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Profession : Rénovateur Progressiste.

-On te voit plus. Tu travailles ?
-Oui.
-Allais ! Qu’est-ce que tu fous ? Tu n’es plus inscrit au barreau ?
-Si. Mais j’en avais marre de plaider commis d’office. Alors, je me suis recyclé.
-Dans le privé ?
-Non.
-Dans le public ?
-Allons, réfléchi, qui est-ce qui engage le plus notre corporation, à part les gens qui se frottent à la Justice ?
-Le Parti socialiste ?
-Voilà. Tu as deviné.
-Bref, tu te lances dans la politique.
-Pas du tout. Du moins, pas encore Mais je suis sur la bonne voie.
-Tu es quand même payé ?
-Tu connais un avocat qui travaille pour rien ?
-Raconte ?
-Il n’y a rien à raconter. Gros QI m’a engagé comme chef d’atelier.
-Il se lance dans l’industrie ?
-Non, dans la rénovation. Je suis depuis la semaine dernière, chef des ateliers du progrès.
-Ton boulot, consiste à surveiller ceux qui rénovent ?
-Pas seulement. Nous formons des plans sur les comètes de l’avenir.
-Il y en a beaucoup ?
-Il y a plus d’ateliers que de comètes. Mais chaque section doit définir quelle est sa vision de l’avenir.
-C’est tout ?
-Non. Mais en fonction de la vision de l’avenir qui sera choisie par Gros QI, on rénove en même temps.
-Puisqu’il n’a pas encore choisi, comment peux-tu rénover ce que tu ne connais pas ?
-Allons, tu es avocat comme moi, tu sais comme sont les choses et que rien ne se fait sans le désir du chef. Si tu parviens à percer dans les propos du chef, sa vision du futur, tu peux en attendant que sa vision triomphe, rénover, c’est-à-dire écarter tous ceux qui n’entrent pas dans cette vision.
-C’est ce que tu fais ?
-Comme tu le vois.

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-Et toi ta vision du futur ?
-Je n’en ai pas encore.
-Pourquoi ?
-J’attends que Gros QI choisisse parmi les devoirs rendus des Ateliers du progrès, la version qui –si elle n’est pas directement inspirée par lui – en sera fort proche.
-…de sorte que…
-Eh oui ! ce sera la mienne aussi.
-Tu as toujours été assez opportuniste.
-Tu en connais qui ne le sont pas dans le métier que nous exerçons ? C’est, en principe, la plus nulle de toutes les professions libérales. Nous pourrions aussi bien vendre des lacets sur la Batte ou entrer dans la Magistrature et faire une belle carrière ; car, notre métier n’en est pas un tout à fait, puisqu’il ne s’agit que de s’exercer à l’art de la parole. J’ai la chance de vendre le rénovateur que tout le monde attendait. C’est un produit lustrant qui rend brillant le plus terne des cabots.
En plus, c’est un métier d’avenir, quand tu vois le parc automobile de ces messieurs… il est urgent de simoniser tout ça.
-Tu as raison. Tu n’as pas besoin d’un coup de main ?
-Non. Pas question.
-Je suis aussi avocat !
-Justement, tu imagines, si je les connais.
-Eh bien ! je te remercie.
-De rien. Vas donc voir au MR.
-Quoi ? Eux aussi ?
-Qu’est-ce que tu veux… C’est général…
-Si toi tu fais ateliers du progrès, eux font plutôt dans l’atelier protégé.
-Je sais. Les places y sont plus chères encore qu’ailleurs.
-Pourquoi ?
-Ils n’ont même pas encore épuisé la liste de protégés que Jean Gol avait déposée sur le bureau de Louis Michel, alors, tu penses…

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