Tout ça, c’est la faute de…
-Vous voilà bien agité, Monsieur pointu !
-J’ai eu une révélation.
-Comme Jeanne d’Arc ?
-Non. Une révélation qui coule de source.
-De source sûre ?
-De source absolument sûre.
-C’est quoi cette révélation ?
-L’agitation à propos des caricatures de Mahomet…
-Eh bien ?
-C’était voulu par l’extrême droite.
-Là n’est pas le problème, Monsieur Pointu. Il s’agit de défendre la liberté d’expression.
-Pas du tout. C’est l’extrême droite qui a lancé les caricatures dans le but de mettre le monde arabe à ébullition, lui-même manipulé.
-Qui ?
-Le monde arabe.
-Par qui ?
-Par leur extrême droite.
-Je ne vois pas où est le débat sur la liberté d’expression dans ce que vous dites.
-Ce débat est dépassé.
-Par qui ?
-Par l’extrême droite.
-Mais vous voyez l’extrême droite partout.
-Partout. Elle entre partout. Elle est dans tout…
-Dans les discours de Di Rupo ?
-Lui, c’est le seul gardien… le rempart contre les extrêmes… L’autre jour, j’écrivais un article sur le PS. Je me suis arrêté à temps. J’étais en train d’écrire un article d’extrême droite !
-Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
-Je sentais un malaise dans l’expression, un début de mauvaise foi. Lorsque je me suis laissé aller à dénoncer les administrateurs socialistes de la Carolorégienne, j’ai senti que je devenais d’extrême droite.
-C’est curieux, ça…
-Les révélations sur Olivier Chastel, celui par qui le scandale arrive, m’ont confirmé dans mes craintes.
-Vous êtes donc d’extrême droite, Monsieur Pointu ?
-Pas du tout. J’ai déchiré l’article et en ai écrit un autre.
-Sur quoi ?
-Sur la belle jeunesse socialiste liégeoise.
-Vous êtes sûr que vous n’avez pas récidivé ?
-Absolument sûr. Voulez-vous que je vous lise l’article ? C’est ça qui les met en rage…
-Qui ?
-L’extrême droite, quand rien n’échappe à la vigilance de l’homme de gauche.
-Ainsi avec les caricatures ?
-C’était cousu de fil blanc. Un dessinateur d’extrême droite publie des dessins dans un journal d’extrême droite, que croyez-vous qu’il arriva ?
-Rien. Puisque ces dessins étaient du mois de septembre de l’année dernière. Et depuis quand des journaux de droite, n’auraient-ils pas le droit de publier des caricatures ?
-Oui. Mais pas pour exciter les musulmans. Ils sont déjà bien excités ainsi.
-Donc, que des gens publient des textes ou des photos et que dans des dictatures sous l’emprise des religieux, on s’en inquiète au point de brûler des maisons et menacer de mort des personnes innocentes, ne vous font ni chaud, ni froid !
-Non. Parce que tout est voulu par l’extrême droite. Je n’entre pas dans leur jeu.
-Et qu’aurait-il fallu faire ?
-Rien. Pas de provocation. Le calme souriant d’un Di Rupo.
-Votre démocratie est admirable ! On ne doit plus jamais rien dire, de peur de froisser. Comment faites-vous ?
-J’écris des articles sur la belle jeunesse liégeoise, comme je vous l’ai dit. Je photographie un car Léonard en partance avec une société de gymnastique. Je demande au bourgmestre de Liège ce qu’il pense de la sucrée de Wépion. Je parle de la ducasse de Mons…
-C’est faire barrage à l’extrême droite ?
-J’en suis convaincu..
-Avec ça, vous ne favoriserez jamais que ceux que vous interviewez, monsieur Pointu. Alors, pourquoi prendre la peine d’écrire ?
-Comment ?
-Oui. Pour ne pas favoriser l’extrême droite, il faut renoncer d’écrire. Ainsi, tout ce qui sortirait des presses seraient d’extrême droite, donc illisible. L’idéal serait que plus personne ne lise une ligne. Et ainsi si l’extrême droite prend le pouvoir, vous n’y aurez pas contribué. C’est déjà ce que font les musulmans dans la rue qui brûlent des drapeaux et cassent les vitres des ambassades, sans jamais avoir vu les fameuses caricatures de Mahomet.
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