Wallonie à vendre
Des plaintes au pénal ont été déposées. On sait aujourd’hui que Swissair n’avait repris la SABENA que pour mieux la dépouiller. La liquidation de l’entreprise avait mis à la rue des centaines de travailleurs dont certains toujours au chômage.
Encore en 2001, le bourgmestre de Mons, Di Rupo, invitait le patron de la SABENA à la fête du Doudou, alors qu’on voyait pointer la catastrophe.
Quelques temps après, lui qui avait négocié la fusion de la SABENA avec Swissair, oubliant qu'il avait précipité la compagnie d'aviation dans la gueule du loup, s’écriait dans une envolée de tribune : «On a traité le personnel de la Sabena presque comme des chiens. Aujourd'hui, c'est le manque de respect à l'égard du personnel de La Poste. Je demande: un peu de respect pour les êtres humains! L'économie n'est pas une fin en soi. L'économie est un moyen».
De la part de celui qui avec son flair habituel se vantait d’avoir trouvé en Swissair le partenaire idéal, c’est tout de même gonflé !
Il est vrai que cette brillante évaluation des chances avait lieu en 1995.
Si le public est vite oublieux, ceux - qui voient comme la démagogie conduit facilement le président socialistes à des impasses et à des volte-face - devraient se méfier de la nomination par applaudissements de celui-ci à la présidence du gouvernement wallon.
C’est que Di Rupo n’en était pas à son coup d’essai dans le gâchis industriel.
Le désengagement d’ARCELOR dans nos bassins est le produit d’une accumulation de mauvais contrats de reprise et du manque de fermeté dans le suivi des soi-disant plans de développements qui avaient tout de fermetures qui ne veulent pas dire leur nom.
Bien entendu, il est encore là pour distinguer qui de MITAL ou d’ARCELOR saura développer l’emploi en Wallonie.
Comme si Di Rupo avec ou sans audit était capable de fines analyses et de prises de responsabilités !
Cet homme est dangereux. Il n’offre pas les capacités requises pour la mise en place du plan Marshall, même si c’est lui qui l’a initié. Il faut dire que les libéraux avec un Kubla complètement délirant sur Francorchamps ne sont pas mieux outillés.
Il y a une véritable crise de compétence à un moment où l’industriel wallon n’est plus lui-même qu’un pantin dans les mains des affairistes internationaux.
L’orthodoxie en matière d’OPA et autres joyeusetés fusionnantes est tout ce que ces gens ont trouvé de mieux pour défendre ce qui reste de valables en potentialités industrielles wallonnes.
Le champion du genre est Maurice Lippens, président du conseil d'administration de Fortis, banque dans laquelle des politiques dont Monsieur Di Rupo ont eu différents mandats de contrôle.
Ce patron est évidemment pour une orthodoxie totale et n’hésite pas à stigmatiser le protectionnisme politique, surtout celui de la France qu’il assimile à la Pologne.
Il l’avoue que s'il y avait une prime énorme pour la reprise de Fortis par un raider étranger, personne ne s’y opposerait.
Maurice Lippens ramasserait les surplus et laisserait la main à qui veut, sauf à la maffia russe. Encore que si une pareille alternative échoirait, je ne vois pas bien comment son patriotisme retrouvé l’empêcherait de condamner ses actionnaires ramassant une manne tombée du ciel.
On voit comme Di Rupo et le parti socialiste en jouant la carte du réformisme sont entrés dans le collaborationnisme aveugle en accréditant comme conseillers des hommes de la trempe de Maurice Lippens, et Etienne Davignon, capitalistes sans état d’âme et particulièrement ancrés dans la mondialisation avec le sentiment que l’évolution actuelle puisqu’elle est bonne pour les actionnaires est bonne pour les travailleurs.
Et voilà pourquoi la direction du PS inquiète.
Si un géant américain reprenait l’essentiel des entreprises wallonnes, il faudrait se dire que si c'est bon pour Fortis de s'inscrire dans un groupe mondial, ces messieurs de la banque et de l’industrie n’y verraient aucun inconvénient et Di Rupo non plus.
Alors, descendons les volets, mettons une pancarte « Wallonie à vendre », mettons dans la corbeille le plan Marshall et son promoteur et prions pour que l’acheteur éventuel ne ferme pas la piaule six mois après.
Peut-être même aurions-nous la chance de tomber sur un honnête homme capable de jouer le jeu ? Même si l’on sait bien que la race en est pratiquement éteinte.