« février 2006 | Accueil | avril 2006 »

31 mars 2006

Un nouveau car de dépistage à la Province.

-Ce car de la Province inauguré devant la presse, à quoi va-t-il servir ?
-…à détecter certains syndromes. Par exemple, la sinistrose est un syndrome psychique observé chez les journalistes, les accidentés du travail, les écrivains et les hommes politiques.
La sinistrose est caractérisée par une inhibition de la bonne volonté, du désir de récupération, et une majoration inconsciente des séquelles d'un état pathologique. Elle traduit une sorte de psychose revendicatrice en vue d'obtenir l'indemnité la plus élevée possible. Dans le cas des journalistes, le sujet finit par se persuader qu'il n’est pas assez récompensé de sa propension naturelle à la flagornerie. Ce terme a été créé par Édouard Brissaud en 1908.
Quant au personnel politique, après un incident à la Chambre, ou après une maladie douloureuse et invalidante comme une lombalgie à la suite d’une élection désastreuse, et malgré l'absence de séquelles somatiques ou de signes objectifs pathologiques lors des prestations de tribune, le mandataire se persuade qu'il est incapable de tout travail et revendique indûment de son parti, des emplois lucratifs de compensation.
Ce syndrome psychique se caractérise par une mauvaise volonté évidente, résultant d'une interprétation erronée de la loi et compromet la rééducation dans l’opposition.
On peut parler parfois de simulation, quand un mandataire se dit fatigué, surmené, voire injustement attaqué.
-Vous avez des exemples ?
-La crampe des écrivains est le type d'une maladie professionnelle à caractère névropathique. Comme pour le nystagmus des mineurs, on commence à en connaître la base physiologique : un certain dérèglement des fonctions sous-thalamiques du cerveau. Mais on constate aussi que parmi les journalistes qui ont sans cesse la plume à la main, un nombre infime seulement est atteint de ces contractions digitales caractéristiques.
-Pourquoi ?
-Parce qu’ils ne sont pas réellement des écrivains. Comme pas d’avantage des intellectuels.
-Dans quelle sorte de névrose les classez-vous ?
-La trépidation. Elle est le produit d'une civilisation devenue toujours plus dépendante de l’employeur, du clientélisme et surtout de l’usage exagéré que cette corporation fait de la brosse à reluire. Chez eux, la fréquence des névropathies comme chez les dactylographes, les employés de téléphone et de télégraphe, les machinistes de chemins de fer; la fréquence des troubles psychopathiques graves chez les instituteurs, les marins, les officiers, les artistes et les hommes politiques, est une constatation clinique maintes fois signalée.
-Et les autres professions, je pense aux officiers de carrière et aux prêtres catholiques ?
-La fréquence relative de la paralysie générale chez les officiers de carrière et les curés, telle que la signalent les statistiques, serait en rapport à la fois avec les succès amoureux qu'ils obtiennent et, partant, les risques plus nombreux de contamination syphilitique, et d'autre part avec les difficultés psychologiques inhérentes à la profession. Certains prêtres pédophiles sont atteints du syndrome du marteau-piqueur qui agit sur les glandes séminales. Si le liquide est plus abondant, il n’en est pas moins transparent et comparable à l’eau bénite.

poisson1.JPG

- Les Artistes et Hommes politiques pourront-ils se faire dépister gratuitement comme les autres professions par le nouveau Car de la Province ?
- Bien sûr ! Quand on parle de l'aliénation mentale chez les politiques belges, il faut entendre surtout les cadres et présidents de parti ainsi que les ministres. Le fait de soigner davantage la folie n'implique pas nécessairement sa plus grande fréquence, par exemple la psychopathie en fonction du nombre de voix. Le cerveau humain est d'autant plus vulnérable qu'il est plus acclamé. C’est le cas du PS et du MR.
-Le fait d’être dirigés par des malades mentaux ne doit pas rassurer le citoyen ?
-D'après la statistique de Parchappe, les paysans ont six fois moins d'aliénés que les politiques. C’est naturel quand on songe que deux parlementaires sur trois sont des avocats, milieu hautement pathogène en matière d’aliénation mentale, comme chacun sait.
-Ces folies des professions libérales sont-elles dangereuses ?
-La statistique de Socquet, portant sur une folie particulière, celle du suicide, donne des résultats analogues : les professions libérales y montrent un pourcentage quatre fois plus élevé que les agriculteurs. La même sensibilité nerveuse qui permet à l'avocat ou au médecin de manifester ses dons peut amener chez lui des troubles mentaux.
-Nous aurions intérêt d’élire des paysans et des cultivateurs ?
-Pas nécessairement vous avez le cas des frères Happart.
-Expliquez-vous ?
-La psychose que nous venons d'examiner pourrait être attribuée à une "montée sociale" trop rapide. C'est un surclassement régressif, qui fait naître la "folie des gouvernants". Ziehen, Blondel et P. Camus, Kretschmer ont étudié les psychoses interprétatives. Cette catégorie réunit des personnages infatués, chez qui l'idée de persécution "projette" et compense le sentiment d'infériorité et de dépendance. Nous pensons à la frontière linguistique et aux traumatismes endurés des sons gutturaux comme facteurs aggravants produits par des nouveaux citoyens des Fourons directement importés de Hollande.
-Le car de la Province paraît bien nécessaire !
-C’est un exploit d’avoir mis ce car au service de la population, d’autant que l’ensemble des personnels de la Province avait atteint son niveau d’incompétence. Réunir un chauffeur, un médecin et une infirmière non pistonnés et donc fiables a été l’opération la plus difficile du programme.

30 mars 2006

Le PS et le fermage.

C’est à une époque troublée comme la nôtre que l’on s’invective le plus facilement.
Les gens de pouvoir sont les plus crédibles par une aberration qui procède de la psychologie des foules, pour nous traiter de démagogues.
Aujourd’hui, c’est faire de l’antiparlementarisme primaire que de renvoyer dos à dos les partis traditionnels belges. Se faire traiter de démagogues par ceux qui ont confisqué la démocratie est un comble.
Le raisonnement est simple. Ils nous disent « nous sommes des gens pratiques, nous mesurons l’étendue de vos besoins, mais nous ne saurions y répondre selon vos vœux sans faire des dépassements si considérables que nous ne finirions pas la législature sans dépôt de bilan.
Di Rupo excelle dans cet exercice. C’est le grand ami du peuple. Il entend ses doléances mais ne peut y céder sous peine de conduire l’Etat à la ruine. Sa dernière expression pour clore la discussion avec Reynders, autre démagogue caché, est : « demain on rase gratis » à propos de la politique fiscale que le ministre des finances propose en lorgnant sur les élections d’octobre.
Que demandent ceux que le président du PS appelle des démagogues ? La sortie immédiate de la misère du quart de la population ? La décrue sur le champ du nombre de chômeurs par une politique appropriée ? L’augmentation systématique des bas revenus, allocations sociales et pensions, de sorte que le minimum serait établi à 1200 euros ?
Rien de tout cela.

fabius1.JPG

Pour la simple raison que – même si ce programme rendait justice aux gens – ce serait illusoire que poser de pareilles exigences dans le contexte actuel.
Non. Les démagogues, selon Di Rupo, les rouges selon Didier Reynders, ne souhaitent qu’une chose : faire un constat de l’état actuel du système économique afin de voir où son évolution nous conduit. Poser la question de savoir si l’accélération des concentrations ne va pas faire surgir de la mondialisation un phénomène de boule de neige des capitaux. Se demander pourquoi nous acceptons si facilement que les bénéfices des grandes entreprises ne soient plus réinvestis dans les domaines de la recherche, de la sécurité et du progrès techniques, de sorte que chaque jour, des entreprises naguère performantes passent la main, sont cassées au profit de lointaines succursales ou pire de quelques détenteurs cosmopolites de coupons d’intérêt.
Et enfin, après avoir réfléchi à toutes ces données, les avoir collationnées et comparées, se poser enfin la question de la politique à suivre pour tenter d’influencer l’ensemble vers une direction plus humaine, plus sociale, plus profitable à tous.
C’est quand même inouï qu’au PS on ne puisse pas se poser la question élémentaire à savoir « Est-ce que la politique réformiste du PS d’André Cools à Di Rupo est une politique qui a porté ses fruits et a comporté des encouragements pour l’avenir, au point qu’elle doive être reconduite sans autre discussion d’une législature à l’autre ? Ou bien ne devrait-on pas en cas d’échec probant réunir les Etats généraux du monde du travail, chômeurs et pensionnés, afin d’imaginer une autre politique ?».
Est-ce qu’en Belgique, on ne lit jamais la presse française ? Est-ce que les militants du PS belges n’entendent pas les voix discordantes de leurs homologues français ? Quand Jean-Luc Mélanchon , animateur du courant Gauche socialiste au sein du PS français écrit : « Le pays est assis sur une poudrière de gens qui ne supportent plus la situation actuelle. Ces gens-là veulent du changement, mais nous ne proposons toujours rien ; alors, ils vont voir ailleurs. Le PS a abandonné la politique. Je vais vous dire quelque chose d’affreux : aujourd’hui, le parti qui réhabilité la politique, c’est le Front national ». (Le Monde)
Quand un militant socialiste écrit cela, est-il un démagogue ? Ou faut-il enfin réfléchir à la portée de ce qu’il écrit ?
Ce n’est pas une politique de gauche que suis le PS belge aujourd’hui. C’est une politique de gestionnaire en fermage qui rend des comptes aux propriétaires. Que ceux-ci décident de mettre en jachère, le PS met en jachère, quand il faut se séparer des saisonniers, le PS, bon gestionnaire, s’encourt prévenir les intéressés. Il ne lui viendrait même pas à l’idée que tout cela est injuste et peut-être contesté à tout point de vue, tant du point de vue de l’efficacité, que l’élémentaire respect de l’humain.
S’il y en avait quelques-uns qui en avaient encore à gauche, la contestation même du droit de propriété ne soulèverait pas des insultes et des sarcasmes, mais au contraire de l’intérêt.
Mais, bon, il ne faut pas rêver.

