Une OPA hostile sur la démocratie.
Dans ce pays d’opérette où les OPA hostiles fleurent bon le cacheton supplémentaire des actionnaires ; où l’immobilier flambe et fait du locataire une espèce traquée et pourtant en voie d’augmentation ; où le seul lien qui résiste au temps entre les citoyens est le boulet frite mayonnaise ; où ce qui est officiel n’est que lieux communs et redondances à l’usage des imbéciles (nous) ; où tous les partis sont maintenant de gauche, c’est-à-dire au centre ; oyez, oyez, nous redeviendrons fin d’année citoyen-minute afin de justifier par les urnes, le fait que nous la fermerons pendant les quatre ou cinq prochaines années, jusqu’au round suivant du citoyen-minute.
Et qui élirons-nous ? Les mêmes, bien entendu.
Le moyen de faire autrement ?
Pour quoi faire ?
Mais la même chose que précédemment.
Antiparlementaire ? Antidémocrate ?... Moi qui réclame une plus grande participation du citoyen !
C’est l’argument suprême de tous les partis, bien au centre et fiers de l’être : ceux qui ne s’en laissent pas conter par le staff d’avocats (les moins drôles) et les économistes (les plus drôles), « c’est de la pire racaille d’extrême droite, ça madame… » et le tour est joué.
Catalogués, ficelés par les troupes stylées des grands chefs, les syndicats croupions et les médias, vous voilà discrédités pour toujours auprès des « âmes simples » clientèle informelle des marlous.
Aujourd’hui la chienlit est synonyme d’extrême droite.
Dans les années 70, le couplet était infamant quand on était catalogué extrême gauche. Pourquoi le glissement ? Il évolue avec l’opinion moyenne qui s’effondre au centre, le trou noir fourre-tout de la démocratie belge.
Maintenant les Trotskystes, les Cocos et les PTB sont de joyeux comiques qui rassembleraient leurs troupes dans la petite salle du Churchill.
La débandade de l’extrême gauche a eu lieu au « procès » des 7 délégués de Cockerill du temps de Lambion, président alors à la régionale FGTB. Ces exclus foutus aussi sec à la porte pour avoir respecté la démocratie d’un vote, personne n’a bronché. Les socialistes étaient aux manettes. Le populo roupillait ferme. Ça fait déjà une paie. Personne s’en souvient…
Avez-vous un peu de temps ? You need 15 minutes to be ready for action !
Ci-dessous, voilà pourquoi la démocratie ne peut plus s’exercer en Belgique : les partis dans l’assiette au beurre ont verrouillé le buffet où elle est remisée.
Premier verrou :
Les listes des brontosaures de l’officiel sont quasiment automatiques, le clientélisme actif, le train-train du quotidien et cette espèce de facilité du geste répétitif font que le citoyen moyen, que cela embête déjà au départ, ne fait pas confiance à la nouveauté.
Gendebien qui est dans le cas cite « une échevine, sur laquelle le PS fit pression en précisant qu’elle pouvait oublier ses subsides régionaux pour son association si elle décidait de se présenter sur notre liste. » Les Ecolos, qui ont été un moment la bête noire des socialistes et qui le restent dans certaines communes comme Liège, en ont fait l’expérience aussi. C’est depuis que ce parti s’est stabilisé entre 7 et 10 % qu’en certains endroits le PS se soit résigné.
Deuxième verrou :
Un nouveau parti doit recueillir des signatures. Les grossiums établis ne doivent pas s’humilier au porte à porte. Même en cas de dissolution, ils en sont dispensés. Allez un peu convaincre quelqu’un, qui s’en tape à l’avance ? Lui expliquer qu’il faut une opposition pour qu’une démocratie soit active, est proprement surhumain ? La signature recueillie, il convient de s’assurer que le signataire soit bien électeur dans sa commune. Je ne vous dis pas dans le cas d’une administration communale hostile, le parcours du combattant !
Troisième verrou : le pognon !
Point de financement légal pour le débutant. Celui qui n’a pas de fortune personnelle à investir peut toujours se brosser… Les habitués ont leurs petites entrées, de par leurs mandats, ils ont la cotisation généreuse. Bref, le pognon va au pognon. C’est bien connu. Un petit parti pauvre et honnête, peut aller se faire voir…
Mittal ou Bill Gates se font naturaliser en trois quarts d’heure et investissent dans le ballonnet et le gadget ou dans n’importe quoi. L’année suivante, ils se retrouvent député ou sénateur, au choix.
Essayez pour voir ?
Quatrième verrou.
La procédure électorale est inégalitaire selon que l’on soit un parti établi ou une formation débutante. Les nouveaux reçoivent un numéro plus de deux semaines après les caïds. Les Arrêtés de dernière minute de la majorité sortante sont parfois des petites mines antipersonnel placées à dessein. Il faut vraiment le vouloir pour ne pas baisser les bras.
Dernier verrou : Les médias.
C’est bien connu. Ces gens des médias volent au secours de la victoire et de la forte opposition. Ils n’accordent rien en plus au temps réglementaire du message politique électoral d’un petit parti. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ceux qui sont éclaboussés par les affaires, à force de passer dans les actualités se font mieux connaître que le citoyen lambda. On a des exemples. Le PS détient une sorte de record du genre. Tout élu qui est passé devant les tribunaux, acquitté, innocent ou coupable, est assuré de sa réélection après son purgatoire judiciaire.
Montrer sa belle gueule aux foules extasiées ? Pour les caciques, c’est gratos. Les autres c’est 2.500 euros pour deux minutes d’antenne. Vous me direz, pour voir les cons du Front National, c’est encore trop. D’accord. Mais comment éviter les maladroits, les fachos, les enquiquineurs, si on veut jouer le jeu d’une démocratie pluraliste ? Il n’y aurait alors que le discours officiel qui soit valable ?
Rassurez-vous, chers partis de gauche (MR, PS, CDh) je ne suis pas prêt à fonder un parti, même pas celui de pêcheur à la ligne. Mais, ceci dit, ne comptez pas sur moi pour vous donner ma voix. Quoique personne n’en ait rien à foutre, après avoir hésité de la mettre à la poubelle, je trouverai bien une dame sur une liste impossible (je vote toujours pour une femme) assez farfelue et originale à mon goût.