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L’otarie et le courant passe.

-Maître Izembar, on vous consacre une journée d’étude à l’Université. Etes-vous : indifférent, satisfait, ou remboursé ?
-Inutile d’insister, mais je suis enthousiaste à l’idée qu’enfin le plus grand poète wallon de tous les temps va être reconnu par notre Alma Mater, après que le plus grand coureur cycliste de tous les temps l’ait été bien avant moi..
-Vous étiez connu, mais reconnu, c’est nouveau pour vous ?
-Non, pas tout a fait. J’ai été reconnu bien avant d’être connu, si vous voyez ce que je veux dire ?
-Par la police ?
-Mais non voyons, mais par une amie qui m’attend au tournant.
-Lequel et laquelle ?
-Entre la page12 et 24 de mon recueil : « Les poissons meurent à l’aube », j’avais glissé un mot gentil, ou un gentil mot, enfin un mot pour une poète que j’adorais à l’époque quand elle les avait encore.
-Quoi ?
-Ses époques.
-Et alors ?
-Depuis qu’elle ne les a plus, sa poésie s‘est considérablement dégradée, et voilà qu’elle me relance pour cette journée d’hommage ! Elle veut absolument dire son poème « Les tumescents » qu’elle avait écrit sur un tamtam berbère aux Alyscamps, alors que nous courrions nus vers les catacombes.
-Qu’est-ce qu’un tamtam berbère vient faire au Sainte-Marie ?
-Vous n’allez pas commencer aussi, vous ?
-Et nus ?
-C’était pour un film de Almodovar.
-Pedro ?
-Non. Alfred. Un Liégeois qui avait des subsides de Monfils…
-Moralité ?
-Moralité, je suis emmerdé. Beatrix de Courbevoie…

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-C’est qui ?
-Ma madone des sleepings. Encore que son vrai nom soit Antoinette Partout, mariée à un ergonome, Monsieur Cétant. Vous voyez le rapport ?
-Non.
-Vous êtes extrêmement bouché à l’Université ! Antoinette Cétant-Partout, c’est pas une carte de visite, c’est un constat.
-Et vous, le vôtre, ce n’est pas mal non plus, Dédé Belmotte…
-Comme je suis un garçon, c’est moins grave. On n’est pas là pour s‘engueuler, je suppose ?
-Vous fêtez aussi par la même occasion votre anniversaire.
-C’est ça.
-Ça vous fait combien ?
-Comment, c’est moi qui paie les consommations ?
-Non. D’âge ?
-Béatrix de Courbevoie l’a écrit dans son poème « Gorgée de lait » qu’elle déclama les seins découverts à l’occasion d’une visite de l’académie de la plus grande peintre liégeoise de tous les temps.
-Comment ça de l’académie ?
-Vous en avez une belle, vous d’académie, pour ne pas comprendre ce que je dis !
-Ah bon ! Lesbianisme ?
-Non, monsieur haute peinture. En effet l’artiste avait dessiné un vêtement sur le corps nu de Béatrix de Courbevoie.
-C’était beau ?
-Oui, mais ça a rétrécit ; à moins que ce ne soit Béatrix qui ait forci !
-Maître Izembar Par-delà l’hermétisme sensible, votre poésie libre de modèle s’avère sensuelle. Elle se nourrit de la vue et du toucher. Et vous que mangez-vous ?
-En général, je vais chez les autres. Sinon, un boulet frites, comme tout le monde. J’ai racheté le guéridon sur lequel Sartre écrivit la Nausée, je mange dessus.
-Homme de revues, vous en êtes où pour la prochaine du Troca ?
-Je suis en pourparler pour animer « Wiss va-t-on ? » avec les frères Happart dans leur propre rôle.
-Un mot sur le programme de la journée ?
-A 9 h 18, accueil. A 25, écueil, si Béatrix de Courbevoie se pointe. Sinon, les habituels rasoirs des pistonnés de la Province et de la Région dans leur tour d’haïkus. Il y aura Super Kaya, Frédéric F. et Madeleine Osez-Joséphine au tympanon électronique.
-Ce sera grandiose !
-Puisque c’est vous qui le dites.

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