29 mars 2006

Wallonie à vendre

Des plaintes au pénal ont été déposées. On sait aujourd’hui que Swissair n’avait repris la SABENA que pour mieux la dépouiller. La liquidation de l’entreprise avait mis à la rue des centaines de travailleurs dont certains toujours au chômage.
Encore en 2001, le bourgmestre de Mons, Di Rupo, invitait le patron de la SABENA à la fête du Doudou, alors qu’on voyait pointer la catastrophe.
Quelques temps après, lui qui avait négocié la fusion de la SABENA avec Swissair, oubliant qu'il avait précipité la compagnie d'aviation dans la gueule du loup, s’écriait dans une envolée de tribune : «On a traité le personnel de la Sabena presque comme des chiens. Aujourd'hui, c'est le manque de respect à l'égard du personnel de La Poste. Je demande: un peu de respect pour les êtres humains! L'économie n'est pas une fin en soi. L'économie est un moyen».
De la part de celui qui avec son flair habituel se vantait d’avoir trouvé en Swissair le partenaire idéal, c’est tout de même gonflé !
Il est vrai que cette brillante évaluation des chances avait lieu en 1995.
Si le public est vite oublieux, ceux - qui voient comme la démagogie conduit facilement le président socialistes à des impasses et à des volte-face - devraient se méfier de la nomination par applaudissements de celui-ci à la présidence du gouvernement wallon.
C’est que Di Rupo n’en était pas à son coup d’essai dans le gâchis industriel.
Le désengagement d’ARCELOR dans nos bassins est le produit d’une accumulation de mauvais contrats de reprise et du manque de fermeté dans le suivi des soi-disant plans de développements qui avaient tout de fermetures qui ne veulent pas dire leur nom.
Bien entendu, il est encore là pour distinguer qui de MITAL ou d’ARCELOR saura développer l’emploi en Wallonie.
Comme si Di Rupo avec ou sans audit était capable de fines analyses et de prises de responsabilités !
Cet homme est dangereux. Il n’offre pas les capacités requises pour la mise en place du plan Marshall, même si c’est lui qui l’a initié. Il faut dire que les libéraux avec un Kubla complètement délirant sur Francorchamps ne sont pas mieux outillés.
Il y a une véritable crise de compétence à un moment où l’industriel wallon n’est plus lui-même qu’un pantin dans les mains des affairistes internationaux.
L’orthodoxie en matière d’OPA et autres joyeusetés fusionnantes est tout ce que ces gens ont trouvé de mieux pour défendre ce qui reste de valables en potentialités industrielles wallonnes.
Le champion du genre est Maurice Lippens, président du conseil d'administration de Fortis, banque dans laquelle des politiques dont Monsieur Di Rupo ont eu différents mandats de contrôle.

wallonie2020.JPG

Ce patron est évidemment pour une orthodoxie totale et n’hésite pas à stigmatiser le protectionnisme politique, surtout celui de la France qu’il assimile à la Pologne.
Il l’avoue que s'il y avait une prime énorme pour la reprise de Fortis par un raider étranger, personne ne s’y opposerait.
Maurice Lippens ramasserait les surplus et laisserait la main à qui veut, sauf à la maffia russe. Encore que si une pareille alternative échoirait, je ne vois pas bien comment son patriotisme retrouvé l’empêcherait de condamner ses actionnaires ramassant une manne tombée du ciel.
On voit comme Di Rupo et le parti socialiste en jouant la carte du réformisme sont entrés dans le collaborationnisme aveugle en accréditant comme conseillers des hommes de la trempe de Maurice Lippens, et Etienne Davignon, capitalistes sans état d’âme et particulièrement ancrés dans la mondialisation avec le sentiment que l’évolution actuelle puisqu’elle est bonne pour les actionnaires est bonne pour les travailleurs.
Et voilà pourquoi la direction du PS inquiète.
Si un géant américain reprenait l’essentiel des entreprises wallonnes, il faudrait se dire que si c'est bon pour Fortis de s'inscrire dans un groupe mondial, ces messieurs de la banque et de l’industrie n’y verraient aucun inconvénient et Di Rupo non plus.
Alors, descendons les volets, mettons une pancarte « Wallonie à vendre », mettons dans la corbeille le plan Marshall et son promoteur et prions pour que l’acheteur éventuel ne ferme pas la piaule six mois après.
Peut-être même aurions-nous la chance de tomber sur un honnête homme capable de jouer le jeu ? Même si l’on sait bien que la race en est pratiquement éteinte.

28 mars 2006

Parachutage

Le parachutage est aussi vieux que les élections communales.
Rien de plus simple pour lier la mayonnaise.
On prend une commune bien giboyeuse en voix comme Schaerbeek. Un cacique d’un parti en quête d’un point de chute s’y fait domicilier. Il prend d’assaut le comité local du parti qu’il représente, chatouille la vanité de quelques anciens, écarte les nuisibles et savonne la planche de l’ancienne gloire qui localement pourrait lui porter ombrage.
Il entre en campagne comme s’il avait toujours été du coin. Fait la tournée des commerçants. Serre des mains, non sans avoir, au préalable appris par cœur quelques anecdotes de quartier. Et le tour est joué.
C’est le cas en ce moment de Schaerbeek, cette grosse commune de la région bruxelloise, riche en péripéties et pantalonnades politiques.
Actuellement, la vice-Première Laurette Onkelinx s’y essaie avec des fortunes diverses. Son but est de dégommer le FDF Bernard Clerfayt, ci-devant bourgmestre.
Laurette, compte tenu de la grande famille d’où elle est issue, est une pionnière dans l’aventure. Sa nombreuse parentèle est demandeuse. On peut avoir l’esprit de famille, mais jusqu’à un certain point. En changeant de mari, elle a changé de Région, abandonné aussi sec le pays qui « lui tient tant à cœur » : Seraing. Elle y avait trop de gens à pourvoir et pas trop d’avenir dans cette contrée déprimée et sujette aux doutes. A huit mois des élections, son parachutage, même si il a été médiatiquement impeccable, est loin d’avoir réussi. En tous cas, il n’a guère impressionné de monde, si l’on en croit les sondages. C’est que le Parti n’est plus ce qu’il était dans l’esprit des gens. Le combat pour le socialisme est d’un autre temps. Le réformisme est un éteignoir où les idéaux ne sont plus que les rats-de-cave des cavernicoles qui nous dirigent à gauche. Les poings tendus seulement à l’internationale du Premier mai apportent de moins en moins de baume au fond des cœurs. Ils ne sont plus que l’illusion d’une gauche autoproclamée.
C’est dans ce contexte que Laurette se présente. En terme de cavalerie, c’est déjà un vieux cheval de réforme qui, si elle a fait ses preuves dans la diplomatie de l’art de ne rien dire, a fini par lasser les gens. La politique du sourire n’est pas une politique. Ce n’est qu’une grimace. Elle y est talentueuse, certes, mais ce n’est plus suffisant.
Où est l’époque du charisme militant ? De ces grandes gueules qui traversaient les foules en pinçant les mémères, embrassant les enfants et touchant la queue des octogénaires en criant à la cantonade : « Alors, Jules, on bande encore ? ».
On vient d’inaugurer à la Bergerie, le monument du dernier…
Il y a ainsi dans ce parti, pal mal de têtes couronnées qui risqueront en octobre de tomber dans la sciure, faute d’un renouvellement des cadres et d’un regain du discours populaire.
A nouveau mariage, nouveau logis. La charmante construit son nid à Lasnes. C’est-à-dire qu’elle prendra un deux pièces cuisine à Schaerbeek, histoire d’y installer deux chaises, un ordinateur et aux bouts des touches, une petite secrétaire qui peut aussi répondre dans les deux langues au téléphone.

laur1.jpg

C’est ainsi que font les avocats qui cherchent de la clientèle, ils ouvrent des bureaux un peu partout et attendent la marée pour relever les filets.
Clerfayt peut dormir sur ses deux oreilles, ce qu’il fait depuis toujours du reste, dans la confiance absolue qu’ont pour lui les boutiquiers du coin et les chômeurs désoeuvrés qui se sont trouvé une manière de s’intéresser à eux-mêmes en devenant francophonissimes à défaut de savoir le français.
Reste Isabelle Durant authentique autochtone, mais dont le parti Ecolo est tombé en léthargie au moment où les problèmes relevant de l’écologie sont de plus en plus d’actualité.
Si le match Clerfayt – Onkelinx, semble couru d’avance, au point de dégoûter d’éventuels parieurs chinois, on peut en guise d’apéritif mettre Ducarme au kir. Il est soluble et parfaitement insipide. Lui qui avait un 4me score à son actif en l’an 2000, a fini par se décourager devant son propre camp. Ses aller-retour entre Schaerbeek et Ixelles mais surtout ses démêlés fiscaux l’ont desservi aux yeux des électeurs, même les plus en délicatesse avec le fisc, comme le sont en général, la clientèle petite-bourgeoise et cabocharde du MR, anti tout, ouvriers, chômeurs, immigrés, dans un libéralisme compris entre les chansons d’un Théodore Botrel et les approximations d’un Maurice Barrès revu par les Michel, père et fils.
Ah ! il faut se la farcir la politique communale de nos partis traditionnels.
D’ici à octobre, le citoyen lambda aura encore bien des occasions de se passionner pour le foot…

