Un irremplaçable…
…sur le point d’être remplacé !
Quand Cadichon, l’âne savant, devient Kadima, le nouvel âne porte déjà des reliques.
Avec la fin de l’ère Sharon en Israël, c’est le deuxième et dernier partenaire du couple Arrafat-Sharon qui disparaît dans la partie de poker-menteur que ces deux nationalistes exacerbés s’étaient jurés de ne terminer qu’avec la mort de l’autre. Voilà qu’ils sont prêts à gagner tous les deux.
Pour l’observateur étranger que je suis, à la question de « qui a tort et qui a raison ? », il est évident que c’est celui qui souffre qui a raison. En l’occurrence, ce sont les Palestiniens.
Mais, en politique, il ne suffit pas d’avoir raison. Et Israël, en jouant les victimes à son habitude, a toujours su tirer les avantages d’une position sur le terrain curieusement opposée à ses déclarations de paix.
Massivement appuyé par les médias, tous plus ou moins interpénétrés par la diaspora juive, Sharon a pu ainsi conduire sa barque à sa guise, sa politique globale étant d’avaler tous les territoires non-juifs environnants au fur et à mesure du remplissage du terrain par ses coreligionnaires dispersés dans le monde entier et qui rappliquent dans les territoires promis par « dieu » et sans cesse agrandis !.
Cette expansion continue est de moins en moins acceptée par une opinion mondiale, pourtant bien travaillée par les spécialistes de l’information dirigée.
C’est que les ficelles sont trop grosses et le mépris des autres trop évident pour qu’il en soit autrement.
Soutenu, armé et surprotégé par les Etats-Unis, Israël ne craint rien qu’un instant d’égarement d’un pays comme l’Iran sur la voie d’être une puissance atomique et de la Syrie où Bachar el-Assad est en délicatesse avec l’opinion internationale à la suite du dernier assassinat au Liban, celui du député Gebran Toueni, directeur du journal anti-syrien An Nahar. Bachar pourrait, en effet, préférer le martyr en envoyant des missiles sur Israël, plutôt que tomber sans gloire sur une accusation d’assassinat.
Victime possible de cette alternative du désespoir, Israël ne pourrait que sortir fortifié dans son numéro de martyr, que ce pays joue à la perfection, avec en tête de sa distribution un personnage comme Sharon, le Harry Baur ou le Raimu de la politique au Moyen-Orient.
En préparant l’après Sharon, on voit toute l’importance qu’à prise ce petit pays aux Etats-Unis, puisque Condoleezza Rice est rentrée dare-dare à Washington pour resserrer les boulons avec l’opinion juive très importante aux States, et après avoir annulé une tournée de six jours en Indonésie et en Australie.
C’est à la fois drôle et pathétique de voir comme les chancelleries accordent d’importance à ce petit pays et à des hommes de pouvoir de la trempe de Sharon. C’est bien la preuve que ce n’est nulle part le peuple qui dirige un pays aux apparences démocratiques, mais au fond très autocratique, en Israël comme en Belgique ou au diable vauvert, du reste.
A part Wall Street, adoré de tout ce petit monde, c‘est toujours par charisme et occupation du terrain que les « grands hommes » imprègnent une nation, surtout au Moyen-Orient. Hosni Moubarak et Bachar el-Assad ne complètent-ils pas le tableau des despotes indispensables ? Arafat en son temps n’était-il pas incontournable ?
Pour certains, il n’y a que la mort ou l’incapacité de régner qui les plonge dans l’obscurité. Dans certains cas, c’est une étrange destinée que celle de diriger un pays ou de périr sous les bombes ou sous les coups en catimini du successeur. On a vu comment le président tunisien ben Ali a chambré dans les dernières années de sa vie son prédécesseur Bourguiba « le père de la nation » !
Peut-être surgira-t-il du parti centriste Kadima, fondé par Sharon il y a deux mois, un homme nouveau capable de faire oublier l’ancien, remplaçant ainsi, devant les foules admiratives et éberluées, une capacité de nuisance, par une autre ?
Ehoud Olmert, premier ministre par intérim sera-t-il celui-là ?
C’est tout le mystère des hommes de pouvoirs dont certains s’usent très vite, alors que d’autres sont adulés, souvent uniquement par un effet de propagande magnifiquement mis en scène par les artistes de l’ombre que sont les conseillers et les hommes de main.
Pour ceux qui aiment l’Histoire, on se souvient de l’incendie du Reichstadt et l’immolation de Van der Lubbe, sur place au moment du drame, permettant à Hitler l’arrestation de quatre cents de ses plus farouches adversaires.
Au Moyen-Orient, on en est là. La terreur que les ennemis des deux côtés répandent, sert à des politiques, comme la création d’un mur, l’annexion progressive de Jérusalem et le peuplement poursuivi des colonies juives en Cisjordanie, avec l’habile camouflage du retrait des Juifs de la bande de Gaza. A tel point que les crimes commis par Israël sont tout autant horribles que les crimes commis par ses adversaires et, il n’y a pas de raison de se comporter comme des bouchers chez les autres et se retrouver avec des mœurs paisibles de retour au pays.
Sharon est un de ceux-là. Le sang qu’il a sur les mains est autant de sang répandu par des hommes de son espèce ; mais aussi que des Justes ont répandu par sa faute.
La roue tourne, mais elle ne produit pas souvent des hommes sincères, des hommes de paix. Sharon qu’il soit demain en vie, ou qu’il meure, n’en était pas un, quoique on le créditera du retrait de la Bande de Gaza.
En attendant une issue à la maladie… c’est étonnant comme on est attentif dans les médias à ce personnage ambigu. Il faut y voir l’effet que des hommes en vue font aux masses crédules, soutenus et encouragés par la diaspora dans les domaines de la banque, du spectacle, de l’information et jusqu’aux domaines scientifiques. Preuve d’une Nation intelligente ? Preuve surtout de gens qui savent y faire, ce qui est encore mieux.