Une facette méconnue.
-Il semble que le diamant fasse partie du patrimoine national au point que les missions économiques soient l’occasion d’en rappeler les mille et une facette ?
-Oui. Nous brillons comme des diamants Notre pays aime les tailles de cette pierre dure malheureusement façonnée dans le fief du Vlaams belang…mais comme eux j’ai la tête dure.
-Pourquoi cette comparaison de mission en mission avec cette pierre précieuse ?
- Madonna arbore de faux cils en diamants et vison, les Français vissent un bouton pavé d'un caillou précieux sur leur vieux jean, le diamant est donc à la mode. Pourquoi n’en parlerais-je pas ?
-Oui, mais votre père a pleuré en écoutant certaines remarques à propos des redites lors de vos missions commerciales concernant cette gemme particulièrement chère à votre cœur.
-Depuis un an, le diamant est partout. Il se glisse au cou des enfants, ma fille en a reçu un beau de son grand-père. Moi-même j’en ai un en forme de poire. "Mon premier diamant", s'achète en ligne avec certificat de laboratoire et trente jours à l'essai, ou se monte en parure sur fil de pêche. "On a eu l'idée du nylon pour magnifier le jeu des pierres sur la peau". Mon épouse en a été pourvue aussi, alors pourquoi n’en parlerais-je pas ?
-D’accord, mais sans arrêt !... Croyez-vous que la Belgique soit tellement riche que chacun a chez soi des diamants au point de les montrer à tout le monde ?
-Jusqu'alors, la pierre la plus dure du marché était synonyme d'engagement éternel. Elle célébrait les grands événements d'une vie : fiançailles, mariages... Depuis peu, elle est devenue le symbole d’une Belgique qui gagne. Ma Belgique à moi… Je me pique de piquer demain des diamants sur des pendentifs en forme de crânes, version gothique, ou sur de minitongs bijoux, option surfeurs chics. Les rappeurs américains aux dents pavées de diamants ont donné le "la". La grande distribution, tels Carrefour ou Leclerc, fait la chanson en fournissant des bijoux scintillants à tour de bras. Dès que j’aurai un moment, je vais me faire sertir des diamants sur mes incisives. Ainsi, je serai une vitrine vivante de la joaillerie anversoise.
-On ne peut pas sans cesse parler de cela sans soulever des polémiques…
-J’en parlerai partout au contraire. La gemme caracole en tête des ventes des bijoux en France, avec plus de la moitié du chiffre d'affaires en 2005 contre 35 % en 1995. La Belgique n’est pas en reste. Je me suis donné la mission de prolonger cette tendance. "En France, trois femmes sur dix possèdent un bijou diamant, alors qu'elles sont sept sur dix en Italie et neuf sur dix en Grande-Bretagne. Quant aux Américaines, 95 % d'entre elles sont pourvues". La Belgique est en retard.
-La Flandre n’en veut pas. La Wallonie est trop pauvre. Nous courons à la catastrophe.
-La Diamond Trading Company (DTC), filiale commerciale de la De Beers, est le premier producteur mondial de diamants. J’irai visiter son site d’exploitation seul s’il le faut. Ah ! on dit que je ne suis pas un fin commercial ! Que j’ai l’air de me désintéresser !... Comment faire progresser le marché ? En multipliant les offres plus accessibles, pour élargir et rajeunir la clientèle. L'acte d'achat en Belgique, qui a lieu tous les sept ans, est bien trop espacé !
-Vous allez vous faire démolir par le Standart…
-L'idée ? Transformer cette pierre précieuse, valeur refuge et à forte connotation sentimentale, en accessoire de mode, plus créatif et plus facile à porter que le traditionnel solitaire. Ma voie est tracée. Mon rôle, je l’ai trouvé dorénavant. Le diamant brut sera le talisman de la dynastie.
Je préparerai pour la prochaine mission économique un rapport complet de l’Antiquité à la Renaissance. Je montrerai comment des hommes l’ont porté pour se donner du courage et accomplir des règnes heureux…
-Vous ne croyez pas que vous devriez vous reposer ?
-Abandonner le pays serait lâche…
-Vous avez de la fièvre !
-Mais qui n’en aurait pas quand il sent en lui monter la flamme de l’espérance…
-Ciel qu’avez-vous ?
-Ah ! je me fonds dans le paysage. Je vois des diamants partout…
-Voulez-vous que j’appelle quelqu’un ?
-Non. Il pourrait me voler ma concession…
-Votre concession ?
-Oui, je les connais. Ils sont jaloux des fortunes colossales que je vais déposer au pied du pays…
-En attendant, prenez une aspirine…
-Ô pierre précieuse Ô Belgi…ique… chérie…
-Qu’est-ce qu’on fait ?
-Laisse le chanter. On lui posera la question de son aptitude un autre jour.