Anastasie en sauvetage du plan Marshall ?
L’effet « caricatures » a eu au moins deux conséquences en Belgique. La première, de voir les rondouillards de la politique songer plus à leur réélection qu’affirmer haut et fort la liberté d’expression face à l’obscurantisme religieux ; la seconde, on a reparlé de la censure et l’Haut-lieu s’est souvenu des ciseaux d’Anastasie qui traînaient dans les tiroirs de Jean-Paul Philippot, le ponte parachuté à la tête des guignolos de la RTBf.
Et tandis qu’aux Etats-Unis, des parlementaires ont convoqué les sociétés qui, tels Google, Yahoo, Microsoft ou encore Cisco, aident le gouvernement chinois à traquer les dissidents, chez nos élites, c’est le contraire.
Les couloirs bruissants de la RTBF gardent l’écho du reportage intitulé « Le plan Marshall va-t-il sauver la Wallonie? » qui porte un regard « caustique » sur les coulisses et la mise en scène de la chose, paraît-il, et qui, visionné – hors coupures évidemment – n’est pour nous qu’une forme de journalisme chèvrechoutiste comme on en a si souvent l’habitude en ces contrées de pensée unique.
Il paraît que la séquence avait été tournée en septembre 2005 en pleine concélébration du renouveau wallon déjà sacralisé comme une merveille, marshallisé par la fine fleur de nos marchands de bonheur.
Van Cau en perdition, le repreneur n’étant autre que l’empereur lui-même, Philippot, bien assis à côté du chauffage central de son local du Reyers, aurait trouvé le safari d’Alain Desthexe, en outsider du plan Marshall et interviewé par les deux rigolos Michel Hucorne et Philippe Lorsignol, fort impertinent. Il aurait convoqué le petit personnel afin qu’il révise « Le plan Marshall va-t-il sauver la Wallonie ? » dans lequel Destexhe affichait sa mauvaise humeur. Ce que voyant, par un reste de dignité nos lascars auraient obtempéré en défendant que leurs noms paraissent au générique. Ce qui fut fait, le monde se fichant du générique.
Pour l’heure Philippot ne se rappelle plus de rien et n’est au courant de rien, Yves Thiran, directeur de l'Information et de l'Ethique (excusez le ronflant du titre) ayant été chargé par le sieur Philippot de la patate chaude.
C’est que le sérénissime réunissait le Comité permanent mardi pour examiner les candidatures au poste très convoité de directeur des antennes.
S’il y a bien une chose sacrée à la RTBf, ce sont bien les nominations. Le talent, on s’en fout, mais les nominations, quand même !...
Nommer un directeur des antennes pour redonner dynamisme et cohérence aux grilles télévisées de la chaîne publique (la une, la deux, RTBF Sat et, bientôt, Bel Arte) et ainsi chapeauter le directeur de la télé (Alain Gerlache) et les responsables de chaîne (Eric Poivre, Carine Bratlazsky, Jean-Frédéric Laignoux , n’est-ce pas la tâche la plus noble qui soit ?
Résultat des cogitations : vendredi.
Alors, vous pensez, la censure !... Et l’autre-là, avec son éthique sur les bras, qu’il se démerde. L’ennui, c’est que ça grogne à la base. Mais, cela n’a-t-il pas toujours grogné et parfois pour des causes tellement infinitésimales…
La Libre Belgique résume assez bien les conséquences de l’affaire : « Cette polémique vient malheureusement occulter la teneur du reportage. Car les questions posées, à l'évidence, ne manquent pas de pertinence. Tout comme les témoignages d'entrepreneurs et d'universitaires wallons interrogés sur l'efficacité des mesures gouvernementales. L'impertinence, quant à elle, réside surtout dans le ton sarcastique incarné par «Super Wallon». Un crime!? ».
Nous voilà donc avec un cas de censure sur les bras.
Le premier après l’affaire des caricatures danoises où le clavier « bien tempéré » des interviewés du système avait permis aux dents de porcelaine de Laurette Onkelinx de faire « cheese » devant les dites caméras de ce même RTBf censuré.
Comme toujours le courant se partage entre deux eaux, les passifs et les indignés.
Les premiers sont affiliés au PS où les consignes du chef sont strictes et les indignés se trouvent dans tous les milieux, y compris ceux assez troubles d’un MR qui s’indigne quand il n’est pas au pouvoir.
C’est égal, l’affaire des caricatures fait plus de dégâts dans le camp de la liberté par ceux qui s’en réclament que par ceux dans les dictatures Proche Orientales et émigrées qui s’y opposent.
Car si, au lieu des prêchi-prêcha, le personnel politique avait condamné la poussée intégriste en la comparant à des actes de pur banditisme, sans biaiser en « cherchant à comprendre le malaise musulman » peut-être que Philippot eût cherché en vain la paire de ciseaux d’Anastasie dans le fond de ses tiroirs et que messieurs Michel Hucorne et Philippe Lorsignol se fussent reconnus dans leur ouvrage.