains de ses aspects.
C’est que le pouvoir est une drogue qui exacerbe les personnalités en les rendant sottes et orgueilleuses.
En Belgique comme en France, il faudra bien plus que quelques affaires qui se terminent pas un désaveu de l’autorité, pour balayer des pratiques honteuses et faire du neuf.

19 janvier 2006

Le Belge, candidat « mondial ».

-Je suis pour la mondialisation. Tout ce qui est mondial est un progrès. Si notre gouvernement était mondial, la Belgique serait connue dans le monde entier.
-Je me demande ce qu’on attend pour être mondial ?
-On fait des efforts. On aime les capitaux étrangers. On se fait photographier place Tienanmen avec ceux qui ont fait massacrer les étudiants contestataires. On est reçu par Georges Bush en la personne de notre représentant le plus qualifié, Verhofstadt pour tout dire, lui-même ancien candidat à la présidence de l’Europe. C’est quand même quelque chose ?
-Oui. Même que Bush n’est plus fâché parce qu’on n’a pas gagné la guerre avec lui en Irak. Pourtant on n’est pas mondial !
-Il nous manque quelque chose. Par exemple que nos Socialistes renoncent au socialisme.
-C’est fait.
-Alors, ils ne sont pas assez centrés avec les libéraux.
-Ils n’aiment pas les alliances contre nature, sauf dans les rapports sexuels. Là, ils sont mondiaux.
-Moi, je pense que si on n’est pas assez mondial, c’est plutôt à cause des libéraux.
-Pourtant, ils ont fait de gros efforts d’adaptation.
-Les ouvriers gagnent trop. Ils ne sont pas assez fermes contre les augmentations de salaire.
-Si nous ne pouvons pas rejoindre les rangs des plus pauvres, comment rester compétitifs ?
-C’est vrai que la Belgique est un mauvais exemple. Pourquoi ne sait-on pas fabriquer des chemises à 1 euro comme au Cachemire ?
-…ou à 50 cents comme en Chine ?
-Nous ne manquons pas de savoir faire.
-Nous employons de la main-d’œuvre chinoise ou cachemirienne.
-C’est le drame. Dès qu’ils touchent au port d’Anvers, ils revendiquent des salaires.
-Oui. Ils nous empêchent d’être mondial.
-Et les libéraux s’empressent de les leur donner.
-Il n’y a que les socialistes qui freinent un peu.
-Heureusement qu’on les a. Sans eux, on serait encore moins mondial.
-Pourtant, nous avons des atouts.
-On aime l’argent qu’on gagne par le travail des autres.
-D’autant plus que les autres sont mal payés et qu’ils sont content ainsi. Nous sommes attractifs !
-Oui. On est arrivé à un tel degré de perfection mondialiste que personne ne se plaint d’être pauvre..
-Moins on gagne, plus on est content.
-Il paraît qu’on est sur la bonne voie, mais que ce n’est pas encore assez. Il manque un Tony Blair à nos syndicats pour revendiquer des diminutions de salaire et arracher cette réforme des patrons. On a fait un grand pas en avant en allongeant la durée du temps de travail.
-On a calculé que si les ouvriers du monde entier avaient leurs horaires calqués sur ceux du Pakistan, il y aurait au moins 30% de millionnaires en dollars en plus !
-Ce qui ferait travailler l’industrie de luxe.
-Sans compter les industries du tourisme et de la prostitution !...
-Pourquoi nos patrons ne seraient-ils pas d’accord ?
-Non. Ils pensent que c’est un piège. La prostituée Thaï se mettrait en grève. René Mené devrait faire la file pour remplacer sa montre Cartier… des horreurs quoi !..
-Et puis nos cinq gouvernements n’inspirent pas le Club mondial. Ils craignent qu’un jour cela tourne mal.
-La, je ne comprends plus.
-Oui, ils ont la frousse d’une surenchère antimondialiste.
-C’est pourtant une erreur. Plus il y a des postes à pourvoir en politique, moins on aura des gens qui rueront dans les brancards. Avec cinq gouvernements pour dix millions d’habitants, on est les champions du monde.
-Ce n’est pas être mondial, ça. Etre mondial, c’est diminuer la part des politiciens dans le gâteau à partager entre les actionnaires et les militaires gardiens de la démocratie.
-Tu as un exemple ?
-Oui. Ben Ali en Tunisie est un bon mondialiste. Moubarak en Egypte aussi.
-Ce sont des dictateurs !
-Oui, mais éclairés et démocrates. Ils aiment les gens qu’ils torturent…

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-Ici avec nos autoroutes la nuit et l’éclairage de la maison communale de Mons, on n’est pas éclairés ?
-Une démocratie a besoin d’un conducator, d’un raïs, d’un chef, pour devenir mondiale.
-Nous en avons dix, cent… On n’a que l’embarras du choix.
-Pour être mondial, il n’en faudrait qu’un seul.
-Tu vois quelqu’un ?
-Il se pourrait.
-Tu penses à Daniel Ducarme ?
-Pourquoi Daniel Ducarme ?
-Il a beaucoup souffert. On ne le veut pas à Schaerbeek. C’est un libéral pur et dur.
-Il n’a pas la carrure mondiale.
-Pourquoi ?
-Tu l’as déjà entendu parler flamand ?
-Non.
-C’est bien ce qu’on lui reproche.

18 janvier 2006

Bienvenue en Belgique.

-Tu crois qu’il va le devenir ?
-Mais, il l’a déjà été.
-Alors, il va le redevenir ?
-Il a fait sa demande.
-C’est parce qu’il nous aime !
-Oui, il l’a toujours déclaré : « Ah ! que j’aime la Belgique »
-Son père l’était.
-Il va habiter Bruxelles ?
- Beaucoup de Français habitent Bruxelles.
-Ils paient moins d’impôt !
-Johnny n’est pas comme ça. Il revient au pays. Voilà tout. C’est comme Simenon qui est resté Belge toute sa vie. L’argent ne l’intéresse pas.
-Qu’est-ce qu’ils ont à aimer la Belgique comme ça ? Je ne les comprends pas.
-Nous, ce n’est pas pareil.
-C’est parce qu’on y habite. Et quand on y habite on l’aime moins.
-On se demande pourquoi ? A part l’Haut-Lieu et quelques journalistes, on aime moins la Belgique quand on y habite.
-Si je suis bien ton raisonnement, Johnny qui aime la Belgique l’aimera moins s’il y habite ?
-C’est forcé. Il arrivera petit à petit à ne plus l’aimer.
-C’est un phénomène curieux.
-Oui, c’est comme une usure de l’amour.
-Pourtant, il n’est pas comme nous.
-C’est certain. On aura beau crier sur une scène, on ne sera jamais comme lui.
-Alors, il sera comme nous quand son amour sera usé pour la Belgique, il écrira des chansons aigres. Les patriotes s’en détourneront et il aura perdu son succès.
-Non, car ce n’est pas lui qui écrit ses chansons. Lui, il ne fait rien que chanter. Il s’aigrira d’une autre façon.

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-Moi, j’ai beau être aigri, je ne vois pas comment marquer mon aigreur. Si je pouvais la marquer, je partirais ailleurs, par exemple en France. C’est peut-être ce qu’il fera. Il redemandera sa nationalité française. Ainsi, nous pourrons dire que Johnny est Belge et les Français… que Johnny est Français.
-Ce n’est pas sans doute ce qu’il fera.
-Il ne partira pas ?
-Si, mais pas en France.
-Il n’aimerait plus la France aussi ? Alors, il ne serait plus patriote de rien ? Il serait un apatride de cœur comme Richard III ? Quelle horreur…
-Il pourrait se découvrir une patrie d’adoption, tout en gardant sa nouvelle nationalité. Ainsi il pourrait aimer à nouveau la Belgique et même la France, en habitant un autre pays. Patriote par nostalgie. Tous les Belges à l’étranger sont plus patriotes que ceux qui restent à écouter les discours de Verhofstadt sur les sacrifices nécessaires…
-C’est où cette patrie de l’amour que l’on peut aimer tout en apprenant à aimer à nouveau le pays qu’on quitte par désamour ?
-Mais, il ne faut pas aller chercher loin. Justine qui n’aimait plus la Belgique, s’est remise à l’aimer à Monaco, pour les mêmes raisons d’usure que Johnny. Monaco, c’est là que vont se ressourcer ceux qui n’ont plus l’amour de la Belgique…
-Dès qu’il sera à nouveau Belge, tu crois que Johnny nous quittera pour Monaco quand son amour sera usé ?
-Pourquoi on ne va pas tous habiter à Monaco pour aimer à nouveau la Belgique ?
-Loger toute la Belgique sur le rocher paraît difficile. C’est comme si on mettait tous les Liégeois dans la cour du palais des Princes Evêques.
-C’est vrai ! Et puis qui travaillerait dans nos zonings, si tout le monde partait, à part les étrangers ?
-Que faut-il faire pour habiter Monaco ?
-Gagner de l’argent.
-Mais j’en gagne.
-Pas assez !
-Tellement la vie y est chère ?
-Non. Tellement, à moins d’un million d’euros de revenu par an tu aurais difficile à te loger.
-C’est parce que Johnny a beaucoup plus qu’un million de revenu qu’il veut devenir Belge, pour se frotter aux Monégasques ensuite ?
-C’est à peu près ça. Grâce à son filet de voix, c’est un grand homme.
-La nationalité monégasque exige encore plus de patriotisme qu’en Belgique ou en France ?
-Il faut croire, puisqu’on n’y accède que par palier. On devient riche en France, pour accéder à la nationalité belge, afin de pouvoir passer à l’étage supérieur et habiter Monaco, sans payer des impôts en France.
-C‘est ce qu’on appelle avoir la patrie dans le sang.
-Sacré Johnny !...

17 janvier 2006

Une belle réunion.

