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On fait comme si…

Selon le FMI, on estime à plus de 500 milliards de dollars, soit 2 % du produit mondial, le montant annuel du blanchiment d’argent.
C’est probablement en-dessous de la réalité. Enfin, si l’on considère que l’argent propre est, à l’occasion, le produit du blanchiment, on arrive à des sommes astronomiques.
Dans cette perspective toutes les banques ont, seront ou auront été le support et le véhicule de l’argent sale, parfois à leur corps défendant, souvent en connaissance de cause.
En 2006, le seul but, le seul critère qui vaille, la fin et les moyens en soi, balayant toutes les théories sur les systèmes de société, fondateur de l’avenir et le garant du présent, que l’on soit à la Silicon Valley, ou à la maison carolorégienne, roi de tout et despote absolu : c’est l’argent.
Peu importe qu’il soit gris, noir, sorti de la drogue ou du sexe, gagné à la sueur du front des autres, acquis en spéculant, par héritage ou par parabellum, il faut en avoir, sinon on est socialement mort.
Là-dessus, on essaie d’expliquer que si on en est arrivé là, c’est que quelque part, ça a foiré dans la tête de l’homme moderne.
Le curé dira que c’est le meurtre de Dieu, les royalistes celui du roi, les sociologues l’émergence d’une république de l’économie, les philosophes une absence de moralité publique. Bref, c’est l’éthique qui plie bagage et bonsoir les dégâts.
Pourtant, on fait comme si.
Nos hommes politiques, nos économistes, nos Européens, jusqu’à la caissière de chez MAKRO voient toujours dans le système capitaliste l’incomparable moyen de vivre et prospérer.
Seuls quelques rêveurs peu suspects d’être des cocos, se lamentent en disant : « Quel est le moyen de faire autrement ? »
C’est vrai que du vestiaire libéral, les œuvres des maisons du peuple, en passant par les fabriques d’Eglise, l'UNESCO et le petit sou des pauvres, ils sont tous des ratichons dans l’âme et les porte-drapeau farouche du libéralisme… la grosse majorité des gens fait comme si… tout en pensant le contraire.
-C’est foutu. Mais j’ai blanchi à mon petit niveau le pognon de ma tante d’Honfleur. J’ai un immeuble dans lequel j’ai fourré huit Camerounais et trois Maghrébins. Et je vous emmerde.
-C’est foutu. Je n’ai rien, mais mon patron m’a promis une augmentation. J’ai gagné mille euros au Loto et ma femme fait plongeuse en noir au bistro « Chez Mimile » les jours d’affluence. Et je vous emmerde.
-C’est foutu. Reynders me prend mille euros fin d’année sur ma pension de huit cents. Je peux rien y faire, alors je me débrouille. Je fais la soupe popu, les poubelles et j’ai de la chance de n’être pas citoyen de Kinshasa. Et je vous emmerde.
Si bien qu’on en est au consensus par l’absurde et qu’on n’est pas près de sortir d’où nos intellectuels nous ont plongés en habillant le vol pur du capitalisme, d’une morale de circonstance.
L’argent, critère implacable, loi des marchés, compétitions nécessaires, concurrence internationale : les vaincus, c'est-à-dire les neuf dixièmes de la population mondiale, n’ont qu’à souquer ferme sur la galère où ils ont été embarqués de force.
L’esclavagisme ? C’est pire aujourd’hui qu’avant-hier. Les droits de l’homme ? Vous vous foutez du monde ?

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Ils n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes, les cons, trop vieux, incapables, obsolètes à crever disent tous les discours de Di Rupo, à Frank Vanhecke, en passant par sa grâce Milquet, sans oublier milord Reynders, évidemment d’une autre manière, question de style, mais en rognant sur les budgets, en rayant les chômeurs en mégotant sur les petites pensions, bref en se conduisant en conducator du Veau d’Or.
Soit : l’argent est le principe ordonnateur de toutes choses. Le bourgeois pourra sauver sa petite qui a besoin d’un rein. Il s’en foutera de savoir qu’un paumé du quart monde a vendu un des siens pour tenir le coup un mois de plus.
Il s’agit de financer sa vie, subsidier la démocratie et l’on n’ira pas regarder comment du président Bush à, parfois, l’humble troupier wallon d’un obscur Conseil communal, ils se débrouillent.
On aura vaguement une idée des détournements de fonds des gens du pouvoir. On aura trouvé les candidats en touillant dans l’élite avocatière. Placés le fric, comme Janssen de chez Solvay, dans des lieux sûrs, nos incomparables ne pourront que prospérer dans la champignonnière des intérêts communs.
Société d’économie mixte, partenariat, montage, sponsoring, associations : l’argent moteur sert quelques-uns au détriment de tous les autres. Et on appelle ça gérer une Société !
Comme les intérêts privés s’imbriquent dans les secteurs publics, que les parastataux sont des commerçants d’Etat et que le monde des affaires, des médias, des sports et du gangstérisme s’interpénètrent sous le seul critère de l’argent, on ne s’étonne plus que les derniers juges intègres aient fort à faire, que les démocraties ne soient plus que des parodies et que les acteurs principaux, soient devenus des escrocs, appréciés de tous et félicités par le peuple pour leur réussite exemplaire !

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