« Je craque ! | Accueil | Prolétariat ou précariat ? »

Clusters et boule de gomme

C’est entendu, nos divins mystificateurs du dessus du panier aiment culpabiliser les gens, plutôt que de condamner les géantissimes magnats multinationalistes qui tirent leur miellat de nos carcasses.
C’est ainsi que les fumeurs sont bannis peu à peu de la société, mais pas les industriels du tabac qui ont toujours droit de cité. D’autant que les plus mariolles ont mis depuis longtemps les sous qu’ils tirent du tabagisme, dans des industries qui n’ont pas la réputation de ficher le cancer aux consommateurs. Pourront-ils de cette manière être reçus, voire décorés, pour service rendu à la Nation reconnaissante ? C’est une question à poser à certains barons du régime.
C’est comme ça qu’on est, en Belgique et ailleurs.
On respecte trop ceux qui donnent du travail aux pauvres pour les suspecter. Le peuple fournit d’habitude le seul contingent de scélérats avouable. Les assassins reconnus sévissent à petite échelle, dans les gares, par exemple. Au-dessus de la demi douzaine, c’est du domaine industriel, donc subventionné et autorisé.
Dès 1960 on savait que l’amiante tuait à petit feu et ce n’est qu’en 1997 que les pouvoirs publics se sont réveillés. C’est dire l’efficacité de nos services de santé quand les intérêts particuliers commandent que les médecins et les personnels de laboratoire éteignent les becs bunsen à l’heure de la soupe.
Curieux quand même qu’il n’y ait que la nicotine et l’amiante dans le collimateur de ceux qui jurent vouloir notre bien, plutôt que nos biens.
Qu’on m’explique alors pourquoi les cancers du sein sont passés en France de 21.200 cas à 41.800 en vingt ans (1980-2000) ?
Est-ce que les produits de synthèse nouveaux ne sont pas pour quelque chose dans cet accroissement presque du simple au double ?
Et les emballages, les plastiques, les pesticides abondamment répandus dans les cultures, les détergents miracles pour les blancs qui lavent plus blanc, est-on certain que nos admirables protecteurs de la santé ne palpitent pas des sphincters de la peur d’être contrés par les lobbies internationaux des sociétés chimiques ?
Ah ! avec l’augmentation des prix des cliniques et des hôpitaux, il ne fait pas bon être malade désormais sous nos climats. D’autant que les causes de certaines maladies et cancers, quand il s’agit d’une maladie professionnelle improuvée ou d’un empoisonnement par l’environnement, sont seules connues des gauchistes pour emmerder le libéralisme de progrès.
On est bons pour l’aléa statistique de nos clusters, dus au hasard, celui d’être tombé sur la route d’une multinationale qui distille impunément ses merdes aux populations ébaubies.
La sécurité sociale court après les cas, qu’elle couvre souvent mal, sans se demander quelles sont les causes. C’est pas son boulot. Mais c’est le boulot de qui ?
Alors, vous pensez, les cancers environnementaux, si on s’en fout ! Sauf ceux qui ont lieu autour de décharges de fûts oubliés par mégarde, de terrains d’anciennes usines sur lesquels des lotissements voient se construire des maisons pour propriétaires futurs pustuleux et asthmatiques. Alors, oui, on voit dans certains cas télévisuels nos experts en bottes vertes et casques blancs arpenter les sols, argumenter devant les caméras et faire tant de leurs pieds et de leurs mains qu’ils éveillent l’intérêt d’un ministre pour les infos du soir.
On en arrivera même à sortir les grands moyens pour des travaux d’Hercule du type Seveso, si l’opinion publique se réveille. Ce qui, en ces temps de grande torpeur progressiste, est rien moins que certain.
Le comble, c’est qu’on a une société en Wallonie en principe active, mais pas pour nous, pour les entreprises chimiques : ARESA, elle s’appelle. Ne pas confondre avec ARENA, qui est à elle seule une association aussi, sauf que l’autre est sans but lucratif. L’ARESA rassemble plus de nonante sociétés actives dans la recherche médicale et pharmaceutique.
C’est une idée de la Région wallonne qui vaut ce qu’elle vaut, c’est-à-dire pas grand-chose, mais qui dispose néanmoins de qualités qui sont reconnues sur le plan international.
Quoique nobles d’apparence, les objectifs d'ARESA d'élever le niveau de qualité de la Recherche Clinique, finit par n’être surtout qu’une plate-forme de communication du secteur, entre les membres et le marché.

aresavul.JPG

On meurt toujours dans certains cas de manière mystérieuse, comme si nos cellules s’affolaient littéralement de l’air environnemental ou des nouvelles alchimies que le « progrès » nous fournit, étant entendu que nos estomacs ne sont pas des alambics comme celui des Borgia.
Aux paumés qui ne s’expliquent pas et ne savent pas de quoi ils meurent, nos prétentieux iront leur dire que si nous mourons, c’est quand même à un âge plus avancé qu’avant. C’est une façon de voir pour les octogénaires, c’est faux pour ceux qui finissent en caisse de sapin à 30 ou 40 ans sans savoir pourquoi.
On sait bien en ce domaine, comme dans d’autres, que les pouvoirs publics marchent sur des œufs et que ce n’est pas demain la veille qu’il serait juste de leur faire confiance.

Poster un commentaire