A Gembloux dimanche, Elio Di Rupo, a appelé les siens à «repartir au combat» dans la perspective des élections communales d'octobre prochain. Et on dit que je suis excessif, mais le « repartir au combat » du président, c’est presque le « debout les morts » de la tranchée des baïonnettes. Gembloux, c’était Verdun en 16 !... Il est vrai que ce ne sont que des excès verbaux. Quant au terrain, c’est autre chose. C’est comme les « chantiers » de Verhofstadt, comme si le libéral flamand avait jamais mis les pieds sur un « vrai » chantier, autrement que pour couper des rubans symboliques et manier une truelle en or. Voilà le drame, nos Haut-Lieu n’ont jamais retroussé leurs manches que pour des effets de tribune.
Je sens mon détracteur favori qui va encore stigmatiser mon antiparlementarisme primaire ! Tant pis, c’est plus fort que moi. J’ai trop le désir d’une vraie démocratie pour m’encroûter dans une imposture.
Revenons aux batteurs d’estrade sur scène à Gembloux.
Le parti cher aux mal aimés du système est mal en point depuis qu’il a trébuché dans l’immobilier social du côté de Charleroi et d’ailleurs.
Elio paraissait descendre de l’olivier, comme Monseigneur Léonard à la fête des rameaux.
Les CDh aurait préféré des oranges.
Enfin, le tout c’est de ficeler et étendre une coalition antilibérale aux Ecolos, après le CDh.
Ce n’est pas difficile. La Belgique est un petit paradis fiscal pour les grosses fortunes qui peuvent se transmettre sans droit de succession par donation, pour tout autant que le donateur survive à son acte pendant trois ans. Tandis que les revenus du travail, pardon, le manœuvre léger n’est pas gâté, et le petit pensionné non plus… Vous me direz, c’est une histoire vieille comme le monde que je raconte là. D’accord. N’oublions pas que le PS a été associé à la fine fleur des pois droitière depuis des années et que personne n’a jamais levé le petit doigt pour rectifier le tir.
Le maïeur empêché de Mons n’a trouvé les accents guerriers pour une mise en garde aux libéraux, que pour les seules chaisières du parti. Quant «au pouvoir d'achat des gens», le panier de la ménagère n’a jamais intéressé ceux qui ont le privilège de faire leur salaire eux-mêmes.
Comment «distinguer les actes isolés inacceptables de l'action globale des élus et mandataires socialistes», sinon en demandant à ceux qui n’ont pas « fauter » d’examiner la manière d’obliger les camarades corrompus à rembourser aux gens « les actes isolés » ? Car enfin, il faut chiffrer les dégâts à Charleroi et ailleurs. Il conviendrait d’estimer à combien les indemnités aux gens et aux communes s’élèvent, afin d’établir un chiffre et de prévoir une cagnotte. Allons, les spécialistes du cumul des mandats, un petit effort !
Volet communautaire, Elio ne varie pas de registre, c’est toujours la fanfare montoise un jour de la Saint-Georges. Le dragon flamand n’est inquiétant que parce qu’il est de bonne politique de porter l’attention des électeurs du côté de Gand ou d’Anvers.
Allons, soyons fermes, camarades. A chaque fois que di Rupo emploie le mot « ferme », les frères Happart pensent à leur beurre d’Aubel et aux vaches Bleu-blanc de Libramont. Pourvu que les Produits wallons ne finissent pas dans la trappe des sacrifices pour Francorchamps.
Comme toujours quand ça va mal rayon perso, Elio se mouille et cite des noms. «Je suis sceptique quand je vois le président des libéraux bruxellois, Jacques Simonet, qui reprochent à Faouzia Hariche de ne pas connaître suffisamment le néerlandais pour exercer les fonctions de bourgmestre de Bruxelles». Puis c’est au tour du sénateur Alain Destexhe, «le donneur de leçons libéral le plus médiatisé», pour un prix qu’il aurait reçu d'un club d'intellectuels indépendantistes.
Tout cela est pour la frime, pour se donner l’air d’en découdre, alors qu’au fédéral, que je sache, les libéraux couchent toujours avec les socialistes, même que le plus Flamand d’entre eux va avoir un enfant avec une belle wallonne du parti rose !
Pour ce « scandale » il fallait voir le débat de la RTBf de ce dimanche pour rigoler un peu.
Car la vraie question n’était pas de savoir si c’était une hérésie ? Comme si nous avions à donner un avis sur la vie privée des gens du dessus, même si elle est publique ! Non, la vraie question aurait été de demander à ces messieurs pourquoi ils faisaient tant d’histoires pour des baisades interpartis puisque ils sont tous du centre et plus ou moins sur la même ligne ?
Pour finir Elio eut ses nerfs et s’en prit aux militants socialistes qui freinent la rénovation et se permettent d’avoir d’autres idées que les siennes au sujet des nominations des bourgmestres.

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Il y aurait de l’exclusion dans l’air que cela ne serait pas étonnant. La dernière baffe ayant été pour Patrick Moriau qui m’est devenu plus sympathique depuis, quoique son intervention au sujet du jeunisme ait été une connerie, comme il en a l’habitude.
Le pays n’en dormira pas moins à poing fermé après gembloux.
C’est comme ça que s’écrit l’histoire en Belgique, à l’encre sympathique sur des cahiers à une ligne, celle du centre, bien entendu.

16 janvier 2006

Faut-il arrêter le progrès ?

La résistance au changement technique n’est souvent qu’une manifestation de fermeture à l’innovation, disent les économistes.
Par exemple un type à qui on supprime son emploi à cause d’un changement technique et qui va au chômage parce qu’il n’y en a pas d’autres, s’il rouspète c’est qu’il est fermé à l’innovation.
Dans cet esprit d’ouverture et de progrès, les députés européens et les fonctionnaires des pays anciennement affiliés devraient céder leurs places aux nouveaux députés et aux fonctionnaires des pays récemment introduits à l’Europe, puisque ces derniers sont payés beaucoup moins chers et que ce serait plus rentable. Si les anciens font de la résistance au changement technique, ce ne pourrait être que dans un mauvais esprit peu dynamique et européen.
Certaines organisations se prêtent d’autant moins au changement qu’elles sont plus grandes et plus centralisées. Prenons notre Parlement, on a beau leur faire savoir qu’un changement technique tous les quatre ans, ce n’est pas du superflu, que se passe-t-il ? Mais, ils se ferment tous à l’innovation puisqu’ils s’accrochent à leurs emplois, empêchant ainsi tout changement technique en fermant la porte à la jeunesse de la base.
Ce qui est vrai des administrations géantes des pays planifiés ne l’est pas moins des entreprises privées que leur croissance même conduit à la bureaucratisation.
Mieux, les grosses fortunes dont nécessairement les heureux successeurs héritent, n’est-ce pas une manifestation de fermeture à l’innovation, si l’on considère qu’il devrait y avoir une tournante dans les successions, afin que ceux qui n’héritent jamais, héritent enfin ? Il conviendrait d’établir de nouvelles règles pour un changement technique. Or, que se passe-t-il, les notaires et les banquiers font de la résistance, complètement fermés à l‘innovation. Allez demander à Frère ou Davignon de donner une pincée de leur magot à leurs femmes d’ouvrage, pour voir la gueule de ceux qui attendent les fruits de l’épargne des autres ?
La crainte de l’innovation est le fléau, comme dirait Tocqueville, qui accable le plus les libéraux. Comme les corporations ont inventé le corporatisme, les libéraux d’ici ont inventé le libéralisme à la belge. Le libéralisme à la belge consacre à l’immobilisme l’entièreté de ses études. C’est normal, puisque tout qui a un acquis – peu importe la façon dont il l’a obtenu – vote libéral parce qu’il ne tient pas à s’en séparer. Et il le retient donc. Vous avez déjà vu avancer quelqu’un qui retient ? Or, tout changement technique suggère un mouvement.
Inutile dans ce cas de parler d’angoisse de mort devant un modèle de société autre que celui auquel on tient ; c‘est de repli sur soi, de sclérose, d’obsolescence qu’il s’agit.
Ainsi ARCELOR qui passait pour une industrie novatrice et pour le symbole même de la rénovation du bassin liégeois, s’est déclaré adepte de l’inertie et adversaire de l’innovation en signant des accords avec la région wallonne qu’il savait ne pas tenir pour la reprise des installations de Seraing et d’Ougrée, idem de la région wallonne qui a signé les mêmes accords en sachant que son partenaire ne les tiendrait pas.

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N’aurait-il pas mieux valu pour éviter une fermeture à l’innovation de n’opposer aucune résistance au changement technique, en vendant les installations pour un franc symbolique à un ferrailleur liégeois et que celui-ci se débrouille avec le personnel ?
Pour les institutions, ainsi que pour les individus, la maturité dans les « étapes de la croissance » n’est en réalité qu’une transition vers la sénilité.
Il n’est pas normal que des dirigeants très âgés et séniles n’aient à leur disposition que des travailleurs qui ne dépassent pas 55 ans ! La résistance au changement technique est ici accablante et n’est qu’une manifestation de fermeture à l’innovation. Puisque la sénilité est l’âge idéal pour les grandes décisions, le pape, Sharon, Louis Michel, Moubarak, etc. il est tout à fait naturel que les subalternes atteignent la belle maturité sénile au travail. Les syndicats sont donc fermés à l’innovation au même titre que les libéraux, les parlementaires et les riches, puisqu’ils empêchent le progrès technique.
Bref, la résistance au changement technique est générale. Tout changement perturbe et donc inquiète. Le changement technique inquiète d’autant qu’il est fondé sur les certitudes des techniciens. La transition est donc d’incertitudes. Et plus l’on dépend des experts, plus les incertitudes grandissent. Jusqu’à quel point peut-on leur faire confiance, puisqu’on n’est expert que sur une petite parcelle de savoir et donc hostile à tout progrès technique et à l’innovation sur les autres ?
Ne conviendrait-il pas dès lors de ne pas naître et de rester dans le ventre de sa mère toute sa vie durant ? C’est une hypothèse de travail. Ainsi, pourrait-on contrer l’imparable raisonnement que si l’on mourrait avant de naître, on ne connaîtrait rien de la vie, ce qui mettrait fin à la polémique.

15 janvier 2006

Médisance cousue de fil blanc.

-As-tu revu Robert ?
-Ne m’en parle pas.
-Pourquoi ?
-Il est devenu bizarre.
-C’est-à-dire ?
-Complètement transformé.
-Mais encore ?
-Tu sais comme il était déjà.
-Oui. Irascible et frustré que la profession n’ait pas reconnu son « génie » ! Qu’est-ce qu’on lui avait fait ?
-Tu ne te rappelles pas ? Le peu de soutien du personnel lors de sa mise à la retraite de la maison de couture…
-Ah ! je me souviens, et aussi de son catalogue de robes conservé par la direction.
-De source sûre, il paraît qu’il avait travaillé en collaboration avec d’autres et que ce catalogue n’était que fort peu de lui…
-Et alors cette bizarrerie ?
-Il en veut à la terre entière à présent.
-Bon…
-Oui. Certains mots ne peuvent plus être prononcés devant lui.
-Lesquels ?
-Par exemple, « professionnel ». Il estime qu’il est le dernier grand professionnel.
-Non.
-Comme je te le dis. Et d’autres mots. C’est variable et on ne saurait jamais dire lesquels à l’avance. Par exemple que la profession meurt…
-Tiens comme c’est curieux. Pourtant, il n’en fait plus partie.
-C’est ainsi. Au lieu de prendre parti pour les exclus, il a viré sa cuti à l’envers.
-Il pense se faire réintégrer ?
-Non, penses-tu. J’ai vu Mimi du service Marketing. Il est complètement grillé. Son fameux catalogue est à la poubelle. On en a assez de lui dans la corporation. Il fallait voir au dernier défilé de Dowly Field. On l’a prié de s’asseoir ailleurs que dans la partie réservée aux gens de la profession.