27 mars 2006

Chiraquisme et Villepinade

L’Union pour la majorité présidentielle, l’UMP, avale une sacrée couleuvre en ce moment.
Pour Villepin le calvaire n’est pas fini. Une nouvelle semaine d'épreuve de force s'ouvre pour lui, avec au programme une journée de grèves et de manifestations, mardi 28 mars. Serait-ce la fin d’un météore ? Si Chirac a commandé le CPE à Villepin sans consulter personne, c’était pour marquer un grand coup contre Sarkozy. Voilà qui est fait. Dans ce cas, une fois de plus, ce fut une gaffe magistrale. Villepin en faire-valoir, c’était tout ou rien. On a l’impression que ce sera « rien », sous peine de faire exploser le pays. On ne peut pas diriger la France, ni aucun autre pays de l’Europe de cette manière, sans concertation et sans consensus des populations. Chirac ne pourra pas faire sauter son premier ministre sans abattre ses propres cartes et dire qu’il était derrière ce coup.
Il se résoudra sans doute à le congédier. Villepin, dernier fusible, doit sauter. On a beau être entre ENARQUES, l’un n’en est pas moins le laquais de l’autre.
Oui, mais après ?
C’est toute la droite française qui va pâtir de cet affrontement feutré entre Chirac et son challenger, Sarkozy.
On ne peut pas ainsi jouer avec l’avenir des jeunes et l’emploi pour des raisons bassement politiciennes.
Les patrons eux-mêmes s’effraient des conséquences.
De toute manière, Villepin, le beau parleur finira à la trappe et Chirac ne s’en sortira pas indemne non plus.
Les discussions de dernière minute ne sont que les ultimes manœuvres pour diviser les adversaires. Refusant d'engager des « pourparlers » avec un premier ministre qui posait comme préalable "le maintien du CPE" la plupart des organisations étudiantes se sont abstenues et Villepin en a été pour ses frais de beaux gosses contrariés.
Dans la journée du dimanche Chirac a réuni à l’Elysée, outre Villepin, Jean-Louis Borloo (cohésion sociale) et Gérard Larcher (emploi) pour "un point de situation".
Si rien n’a filtré des conciliabules, on voit nettement mieux que « le coup » avait été bel et bien été commandité par Chirac.
Autre membre du gouvernement à s'être exprimé ce week-end, Nicolas Sarkozy n'a pas hésité à se démarquer du premier ministre en appelant à un "compromis" dans le conflit du CPE, lors d'une réunion samedi avec de nouveaux adhérents à l'UMP.
Le front anti-CPE paraît toujours soudé. Les déclarations à l'encontre du gouvernement se sont multipliées tout au long du week-end. Le premier secrétaire du parti socialiste François Hollande a estimé que Dominique de Villepin "ne peut pas échapper à un retour devant le Parlement", pour sortir de la crise. Ségolène Royal a accusé le gouvernement de "jouer la carte de l'affrontement pour mieux faire oublier son arrogance et son incompétence" dans le dossier du CPE. Au Congrès du Parti communiste, Marie-George Buffet a qualifié d'"irresponsable" l'attitude du premier ministre.

villepinade.jpg

Les discours se sont musclés au sein des organisations syndicales. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, a estimé que "mardi peut être un tournant". "Nous n'avons pas encore atteint le pic de la contestation". Force Ouvrière "proposera la poursuite de la grève" si le premier ministre, "au soir du 28 mars, ne retire pas le CPE". Réunie à Aix-en-Provence, la coordination nationale étudiante a réclamé le retrait du CPE et la démission du gouvernement, avec de nouvelles actions prévues le 30 mars et le 4 avril.
En Belgique, pays de la placidité de la gauche collaborationniste, on ne comprend pas l’agitation française, dont on suit pourtant les péripéties en se disant non sans une certaine satisfaction « Mon dieu ! heureusement que ce n’est pas ici ! »..
Il ne faut pas s’étonner. Ce n’est pas en 1789 qu’on s’est posé la question d’une nouvelle donne, mais trois ans plus tard. Evidemment, on n’est pas à croire au grand soir. Mais, il faut bien dire qu’avec un taux de syndicalisation des plus bas d’Europe, la France s’est positionnée quand même de façon plus radicale sur des problèmes de société et d’organisation sociale que nous.
Peut-être bien que la gauche française est en train de se refaire autour de la révolte étudiante ? Sans doute sera-t-il plus difficile, non seulement en France, mais aussi en Belgique de moudre des accords sur le consensus libéral, après le CPE, s’il foire, comme il est probable.
C’est en cela que l’actualité française nous intéresse.
Le cul vissé sur les programmes européens, nous ne verrions rien bouger depuis Bruxelles, si nos amis français n’étaient pas en train de nous faire savoir, après le non au référendum, que le consensus libéral ne nous convient pas non plus dans le traitement du chômage et qu’il ne faut pas compter sur la jeunesse pour entrer la corde au cou dans un travail qui ne serait plus qu’un vaste servage et une redoutable escroquerie.

26 mars 2006

Cour ou préau ?

Ils sont unanimes : la Justice en Belgique est indépendante.
Elle-même auto garanti son indépendance par des jugements tirés exclusivement du Droit…
Ah ! ce couplet de l’Etat de Droit chanté en Bossa-nova, tango, valse lente, musette de toute la classe politique remontée contre tout ce qui pourrait contredire le sacro saint principe !
C’est l’émerveillement pour l’Haut-lieu : enfin quelque chose de fort, d’intangible, d’immuable ! Quel réconfort pour une société vacillante, en proie aux doutes profonds…
Dame, forcément, c’est la seule institution qui se pose en championne de l’équité absolue entre les citoyens en dehors de l’aspect économique qui ronge toutes les autres institutions, taraude les esprits les plus indépendants et dont le suc corrosif se dilue dans les estomacs les plus délicats. Pour une fois que l’on peut exposer à l’admiration de tous, un Corps presque parfait…
Certes, on pourrait épiloguer, la Justice à deux vitesses, selon que vous serez puissant ou misérable, la sévérité et la taule pour les uns, le sursis et le pardon pour les autres… mais bon, en théorie…
Mais en gros, sur le principe, ils savent ce qu’ils disent, les bougres, puisque la moitié ou presque de nos représentants sont avocats ou proches des milieux juridico affairistes, à croire que nous sommes une Nation d’avocats…
Au procès Dutroux, la Commission chargée d’éclaircir le rapport Justice Police avait commencé de soulever certains doutes quant à la compétence et à l’indépendance des dits.
Enfin, cela s’était résolu par quelques nominations, heureux avancements, baumes suprêmes sur les blessures d’amour propre de ces écorchés vifs de la reconnaissance citoyenne qu’ils appelaient de tous leurs vœux.
Puis, tout avait repris les plis des robes noires et pourpres bien repassées, cols blancs amidonnés, médailles sidolisées et rubans tricolores rafraîchis. Les mal aimés ne l’étaient plus !
La ministre, elle-même de la Maison, ancienne avocate, adepte du principe de précaution, épouse d’un ardent du Barreau, à coup de langue de bois et de sourires faïencé par les meilleurs dentistes, avait réussi à ramener le calme du préau de la deuxième cour intérieure du Palais des princes Evêques à l’ensemble des prétoires du Royaume.
La chienlit avait failli submerger l’Ordre !
Les plus outrés avaient été les gens de robe ennoblis par le devoir d’appartenance à une famille politique – ô en toute indépendance.
Que l’on permette aux vulgaires d’ouvrir des dossiers, de fureter dans les greffes, d’explorer les caves et les greniers des maisons de justice, que l’on pût mettre en doute la rigueur et l’honnêteté légendaires de tout ce petit monde, avait été une épreuve qui avait été ressentie jusqu’au commis débutant de dame Thémis.
On croyait la chose réglée, et voilà que ces intrépides galopins remettent ça !
Voilà qu’à nouveau, ils se font peur et avec eux, nous, avec le sacro saint principe d’indépendance !...

justiceetdroit.JPG

En quelques mots le béant de la nouvelle plaie, selon les journaux :
« Faut-il concentrer ou disperser les vols depuis l'aéroport de Bruxelles-National? La cour d'appel de Bruxelles opte pour la dispersion pour respecter le principe de proportionnalité. Il y a peu, son aile francophone disait le contraire. La Flandre se réjouit, les riverains s'inquiètent. Le ministre y perd son latin. »
Et le doute s’installe à nouveau.
L’Etat de Droit ne le serait-il plus ?
Messieurs Francis Delpérée et Marc Uyttendaele au sommet des étagères époussettent les tomes respectables des barbus qui les ont précédés dans la Connaissance. Un tel jugement est-il constitutionnellement possible ?
Car enfin, une décision de justice argumentée et basée sur les principes des Lois serait différente selon qu’elle serait prononcée en français ou en néerlandais ?
Mais alors, si c’est le cas, il n’y a plus de saine justice ?
Saint-louis sous le chêne n’était qu’un gland…
Et si ce constat fait jurisprudence, il ne reste plus qu’à annuler tous les arrêts de ces 25 dernières années et libérer tous les détenus du Royaume pour vice de forme.
Cela paraît logique.
C’est à ce seul titre que la Justice pourrait se réhabiliter et affirmer avec force qu’elle est à nouveau indépendante.
Dans ce contexte de justice, la définition même du mot devrait être revue. Quelqu'un l'a défini ainsi : "La "Justice" est un outil politique utilisé par ceux qui sont au pouvoir pour contrôler la masse et conserver le pouvoir".
Il y a de l’idée là-dedans.

25 mars 2006

Le peigne.

