Que ma joie demeure.
-Lindsay, où as-tu mis mon gode ?
-Je ne te l’ai pas rendu, Patricia ?
-Non. Il n’est pas dans la boîte à chaussures sous le lit.
-C’est peut-être le chat qui a joué avec ?
-Tu me prends pour qui, Lindsay ?
-Je l’ai pris hier pour aller au cinéma avec Kevin.
-Tu prends mon gode sans me le demander et pour aller au ciné !
-Après on est allés en discothèque…
-Ce n’est pas une raison pour ne pas me rendre mes affaires.
-Pourquoi, tu en as besoin ?
-Ça ne te regarde pas.
-Mohammed n’est pas à la Mecque ?
-Et alors, je ne suis pas musulmane, moi. Je vis ma vie.
-Je l’aurais laissé sur la cheminée ?
-Oui. Je le vois.
-Eh bien voilà !
-Non. Ça ne va pas Lindsay. Si Pamela l’avait vu ?
-Quoi, Pamela , Tu crois qu’avant d’être mariée, elle n’en avait pas un ? Elle l’avait même acheté à Maastricht 75 euros. Je le sais, je lui avais prêté 30 euros.
-Tu ne laisses pas traîner mes affaires. Surtout que ce ne sont pas les tiennes. Et puis les enfants de Pamela, s’ils étaient tombés dessus ?
-Tu parles. L’autre jour, ils jouaient à Zorro dans la cour avec le string en latex d’Alester.
-Voilà. Les piles sont foutues. Dis, tu l’as fait marcher longtemps, mon gode ?
-Attends. C’est le bruit bizarre que j’entendais dans la voiture, pendant que Sonny conduisait !
Même que je l’avais jamais vu ainsi. Il doit aller dimanche au concours des plus forts baffles… il me disait tous les kilomètres, t’entends Lindsay, y a comme un souffle…
-Qu’est-ce que je vais faire, maintenant ?
-Va chercher de nouvelles piles !
-Un dimanche soir ?
-T’attends quelqu’un ?
-Oui. Johnny.
-Le petit Polack ! Et Mohammed, tu l’as largué ?
-Non. Puisqu’il ne tient qu’à moi qu’on se marie…
- Pourquoi tu veux pas ?
-Il n’a pas de papier et puis il l’est déjà. Alors porter le voile, merci. Comment veux-tu qu’on m’apprécie si on ne me voit pas ?
-Pourquoi t’as besoin d’un gode ? Le Polack peut pas assurer ?
-Dis, ça va pas la tête ? On le ferait la première fois qu’on sort ensemble? J’attends toujours à la deuxième. Pour qui tu me prends ?
-Pour une pouffe !
-Pouffe toi-même ! Tu t’es pas regardée. Quand tu te penches, on voit ton berlingot…
-Et toi ton pull qui couvre pas la moitié de tes nibards !...
-Ton vernis noir sur tes ongles, on dirait Dracula.
-Et ton tatouage sur le ventre, c’est quoi ? Le souvenir de la bite de ton marin portugais que tu t’étais fait l’année dernière que t’avais pas quinze ans ?.
-Et puis t’es une voleuse. Tu fauches mes cigarettes et l’autre jour tu t’épilais les jambes sur mon magazine…
-C’était un porno du mois passé…
-Et alors je découpe les photos… J’ai un album.
-Attention voilà papa.
-Salut les filles. Vous savez où est maman ?
-Elle est au temple, comme elle m’a dit.
-Pourquoi n’y êtes-vous pas avec elle ?
-On y est allées la semaine dernière.
-On a fumé ici ?
-Non. C’est de la rue que ça sent.
-Tiens. Je n’avais pas remarqué.
-Et comme va la Sœur Supérieure du Collège ? J’espère qu’elle ne vous fait plus des misères depuis que je lui ai écrit un mot ?
-Non. Elle trouve qu’entre un pasteur protestant et l’aumônier des scoutes, il n’y a pas grande différence.
-Et ça, qu’est-ce que c’est ?
-Ça ? C’est rien. C’est un gode.
-A quoi ça sert ?
-C’est un jeu électronique. Mais il manque des piles.
-C’est un jeu de réflexion ?
-Oui, mais, il n’y a pas de pile…
-Prends celles de la boîte à musique « que ma joie demeure » qui est sur mon bureau.
-Merci pa’.