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-Quelle humiliation ! Quelle mouche le pique ?
-On ne sait pas.
-S’il donne raison à la direction, de quoi se plaint-il ?
-Il est devenu fou. Il a le délire du créateur à succès. Si je te disais que chez lui, il visionne ses anciens défilés ?
-Franchement, le pauvre vieux.
-Il ne s’en remettra pas. Il vit encore comme quand il était en Maison. La preuve, tu sais qu’il n’en était pas ?
-C’était bien le seul. Quand tu te rappelles Cupidon et les autres de la profession…
-Et Trou, comment encore ?
-…de la pierre Saint-Martin. C’en était un fameux. Et lui, pas ?
-Non. Eh bien, depuis sa mise à la retraite, si…
-Sans blague !
-Ça lui a pris quelques mois plus tard.
-Pour faire plus authentique ?
-Il lui a semblé que c’était mieux. Que ça faisait vrai… Je l’ai vu la semaine dernière qui donnait des leçons à un styliste fort connu. Nous ne savions plus où nous mettre, nous étions mortes de rire. Il fallait voir ses déhanchements…
-Que disait-il ?
-Que la couture Style éléphant – celle qu’il avait lancée dans les années soixante - n’avait pas fini de faire parler d’elle, que c’était ça être un grand professionnel et qu’il pouvait sur ce chapitre-là en remontrer à tout le monde.
-Comment cela va-t-il finir ?
-Il faudra bien un jour qu’il se rende compte. Il va tomber de haut. C’est sûr.
-Et en attendant ?
-Il va continuer d’emmerder tout le monde pendant encore un certain temps. Son petit ami, le vieux Dix Monde…
-Lui ! Celui dont le père a décoré le pavillon de la mode à l’expo de 1905 !
-Le même… va finir par se lasser et partir en maison de retraite. Alors il va se retrouver seul.
-C’est cruel. Il ne pourra pas le supporter.
-Oui. C’est bien triste.
-Il lui restera son ancien patron, et tout ce qu’il vénère : le style, la manière d’annoncer, ce qu’on en dit en haut lieu, la belle société en un mot… qu’il trouve admirable… comme les coiffures de Fabiola, la musique de Montagné, le dynamisme de Carlos…
-Dans le fond, il n’y a que nous les petites mains, qu’il déteste…
-C’est le rapport de l’ombre au soleil, nous sommes les ombres…
-C’est dur de finir grand professionnel !
-Surtout quand on n’est plus que le seul à le croire…


14 janvier 2006

La presse se meurt. Vive la presse.

La presse écrite n’en finit pas de mourir…
Hier, c’étaient les dégraissages à répétition des salles de rédaction et des personnels d’atelier. Aujourd’hui, c’est l’AMP (Agence et Messagerie de presse) qui va mal et - comme les journaux - se met à pondre des plans de restructuration, sans aucun préavis dit-on, voire… Plan, plan et rataplan disent les personnels qui en ont assez de faire les frais des gabegies et des mauvaises gestions, un peu comme dans les journaux.
Si cette presse, avec ses distributeurs, s’en va, c’est un grand pan de la liberté d’informer et de commenter qui disparaîtra, laissant à l’aile marchande du système le soin de tout régler en lieu et place des citoyens.
L’information électronique ne peut pas remplacer la presse écrite. Elle peut juste donner des points de vue inédits, mais le plus souvent, malgré les billets d’humeur accélérateurs de jugement (ce dont j’use et abuse parfois), elle manque de belles plumes et de moyens pour investiguer et fournir aux lecteurs des avis compétents, des opinions contradictoires, le tout dans des textes soignés.
Les professionnels de la presse écrite n’ont jamais été aussi nécessaires et leur nombre décroissant devrait inquiéter le pouvoir lui-même, qui semble s’accommoder d’un pays où les gens ne liraient plus.
C’est le fatal engrenage. Le lecteur se faisant rare, on cherche à le conserver par un moyen terme, c’est-à-dire une information molle et sans couleur, dans la crainte d’effaroucher ceux qu’un ton incisif et une position originale, effaroucheraient.
Sans accuser les personnels de rédaction qui font ce que des directions leur disent, le ton polémique n’existe plus qu’en de rares occasions.
L’information générale s’est diversifiée et a d’autres vecteurs que le papier. Raison de plus pour ne pas sombrer dans le conformisme, tout en essayant d’éviter le sensationnel à tout prix. Dans un petit pays où tout semble feutré et préparé à l’avance pour le confort des dirigeants et des citoyens dociles, secouer le cocotier pourrait réveiller les critiques et les consciences.
Hélas ! le cœur n’y est pas et les rédacteurs en chef manquent de courage.
C’est inutile de tirer sur l’ambulance. Ce serait même cruel, alors que le but n’est pas de tuer ce qui reste, mais de le faire revivre, malgré le déficit de lecteurs.

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Je fais parfois d’amères expériences. Lorsqu’il m’arrive de réagir à des situations intérieures ou internationales, je constate avec amertume que la grande presse met son cache-col et craint de s’enrhumer. La timidité d’arguments, dans l’uniformité et l’innocuité des propos, saute aux yeux. C’est accablant de tristesse.
Croire qu’une presse asexuée, démunie, sans idéal et sans grande plume va pouvoir tenir le coup avec les nouvelles tiges, c’est penser qu’en sortant de l’ULB avec un diplôme de journaliste, on le soit réellement.
Par le passé, la presse parfois brouillonne, foisonnante, étonnait ou énervait, mais ne laissait personne indifférent. Quels étaient les journalistes d’alors ? Des gens venus de partout, avec des expériences diverses qui savaient à tout le moins écrire, donner un avis original et le défendre. Aujourd’hui, on demande surtout aux pales successeurs, un brevet de marketing et une obéissance aveugle aux ordres « d’en haut ».
Résultat, aucun de ces petits jeunes gens n’arrivent à sortir un texte bien ficelé. Est-il besoin d’user ses fonds de culotte à l’Université pour apprendre à écrire, alors qu’écrire est un don qu’on n’apprend pas ?
Les patrons de presse à l’ancienne aimaient le métier. Il leur arrivait souvent de dégotter un apprenti d’usine, un employé d’assurance que l’aventure d’un journal tentait. Ils leur donnaient une chance.
C’est ainsi que s’affirmèrent des talents comme ceux de Simenon, Londres, Rougemont, Léautaud (les chroniques de Boissard pour le théâtre), et, rayon polémique, Gohier, Rochefort, Bloy, etc.
Mais la presse n’est plus rien.
Elle est aux mains de savetiers de la finance, tous plus ou moins incultes, à la pogne d’entrepreneurs marrons, d’individus douteux, d’industriels mégalomanes, d’héritiers de presse avachis ou embrigadés dans des spéculations machiavéliques.
Pourtant, les talents nouveaux sont facilement repérables, ils s’essaient sur Internet, ils s’appliquent à des jeux d’esprit électroniques, ils montrent leur savoir-faire dans des domaines proches de l’information, sans autre ambition que d’écrire ce qu’ils pensent en toute liberté. Et souvent, ce qu’ils font, si l’on élimine les élucubrations d’adolescents et les vaticinations universitaires malhabiles, sont des réflexions sur l’actualité et les mœurs politiques bien supérieures souvent à ce qui se fait dans la presse papier.
C’est la fin.
C’est dommage. Le conflit de l’AMP, c’est la cerise sur le gâteau. Il leur fallait bien ça aux malheureux qui impriment encore dans de mauvaises conditions.
Tout le monde s’y met pour le requiem.
D’accord. Mais alors qu’on fasse vite. Que les derniers étudiants de la profession bifurquent vers les métiers de la Justice. Les avocats sont fort demandés dans les partis politiques.
On y recrute encore…
Et enfin qu’on cesse d’agiter les millions d’euros à risquer dans l’aventure. Ce métier ne se relèvera qu’avec le talent et le cœur, la rage d’écrire et l’amour de la liberté.
Heureusement que ce sont des valeurs éternelles.
La presse se meurt. Vive la presse.

13 janvier 2006

Une déclaration.

Que la couleur de tes yeux illumine l’ombre et la suie, la pluie et le grésil.
Nous allions par la rue et j’avais pris ton bras. Tu avais un de ces chapeaux noirs qui enveloppe le visage et l’encadre plus qu’il ne couvrait tes cheveux courts.
Le désir intimidé adorait une beauté présente comme la photo d’un magazine, à la fois inaccessible et mobile.
Nous avions la démarche lente de deux amoureux dans un parc au printemps.
Tu avais vingt ans et j’étais immortel.
L’arc de tes lèvres enchâssait une bouche immense à force d’être petite, tant je la fixais.
Ta poitrine comme une proue fendait le flot de la nuit.
Comme les gens attentifs que nous quittions ne savaient pas aimer… Nous n’avions plus rien à leur dire.
Mon rêve te suivait dans un étroit corridor où dansaient tes hanches.
Les lampes dures municipales organisaient le noir autour de nous.
Comme les choses simples prennent les manières de l’amour quand ceux qui les vivent s’aiment…
Le chemin menait à ta voiture, le boulevard était désert.
Ailes de papillon, tu posas tes lèvres sur les miennes. Et ce fut tout avec le bruit du moteur, les phares qui s’allument et le bitume devant qui te reconduit d’où tu es venue, tes hauteurs adverses.
Tout le monde écrit. Les blogs sont à la mode.
Mais l’immortalité dérisoire des mots jetés dans l’espace théorique n’atteindra personne d’autre que toi. Dès que tu t’apercevras qu’ils ne sont écrits que pour toi, ce sera comme une gerbe de feu qui descendra du ciel un 14 juillet.
Il suffira d’un signe. Je saurai que tu sais. Et cela conviendra aux amoureux de la planète.
Pourquoi vivre, si ce n’est pour le reflet de moi dans l’éclat de tes yeux ?
Nous changerons la vie par le changement des modes, et non pas en les vivant. Ta grâce intemporelle se défera des plus beaux vêtements contre la plus belle parure qu’il m’ait été donné de voir, celle de la nature.
Les philosophes gagés des mécènes enrubannés ne sont que les snobs d’une Société abhorrée.
Toi, tu es l’infini des contes et ma philosophie s’arrête au pied de ton lit. Je vois seul ton reflet dans les boules de cuivre des décors de ta chambre. D’autant plus que j’ignore comme ils se prêtent à tes langueurs… attendu que je ne les connais pas ! Et la forme de tes draps et les portes agitées de tes portemanteaux sont autant de mystère plus qu’un lointain gynécée.
Que n’exige-t-on des raisons de vivre qui n’ont que le mot amour dans leur lexique !
Y a-t-il des passions de vivre qui existeraient sans toi ? Des instincts de vie sans ta vie et des forces sans ta force ?
L’avenir est au passé, mon cas est sans appel. Ma vie est à l’envers. Elle commence à ma nuit.
Et pourtant, le désir est une garce fidèle qui vous tenaille jusqu’à la dernière goutte de ce sang répandu par tant d’épanchements d’autres vies, que le dernier désir, enfin, paraît enseveli sous les décombres de l’âme.
Ce jeune et farouche animal qui se cabre et s’ébroue, c’est toi Perdita, le devines-tu ?
Cela m’est arrivé de voir venir à moi, une de ces jeunes filles sans lesquelles la vie s’étonne et s’efface. Jamais encore je ne fus saisi d’une telle débauche de sentiments et de renoncements mêlés.