-C’est un grand…
-Il est au top.
-Il l’a toujours été.
-Même au début quand il n’était pas connu ?
-Même au début.
-Et qu’on ne le voulait nulle part ?
-Il était déjà le plus grand.
-Comment ça se fait ?
-La classe, c’est naturel. On l’a ou on ne l’a pas.
-Lui l’avait.
-Dans un sens, il ne le savait pas.
-Seulement dans un sens, car dans l’autre…
-Oui, il y a quelque part, un signe qui ne trompe pas.
-Lui, c’était son peigne.
-Aujourd’hui les fans se battent pour un de ses anciens ustensiles…
-Son parcours était prémonitoire.
-…aucune étude.
-…les rares enseignants qui l’ont connu l’ont tous découragé d’entreprendre des études.
-…chômeur non indemnisé, au FOREm, on ne le convoquait pas. Tu penses, hors statistiques.
-Il raconte dans ses mémoires qu’à 17 ans, il ne savait ni lire ni écrire…
-C’est prodigieux quand on pense à ce qu’il est devenu…
-Et sans l’aide de personne…
-…si quand même, un peu.
-Aujourd’hui, quand on le compare aux jeunes gens de son âge et qui avaient soi-disant réussi…
-L’ancien ministre !
-L’industriel !
-Le lanceur de couteaux du cirque Knie !
-…lui qui avait été le garçon de la ménagerie…
-A quoi faut-il imputer cette réussite totale ?
-S’il avait eu seulement le moindre diplôme…
-C’était fichu.
-La moindre indemnité de chômage…
-Il entrait dans le rang. On ne parlait jamais plus de lui.
-Il n’aurait pas osé se déterminer sur un coup de dé.
-Il serait marié. Aurait eu quatre enfants.
-Pourquoi quatre ?
-Je ne sais pas. Une idée…
-Il aurait été supporter d’un club de foot, rien que pour boire des bières et rentrer après minuit.
- Un existence toute tracée.
-Identique à la plupart des gens.

lepeigne.jpg

-Si ça se trouve, il votait PS…
-…s’achetait un muguet et une cocarde au 1er mai !... Ecoutait un président local… buvait quelques bières… dégueulait contre un arbre… pissait dans son froc.
-…décorait sa chambre d’un poster de Sharon Stone, quand elle croise et décroise à 48 ans, dans le remake.
-Comment ça, puisqu’il aurait été marié avec 4 enfants ?
-Justement, pour oublier…
-J’aime mieux imaginer qu’il serait resté célibataire.
-…ainsi pas de métier, pas d’avenir, Sharon Stone en poster, c’est plausible.
-Alors, la fin. On imagine la fin qu’il aurait pu avoir.
-Touché aux bronches, l’emphysème, la faim, la misère…
-Abandonné de tous, des parents indignes, une mère prostituée, une sœur alcoolique, un frère drogué…
-Et le père ?
-Quoi le père ?
-Tu ne dis rien du père ?
-En prison pour proxénétisme.
-Pourquoi proxénétisme ?
-Rapport à la mère prostituée.
-Le fond, quoi !...
-On ne saurait tomber plus bas.
-Tandis qu’au contraire…
-Tout ça grâce à un peigne !...
-Oui, mais SON peigne !... Ça change tout.
-Tout.

24 mars 2006

Préparons l’élection.

-Qu’est-ce que vous avez à proposé ?
-Je t’y fais des élections bon chic pas cher… Philippe Courard… t’es pas parents avec Ed Dji ? C’est un frère… J’y t’y présente l’urne, plexi blindage, le cabinette…
-La cabine…
-Si tu veux, la cabine, façon plage, rayures trois couleurs ou tons dans les gris…le personnel, tous triés sur la volette…
-Le volet…
-Si tu veux… le matériel, seconde main, rapatrié du Biélorusse, électronique 110 %, le tout 5 € tout compris… craché juré… par tête de pipe…
-On me propose moins cher…
-Mettons 4,9 et n’en parlons plus…
-Encore trop cher.
-T’es sûr que t’es pas parent avec Ed Dji ? Je peux donner une montre suisse à chaque électeur, des ballonnettes aux enfants…
-Ballonnets !...
-Je nettoie tout après, corn-flakes, bouteilles de coca, préservatifs, papiers gras, tout à la savonne…
-Savonnette !...
-Je garantis le pourcentage favorable à qui tu souhaites… question de dosage… mais toujours impeccable… 100 % démocratie… label maison… pas de parieurs chinois… rien que de la maffia locale, ristourne aux partis…
-Nous examinons votre offre et nous vous écrirons…
-C’est ça… poste restante Lantin… On s’étonne en Belgique que les petits artisans honnêtes préfèrent travailler au Liban ou à Formose…
-Suivant.
-Bonjour Monsieur Courard, bonjour monsieur le ministre, bonjour mesdames, bonjour messieurs, bonjour !...
-Oui, bonjour…
-Bonjour….
-C’est ça. Et votre offre ?
-La maison Tordide implantée depuis150 ans sur le plateau de Herve, s’est spécialisée dans la location et la pose de matériel de haute technologie pour les élections et comme la proximité des communales nous…
-Passons. Venons à l’offre…
-Le coût des élections est estimé à 3.300.000 €. La maison Tordide pense qu’avec 1 million d’€, nous pourrions les organiser.
-Voilà qui est intéressant.
-Nous avons mis au point un système que nous appelons l’assesseur cabine. Chaque assesseur est muni d’un gilet urne, sur le temps qu’il coche le nom du votant sur une liste accrochée a un pupitre portable, le votant entre sous le manteau de l’assesseur par une large fente dans le dos et procède à son choix. Il n’a plus de la sorte qu’à déposer son bulletin dans le gilet-urne. Ainsi pas besoin de locaux, d’un grand nombre de personnes, tout se fait de façon familiale, là où le bourgmestre le souhaite.

bulletin1.JPG

-Qui fournit le personnel ?
-L’administration et par voix régulière pour la formation du bureau. Un simple écolage d’une demie heure de nos services est suffisant pour que l’assesseur soit opérationnel.
-Vous me laissez vos coordonnées.
-Bonjour, Monsieur le ministre, mesdames et messieurs, bonjour…
-Oui, oui… bonjour…
-Bertrand, avez-vous des échos concernant la nouveauté du nombre de signes disponibles pour les partis – 12 au maximum, au lieu de 6 actuellement, pour se faire connaître des électeurs ?
-Oui, monsieur le ministre. Certains ont confondu le nombre de pieds avec le nombre de signes, si bien que beaucoup de partis se sont cru obligés de produire un vers, un bel alexandrin…
-Qu’a choisi le PS ?
-Nourri dans le sérail, j’en connais les détours…
-Pas mal et le MR ?
-Et c’est une folie à nulle autre seconde
de vouloir se mêler de corriger le monde.
-Deux alexandrins ! Toujours en faire plus que les autres depuis les Michel. Ils ne changeront pas. Et enfin le CDh ?
-Et ce n’est pas pécher que pécher en silence…
-Tiens je croyais que Milquet s’était débarrassée de Nothomb…

23 mars 2006

Les Hollandais et le Vlaams belang !

L’Haut-lieu s’épuise en Lois, décrets et poudre aux yeux. C’en est un délice pour les juristes, ergoteurs, maniaques et constitutionnalistes, les tourmentés de la virgule, les passionnés de jargon.
Ainsi Rudy, beau parleur national, va plonger les infirmières à domicile dans le drame cornélien de l’appartenance du faux/vrai indépendant. En être ou pas, va être la question. Reste à savoir si Rudy Demotte est un vrai ou un faux ministre ? Mieux, Rudy Demotte est-il un vrai ou un faux socialiste ?
C’est une question que l’on ne se pose plus dans les faubourgs d’Anvers ; car pour ce qui est d’être un vrai ou un faux démocrate, on a tranché à Schoten, endroit huppé du grand port, où CD&V et VLD négocieraient avec le Vlaams belang en cas de malheur aux élections communales d’octobre.
Pour le moment, ils sont en ménage avec le SP.A dans l'exécutif local. Mais, les rosés anversois sont paraît-il devenus hystériques.
Pourtant la bonne et vieille recette qui a servi à Hub Broers dans les Fourons en attirant les Hollandais du trop plein maastrichtois pour faire basculer la majorité francophone dans les oubliettes de la frontière linguistique a été employée avec succès à Schoten où il s’agissait de contrer les voix marocaines par un apport de Hollandais frais, plutôt centristes.
Hélas ! on les croyait centristes - comme à Liège on les croyait francophiles extrapolait le politologue de la Meuse à l’époque des Fourons - les nouveaux anversois venus des Pays-Bas seraient plutôt pour Dewinter et le Vlaams belang…
Alors, le citoyen de base Hollando-flamand, d’extrême droite ?
Du coup les poseurs bénévoles de l’étiquette Label qui marquait le produit d’origine 100 % démocrate ne sont plus si sûrs d’eux.
Les partis s’en émeuvent. D’habitude du PS au VLD on n’avait pas besoin du VB pour maintenir les privilèges.
Et pas qu’à Anvers que les Bureaux des partis vont avaler des couleuvres. C’est certain qu’il va y avoir des dégâts. Les exclusions ne se feront que si les Bureaux constatent qu’il y a peu d’élus qui n’ont pu résister à l’alliance honteuse. Si la chose se répand, la peste brune deviendra grise, avant qu’elle n’acquiert enfin une « bonne » couleur, celle de l’assiette au beurre collective de la gentry du pouvoir.
D’ici là, on s’observe. Vrai ou faux démocrate ?
On pourrait demander à Rudy Demotte, lui le grand spécialiste, de prendre la tête d’une sorte de médiation entre ceux qui détiennent la connaissance de ce qu’est une démocratie et les autres qui n’en savent rien.
Car, dans le fond, qu’est-ce qui sépare le Vlaams belang des autres ? Le racisme ? Pensez-vous, ils le sont tous plus ou moins de manière larvée dans les partis. Certes, pas sur les grands principes ; non, mais la ségrégation insidieuse, des femmes, des vieux, des Blacks, des Beurs et des autres, malgré quelques exemples « d’intégrations » réussies, parlementaires, élus régionaux, surtout à Bruxelles qui ajoute ainsi au folklore de Toone… pour qu’on sache qu’on aime l’Afrique, les Turcs, les Maghrébins, comme les habitants de Houte-Si-Ploût.

