Dollé et Mittal, nouveaux manœuvres gueulards.
Dans la partie que se jouent les deux rigolos de l’acier, l’Indien Mittal et le Français Guy Dollé, la partie qui nous intéresse, c’est l’entreprise qui se défait des hauts-fourneaux de l’ex cockerill-Sambre après avoir juré qu’elle poursuivrait les investissements promis d’USINOR, à savoir ARCELOR.
C’est déjà tout un mic-mac où l’on voit les affaires qui s’arrachent comme des petits pains, par des financiers qui agissent comme s’il n’y avait pas des hommes derrière leurs machines. Les assurances de Mittal au premier ministre Guy Verhofstadt sont certainement du tonneau de l’autre compère, même s’il a déclaré préserver l'emploi des 13.000 belges travaillant chez Arcelor, en cas du succès de son OPA hostile.
Ce qui est plaisant, c’est comme on voit une boîte de l’importance d’ARCELOR dirigée par l’actionnaire principal qui dispose de tout et commande à tout avec seulement 5,6 % du capital, le restant de l’actionnariat étant composé de la multitude des boursicoteurs à l’affût d’un euro de plus-value pour lâcher l’action à qui la veut, de la Région Wallonne qui s’apprêtait à liquider les actions de l’ex-Cockerill pour alimenter son plan Marshall et qui maintenant n’ose pas faire des mamours à Mittal de peur de se mettre à dos les syndicats, des actionnaires français dans la même position, comme vient de le rappeler Thierry Breton, ministre français des finances et, pour compléter le lot, quelque gredins de la finance à l’affût d’un coup, soit du beau monde, celui faisandé et pourri de la finance.
Reste qui alors à émouvoir ?
Mais l’opinion publique.
Pour ce faire, on parle de la qualité des produits d’ARCELOR, par rapport à la camelote indienne de Mittal. On vocalise sur l’Europe et sa seule réalisation dans la concentration industrielle « grandiose ». Enfin, malgré les licenciements, le mauvais vent des réformes, voilà la direction d’ARCELOR qui fait les yeux doux aux travailleurs de l’entreprise.
Pour un peu, on réengagerait les licenciés et remettrait brique à brique le haut-fourneau éteint, si on n’avait pas déjà récupéré de la ferraille dessus…
Et pas qu’à Liège, les mamours, en Lorraine à Charleroi, partout… c’est comme une nouvelle naissance, une grande association humaine…
Ils se foutent de qui, les guignols ?
Alors, l’électrochoc de l’opinion, ça fait combien d’actions pourrait se demander de Londres, le nabab venu d’un des pays les plus pauvres de la planète ?
Les pontes de ce côté du Chanel, soudain aimables, espèrent qu’en faisant état de leurs préoccupations à des gouvernements européens, que le caractère hostile et l'absence de discussion préalable avec Mittal (ce qui est faux), sauteront aux yeux des populations et des actionnaires.
Que le tordu qui fait le compte de la caisse s’appelle Dollé, Lakshmi Mittal ou son fils Aditya, qu’est-ce qu’on en a à foutre ?
On se demande en quoi nous sommes concernés ?
« L’empois » mais voilà dix ans que plus personne ne se fait d’illusion, alors chavirer avec Dollé ou sombrer avec Mittal, quelle importance ?
On voit bien une des failles de l’entreprise capitaliste : la déshumanisation complète de ses objectifs et la fin d’une responsabilité collective nationale. Les gens sentent depuis longtemps que les tentatives de rameuter l’opinion sont vouées à l’échec.
C’est trop tard, le capitalisme mondialisé est allé trop loin dans son mépris des hommes.
Pour nous, il est déjà foutu. Ce n’est plus qu’une question de temps. Comme de savoir par qui et comment, il sera abattu…
Les usines de ce type sont des petits bagnes où l’on ne demande pas aux travailleurs d’être intelligents mais de compléter les machines par leur présence réflexives jusqu’à ce qu’on trouve une nouvelle machine capable de les remplacer ou, autre alternative, l’envoi ailleurs de la ferraille pour raison de décentralisation exotique.
C’est en effet là-dessus que les deux marlous devraient fusionner, tant leur politique est semblable.