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Mais, mon passé rejoignant un présent misérable, vieux comme Florence, j’assiste sans rien dire au miracle des marbres. Je suis en arrêt devant ce marbre d’un Donatello dont je feuilletai l’œuvre, jadis, à la terrasse du Café Rivoire, place de la Seigneurie à Florence. C’était un temps neutralisé, puisque je ne te connaissais pas. Je t’espérais seulement. Je ne savais pas que j’écrirais pour toi la saga d’un sacrifice, d’une exigence. J’ignorais tout ce qu’endurerait Céline, l’héroïne qu’inventa l’auteur à l‘auteure attaché. Et pourtant cette beauté latente qui venait de l’Arno était en ce temps-là, ce que le fleuve n’est plus, pur et sans les immondices qu’on voit d’une boutique du Rialto, alors qu’en dessous, les eaux noires se tordent sur les cailloux lourds comme des crimes. Oui, en prémices du jour où tu m’es apparue, Florence était alors presque aussi belle que toi. De la beauté pure du Printemps des Offices, tu étais à « commesso » une œuvre en devenir. J’assemblerais un jour les pierres dures en forme de fleurs auxquelles tu ressemblerais. Les beautés, ô ma douce, sont intemporelles.

12 janvier 2006

Le dernier plaisir

- Une des grandes erreurs de ceux qui sont en dessous dans ce monde de la paillette et de l’optimisme béat, c’est de croire que les gens aux commandes sont là pour les aider à vivre mieux.
Depuis la nuit des temps, l’homme n’est pas tant fait pour aimer que pour détruire. C’est une erreur de croire que la croissance économique allait adoucir le système fondé essentiellement sur l’égoïsme.
Ce qui ne va pas, c’est l’espèce d’endormissement dans lequel la presse met le citoyen en ne l’informant pas du caractère pernicieux du système dans lequel notre pays d’abord, l’Europe ensuite, nous plonge.
Et enfin, c’est le personnel politique de gauche, toujours à la remorque d’une droite « dans la ligne du temps » et qui n’espérant rien, ne cherche pas un moyen terme entre le capitalisme actuel qui réserve la propriété à une minorité et le communisme qui la supprime.
Il pourrait quand même par respect pour l’électeur, concevoir un régime intermédiaire qui atténue, enfin, les énormes disparités entre les individus. Disparités, souvent purs produits de la chance et du hasard, pour s’en tenir à ce que La Bruyère énonce dans ses « Caractères » au sujet du mérite personnel, seul critère juste.
L’accession de tous les hommes à la propriété irait dans le sens du personnalisme, tout différent de l’individualisme. Si tu vois ce que je veux dire ?
On pourrait, si les politiques en avaient la volonté, imaginer un humanisme économique qui assurerait mieux, le développement harmonieux des personnes.
Est-ce que sauvegarder la dignité de la personne humaine ne vaut pas la peine que l’on se penche sur la question dans les plus brefs délais ?
Comment ose-t-on sous prétexte de réalisme répercuter les discours de la FEB et des patrons en général sur les moyennes horaires de rendement, sur la nécessité de l’alignement des salaires sur les plus bas, sur la mobilité de la main-d’œuvre et surtout, sur l’adaptation des humains à la « modernité » des matériels, sans porter un jugement critique sur cette dérive où l’homme moderne ne travaille qu’en complémentarité à un programme, à des machines, où il n’est plus vraiment un être à part entière, où il lui est interdit de penser, de créer ? Oui. Comment ose-t-on écrire cela, dire cela, sans s’indigner ?
Au nom de quoi ? Du réalisme d’une Europe devant un monde qui n’est plus qu’un vaste stade de compétition ? Vraiment, si c’est cela faire du social, si c‘est cela faire de la politique, alors vive l’anarchie et que le gouvernement wallon aille se faire foutre, avec le Fédéral.

-Tu vois, mec, en disant cela, t’as fait le tour des problèmes. Ça t’a avancé à quoi ? A vider ton sac, te soulager, comme quand t’as la chiasse et que tu peux pas aller tout de suite au chose. Alors, tu te tortilles, tu fais ce que tu peux, pour pas lâcher tout. Tu fais l’aimable avant d’avoir le droit d’aller au trou. C’est qu’on te tient par les burnes, mon con ! Faut bouffer, nom de dieu ! C’est par là qu’ils te baisent, mon cocu. T’as la tronche en ouvre-boîte ? Tu plais plus à la direction ? Tu décroches du chauffage central, du petit confort, vite fait. Essaie, pour voir, de plus payer tes factures, comment on va te le couper, ton petit confort, combien t‘en recevras du papier timbré avant que maître Barbenbois, huissier, te saisisse, instrumente, t’envoie sous les ponts dégueuler ta connerie ! D’accord, t’auras eu raison. Tu pourras te torcher dans la Meuse, même, quand t’auras les moustaches au givre, t’auras une dame à la compassion qui te tendra une soupe prise sur les deniers capitalistes. Tu leur boufferas quand même du pognon, certes, tu les toucheras là où seulement ça fait mal, mais qu’est-ce qu’ils s’en foutent même si ça leur coûte un euro par jour, pour pas que tu crèves ?
Mieux, tu leur serviras de prétexte à la bonne action. Ils écriront des pages sur leur générosité, sur leur grand cœur, sur l’avènement d’un capitalisme à visage humain.

-Qu’est-ce qu’on peux faire, pour tout autant que tu sois d’accord avec moi, qu’on est dans un régime pourri, et que le système capitaliste, c’est du sous Staline à l’envers ?

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-Tant que t’auras une majorité de petits cons qui croient que ça va de mieux en mieux grâce à leur travail, t’auras beau te prendre la tête à deux mains, tu trouveras pas la solution. Alors, t‘as raison de te croire encore un homme parce que t’es debout, et qu’eux sont couchés depuis longtemps, t’as raison de pas entrer dans leurs baratins et de dénoncer les grandes gueules qui nous bassinent de leurs extases à longueur de journée, là je peux pas dire le contraire, peut-être même qu’en lançant tes gueulades à l’unisson dans la pourriture générale que tu vas réveiller des consciences, des gars qui se croyaient tout seuls et qui grâce à toi vont se remettre à gamberger, puis à espérer. Mais, compte pas sur le grand soir, compte pas trop que le voile se déchire un jour. Les messes qu’on dit sont faites par des curés qui s’y connaissent, qui en ont pétri de la conscience humaine. Tu penses ! A défaut d’avoir gagné leur fortune en se retroussant les manches, ont dû gamberger, les tordus, pour se faire des ronds sans trop se secouer les adjas… T’auras toutes les universités contre toi, les ténors, les margoulins et les héritiers, les bien lotis, les biens foutus, les notaires et les putes, même les délinquants, les demi-sels de la concussion, les malades mentaux et les jouisseurs, t’auras, c’est un comble, l’ouvrier d’usine en personne, bien baratiné, bien expurgé, parfaitement aseptisé, prêt à offrir sa vie à son patron, à sa patrie… C’est un paquet de monde…

-T’as raison, y a plus qu’à s’en foutre…

-Oui et non. Oui, pour pas avoir d’ulcère, non, parce que t’as conscience qu’en disant rien, le parti des Assis pourra jamais avoir la courante, comme toi, la chiasse, à la vie qu’on mène. Et leur mettre la trouille aux fesses, c’est quand même un plaisir, le dernier peut-être ?

11 janvier 2006

Bush musulman exemplaire.

Rien que du beau linge yankee pour crucifier le cow-boy de la Maison Blanche : la guerre en Irak pourrait coûter entre mille et deux mille milliards de dollars ! C’est Joseph Stiglitz de l’U. de Columbia et Linda Bilmes de l’U. de Harvard qui le disent.
Ce ne sont pas des rigolos, ces deux-là, leurs titres et leurs CV ne tiendraient pas sur deux pages, donc, rien de plus sérieux.
L’étude contredit les estimations de la bande à Bush. Nos deux « mauvais » américains n’ont pas oublié les dépenses-clé, celles qu’on espère que le public confondra avec la hausse du coût de la vie et le renchérissement du pétrole.
La facture risque d’affecter le budget US après le dernier tour de piste de Dobeliou. Bonsoir pour les comptes du suivant… la Nation va sentir passer la facture. Dans tous les cas, les Républicains ont intérêt à passer la main aux Démocrates. Si c’est Hillary Clinton qui prend la suite, elle va devoir éponger les dettes. Ça ne rend pas populaire…
Et tout ça pour assouvir la haine du père Bush envers un Saddam Hussein, ancien complice en royalties et mauvais perdant !
Encore que la facture ne tient pas compte des pensions des militaires invalides et le remplacement du matériel endommagé !
A six milliards par mois l’occupation de l’Irak, il faudrait même que se rapatriât au plus vite le corps expéditionnaire, sous peine de rallonge à l’estimation…
D’autant que le patriotisme moyen tiédit, tant et si bien que le coût du recrutement de nouveaux soldats a également augmenté, le Pentagone payant des incitations financières allant jusqu’à 40.000 dollars pour les nouvelles recrues.
Battus militairement au Vietnam, voilà les champions du monde « libre », battus financièrement en Irak ! Décidément, la démocratie vit de biens mauvais moments.
Le plus fâcheux, c’est qu’aux yeux des « forces du mal », il est maintenant prouvé que les Etats-Unis sont incapables d’ouvrir un deuxième front, en Syrie, par exemple, et encore moins en Iran.

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Le danger pourrait tomber sur nous Européens, des fois que nous prendrions le relais à la suite du fiasco irakien et que nous suppléerions à la connerie militante de notre grand Allié par un afflux de nos beaux militaires sur un nouveau théâtre d’opérations.
Soyons modestes. Ne visons pas trop haut. Seule la Syrie serait à notre portée.
A quelques assassinats près, puisque le président syrien n’est pas là-dessus, on aurait le choix d’en faire de la chair à saucisse ou un douloureux martyr, comme Saddam, avec la facture en milliards d’euros, TVA comprise, comme dirait Reynders. Quant à l’Iran, on se dit énervés, on envoie des ultimatums, bon… tant qu’on n’envoie pas des troupes, ce n’est pas grave. L‘Europe gesticule. L’Iran s’en fout. Pensons à autre chose et n’en parlons plus.
Reste à tirer une leçon à ce gâchis de l’Administration Bush. Les guerres modernes ne peuvent plus être gagnées par les démocraties, puisque les populations occupées ne jouent plus le jeu !
Ah ! si convaincus de l’angélisme américain, les Irakiens s’étaient mis à aimer la démocratie, bénir l’occupant et lui donner ses plus belles filles pour le plaisir du GI le dimanche ! Mais non, les passions s’exacerbent, les dictateurs sont regrettés, les communautés se font la gueule au grand plaisir des intégristes et des fanatiques qui se réclament de ben Laden !
Comme dirait Molière : « Mais que diable, le président Bush allait-il faire en cette galère ?
C’est malin, à présent qu’on sait les gendarmes de la planète réduits à la gendarmerie de Saint-Tropez, comment contenir les appétits de la Chine qui s’apprête à reconquérir Formose ? Et s’il prenait au colonel Kadhafi la lubie de remettre du désordre dans l’aviation civile par quelques beaux désastres téléguidés ? Qui pourrait encore jeter des dollars par la fenêtre pour sortir le turbulent de son gourbi ?
Aussi bizarre que cela paraisse, mais le désastre financier de toute guerre moderne lorsqu’on emploie les grands moyens et les trémolos de la démocratie éclairant le monde, va donner des idées aux crèves la faim et aux exploités qui justement suspectent la démocratie à l’occidentale comme étant la plus belle escroquerie du XXIme siècle, après la société anonyme, au XXme.
Ces idées subversives-là, nous ne finirons pas d’en entendre parler au cours des cent années à venir.
L’ayatollah Khomeiny doit se retourner dans sa tombe de bonheur. Bush aura fait plus pour l’intégrisme musulman que tous les religieux musulmans réunis. Les imans ne devraient plus parler de lui qu’en qualité de prophète.
Allah est grand et Bush est son prophète…

10 janvier 2006

Mise en train.

