Colombine-sur-Escaut.
Les « roufe-tot-djus » de l’indignation de diversion sont bien emmerdés après les meurtres odieux commis à Anvers.
C’est que tout le monde est d’accord : le crime raciste est impardonnable et ceux perpétrés dans la deuxième ville du pays en sont d’évidence. Le criminel, Hans Van Themsche a de qui tenir, son grand-père a combattu au front de l’Est du temps des nazis et sa tante est parlementaire de l’extrême droite flamande.
La petite gouape qui a commis pareil forfait devra réfléchir longtemps en prison à la monstruosité de son acte.
Mais, si les indignés professionnels sont emmerdés, c’est dans la différence de ton entre le Nord et le Sud.
Patrick Janssens, le Bourgmestre d’Anvers, fait appel au calme, « Nous n’avons pas besoin de grandes analyses politiques mais bien de calme », tandis que les rebouteux socialistes francophones montent aux créneaux dans une campagne de dératisation de l’extrême droite. Non pas qu’ils soient spécialement remontés contre elle, mais parce qu’il faut quand même que les populations misérables à six mois des élections croient voir dans le socialisme mondain de Di Rupo la seule alternative acceptable. Et comment remuer les sangs et faire battre les cœurs, quand on n’a rien à dire sur le social et l’économique, sinon partir en campagne contre la peste brune et l’extrémisme militant ?
Des thèmes finalement bien appréhendés et toujours porteurs.
Seulement voilà, un wallon sur cinq à des prurits racistes, un Flamand sur trois souffre des mêmes symptômes et il n’est pas certain que le geste d’un abruti par les slogans du Vlaams belang et pas seulement… soit interprété de la même manière au Nord qu’au Sud. Pour autant, Verhofstadt devrait-il mettre sous surveillance ceux qui en Belgique sont issus des milieux nationalistes wallons (fort peu) et flamands (beaucoup) ?
Si bien que la fracture grandit entre Flamands et Francophones, sur la notion même de nationalisme, carrément interprété en Wallonie comme le racisme essentiellement flamingant. Il n’est pas dit que monter ce fait-divers monstrueux, mais isolé, en affaire d’Etat, afin de rogner les subsides du parti Nationaliste flamand, soit une action intelligemment antiraciste.
Pourtant certains se voient déjà en campagne de sauvetage de la démocratie, coupant ainsi à la corvée désagréable d’aller à la pêche aux voix sur le mince dossier des réalisations sociales. On sentait que le battage autour de la sécurité des Belges n’allait pas être suffisant pour retenir l’attention des gauches, coup sur coup le drame de la gare Centrale et la tuerie d’Anvers occupent les esprits « dans le bon sens » comme dirait Elio, belgicains jusqu’à la pointe des souliers.
Il n’est pas douteux que la propagande du Vlaams Belang ait dérangé l’esprit de l’assassin raciste. L’action du Vlaams n’est qu’un élément à quoi il faut ajouter quelques autres glanés ailleurs : à la télévision pour la violence et dans les matchs de foot pour le racisme ambiant et populaire. N’y aurait-il pas lieu de se demander si cet énergumène n’a pas été influencé aussi par les multiples drames raciaux aux Etats-Unis, dont celui de Columbine, qui sans être raciste, n’en constitue pas moins un sommet, sans oublier les crimes racistes des Palestiniens contre les Juifs et les crimes racistes des juifs contre les Palestiniens !
Est-ce pour cela que nous devrions craindre la multiplication des actes crapuleux de cette nature en Belgique, comme les journaux le prévoient ?
J’ai déjà dénoncé dans ce blog l’erreur de vouloir interdire le parti nationaliste flamand ou, à tout le moins, lui couper les vivres. Interdit et clandestin, ce parti serait davantage nuisible ; sans les subsides de l’Etat, il serait déclaré « le parti martyr qui défend seul la cause flamande ». Il serait subventionné en sous main par les pointus linguistiques et les ultras flamingants.
Enfin, autre inconvénient, nous n’aurions plus à savoir de sa propagande et par conséquent, nous serions sans argument le jour où il paraîtrait en force. Nous ne saurions même plus avec certitude qui en est ? Nous créerions ainsi une nouvelle franc-maçonnerie, en quelque sorte. C’est un des inconvénients, mais aussi un honneur d’une société de liberté que de n’interdire personne et de donner la parole à tout le monde, même à ceux qui ne pensent pas comme la majorité embourgeoisée et conne jusqu’au ridicule.
Les socialistes ont réussi à museler les gens de gauche à l’intérieur de leur parti où il n’y a pas de courant d’opposition interne comme en France, empêchant le débat contradictoire. Quant à l’extrême gauche extérieure au PS, elle est atomisée, depuis qu’un certain André Cools l’a anathématisée. Ne reste plus que l’extrême droite. Si on la liquide aussi, ce serait la vie de château entre compères libéraux, chrétiens et socialistes en attendant de régler le sort des Ecolos, mauvais coucheurs.
Ce n’est pas en interdisant et en faisant des lois sur mesure contre le racisme qu’on convaincra les ennemis de la démocratie à s’amender et faire un meilleur usage de leurs voix. Ils sont le produit d’une société malade et qui a peur. Comme est le produit de la même société malade, les personnels des partis recrutés parmi un fonds de réserve de privilégiés et qui ne sont plus représentatifs de l’opinion.