Un roi de la drague.
-Tu as revu Pilchard ?
-Non. Ça fait un moment. Pourquoi tu parles de Pilchard ?
-Comme ça… sa façon de draguer les filles.
-Pourquoi on l’appelait Pilchard ?
-Le pilchard est un poisson qui dévore l'excédent de plancton qui risquerait d'entraver la libre respiration des océans, c’est ce que disait Soubras, le prof de science…
-Suite à l’exposé de Soubras, tu te souviens de la rigolade ? Les pilchards sont autonomes mais reconnaissent implicitement une autorité directrice : Le pilchard roi. Il a sous ses ordres une armée de mâles : les pilchards de combat, le pilchard dîne à l’huile, etc…
-Ouais !... même qu’on nous appelait les pilchards à banc
-Alors, on l’a plus appelé que Pilchard. Certains profs confondaient avec son véritable nom.
-Tu sais comment il s’appelait vraiment?
-Non. Reste plus que Pilchard.
-Tu te rappelles sa technique avec les filles…
-L’air malheureux qu’il prenait pour s’en débarrasser ?…
-Et sa poésie ?
-Je t’aimerai pour la vie - pourtant je suis parti - c’est un chagrin chérie - mais la liberté n’a pas de prix. Signé Pilchard.
-Le con !
-La dernière fois que je l’ai vu, il draguait les veuves à Sainte-Walburge.
-Non !
-C’est lui qui me l’a dit. Il repérait l’âge du défunt, matait la veuve et quand c’était dans ses prix, il suivait le convoi…
-Il la draguait à chaud ?
-Il restait le dernier, après s’être farci le repas froid de circonstance…
-Il a toujours eu le charme consolateur…
-Pilchard se faisait la gueule de l’emploi. Selon, ce qu’il avait appris, il se faisait passer pour un ancien collègue, une relation de vacances… même que certaines veuves finissaient par ce souvenir de lui…
-Il couchait le premier soir ?
-Ça s’est trouvé une fois… Faut dire que c’était la veuve joyeuse. Ils avaient un peu bu… Il l’avait suivie dans les toilettes du funérarium…
-Dans quelle circonstance Pilchard n’a plus pratiqué la veuve ?
-La dernière fois, il s’est fait casser la gueule par le frère du défunt. Juste comme il passait la main dans la jupe portefeuille. L‘autre est arrivé et lui a mis une droite sur l’œil.
-L’honneur de la famille ! Le respect dû au défunt !
-Non. Le frère était l’amant de la veuve.
-Tu te rappelles quand il faisait les hôpitaux ?
-Là, Pilchard était vraiment grandiose.
-Il jouait les secourables, les compatissants. Il prenait place dans les salles d’attente, l’air d’une victime. La larme à l’œil…
-Quand la charmante sortait toute secouée par l’exam, il s’arrangeait pour la recroiser dans le couloir… comme elle s’était habituée le quart d’heure avant à sa présence sur la banquette, il était presque devenu une relation.
-Pourquoi Pilchard n’a pas poursuivi, puisque cela avait l’air de mordre ?
-C’est quand on n’a plus voulu qu’on fume dans les couloirs qu’il a jeté l’éponge.
-Il ne fumait pas !...
-Non. Mais c’était son truc d’introduction : « Voue avez du feu ? Vous en voulez une ? » C’était plus possible…
-Il pouvait sortir son paquet dehors !
-Il a toujours voulu sortir son paquet dedans.
-Rapport à quoi ?
-C’était pas un fumeur. Pilchard avait pas le genre pour allumer une clope dehors, façon Bogaert. Elles s’éteignaient toutes, du coup les filles aussi… La fois où le vent de face lui a roussi le veston, il a compris que c’était pas pour lui…
-Sacré Pilchard ! Où il drague maintenant ?
-D’après ce qu’on m’a dit, il serait coach dans un club féminin de basket. Mais, il se pourrait qu’il démissionne.
-Il cherche autre chose ?
-Oui. Au basket, elles sont cinq. Au football, onze, tu vois l’avantage ?