-Je suis gênée en ce moment. T’aurais pas cent euros ?
-Je n’ai pas de liquidité sur moi.
-On peut passer à la banque ?
-C’est fermé. T’as vu l’heure qu’il est ?
-A une borne automatique ?
-Mais la banque, elle n’est pas la porte à côté.
-J’ai compris. Tu veux pas me prêter cent euros.
-Tu as toujours besoin d’argent.
-C’est que je n’en gagne pas beaucoup.
-Comment comptais-tu me rembourser alors ?
-Je ne sais pas…
-Dis tout de suite que tu me demandes cent euros dont je ne reverrai jamais la couleur.
-Tu ne vas tout de même pas me faire le reproche de ne pas te rembourser cent euros que tu ne veux pas me donner ?
-Avec toi c’est toujours la même chose. Tu demandes. On te donne. Puis on te voit plus jusqu’à ce qu’on ait oublié ce que tu devais.
-Sinon, je serais capable de t’en redemander tout de suite et comme tu as de la mémoire…
-Tu n’es plus avec Martin ?
-Si. On est toujours ensemble.
-Alors, pourquoi tu ne lui en demandes pas à lui ?
-Mais parce qu’il n’en a pas, tiens !... Il est comme moi.
-Tu sais que tu pourrais en avoir comme tu veux, avec moi.
-Je sais. Mais je ne veux pas tromper Martin.
-Pourquoi ?
-Parce que je l’aime, lui.
-Merci. Autrement, moi, il n’y a pas de danger, tu ne m’aimes pas. Mais alors, pourquoi m’en demandes-tu ?
-Tu es la seule personne que je connaisse.
-Alors, tu les veux tes cent euros ?
-Oui.
-Embrasse-moi !
-Pas comme ça…
-Ah ! tu en veux sans compensation ?
-Je croyais que tu étais un homme généreux ?
-Je le suis. Mais je ne suis pas une poire.
-…que tu ne monnayerais pas l’amour et, qu’au contraire, puisque tu dis que tu m’aimes, que tu me dépannerais sans compensation.
-Tu comprends, si c’est pour dépanner Martin, ce parasite qui vit à tes crochets… Tu voudrais bien qu’il vive aux miens !
-Tu confonds l’amour avec le désir de coucher avec moi.
-Et toi, tu joues sur les sentiments que j’ai pour toi et dont tu te moques, pour m’avoir aux sentiments, tout ça pour les fumettes de Martin.
-Tu ne t’es pas regardé, pauvre type. Qui voudrait coucher avec toi ?
-Si je t’avais donné cent euros, tu m’aurais dit le contraire et me laisser entrevoir qu’un jour ce serait possible de…
-Salaud !
-Poufiasse…
-On arrête ?
-Si tu veux.
-C’était bien le coup des cent euros. Pour un peu, je te les aurais donné, si je ne savais pas que tu as ma carte bancaire… Pourquoi tu changerais pas de prénom ?

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-Martin, ça te dérange ?
-Oui. Je vois des Martin partout. Tu ne connais personne qui s’appelle Martin au moins…
-Non. Mais si j’en rencontrais un…
-Salope !
-Voyou…
-On ne va pas recommencer. On est bien entrain maintenant…
-Chérie !
-Mon amour…

9 janvier 2006

Portal-to-portal pay

Les beaux emplois du Forem
Aujourd’hui Harceleur moral.

-Monsieur Nauséa Bond, vous êtes harceleur moral à la Société Khan-Niveau & Fils. En quoi cette profession consiste-t-elle ?
-D’abord un bref rappel des faits, la Société Khan-Niveau & Fils est le produit d’une fusion merchant wholesaler avec Immon Dice issu lui-même du group banking, la société holding étant noncompeting dans le domaine qui nous préoccupe.
-Pour nos étudiants sortis du cycle inférieur professionnel, voulez-vous parler plus simplement ? Et d’abord, monsieur Bond, vous êtes parents avec l’agent 007 ?
-James ? Oui, c’est mon oncle.
-Alors, la profession de harceleur moral ?
-Globalement la nouvelle entreprise comptait 870 personnes dont 815 en trop. Son nouveau système discount house…
-Discount house ?
-Oui, vendant des marchandises à bas prix… supprimait des emplois en masse, ce qui est toujours une bonne chose pour la relance. Or, nous n’avons pas les moyens de licencier avec indemnités 815 personnes, c’est alors que Ioan Shark, Chief of economic planning, sur recommandation de mon oncle, a fait appel à moi, diplômé de Berkeley, promotion La faillite pour…
-La faillite ?
-J’ai dit La faillite ? Je voulais dire La Fayette, pour régler au mieux le problème des lourdes indemnités qui aurait fait perdre en tax loophole au Conseil d’administration un bon ½ % de royalties !
-En quoi consiste donc votre métier ? C’est cela qui intéresse nos cycles inférieurs professionnels, monsieur Nauséa Bond ?
-Il consiste à harceler moralement des personnes que nous ne voulons pas indemniser.
-Je ne comprends pas ?
-C’est bien simple. Ou la personne écoeurée quitte d’elle-même la société et part sans indemnité, ou elle tombe malade et c’est la mutuelle qui paie.
-C’est immoral !
-Citez-moi quelque chose de moral dans la société anonyme et mon oncle vous fera engager dans le cabinet du ministre des finances.
-Donc c’est légal ?
-Notre bureau Survey Research admet que nous pouvons être condamnés à 10 % des affaires traitées et encore largement bénéficiaires.
-Donc mon cycle – 2 peut trouver un débouché dans votre profession en toute légalité ?
-Madame Meyer-Alemploy, nous avons bien étudié la question avant de…
-Alors, le métier ?
- Il est possible de détruire quelqu’un juste avec des mots, des regards, des sous-entendus, des pièges aussi. J’ai fait part d’un projet à I. S.
-I. S. ?
-Ioan Shark, d’un faux fumoir. J’y ai pensé dès l’interdiction de fumer dorénavant dans les bureaux. Vous entrez dans un couloir sur la foi d’un écriteau « fumoir » vous suivez la flèche qui vous conduit devant une porte, vous y entrez et vous fumez. C’est l’antichambre du chef du personnel. Vous devinez la suite ? Provocation de la direction, entorse au règlement… renvoi sans préavis.
-Et le fumoir ?
-C’était la porte à côté.
-Je pense à une variante. Vous entrez directement dans le local de propagande de la Ligue contre le cancer du fumeur. Mais, il n’y a encore que la technique des mots qui tuent qui soit la plus radicale et qui ne nécessite aucun accessoire.
-Les mots qui tuent ?
-Enfin, madame Meyer-Alemploy… comment avez-vous obtenu votre place ? Un mot peut tuer, déstabiliser, détruire. Les armes de la malveillance et de la manipulation sont innombrables. La plupart de ceux qui ont réussi, croyez-vous vraiment que c’est parce qu’ils le méritaient ? Pourquoi y a-t-il tant de divorces, si ce n’est à cause de la perversité d’un conjoint, d’un parent ! Nous-mêmes à l’entreprise, nous pouvons briser un couple, quand les deux conjoints sont employés par nous et que nous leur disons que nous devons nous séparer de l'un d'eux. Si vous pouvez défaire une vie, alors pourquoi pas une carrière professionnelle ? Je mène patiemment ma partie suivant des études poussées de Berkeley, d’après l’œuvre de Konrad Lorenz « L’Agression ». Paralysée, la victime se laisse peu à peu enfermée dans le piège. Elle signe sa lettre de démission et hop…
-Hop ?
-Oui. Une fois dehors, elle ne nous intéresse plus. Ion Shark avait voulu la poursuivre après son départ pour rupture de contrat injustifié, mais je n’ai pas voulu ; Il faut se montrer humain, quelques fois, n’est-ce pas ?
-Je vous remercie monsieur Nauséa-Bond. Je pense que nos élèves du cycle inférieur professionnel auront apprécié comme moi. Il me serait agréable que vous montiez au quatrième étage, dans mon bureau pour le verre de l’amitié… (parlant bas) : j’ai un dossier sur le directeur, comment puis-je faire pour prendre sa place ?


8 janvier 2006

Un irremplaçable…

…sur le point d’être remplacé !

Quand Cadichon, l’âne savant, devient Kadima, le nouvel âne porte déjà des reliques.
Avec la fin de l’ère Sharon en Israël, c’est le deuxième et dernier partenaire du couple Arrafat-Sharon qui disparaît dans la partie de poker-menteur que ces deux nationalistes exacerbés s’étaient jurés de ne terminer qu’avec la mort de l’autre. Voilà qu’ils sont prêts à gagner tous les deux.
Pour l’observateur étranger que je suis, à la question de « qui a tort et qui a raison ? », il est évident que c’est celui qui souffre qui a raison. En l’occurrence, ce sont les Palestiniens.
Mais, en politique, il ne suffit pas d’avoir raison. Et Israël, en jouant les victimes à son habitude, a toujours su tirer les avantages d’une position sur le terrain curieusement opposée à ses déclarations de paix.
Massivement appuyé par les médias, tous plus ou moins interpénétrés par la diaspora juive, Sharon a pu ainsi conduire sa barque à sa guise, sa politique globale étant d’avaler tous les territoires non-juifs environnants au fur et à mesure du remplissage du terrain par ses coreligionnaires dispersés dans le monde entier et qui rappliquent dans les territoires promis par « dieu » et sans cesse agrandis !.
Cette expansion continue est de moins en moins acceptée par une opinion mondiale, pourtant bien travaillée par les spécialistes de l’information dirigée.
C’est que les ficelles sont trop grosses et le mépris des autres trop évident pour qu’il en soit autrement.
Soutenu, armé et surprotégé par les Etats-Unis, Israël ne craint rien qu’un instant d’égarement d’un pays comme l’Iran sur la voie d’être une puissance atomique et de la Syrie où Bachar el-Assad est en délicatesse avec l’opinion internationale à la suite du dernier assassinat au Liban, celui du député Gebran Toueni, directeur du journal anti-syrien An Nahar. Bachar pourrait, en effet, préférer le martyr en envoyant des missiles sur Israël, plutôt que tomber sans gloire sur une accusation d’assassinat.
Victime possible de cette alternative du désespoir, Israël ne pourrait que sortir fortifié dans son numéro de martyr, que ce pays joue à la perfection, avec en tête de sa distribution un personnage comme Sharon, le Harry Baur ou le Raimu de la politique au Moyen-Orient.
En préparant l’après Sharon, on voit toute l’importance qu’à prise ce petit pays aux Etats-Unis, puisque Condoleezza Rice est rentrée dare-dare à Washington pour resserrer les boulons avec l’opinion juive très importante aux States, et après avoir annulé une tournée de six jours en Indonésie et en Australie.