separatism.jpg

“Hiervoor moeten volgens Voorhamme de lessen Frans en Engels als tweede taal desnoods wijken. Met zijn voorstel voert hij het Arabisch in het stadsonderwijs feitelijk als tweede taal in.”. Laissons les fachos se dépatouiller avec de pareils propos et cessons de pousser des cris d’orfraies. Notre racisme n’est pas qu’oratoire ou livresque.
Il suffit de descendre dans un faubourg comme sainte Marguerite à Liège pour voir comme vivent « nos » étrangers, mélangés à « nos » pauvres, pensionnés, femmes seules avec enfant, chômeurs, pour se rendre compte que le racisme ne s’arrête pas à la couleur de la peau, qu’il est d’abord vécu par la punition injuste d’une misère et d’une relégation à l’état de bête par un Etat qui se donne les allures de démocratie moderne. Ce n’est pas de l’indifférence, c’est du mépris raciste à l’état pur.
Ce qui sépare le Vlaams belang des autres, c’est qu’il n’est pas fédéraliste comme les formations nostalgiques d’une Belgique unie à l’ancienne.
Le VB est pour la séparation de la Flandre de la Wallonie. Et en attendant de trouver un compromis pour Bruxelles, il est confédéraliste. Et c’est là que se trouve le vice rédhibitoire, parce qu’en Flandre, la population commence à se faire à l’idée du séparatisme. Et le progrès de cette idée ancienne profite immédiatement au Vlaams belang.
Si l’on veut mon opinion, nous n’avons pas fini de voir l’Haut-lieu réviser à vue son jugement sur le compte de cette formation dont les thèses font peur, au grand dam des vrais démocrates qui ont raison de critiquer le VB pour son national-socialisme qui rappelle de mauvais souvenirs.

22 mars 2006

Le cas Villepin.

A son contrat première embauche, Villepin va-t-il être remercié sans motif par Chirac ?
On le disait intelligent, séducteur, prudent. N’étant l’élu de personne, sauf du président monarchiste de la France républicaine, Villepin avait jusque là fait le parcours idéal de l’ambitieux anonyme. Sorti de l’ombre après le discours aux nations Unies sur l’intervention américaine en Irak, toute sa carrière avait été auparavant une suite de succès dans les différents emplois aux Affaires étrangères comme grand commis de l’Etat. Remarqué par Chirac, il fait ensuite une nouvelle ascension dans l’ombre du Président. Membre du cabinet Raffarin, Chirac lui demande après le couac de l’ancien, de reprendre le poste de premier ministre. Le Président compte ainsi barrer la voie de la Présidence à Nicolas Sarkozy en lui jetant au travers de sa route, un diplomate désormais adoubé du seigneur, en attendant que Chirac se décide à rempiler ou céder son fauteuil.
Dans un livre qui vient de paraître, le journaliste Franz Olivier Giesbert (FOG pour les intimes) juge Villepin en partie responsable de la solitude du président de ces trois dernières années. Il l’estime baroque et exalté, épris de lui-même : «rodomond de passage en politique». D’après FOG, Villepin aurait pris « le contrôle du cerveau présidentiel, asphyxier l'entourage, éliminer les rivaux, promouvoir les nigauds ou fermer les portes de l'Elysée aux nouveaux talents de la droite qu'il couvre de sarcasmes.»
Voilà pour le Villepin météore intrigant.
Jusqu’à la faute, sa cote de popularité était bonne. Les Français semblaient admettre que l’Elysée se passe de la consécration d’un mandat politique pour offrir aux siens des hauts emplois de l’Etat, compris celui de premier ministre.
Patatras ! La belle machine, sans doute grisée de performance, sort le CPE, contrat de première embauche, avec la seule caution et le feu vert de Chirac. C’est une loi de régression caractéristique des sociétés libérales qui grattent autour du mal sans oser s’y attaquer et qui pénalise, une fois de plus, ceux qui n’ont que la force de travail pour argument.
Et soudain, tout s’emballe. Les jeunes se rebiffent et l’opinion se retourne contre l’auteur du projet. La cote de popularité de Villepin dégringole, la droite s’effraie et le baron Antoine Seillière et les patrons disent qu’avec un an de probation et l’inscription d’un motif pour le renvoi, cela aurait été acceptable.
Villepin s’obstine. Que pourrait-il faire d’autre ? Du coup la droite se voit aculée à soutenir un projet d’ores et déjà calamiteux pour l’élection du président l’année prochaine et une lourde présomption de défaite pour les législatives suivantes.
Sarkozy qui se croyait en concurrence avec Villepin pour la succession de Chirac perd le principal adversaire de son propre camp, mais en même temps, pourrait se sentir pris dans la même tourmente et entraîné à la suite de Villepin, dans une chute d’opinion favorable, comme tous les membres du gouvernement.
A ce propos, on pourrait se demander si Chirac, qui a résolu de se retirer de la course à la présidence, n’aurait pas piégé Villepin en le poussant au projet de CPE, afin de précipiter dans sa chute, son rival le plus haï, Nicolas Sarkozy et l’ensemble de l’UMP, comme souvent les vieux tyrans font sombrer leurs affidés avec eux ?
De toute manière, quelle que soit l’évolution de la crise, on devine qu’elle est plus profonde et que le refus du CPE n’est que la goutte du trop plein.
Le malaise de la Société française n’est pas propre à elle seule. Partout en Europe, sauf pour les nouveaux arrivants à peine débarrassés du joug soviétique, les Européens sentent confusément que le système capitaliste bascule dans une autre forme que celle du libéralisme classique : mi-paternaliste, mi-recherche individuelle du profit. Aujourd’hui les bénéfices exceptionnels des entreprises sont exportés hors d’Europe sur des comptes de fortunes personnelles ou collectives comme les fameux fonds de pension et ne sont ni réinvestis dans la recherche, ni dans le progrès social et financier des travailleurs. Ce sont donc des ponctions qui appauvrissent les pays où elles sont pratiquées et n’ont plus rien à voir avec la légitimité d’un profit « raisonnable ».

villepin 1.jpg

Or, Villepin, comme ses prédécesseurs : Jospin et Raffarin, réagit à une donne qui est celle d’il y a 30 ans, avec des remèdes qui ne sont pas adaptés à la crise ouverte et qui ne sauraient en rien arrêter la progression du chômage.
C’est ce caractère dépassé qui surgit aussitôt que les yeux se sont dessillés du portrait de Villepin. Un homme brillant, à l’intelligence adaptée, mais justement, trop adaptée au système qui le porte au pinacle, pour avoir la prescience que le destin d’un vrai homme de pouvoir c’est de dépasser sa condition sociale afin de penser aux autres, on pourrait même dire, de penser « comme » les autres.
Cela, Villepin n’a pas fini de le payer. Il passera dans l’histoire comme un fonctionnaire de Chirac, sans plus. Et tout sera dit.
Villepin, un démagogue du « parler vrai » ? Jean-marie Le Pen n’avait pas pensé à ça…

21 mars 2006

Sauvons le foot.

-Il faut sauver le foot.
-Il faut le sauver de quoi ?
-D’un autre foot, mais mauvais.
-Donc, le foot qu’il faut sauver, c’est le bon ?
-Oui, il faut sauver le bon foot du mauvais foot.
-Il y a deux foot en Belgique ?
-Non, il n’y en a qu’un.
-Alors, je ne comprends plus rien.
-Il n’y a rien à comprendre non plus. C’est une question de supporters.
-Je croyais que c’étaient les joueurs qui faisaient du foot et pas les supporters.
-Je parlais des supporters en tant que public qui a besoin d’explications.
-Elles sont drôlement tordues.
-Non. Tout est clair. Le mauvais foot se trouve dans le bon.
-Alors, c’est facile. Il suffit de le couper du bon. Et le bon s’en portera mieux.
-C’est difficile. Le bon et le mauvais foot sont pratiqués par les mêmes joueurs.
-Attends. Il n’y a qu’une sorte de joueurs pour le bon et le mauvais foot ?
-Oui.
-Si bien qu’en enlevant les joueurs du mauvais foot, on enlèverait aussi les joueurs du bon foot ?
-En effet.
-Alors oui, c’est vraiment compliqué.
-Et si on n’y arrive pas, c’est tout le foot qui sera contaminé.
-Et qu’arriverait-il ?
-Les supporters n’ayant plus confiance en leurs clubs déserteront les stades, s’occuperont d’autres choses et reporteront peut-être leur attention sur des faits de société plus sérieux.

