Charleroi : la pêche aux gros.
La chose va faire sursauter certains professionnels de l’information en phase d’amour du PS : à Charleroi, le socialisme local commence à bien faire.
Certes diront-ils, il y a bien d’autres affaires pendantes, escamotées par le pouvoir, des ignominies libérales, des coups fourrés d’humanistes illusoirement chrétiens, mais ici on touche à une délinquance en col rose rarement atteinte dans les milieux belges de la politique. Après le dernier délayage, que restera-t-il à Charleroi de la section locale du parti socialiste, à part les obscurs qui portent les drapeaux, font la claque et rangent les chaises ? On ne voit pas bien !
C’est à chanter faux l’Internationale dans le prochain meeting.
Quand la Dernière Heure titre « chute d’un baron socialiste », c’est toute la noblesse « ouvrière » locale qui se noie dans le canal, attirée par le fond du poids de ses éperons d’or.
Après les scandales de la Carolorégienne, voilà la voierie qui déverse ses immondices en plein prétoire : le directeur financier inculpé, le président Cariat réduit au pain du roi. Ce n’est plus le ver qui est dans le fruit, mais le fruit qui est dans le ver !
Le parti socialiste est truffé d’anciens pauvres qui se vantent d’avoir réussi. Voilà le drame. On ne milite pas dans un parti pour faire carrière, pour obtenir des places, pour en mettre de côté, mais pour aider les collectivités à mieux vivre !
Comment ne savent-ils plus cela, les rosés ?
L’exercice du pouvoir est un art difficile et comme ce ne sont pas les meilleurs qui arrivent mais les pires, par les lois du sponsoring, des exercices de grande gueule et des maffias locales, voilà ce qui arrive.
Il faut dire aussi qu’étant socialiste on n’en est pas moins homme et qu’à force de savonner la planche à la concurrence, et qu’on se retrouve seul devant le tiroir-caisse, la tentation devient grande de confondre l’argent des autres avec le sien.
Cela devient tellement « normal » qu’une fois pris la main dans le sac, on s’indigne, on jure de sa bonne foi et de son honnêteté : on ne voit plus le vol !
Viennent s’ajouter les anciennes pratiques, les mauvais exemples des caïds passés.
Et la farce est accomplie.
C’est ainsi que pas moins de huit élus socialistes sont dans le collimateur de France Baekeland, aux manettes de l’instruction. Si on compte les rosés déjà précarisés par d’autres tribulations dans les filets de la justice, Charleroi va devenir une frayère pour la reproduction des esturgeons de la gauche caviar !
Pendant ce temps, Gros QI Di Rupo se dit « serein », mieux « hyper serein ! ». Les scandales ne le touchent en rien. Surtout pas d’amalgame avec le reste du banc.
Après la loi sur les armes, une loi réglementant la pêche aux gros en Wallonie ?
Ce n’est pas tout. Le président de l’exécutif wallon traîne le troisième volet d’une trilogie moins lyrique : Wagner aurait omis de reverser 843.000 euros à la Région wallonne et on aurait « oublié » de présenter la facture à l’homme d’affaires ! Ce fric escamoté aurait dû servir à la création d’emplois. D’ici à ce qu’on demande aux chômeurs de rembourser…
Il y a un corrompu quelque part dans un placard. Pourvu que ce ne soit pas encore à la fédération carolorégienne !... Van Cau en sue d’angoisse, lui qui passe ses journées à jouer les surpris de bonne foi avec tellement d’application qu’on finirait par y croire.
On ne devrait plus écrire « Affaire à suivre » au singulier.
Le tableau de chasse est éloquent : 5 échevins ou anciens de la chose, le président du CPAS – normal à force de fréquenter les pauvres il a voulu se prémunir – l’homme d’affaires copain de Van Cau. Celui-ci frôle ainsi, une fois de plus, les embarras du Code en marche. Tout cela devant un Di Rupo « hyper serein ».
Ah ! camarades… n’aurait-il pas mieux valu couler le Potemkine avant que tout se sût ?
Combien Di Rupo portant des oranges à Lucien Cariat à la prison de Jamioulx, vendrait-il la photo à un magazine ? Au moins de quoi payer les frais d’avocat. Il faudrait y penser.
Tout ce monde respire l’innocence et l’est encore jusqu’au procès. C’est ce qui rend de l’espoir aux professionnels chargés, comme l’était Racine de Louis XIV, à faire l’apologie des grands hommes du militantisme ardent et inavoué de l’amour de l’argent.
Métier de plus en plus difficile, journaliste de gauche !
Mais celui qui pense que le système vit ses dernières heures se tromperait lourdement.
Car « coucou » qui est président de la fédération socialiste de Charleroi ? Patrick Moriau, lui-même, en chair et en poils de barbe. Et que dit-il « S'il y a un consensus suffisant entre nous, un trio de jeunes doit prendre en main la fédération. Je suis prêt à remettre tout de suite mon mandat. » Voilà qui signifie en langage décodé « Je suis toujours là pour un bon bout de temps et je vous emmerde ? »
Ce qui est fâcheux, c’est la proximité des élections communales.
La débâcle de l’Haut-lieu carolo va profiter à l’extrême droite et cela est profondément regrettable.
Si j’étais de Charleroi, comme du temps où, en France, Chirac se présentait à la présidence de la République contre Le Pen et que tous les gens de gauche avaient voté pour lui, je voterais sans hésitation socialiste !
Parce que si les rosés de la gauche caviar ne valent rien, au moins fédèrent-ils des militants honnêtes qui un jour se réveilleront afin de bâtir une vraie gauche. Tandis qu’en face, on ne peut pas défendre un système économique pourri (là j’entends les libéraux du MR), sans être pourri soi-même. On ne peut pas écouter avec complaisance des propos racistes (là je pense au Vlaams belang), sans être un salaud fini.