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C’est à la fois drôle et pathétique de voir comme les chancelleries accordent d’importance à ce petit pays et à des hommes de pouvoir de la trempe de Sharon. C’est bien la preuve que ce n’est nulle part le peuple qui dirige un pays aux apparences démocratiques, mais au fond très autocratique, en Israël comme en Belgique ou au diable vauvert, du reste.
A part Wall Street, adoré de tout ce petit monde, c‘est toujours par charisme et occupation du terrain que les « grands hommes » imprègnent une nation, surtout au Moyen-Orient. Hosni Moubarak et Bachar el-Assad ne complètent-ils pas le tableau des despotes indispensables ? Arafat en son temps n’était-il pas incontournable ?
Pour certains, il n’y a que la mort ou l’incapacité de régner qui les plonge dans l’obscurité. Dans certains cas, c’est une étrange destinée que celle de diriger un pays ou de périr sous les bombes ou sous les coups en catimini du successeur. On a vu comment le président tunisien ben Ali a chambré dans les dernières années de sa vie son prédécesseur Bourguiba « le père de la nation » !
Peut-être surgira-t-il du parti centriste Kadima, fondé par Sharon il y a deux mois, un homme nouveau capable de faire oublier l’ancien, remplaçant ainsi, devant les foules admiratives et éberluées, une capacité de nuisance, par une autre ?
Ehoud Olmert, premier ministre par intérim sera-t-il celui-là ?
C’est tout le mystère des hommes de pouvoirs dont certains s’usent très vite, alors que d’autres sont adulés, souvent uniquement par un effet de propagande magnifiquement mis en scène par les artistes de l’ombre que sont les conseillers et les hommes de main.
Pour ceux qui aiment l’Histoire, on se souvient de l’incendie du Reichstadt et l’immolation de Van der Lubbe, sur place au moment du drame, permettant à Hitler l’arrestation de quatre cents de ses plus farouches adversaires.
Au Moyen-Orient, on en est là. La terreur que les ennemis des deux côtés répandent, sert à des politiques, comme la création d’un mur, l’annexion progressive de Jérusalem et le peuplement poursuivi des colonies juives en Cisjordanie, avec l’habile camouflage du retrait des Juifs de la bande de Gaza. A tel point que les crimes commis par Israël sont tout autant horribles que les crimes commis par ses adversaires et, il n’y a pas de raison de se comporter comme des bouchers chez les autres et se retrouver avec des mœurs paisibles de retour au pays.
Sharon est un de ceux-là. Le sang qu’il a sur les mains est autant de sang répandu par des hommes de son espèce ; mais aussi que des Justes ont répandu par sa faute.
La roue tourne, mais elle ne produit pas souvent des hommes sincères, des hommes de paix. Sharon qu’il soit demain en vie, ou qu’il meure, n’en était pas un, quoique on le créditera du retrait de la Bande de Gaza.
En attendant une issue à la maladie… c’est étonnant comme on est attentif dans les médias à ce personnage ambigu. Il faut y voir l’effet que des hommes en vue font aux masses crédules, soutenus et encouragés par la diaspora dans les domaines de la banque, du spectacle, de l’information et jusqu’aux domaines scientifiques. Preuve d’une Nation intelligente ? Preuve surtout de gens qui savent y faire, ce qui est encore mieux.

7 janvier 2006

Carambole mondiale

Une des principales raisons que donne l’Europe pour libéraliser les services publics comme la poste ou les chemins de fer consiste à prétendre que les entreprises ainsi remises à la concurrence baisseront leurs prix, en même temps qu’ils offriront des services de meilleures qualités.

On sait à quoi s’en tenir pour ce second postulat. En Angleterre les chemins de fer déjà privatisés sous Thatcher ont fait la démonstration de la piètre qualité des services. Quant à ce qui concerne la sécurité, n’en parlons pas. 2005 a été l’année noire des accidents de chemin de fer en Grande Bretagne. Les hôpitaux, c’est la même et évidente catastrophe. Les listes d’attente sont telles que le Nord Pas de Calais et la Belgique sont pratiquement devenus les services d’urgence de Londres et de Birmingham.

Reste l’argument de la baisse des prix par le jeu de la concurrence.

Le chiffre record de 2703 milliards de dollars de fusions-acquisitions en 2005, suite à la mondialisation de l’économie, prouve que le processus de concentration des entreprises se poursuit, voire s’accélère, puisque par rapport à 2004 l’augmentation est de 38, 4 % !

Or, qui dit concentration, dit justement diminution de la concurrence.

Ces chiffres pharamineux sont sortis d’une étude du fournisseur de données Thomson Financial. C’est dire la référence et le sérieux.

L’accès facile au financement avec les taux d’intérêt extrêmement bas fait partie des facilités des grands groupes industriels qui se développent au détriment du petit épargnant ; car si vous, petit épargnant, on vous donne 1 ½, voire 2 %, imaginez ce que cela rapporte les milliards que vous leur apportez ! En les replaçant dans des reprises d’entreprises, à peine réalisent-ils un petit risque pour des bénéfices records assurés, variant du quadruple au centuple de ce qu’ils vous versent.

La plus grosse opération du genre a été, l’année passée, le rachat de l’entreprise Gillette par Procter and Gamble pour 57,2 milliards de dollars !

Il faut ajouter aux milliards de la petite épargne à peine rémunérés, les bénéfices énormes générés par le surenchérissement des matières premières d’énergie.

La concentration est si forte sur le marché mondial que déjà s’établit un monopole naturel (natural monopoly), tant plusieurs branches des activités humaines n’ont plus qu’une seule firme si grande par rapport au marché qu’il n’y a place que pour elle.

La banque spécialisée dans la fusion-acquisition, Goldman Sachs, est elle-même sans concurrente à sa hauteur, ce qui lui permettra à l’avenir d’acheter où bon lui semble et à n’importe quel prix, ce qu’elle veut.

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Alors quand Didier Reynders vante les mérites de la vente à l’encan des bijoux de famille qu’une Belgique n’a acquise que par le travail de ses enfants, c’est, d’une certaine manière, un hold-up légalisé dans nos porte-monnaie.
Dorénavant, l’économie dirigée (command-direct economy) tant décriée sous le stalinisme sera en Europe libérale et dans le monde, dans le domaine des particuliers qui pourront selon leur bon plaisir, gérer les trois problèmes économiques essentiels, à savoir : quels bien produire – comment les produire – qui les recevra une fois produits.
Voilà un retournement inattendu de l’Histoire.
On nous a dit de combattre le communisme comme étant un avatar malencontreux du capitalisme et, sitôt sans concurrent, voilà le même capitalisme qui s’emballe et accorde des privilèges, non pas à des despotes, chefs d’Etat, mais à des staliniens privés ! Ce qui est cent fois pires !...
Voilà ce à quoi le capitalisme triomphant est arrivé.
Et ce n’est pas fini. Les fusions et les regroupements se poursuivront encore tout au long de 2006 et bien au-delà, dans une sorte de fuite en avant boule de neige.

Le flux circulaire (circular flow) par le jeu des transferts dans des pays à bas salaires sera sans doute ralenti fortement dans les pays « riches » à cause des concentrations des nouveaux holdings.

En un mot comme en cent, ce n’est pas parce que Procter and Gamble a racheté Gillette que la lame Sensor sera offerte à un prix plus démocratique aux barbes naissantes ; par contre, le contraire pourrait très bien se produire. Il est vrai que Didier Reynders a les moyens de rester glabre.

6 janvier 2006

Tu peux me loger ?

Quand on ne sait pas où l’on va, il faut se souvenir d’où l’on vient.

-Manu, où tu vas ?
-Je vais. Je glande par là ?
-D’où tu viens ?
- On s’est retrouvé avec les copains devant un closed bar pourri. Comme on partait, voilà Bab qui dit : « Si on retournait d’où on vient ? »… Impossible de se rappeler. On s’est séparés en deux groupes. J’ai fait private groupe à moi tout seul.
-Alors, tu ne sais pas où tu vas, sans savoir d’où tu viens ?
-Non. mais, je sais quand même où j’habite ! Et toi ?
- Hier, Félicie m’a foutu à la porte. Depuis je ne sais plus où j’habite.
-Mais tu sais où tu vas ?
-Je comptais sur toi pour m’héberger, puisque tu sais encore où tu habites.
-Dehors, il gèle plus. Dors dans ta bagnole. Je me disais que si on demandait aux gens ce qu’ils foutent dans leurs bagnoles, à part ceux qui y dorment, certains sauraient rien dire.
-T’en as qui savent même plus qu’ils y sont.
-C’est inquiétant. C’est un truc qui m’arrivera jamais.
-Tiens, pourquoi ?
-J’ai pas de bagnole, mon pote.
-Note, par contre, ils savent d’où ils viennent, dans leur bagnole.
-Pas sûr. J’en connais, ils la retrouvent même plus sur le parking du Cora.
-Qu’est-ce qu’ils font ?
-Ils attendent la fermeture. Ceux qui restent, c’est parce qu’ils ont paumé leur bagnole. Alors, ils s’arrangent entre eux. Tiens c’est la mienne. Non, c’est la tienne. Ils essaient les clés. Ils les échangent.

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-Ça m’est arrivé chez Carrefour. J’avais dit à Félicie que je rentrerais pour six heures. Je la préviens par politesse, à cause qu’elle a quelqu’un. Voilà que je tombe sur Mèmeye…
-La pouffe à Bab ?
-La même.
-Elle avait laissé ses clés sur le tableau de bord. Heureusement que le hayon était ouvert. Je m’introduis par l’arrière. J’arrive au tableau de bord. Je tends les bras. Je prends les clés. J’ouvre la portière. Mèmeye entre, juste comme Félicie s’amène et me voit étendu sur les deux banquettes, les genoux de Mèmeye à hauteur d’oeil. J’étais tellement surpris de la voir, que je pique du nez sur la touffe à Mémèye…. Elle entre en furie. Il m’a été impossible de me rappeler où j’avais mis ma Peugeot.
-Tu viens de me dire que Félicie a quelqu’un !
-Oui. Mais je suis censé ne pas le savoir. Donc, ça compte pas. Elle est jalouse par principe. D’ailleurs, c’est un type tout à fait gentil, son type, très propre sur lui, convenable quoi…
-Pourquoi tu m’as demandé où j’allais ?
-Si des fois tu voulais venir avec moi…
-Où tu vas ?
-Je sais pas non plus.
-C’est complet. Tu me demandes où je vais et d’où je viens. « Je sais pas » que je te dis. Et toi c’est pareil. Tu sais pas non plus !
-C’était juste pour savoir.
-Maintenant tu sais…
-Tu crois qu’y en a qui savent ?
-Tu te demandes.
-Ou alors, y vont ; mais c’est que pour faire des conneries…
-Des trucs qu’on se demande.
-Si on sait pas où on va, au moins on ira ensemble !
-Justement. Vois-tu, je peux pas te loger.
-Pourtant le soir, tu reviendras bien à ton point de départ ?
-T’en as qui vont et qui viennent et qui tournent en rond…
-Forcément on revient toujours à son point de départ…
-Si t’es venu pour me dire ça, t’aurais mieux fait de pas venir.
-Je savais pas où aller.
-Je parie que tu savais pas où tu venais, non plus…
-Comment tu sais ?
-Alors, pourquoi tu fais chier ?