socker.JPG

-Par exemple ?
-La conduite des affaires, la dégradation des salaires, le mauvais règne du profit, etc.
-Evidemment, ce serait une catastrophe.
-Sans compter les parieurs chinois qui ont misé gros sur le mauvais foot et qui verraient leur passe-temps favori disparaître.
-Avec quelle conséquence ?
-Eux aussi pourraient se demander où on en est en Chine avec les Droits de l’homme… tu vois les conséquences ? Tout ça à cause du foot belge !
-Bref, si le bon foot ne parvient pas en Belgique à se séparer du mauvais, nous allons à la crise mondiale !
-Tout ça parce qu’on a trouvé deux millions d’euros en billets dans un tiroir d’un président de club !
-Où on va si on ne peut plus avoir de l’argent chez soi ?
-C’est en effet invraisemblable comme les gens sont envieux.
-Il est temps que cela s’arrête, c’est tout le championnat qui risque de s’arrêter.
-D’autant que cela gagne tous les milieux.
-Tu fais allusion à quoi ?
- L’élection présidentielle biélorusse !
-Truquée, elle aussi ?
-Oui. Un agent de change de Shanghai aurait pris des paris sur le pourcentage de voix qu’aurait obtenu Alexandre Loukachenko, le président sortant. Il avait mis la barre à 81 % pour doubler sa mise.
-Alors ?
-Loukachenko aurait obtenu 81 % 1 !
-C’est louche… Et tu crois que le mauvais foot y serait pour quelque chose ?
-On croit savoir qu’un de ses conseillers est louviérois.
-Que dit l’Union belge de foot ?
-Ils sont partagés. Il y a les partisans du bon et les partisans du mauvais foot !
-Au sein de l’union belge ?
-Oui.
-C’est curieux quand même.
-Mets-toi à leur place, si le mauvais foot rapportait plus que le bon, ce serait une hérésie économique que de vouloir sa disparition.
-Et qu’est-ce qu’ils vont faire ?
-Rien comme d’habitude. Les supporters seront contents et les buteurs du pied gauche ne rougiront plus de leur pied droit.
-Le fameux compromis à la belge !
-On n’a jamais fait mieux pour diluer le bon et le mauvais.
-On ferait bien de diluer par la même occasion nos trois couleurs nationales. On n’aurait plus qu’une teinte et ainsi disparaîtraient la bonne et la mauvaise couleur.


20 mars 2006

Constitutionalisme social

-T’es au quoi, encore ?
-Au MR.
-C’est quoi le MR ?
-D’où tu sors, si tu sais pas ce que c’est le MR ?
-Non. Je ne crois pas.
-Eh bien ! MR c’est les initiales du PRL.
-Tu te fous de ma gueule ? MR, ça veut pas dire PRL. C’est comme si tu me disais que SVP, c’est les initiales de TTC.
-Je l’ai su. Attends, cela va me revenir.
-Tu milites pour un bidule dont tu ne connais pas le nom ! Ils sont tous ainsi au Mouvement réformateur ?
-Tu l’as dit, le MR, c’est ça.
-Le mouvement réformateur ?
-Oui, exactement.
-Qu’est-ce qu’il réforme ?
-On ne sait plus très bien. Mais, comme a dit chose…
-Qui chose ?
-Allais ! Celui qui a succédé à l’autre qui est commissaire… le président ?
-Je ne vois pas de qui tu parles…
-Un entre deux âges, l’air poupin que tout le monde connaît à Liège…
-Bon. Qu’est-ce qu’il a dit celui que tout le monde connaît à Liège sauf toi ?
-…qu’au MR, on pratique un libéralisme social.
-Et tu crois que le ministre des finances Didier Reynders permettrait un libéralisme social ?
-Voilà, c’est lui.
-Qui ? Lui qui a montré le cap du libéralisme social !... Comment y va faire si d’un côté, il fait du social et de l’autre, du libéralisme tout court ?
-On voit bien que tu ne crois pas au libéralisme social. Je me demande à ce que tu crois ?
-Le marché du libéralisme social est saturé. Tout le monde fait du libéralisme social. C’est pour couper l’herbe sous les pieds de l’autre.
-Quel autre ?
-Un type avec des lunettes qui fait dans le social aussi… Allais… dis des noms pour voir ?
-Delperée ?
-C’est qui çui-là ? Non, un qui sait tout et qui se teint les cheveux… qui est empêché de quelque chose ?
-Un socialiste ?
-Evidemment, puisqu’il fait dans le socialisme social…
-Un Wallon ?
-A ce qu’il paraît.
-Si c’est un Wallon, le président du gouvernement wallon, Elio di Rupo, ne le permettrait pas.
-Voilà, c’est lui, Di Rupo. Et pourquoi, s’il te plaît Di Rupo ne permettrait pas de faire du socialisme social
-Parce qu’avec son plan Marshall qui est mort avant de commencer, que veux-tu qu’il injecte du social, alors que sa politique est de donner des facilités aux patrons pour s’implanter en Wallonie, avec comme mission de créer des emplois.
-Et alors ? Je ne vois pas où est le mal ?
-Les patrons s’implantent, ramassent les facilités et les subsides et ne créent pas d’emplois pour autant.


social1.JPG

-Tu peux parler, toi avec ton libéralisme social… De qui on parlait, tout à l’heure ?
-Delperée ?
-Il fait dans quoi ?
-Au CDh… et surtout ne me demande pas ce que cela veux dire.
-On s’en fout. Il fait dans quel genre social, çui-là ?
-On m’a dit qu’il fait dans le constitutionalisme social.
-C’est bizarre, on dirait qu’il fait plus sérieux que les deux autres.
-Oui ? pourquoi ?
-Parce que si le premier fait dans le libéralisme social et l’autre dans le socialisme social, et qu’on sait bien que c’est bonnet blanc et blanc bonnet, au moins le constitutionnalisme social c’est nouveau et surtout…
-Et surtout ?
-Personne ne sait ce que cela veut dire.

19 mars 2006

Vivent les pauvres !

Nos admirables se conduisent comme le patron d’un troquet devant un bon client.
-Chérie, je parle ce soir devant les adhérents du parti. Mets ta robe bleue, celle qui a le grand décolleté…
-Quoi ! Tu veux que je montre mes nichons à tes supporters ?
-C’est pour la bonne cause, amour. Ce n’est pas de la provocation, c’est du civisme.
Le même, une minute plus tard.
-Tu sais, réflexion faite, ta robe noire à col montant, c’est sobre et élégant. Je préfère.
-C’est pas monseigneur Daneels que tu viens d’avoir au bout du fil ?
-Oui. Je le mets au premier rang. Bien entendu.
-C’est ton ami Michel qui t’a fait une blague, pauvre couillon !
-Ah ! le merdeux… Je suis victime d’un canular. Mets ta robe bleue, finalement.
Après nous avoir méprisé pendant quatre ans, les revoilà avec la gueule enfarinée à nous faire des propositions d’amour.
Ils vont nous étouffer sous les cadeaux. Les bonnes intentions vont pleuvoir. Ceux qui sont aux manettes sont bien placés pour ouvrir les vannes.
Qu’est-ce qu’on va être heureux !
Il faut en profiter, car la kermesse ne va durer que quelques mois.
Aujourd’hui, ils le reconnaissent, ils ont été trop durs avec nous. Du chômeur sanctionné au petit employé dernière catégorie, ils le jurent, nous sommes des gens biens, injustement condamnés à la médiocrité, alors que nous n’avons besoin que d‘une occasion pour exprimer tout notre talent.
Et cette occasion, ils nous l’offrent.
Une seule condition : qu’ils se retrouvent là où nous les avions placés, et ils nous le jurent, ils répareront leurs erreurs.
Le premier à monter d’un cran l’affection qu’il nous porte, le ministre des Finances, Didier Reynders.
Il nous invite à prendre le train avec lui, son nouveau train de mesures fiscales :
une augmentation du crédit d'impôt et des frais forfaitaires de ceux qui travaillent. Il n’a pas encore pensé aux pensionnés. Ils devraient. Ça fait quand même un gros paquet d’électeurs, dont les trois quarts ne gagnent pas à eux tous en un an, ce que Bill Gates gagne en une semaine. Pour Reynders, évidemment, ce sont des poids morts. Le fait d’avoir travaillé 30 ou 40 ans ne compte pas. Cependant, comme ils votent, il attend d’être réélu pour voir ce qu’il pourra économiser sur leur dos. Et peut-être, si l’électeur de 30 ans rechigne à poursuivre avec lui le chemin du libéralisme avancé, fera-t-il un petit quelque chose pour les vieux. A moins qu’il ne laisse – en gentleman – ce soin à son ami Di Rupo, avec les chômeurs et les hors pistes, les gens sans statut et sans grand espoir pour l’avenir. A chacun ses merdes et sa spécialité.

poorandco.JPG

Les deux baroudeurs du suffrage se seraient alors partagé la tâche, la plus ingrate étant évidemment celle de Di Rupo qui va devoir ramer pour faire croire qu’il est sensible à la misère d’un quart de la population belge.
Ce discours-là, il faudra s’attendre à le voir duplicaté en autant d’exemplaires qu’il y a de personnages en quête de mandats. Certains auraient pu faire quelque chose avant, mais ils n’ont rien fait, afin de lâcher leurs paquets de bonbons au bon moment, les autres qui n’ont aucun pouvoir, vont nous solliciter en prétendant qu’ils feraient mieux s’ils étaient en pool position.
C’est de la tactique cousue de fil blanc.
Nous sommes bon pour les chemises à 4 euros made in China et pour le reste nous n’avons qu’à la fermer. Evidemment, nous ne saurons cela que plus tard. L’élu à préavis court n’existe pas.
Ce qui est plaisant dans les tours de piste d’échauffement avant le départ de la propagande électorale, c’est de les voir se dépêtrer de leur politique farouchement libérale (la Belgique est le pays de l’Europe où les revenus du capital sont les plus élevés comparés aux revenus du travail) et où la situation est une des plus catastrophique au niveau de l’emploi et de l’accroissement de la précarité. Revêtir le costume de superman des débiles légers de la droite et celui de Robin des Bois des débiles profonds de la gauche, ne sera pas une mince affaire.
Ah ! nous n’avons pas fini pendant six mois d’être les plus beaux, les plus forts de ce petit pays, si doué, si magnifique… reste à savoir ce que les Flamands en pensent, eux qui se persuadent que leur bonheur, c’est de nous larguer, nous et la dynastie ?