5 janvier 2006

La gueule de l’emploi

(la scène se passe dans la file de chômeurs chez Emploissur une boîte d’intérim comme il en pleut boulevard de la Sauvenière.)

-Tu me donnes trois ou quatre rimes et à l’instant je te dis un poème.
-Sans blague ?
-Essaie…
-caresse… empourprés… paresse… et ignorés.
-Laisse moi une minute…voilà :
Au pays tropical que le soleil caresse
D’un douanier Rousseau peignant tout empourpré
Sur le jaune du sable à la chaleur paresse
Une belle métisse aux soupirs ignorés
-Tu l’as lu quelque part ?
-Non, puisque tu m’as donné les rimes. Si tu m’avais donné Pain, auvergnate, patin et éléate, je t’aurais torché un autre poème…
-Note, on s’en fout. Et puis la poésie, ça doit être réfléchi. Quand tu réfléchis pas, c’est pas un poème.
-C’est quoi alors ?
-Des mots mis à la suite les uns des autres et qui n’ont pas de sens poétique.
-Essaie autre chose. Tu me dis un personnage de comédie, je te dis l’auteur, et je te fais un résumé de la pièce.
-Jacqueline.
-Dans la pièce de Marivaux « La surprise de l’amour », de Molière dans « Le médecin malgré lui » ou de Musset dans la comédie « Le chandelier » ?
-Perdu. Il s’agit de Jacqueline ma voisine de palier.
-Dans quelle comédie ? Un auteur l’a prise pour modèle ?

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-Je ne sais pas, moi. Ton truc ne m’intéresse pas.
-Tu veux qu’on joue aux élections ? Tu me dis un parti et je te dis le score qu’il a fait aux précédentes communales.
-Je m’en fous.
-Qu’est-ce qui t’intéresse ?
-Ce qui m’intéresse ? Pourquoi t’es chômeur, Monsieur-je-sais-tout ?
-Parce que je sais rien de ce qui t’intéresse.
-Qu’est-ce que tu sais ce qui m’intéresse ?
-T’as fait l’école des Classes moyennes, section peinture, donc tu sais peindre et tapisser. Tu m’as dit que t’avais travaillé dans un garage comme carrossier…
-C’est pas mal.
-Oui, c’est pas mal.
-Et pourquoi dis-tu que t’es chômeur parce que tu sais rien de ce que je sais, alors que moi je suis chômeur aussi ?
-Toi, on va te trouver un stage quelque part. Et moi pas.
-Pourquoi pas toi ?
- Parce qu’avec ce que je sais, les patrons ne pourraient pas se faire du fric sur mon travail.
-Ce que t’as appris te sert à rien, alors ? Pourquoi tu joues les mariolles avec ce que tu sais, quand ça te sert à rien ?
- C’était important pour moi et pas pour les autres. Pour bouffer, j’aurais dû faire tapissier, comme toi.
-Dans le fond, t’es un inutile.
-Comme ton patron, je fous rien.
-Mon patron ? Celui qui m’a foutu à la porte ? Il travaille seize heures par jour. C’est pour ça qu’il m’a foutu à la porte, et puis pour caser son fils, qu’a fait des études qui ne servent à rien.
-Tu sais que tu commences à me les casser ?
-T’es pas content parce que je te rabats ton caquet, hein, Socrate de mes deux ?
-D’où tu sors ce nom ? Tu connais Socrate ? Tu vois que tu connais quelque chose !
-J‘ai jamais dit que je connaissais rien. Et puis, ébruite pas que je connais ce type.
-Pourquoi ?
-Ni les Jacqueline de ton théâtre…
-Je ne comprends pas.
-Et surtout me fais plus le coup des rimes et de la poésie.
-T’es pas intéressé, que tu m’as dit !
-Justement, ça va être mon tour. Tu me connais plus. T’étonne pas si je fais le dos rond et que je boîte un peu…
-Vas-tu me dire à la fin…
-Il n’est pas mauvais que le type à côté de la secrétaire et qui engage des mecs…
-Oui, le patron…
-…me considère avec quelque mépris. Tu vois mec, un patron se rassure par l’ignominie de qui il engage. Nous, pour réussir, on doit être un peu, voire beaucoup méprisables. Des petites tares, une odeur d’aisselle, l’air con, justifient la merde noire où l’on est. On a plus de chance ainsi, si chacun se trouve à la place qu’on croit qu’il mérite…
-Tu sais que t’es pas con, toi…
-Prochaine fois, mec, dis-toi qu’aussi malin qu’on soit, on finit toujours par être le con de quelqu’un…

4 janvier 2006

Public cherche auguste !

Il faut rendre la Belgique plus attractive. A Liège, la foire d’octobre n’est plus ce qu’elle était. Mieux, à Bruxelles, la foire d’octobre passe depuis longtemps inaperçue, que dire d’Ostende ou de Bruges qui l’ignorent superbement !
Ce n'est pas un scoop: la Belgique attire de moins en moins les investissements directs en provenance de l'étranger. La dernière invention : la frite carrée a fait un bide. Les croustillons se vendent mal et l’attraction du nœud pap à Namur ne vaut pas les autos scooters.
Pourtant on ne manque pas de clowns, mais les chapiteaux ne les engagent pas. Même les circuits sur le modèle de Francorchamps n’attirent plus que les tribunaux de commerce.
Selon le baromètre annuel établi par le consultant AT Kearney, nous avons cessé de figurer dans le top 25 mondial des grandes attractions. La foraine miss Arena lance actuellement un nouveau manège pour les 10-12 ans, « le mini baccalauréat amusant », mais cela n’intéresse pas l’étranger. Le stand de la plus belle femme du monde a dû fermer, on n’avait plus que miss Onkelinx. Quant aux frères Happart, le musée Spitzner a refusé de les prendre en remplacement des frères italiens soudés par le thorax poursuivis par la police pour ne pas avoir déclaré qu’ils vivaient ensemble !
Autre confirmation: les pays émergents, jugés «plus profitables et moins risqués», ont le chapiteau en poupe. La Chine, en première position depuis quatre ans, avec ses athlètes du cirque de pékin est talonnée par l'Inde qui ravit la deuxième place au cirque barnum des Etats-Unis. Les Chinois font tourner les assiettes. Nous, nous les cassons !
Si les membres de l'ancienne Europe des Quinze perdent pas mal de plumes (40 pc d'investissements directs au total), les nouveaux arrivants (Russie et Pologne en tête) bénéficient en revanche de troupes solides, de danseuses plus attrayantes et d'une productivité supérieure au billet d’entrée. On dit même que l’Iran met au point une attraction atomique. Un ayatollah déguisé en Bush entre dans un canon et se trouve propulsé sur un trapèze juste au-dessus d’Isaraël!
Il n'est pas étonnant que le secteur des phénomènes, le seul que nous ayons pu conserver à peu près intact, suscite le plus de convoitise. Medrano veut racheter Patrick Moriau, la femme à barbe condamné(e) à nous barber.

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Les conclusions du consultant rejoignent celles émises récemment par les gens du voyage américains en Belgique (Amcham). Notre pays ne jouit plus d'une réserve d’acrobates pour espérer pouvoir revenir dans les filets des plus grands chapiteaux du monde. Le clown d’or de Stéphanie de Monaco s’éloigne.
Certes, il y a bien notre faiseur de pluie coordonné par le chapiteau de l’ULB. Le projet « Geshem » (pluie en hébreu) veut faire pleuvoir dans les zones les plus arides du Néguev en Israël en créant une île surchauffée qui produirait des cumulus chauds. Mais ce n’est qu’un show en préparation…
La Belgique, tablant sur une reprise légèrement supérieure au zéro, est censée revenir sur le marché en 2006. Mais ce ne sera toutefois pas suffisant, on manque d’augustes. Sur le plan de l'innovation, les incitants se développent, Milquet en femme serpent perd ses écailles.
Selon des études récentes de la Banque Nationale et de plusieurs analystes privés, les chefs d'entreprise, restent confiants par rapport à 2006. Dans l’inventivité verbeuse qui le caractérise, Serge Kubla serait prêts à s’investir dans l’homme-tronc, à la télévision, afin de recueillir des fonds pour une nouvelle attraction mi plan Marshall, mi train fantôme. Cela s’appellerait « Gouverneur rail ». Il est sur la première ligne, mais il a déjà raté un départ.
Bref, malheureusement pour les fans, on ne sait pas encore si les attractions nouvelles pour 2006 permettront de renouer avec le succès.
Alors, on en revient aux jeux de massacre de la Foire 1900. « La carolorégienne ». ce n’est pas cher et ça peut rapporter gros.
En attendant, le village de Noël suggère une idée parmi toutes celles que l’on n’a pas : il manque un esprit inventif, une sorte de Houdini, comme le fut un de nos clowns des plus célèbres, notre regretté Destenay qui chargea le centre ville dans ses containers, créant l’attraction du plus rand trou du monde qui fut l’événement phare pendant près de 30 ans.
Hélas ! des gens du voyage de cette classe se font rares. Il est question de lancer un concours sur les journaux électroniques d’informations locales. Tchantchès est sur les rangs. Il s’intitulerait « Pourquouoâhhh tant de haine ». Le vainqueur recevrait la réplique en chocolat du vélo de course de l’ancien gouverneur Boland.
Non ! Nous ne nous contenterons pas d’assister à notre long dépérissement. Nous allons réagir. On croit savoir que Meusinvest va mettre sur pied un nouveau combat de marionnettes grandeur nature, afin de réalimenter le plan Marshall. Il regrouperait tous les Tchantchès de la province contre le seul Charlemagne. Les Américains raffoleront. Enfin, on espère. On cherche un traître Gadelon. Là, on a l’embarras du choix. On est quand même fournis en riches natures, quelque part.

3 janvier 2006

Consultation

-Mon cher Claudy, ton nom de scène, tout le monde le connaît, mais ton vrai nom, c’est quoi ?
-Franchouillet est mon nom de scène et mon nom de ville.
-Tu nous charries là !... C’est parce que tu habites à la campagne que ton nom de ville…
-Non. En ville aussi…
-Ah bon !
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-…mais rien !...
- Pourquoi tu parles plus ?
-Qu’est-ce je fais en ce moment ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Tu m’as rien fait !
-Pourquoi tu parles plus ?
-Ecoute, on est en consultation. Je suis le docteur André Pourkoituparlplus, celui qui te soigne. Tu me reconnais ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-A côté de moi, pour t’aider, il y a Emilie Kèssquejtèfè.
-Qu’est-ce je t’ai fait, pourquoi tu parles plus ?
-C’est ça tes deux amis médecins…
- Arrête André. Tu vois bien que le patient est bloqué. Il est engagé dan une relation intense dans laquelle il sent l’importance vitale de distinguer quel message lui est communiqué. Il donne la réponse appropriée.
-C’est qui Claudy Franchouillet ?
-Un poète de et qui fait mal…
-Qu’est-ce qu’il fait ici ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Calmons-nous, Claudy. Ne parle plus. Laisse parler, madame Kèssquejtèfè.
-Pourquoi tu parles plus.
-Ecoute Emilie, j’y renonce.
-Lorsque Claudy est mis dans une situation où son partenaire à l’intérieur de la relation émet deux ordres de messages dont l’un contredit l’autre, il est incapable de commenter les messages émis.
-C’est-à-dire qu’il est incapable de formuler un jugement qui relève de la métacommunication ?
-Exactement.
-Qu’est-ce qu’on peut faire ?
-Pourquoi tu parles plus ?
-Double blocage, double impasse… ça correspond…
-La difficulté principale se trouve dans l’idée qu’il faut traiter les patients…
-C’est ambigu chère confrère, on traite du pétrole, des cuirs, des aciers, pourquoi pas de la poésie ?
-Claudy, voici le docteur Pourkoituparlplus, moi je suis Emilie Kèssquejtèfè, psychiatre. Nos noms te gênent-ils pour la suite de notre entretien ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Oui, c’est moi.
-Pourquoi tu parles plus ?
-Oui, c’est l’autre.
-Aha ! je vous ai bien eus !
-Comment, tu nous as fait marcher !
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Le patient vient de retrouver sa lucidité pendant quelques secondes. C’est peut-être un simulateur ?

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-Certains patients connaissent une désintégration radicale pendant quelques minutes ou quelques heures et ensuite se réunifient instantanément.
-Sans qu’on sache pourquoi ?
-Celui-ci est un maniaque de la poésie répétitive.
-Le syndrome Alfred de Musset ?
-Oui.
-Etranger à sa propre étrangeté, qu’est-ce qu’on peut faire ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Non. Ça suffit maintenant, Claudy Franchouillet..
-On va le passer au docteur Mallarmé pour une analyse plus complète de sa tautologie lourde.
-Tu es d’accord Claudy ?
-Qu’est-ce que je t’ai fait ? Pourquoi tu parles plus ?
-Ça va. Il a l’air d’accord…

http://www.naindien.com/claudy

2 janvier 2006

Pour 2006, t'as le bonjour de Richard.

Jean-Jacques Rousseau est le père avant la lettre de l’écologie, avec le retour à la nature et l’éloge de la vie simple. Les critiques actuelles des sociétés industrielles sont en partie fondées sur les thèses rousseauistes, avec la nostalgie de l’homme naturel, la dénonciation de la vie urbaine, etc. A l’opposé de l’artificiel, l’auteur d’Emile glorifie une nature souvent devenue utopique, déjà à son époque, avant d’être mythique, à la nôtre.
Bien entendu Rousseau n’est pas du siècle de Marcuse, ni de Roszak (1), pour lesquels le travail dans les entités modernes de production aliène l’homme en ce qu’il nie le principe du plaisir.
En 2006, l’essor du machinisme industriel confirme les pires craintes de Rousseau et des autres philosophes sur l’avenir de l’homme aliéné. Réduit à une mécanique humaine, l’homme dépouillé de sa personnalité et plus que jamais humilié par le « progrès » technique, semble désormais voué à sa destruction ou à la destruction du système qui permet son exploitation illimitée.
Déjà Carlyle en 1829, à une époque intermédiaire entre Marcuse et Rousseau, avait prédit que les hommes « seraient tout aussi mécanisés dans leur cœur et leur esprit que dans leurs mains ». La machine-monstre fait de l’homme un monstre-machine.
La critique de Carlyle induit une différenciation du rousseauisme. Le rapport de l’homme à la nature, devient le rapport de l’homme aux « progrès scientifiques ».
Faut-il renoncer aux progrès scientifiques dans la mesure où ceux-ci altèrent davantage les restes de liberté que l’on perçoit encore dans les sociétés industrielles dites « démocratiques » ?
C’est le dilemme du docteur Frankenstein, personnage de fiction de Mary Shelley.
Horrifié par ce qu’il vient de créer, Frankenstein s’enfuit pour ne plus affronter le monstre qu’il a créé.

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Se pose ainsi la responsabilité sociale du scientifique.
Deux clans s’affrontent sur cette responsabilité : les pessimistes voient dans les avancées scientifiques une menace pesant directement sur l’avenir du genre humain ; les optimistes semblent s’accorder sur le but à atteindre qui est la victoire de l’espèce sur ses ennemis : bactéries, virus, insectes nuisibles, etc.
L’époque a tranché. Seuls quelques philosophes et économistes voient dans le « progrès » le danger d’une catastrophe finale qui mettrait un terme à l’organisation sociale la plus élémentaire. (Ce qui nous reconduirait à la case départ, mais pas dans l’idyllique utopisme de Rousseau.) Le reste du monde voit dans la science les moyens donnés aux hommes de vivre mieux et plus vieux, indéfiniment.
Sorel parle du « pouvoir magique des mots » qui conduira l’homme à sa perte.
Ou bien la liberté de quelques-uns sans la justice pour tous les autres, ou bien la justice sans la liberté ?
C’est que la majorité a tranché qui nous conduit à l’aventure. Quoique officiellement irrésolu, le problème issu de ces deux versions contradictoires est à proprement parlé « résolu » depuis l’ère industrielle. L’idéal serait que Liberté et Justice cohabitent harmonieusement. Hélas ! c’est la liberté pour quelques-uns qui prévaut !
Les égoïsmes inhérents à la société industrielle ont joué. Plus personne ne remet en question la nécessité du « progrès ». C’est l’ensemble de la communauté scientifique qui est encouragée à poursuivre ses recherches et ses réalisations, et ce, quelles qu’en soient les conséquences. Le plus bel exemple est la bombe atomique, les velléités de la confiner aux quelques grands Etats découvreurs ont été vaines. Si cette maîtrise de l’atome a produit de belles inventions utiles à l’humanité, son potentiel de nuisance est supérieur aux bienfaits qu’elle dispense.
L’industrialisation de la recherche, donne la propriété des découvertes à des non-scientifiques, voire des militaires. Les « découvreurs » s’ils finissent par empocher le Prix Nobel, ne sont plus quelque part que des techniciens co-inventeurs. Les brevets qui découlent de leur travail, ont des finalités qui les dépassent.
C’est donc le groupe restreint des pessimistes qui a raison quand il prédit notre perte tant qu’une éthique du monde industriel et du monde scientifique ne ramène pas les avancées de la science et ses applications à une morale acceptée par tous et contrôlée très strictement.
Jusqu’à présent, les Nations Unies n’ont jamais pu jouer ce rôle qui devrait être le sien au niveau des Etats. Quant au domaine industriel, il touche trop aux ressorts égoïstes de comportement pour envisager seulement un semblant de respect des nobles objectifs de justice et de liberté pour tous, enfin réconciliés.
Le système unanimement accepté de commerce et de libre échange, même tempéré par des régimes plus ou moins démocratiques oblitère notre avenir et sera, n’en doutons pas, l’ultime avatar par ses outrances, ayant eu raison de nous, et qui fera de l’homme un robot et de la nature un dépotoir.
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1. - Theodore Roszak - Essayiste, historien, sociologue et romancier, Théodore Roszak est né en 1933.Il a publié dix-huit livres. Il est notamment l’auteur de plusieurs essais : Vers une contre-culture (Stock, 1970), L’homme planète (Stock, 1980), The Cult of Information (1985), The gendered Atom (2000), consacré aux périls d’une vision du monde purement scientifique. Il a fondé l’écopsychologie, « humanisme écologique » dont les théories sont exposées dans The Voice of the earth (1993) et qui, depuis, a fait école. Il est également romancier. Il vit à Berkeley, enseigne l’histoire à l’université de Californie, et collabore régulièrement au New York Times.

1 janvier 2006

Renouveau culturel à Liège

-Le musée est ouvert quand ?
-Quand il y a quelqu’un.
-Comme aujourd’hui ?

-Oui.

-Et quand il n’y a personne.

-Il est fermé.

-C’est logique.

-Je vais vous le faire visiter.

-C’est un musée de quoi ?

-Comment ! Vous voulez visiter un musée et vous ne savez pas de quoi ?

-On m’a dit rue Féronstrée que vous étiez ouvert. Je viens par curiosité.

-Admettons. Eh bien, ce musée est l’ancien musée de la direction des Affaires culturelles, transformé par la directive de juin 1967 en musée régional.

-Un musée régional de quoi ?

-…de la direction des Affaires culturelles.

-Bon. On commence par quoi ?

-Par le rez-de-chaussée.

-Cela paraît évident.

-Plus évident encore que vous le pensez. Puisqu’à l’étage, c’est une annexe de l’annexe de la Maison wallonne des entreprises privées.

-Qu’est-ce que c’est ?

- Une annexe de l’annexe de l’exposition permanente des fromages de Herve.

-C’est sur initiative ?

-de José…

-José ?

-Oui de José.

-Quel José ?

-Je n’en dirai pas plus.

-Pourquoi.

-Nul ne prononce la suite sans s’attirer des histoires.

-Ah ! bon.

-Vous avez dans des vitrines les souvenirs et les cadeaux de cinquante années de culture liégeoise.

-Je vois une chaussure sur un socle.

-C’est le soulier que Monsieur Magotte a perdu aux Chiroux lors de l’échauffourée de l’année dernière après un de ses discours…

-Ils étaient si violents que ça ?

-Quoi ?

-Ses discours ?

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-Non. Celui-là portait sur la comparaison de la poésie antique avec celle de Jacques Izoard notre maître à tous en poésie contemporaine.
-Alors, cette chaussure ?

-Qu’est-ce que vous voulez, l’ennui du public des Chiroux cet après-midi là était atroce…

-Et cette vitrine vide ?

-Voyez-vous elle ne l’est pas. Par un procédé que seule l’université de Liège maîtrise, Monsieur Izoard a projeté des mots dans une sphère dont on retire l’air. Donc, il ne reste que les mots…

-C’est prodigieux.

-Placez votre oreille contre la vitre. Qu’entendez-vous ?

-Beaucoup de plaintes.

-C’est de la poésie liégeoise sous vide.

-En même temps on ressent comme une impression de froid.

-Oui, c’est à cause du gel.

-Du gel ?

-Oui. Les derniers mots izoardiens sont : « font craquer le gel ».

-C’est fort !....

- La visite est terminée.

-C’est tout ?

-Oui, Monsieur Magotte a descendu les vestiges de ses prédécesseurs dans la cave. Il estimait le lot peu intéressant.