18 mars 2006

Amours numériques.

-C’est ça, on se téléphone.
-D’accord on se téléphone.
-Tu ne m’as pas donné ton numéro.
-Je crois que si… De toute manière, je te téléphone…
-Tu n’as pas mon numéro, non plus.
-Je trouverai bien dans l’annuaire.
-Avec seulement mon prénom, tu n’iras pas loin.
-Alors donne-le moi ?
-C’est le 421. 33.16. Tu as pour noter ?
-Pas besoin, je le retiendrai. C’est le 421.43.16.
-33 !
-Comment 33 ?
-Oui, tu as dit le 421.43.16.
-Et alors ?
-C’est le 421.33.16.
-Tu ne vas pas me chipoter pour un chiffre ?…
-Je vois bien que tu n’as pas envie qu’on se revoie ?
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
-Tu n’as pas envie de me téléphoner.
-Mais si au 421.23.16…
-33 !...
-Ah ! non… tu ne vas pas recommencer. J’ai dit 33. Alors à bientôt.
-Tu ne m’embrasses pas ?
-Ecoute, en pleine rue… Si ton mari nous voyait ?
-Il vend des bananes à Bamako.
-Et alors ? Avec Googles, Bamako, c’est pas loin.
-Tu n’étais pas ainsi quand nous nous sommes rencontrés.
-Ecoute voilà deux heures, on ne se connaissait pas.
-Oui, mais on est devenu intimes.
-Impeccable. Pour l’être devenus, on l’est devenus…

telephon1.jpg

-Tu ne m’aimes pas !
-Comment peux-tu dire ça ? N’ai-je pas été à la hauteur ?
-Oui, c’était merveilleux.
-Alors de quoi te plains-tu ?
-La façon dont on se quitte… comme des étrangers.
-Si ton mari fait de l’import-export des bananes à Bamako, ma femme revient tous les jours de son travail par le parc, et elle passe devant l’Holiday’in.
-Tu ne m’as pas dit que tu étais marié.
-Tu avais oublié de préciser que ton mari est dans la banane à Bamako.
-Qu’est-ce que ça change ?
-Tout !
-Je ne comprends pas.
-Moi si !...
-Je t’ai dit que j’étais mariée tout de suite en bougeant mes pentys.
-Tu aurais pu me le dire avant.
-Avant quoi ?
-Que tu enlèves tes pentys.
-Je ne vois pas ce que ça aurait pu changer ?
-Tout.
-Comment tout ?
-Oui, tu ne prends aucun risque dans le fond, puisque Bernard vend des bananes à Bamako, tandis que moi, avec ma femme qui est avocate et qui a son cabinet pas trop loin, ça craint.
-Mais puisque nous nous aimons et que nous allons vivre ensemble…
-J’ai dit ça ?
-Oui, quand j’ai enlevé mon soutien-gorge.
-Enfin, on en reparlera. De toute façon, j’ai ton numéro ;
-Tu peux le rappeler ?
-Quand tu veux. C’est le 421.33 – tu vois je dis bien le 33 – 26.
-Non, 16.
-Tu ne sais plus ce que tu dis. Ce n’est pas le 33 alors ? Franchement, il faudrait savoir.
-Laisse tomber, chéri. Ce n’est pas grave. J’ai compris que tu ne me téléphoneras jamais.
-Qu’est-ce qui te fait dire ça ? J’ai ton numéro, là, gravé et je te téléphonerai la semaine prochaine au 421.23.26. C’est d’autant plus facile qu’il y a trois 2. C’est impossible de se tromper !

17 mars 2006

Rédemption.

-Voilà une heure qu’on parle. On dirait que je ne m’adresse plus au même bonhomme !
-Que veux-tu dire ?
-Je veux dire que tu n’es plus Richard.
-Pourtant, c’est bien moi.
-Ça fait soixante minutes que tu n’as dit du mal de personne.
-Je n’en ai pas l’intention.
-Tu es malade ?
-Non. Je tiens la forme.
-Alors je ne comprends plus. Tu ne railles sur rien. Tu ne persifles pas. Tu es amoureux ?
-Je lis « Comment réussir son casting » de Jasmine Roy.
-C’est à cause de ça que tu la mets en veilleuse ?
-Pas du tout. Mais elle a raison. Si tu veux t’insérer dans la société, il faut positiver.
-Tu cours les castings maintenant ?
-Je suis branché sur celui de TF1. Je n’ai pas encore tous les conseil de Jasmine en tête, les erreurs à éviter, un truc, une astuce, un secret. Elle connaît tout, cette femme.
-Quel casting ?
-Un genre Star Academy, le casting de la vie, tiens !...
-C’est quoi cette connerie ?
-Je raillais aisément, je dénigrais tout, dans le fond j’étais malheureux de déplaire.
-Maintenant tu plais ?
- Pas encore. Je suis seulement au début. J’apprends à aimer la société. Le roi, l’Haut-lieu, les ministres… Delperée… Mené… Maurine Door… Davignon… En ai-je dénigré des hommes de bonne volonté qui se tuent à des tâches de direction pour nous aider à surmonter les difficultés !
-Le capitalisme ?
-C’est tout bonnement scandaleux ce que j’en ai dit. J’ai traîné des industriels dans la boue. Je veux quitter la cohorte des prophètes maudits qui décrivent de façon jubilatoire l’écroulement définitif du capitalisme, dès le lendemain… J’ai sali des gens honorables, dévoués… Tiens, les Frères Happart à propos de Francorchamps…
-Tu étais loin de la vérité !
-Oui. Mais pas dans le sens du mauvais rôle. Lorsque José au cours d’un « Faire le point » a remis un journaliste à sa place en lui réclamant du respect pour le travail des parlementaires, il avait raison. On ne les respecte pas assez…
-Ah ! bien toi, alors…
-Dorénavant, je ne médirai plus de la démocratie. Je faisais du populisme sans le savoir. J’imitais Jean-marie Le Pen, Poujade, alors que j’ai ces gens en horreur… On aurait pu me croire du Front ou du Vlaams belang.
-C’est Frileux qui va être heureux !
-Pas que lui. Tous ceux que j’ai déçu par mon constant persiflage, je leur demande d’être indulgents pour le nouveau Richard qui est en train de naître. Pardon, mes chers bienfaiteurs.
-Tu vas perdre tes lecteurs.
-Je n’ai plus rien à voir avec les aigris qui lisaient des textes qui les confortaient dans leur misanthropie.

clown.jpg

-Tu es un homme nouveau, en quelque sorte.
-Oui. Un homme qui s’inscrit carrément dans une démocratie de progrès. La preuve, personne ne m’a jamais coupé le sifflet quand j‘étais malade de haine et de dérision. Ils étaient indulgents. Moi pas !...
-Tu es certain que tu n’es pas malade ?
-Je ne me suis jamais senti aussi libéré, aérien. Jamais plus, on ne me verra railler les efforts des partis politiques pour rendre la société meilleure.
-Tu as fait ton choix, pour les élections communales d’octobre ? Tu vas voter socialiste ?
-Oui. Frileux a raison. C’est le parti qui nous représente le mieux, au plus près des gens. Ce sont des hommes et des femmes simples et qui nous aiment sincèrement. Sauf…
-Sauf ?
-Non. C’est personnel.
-Pourquoi ne le dirais-tu pas ?
-Parce que c’est à cause de lui que j’ai perdu la foi et que je lutte pour la retrouver.
-Explique ?
-A y penser, mon persiflage me remonte comme des relents d’estomac. Ah ! le salaud… la fine ordure. J’ai perdu le sens du devoir à cause de cette crapule, de cet immonde seau à merde…
-Là, je te retrouve. Parle-moi encore de lui. Tu ne veux pas me dire qui c’est ?
-Jamais. Ce seul mec a trahi les idéaux les plus nobles, les plus sacrés. C’est à cause de lui que je suis devenu l’être vil et bas que tout le monde connaît… Merde !... J’aurais tort de me gêner dans le fond, quand je compare mon modeste persiflage au sien… Mes dénigrements sont anodins à côté de cet escroc. Ah ! putain… je n’ai plus envie du coup de rentrer la queue basse dans le bourgeoisisme apeuré d’un Di Rupo qui me la joue avec ses bons yeux d’épagneul…. Ah ! ces porcs poursuivent leur collaboration… l’Haut-lieu en redemande… mais, nom de dieu, au nom de la morale, ils me trouveront sur leur chemin. C’est que je les emmerde, moi, ces ganaches du système, ces nécrophages de la condition ouvrière.
-Je te retrouve. Tu m’as fait peur et à tes lecteurs aussi.
-Quand je pense que j’ai failli entrer dans les ordres comme propagandiste et curé de leur système… que j’étais à deux doigts de voter PS, ou pire CDh… le MR ayant chié dans mes bottes définitivement…
-Tu l’as échappé belle…
-Tu peux le dire.
-Tu ne veux pas me dire le nom du type qui a accompli cet heureux rétablissement dans lequel je te retrouve ?
-Nicolas Pélacy.
-C’est quoi ce mec ?
-Le type de TF1 du casting qui m’a dit que je ne convenais pas.

16 mars 2006

Echec passager ou chant du cygne ?

La question est insidieuse.
Le monde officiel occidental est apparemment convaincu : c’est un faux pas provisoire. L’opinion ordinaire, si elle ne se prononce pas, commence à douter…
Mais de quoi ? Faux pas du système économique actuel, pardi !...
Disons le franchement, sans parler de l’apocalypse, les travailleurs vivent un échec !
C’est un échec parce que l’économie est incapable de maintenir le niveau de vie de tous de façon équitable, de sorte qu’il n’y ait pas de salarié largué ou de cadre surpayé, de capitaux rentabilisés bien plus que le travail ; mais encore, elle est incapable de résoudre le problème du chômage.
Cette constatation que tout le monde peut faire – et pas que sur six mois, mais sur plus de vingt ans de statistique – cette société ne sait pas et ne veut pas la faire ; les politiciens parce qu’ils naviguent à court terme et que ce sont des marchands de bonheur imaginaire, les industriels parce qu’ils redoutent d’échanger leur statut de privilégié contre celui du mauvais élève en bonnet d’âne.
Le tout commerce est une dérive. La liberté commerciale un frein à la liberté des individus. Le système bancaire une escroquerie. La mondialisation une monstruosité. Bref, c’est la cata !
Plutôt que de dénoncer l’impasse comme un fait, le monde navigue à vue et feint de découvrir tous les jours les effets pernicieux de l’économie libérale, mais sans jamais pousser plus loin un raisonnement simple qui consisterait à reconnaître l’échec.
Puisque l’hypocrisie est générale, alors, qu’on n’est pas encore descendu au fond du trou, on se demande ce que demain les supporters de l’échec vont bien pouvoir trouver pour faire croire que cet échec est de bon augure pour les redressements et les triomphes futurs.
Après les bureaux pour l’emploi, tous abîmés dans des arguties où triomphe la capacité de l’Administration à mentir aux demandeurs d’emploi ; le législateur à défaut de s’en prendre aux causes, s’en prend aux effets ; l’industriel ronronne de plaisir dès lors qu’il a des esclaves pas chers à sa botte ; il ne restait que le chômeur à convaincre de son immoralité. C’est fait.
Dans une société maboule, cette dernière résistance est tombée. Manipulé par Arena, Reynders, Milquet et Di Rupo le dossier prend l‘aspect d’un réquisitoire contre l’oisif dépendant social. Qui est la victime type actuelle ? Le chômeur, coupable désigné.

bellfem.JPG

On a fait le tour.
Cependant, on n’a rien réglé. Tout problème a sa question, si j’entends Socrate expliqué par Platon.
Or cette question, on n’a garde de l’examiner, car elle consisterait à se demander si le concept qui en découle répond à trois critères.
1. Un progrès constant et équilibré entre les citoyens ;
2. La résorption d’un chômage massif pour l’amener à un chômage de moins de 5 % ;
3. Une prévision à long terme des denrées et matières premières, afin de prévoir suffisamment à l’avance les évolutions des marchés pour en atténuer les effets sur la population.
Resterait la question politique.
Elle est majeure.
Tant que les politiques seront à la remorque du système libéral, nous serons obligés d’en supporter les conséquences. Comment a-t-on pu croire qu’on pouvait concilier un concept de liberté, à une délégation de pouvoirs ? Nous déléguons nos pouvoirs à des politiques qui délèguent ensuite les pouvoirs qu’ils ont reçu de nous au pouvoir économique !
C’est le cas, quand par un insidieux amalgame, on associe société libérale et démocratie.
Marx s’est moqué des « robinsonnades des deux compères du libéralisme, Locke et Hobbes. Il aurait pu y associer Tocqueville, si cher au MR.
Hegel était sévère, mais juste, à propos des penseurs qui supposaient qu’avant la société, il y avait des hommes seuls. L’homme à l’état de nature est une fantaisie historique. Dès que l’homme apparaît, il y a société avec ce que cela suppose de règles, d’interdits, d’organisation sociale et de recommandations expresses.
Wilhem Reich se dit surpris non pas que les hommes obéissent, mais qu’ils ne désobéissent pas plus.
Et c’est à cause de cette pénurie de désobéissance, que s’arrêtera bientôt l’expérience capitaliste en tant qu’essai de civilisation humaniste. Si les hommes continuent à obéir à un système qui les condamne par milliards à l’état de bête, il n’y a vraiment rien d’autre à faire qu’à attendre le désastre.

15 mars 2006

Démagogue ? Un métier !

C’est simple pour la gagne. Ce sont d’abord les grandes gueules qui passent le mieux. Etre à l’aise, manier les plaisanteries, se rendre sympa, c’est un don… Le public aime le genre mareyeur à la halle aux poissons. Mais attention, pas de faute de goût. La grande gueule à la télévision est plus calme, moins bruyante, mieux vêtue, tout en ne laissant pas parler les autres, afin que les traditions ne se perdent pas.
Le démago arbore une cravate pour un face à face, quand l’autre a le col ouvert. Et l’inverse quand l’adversaire joue la carte bon enfant. La chemise ouverte pourrait dans un meeting de droite faire jaser le bourgeois. Ce n’est donc pas une règle absolue.
Le démago lance des anathèmes, des paris. Louis Michel avec sa « rage taxatoire » avait trouvé la formule. La marteler, y revenir, tourner autour, asséner à partir d’elle des « certitudes »,
Le public aime l’image choc, dite avec force et passion.
Des trucs de tribun, il y en a quelques uns que le tout venant de la surenchère met en pratique.
C’est sur les tréteaux que cela passe le mieux. Quoique les premiers mai, avec l’idéologie centriste de nos socialistes qui ont remplacé les Cocos à la gueulante satisfaite, c’est beaucoup plus mou qu’avant dans l’invective. Michel Daerden s’applique. Il lit. C’est mauvais. Le public n’aime rien tant que l’impro… André Renard était peut-être avec André Cools, les deux dernières grandes gueules de Wallonie, si l’on excepte Louis Michel et d’une certaine manière Guy Mathot, avant qu’il eût fortune faite.
Les vedettes d’un meeting, pour faire monter la sauce, sont rarement dans la salle dès le début de la réunion. Ils sont absents, mais on les attend. Du moins, on les espère. Dès qu’ils sont arrivés, le bruit en court. La salle est en attente. Enfin, les voilà, tant mieux s’ils sont venus de Mons par hélicoptère, ou par quelque moyen extraordinaire. Evelyne Huytebroeck en trottinette électrique, ça fait classe !...
Une fois installée, la vedette ne tient pas en place. C’est Mick Jaeger en concert. Pour que tout le monde la voie, elle arpente la scène.
Depuis les réformes et la paranoïa au centre, la gauche s’est assagie. Le corps des leaders disparaît à demi derrière les pupitres fermés du bas, pour pas qu’on rigole en voyant les chaussettes. Celles de Busquin, quand il était président, étaient fines et en soie. Cet homme s’habillait dans les grandes maisons de couture. Ses conseillers auraient dû empêcher cette faute de goût. Pour Joëlle Milquet ou toute autre femme, c’est pire. Les silos d’oranges ferment complètement la vue sur le bas des jupes au CDh. La coquetterie ne perdant pas ses droits, il s’agit de ne pas être fagotée, mais pas non plus que le tailleur soit de chez Chanel. Avec ses larges foulards, ses pantalons flottants et ses chemisiers en fine imitation soie, Laurette Onkelinx a l’avantage de cacher sa maigreur et sa petite taille en dérobant à notre vue des souliers à très hauts talons.
La stature est importante, les grands et les obèses passent plus facilement. Être rondouillard suppose qu’on a un bon caractère et la haute taille a l’avantage de dominer les autres. Les rondouillards de la Carolorégienne avaient tout pour rafler la mise. Ils étaient trop en confiance. C’est cela qui les a perdus. J’ai connu un médecin de la périphérie liégeoise qui avait travaillé ses pectoraux et rembourrés ses vestons aux épaules. Si bien qu’installé dans le premier ou le deuxième rang, on ne voyait que lui.

demagogue.jpg

Dans le discours d’un démago pas de fioriture. Une seule idée avec une seule tête de turc par meeting, ça suffit. L’ennemi peut être sifflé. On peut le haïr. Comme il n’est pas là pour se défendre, il a toujours tort… soulager les tensions, focaliser les esprits sur l’homme à battre, restent encore les meilleurs moyens d’asseoir sa volonté au détriment de celle des autres.
Les discours construits ne servent à rien. Asséner des chiffres est une erreur, qu’un démagogue dans la salle vous lance qu’ils sont interprétés, voire inexacts, personne ne soutiendra le contraire et vous voilà décontenancé. Le démago doit garder quoi qu’il arrive un certain sourire, même s’il se fait traiter quasiment de con. Il ne doit surtout pas montrer son désarroi. Cela serait la preuve qu’il ne connaît rien à son ministère. On ne lui demande pas d’être compétent, mais de faire compétent.
Une familiarité avec le public est toujours souhaitée, un surnom, un sobriquet, même qui dénonce un défaut, peuvent déclencher des ondes de sympathie.
Le grand ennemi, c’est de passer pour un intellectuel. Avec son cursus trop souvent claironné par les journaux, Elio Di Rupo est handicapé. Il est obligé de faire des discours plus élaboré et donc plus chiants que les autres, pour soutenir sa réputation dans les cercles privés et les rédactions. Cela lui fait du tort et le mine aux yeux du populo. Surtout que, comme les autres, il n’a pas grand-chose à dire dans un pays où ceux qui font la pluie et le beau temps sont dans les coulisses, les banques et les Conseils d’administration.
La Belgique partage avec la France le goût du bel esprit tout azimut. Faire rire la foule est un art. Ce n’est pas avec une finesse d’Alphonse Allais ou de Jules Renard qu’il faut faire rire, mais avec les pages de l’almanach Vermot. Une contrepèterie peut passer quand elle est simple, avec une mutation de deux lettres au maximum. Et encore, il faut prévoir un baron dans la foule qui répète les inversions hasardeuses pour ceux qui n’auraient pas compris, de sorte que tout le monde s’esclaffe au même moment.
Démagogue ? Un métier.