Un nouveau Dalaï Lama
Gérard Dufeuillet de la Dépêche du borinage - Un clou chasse l’autre, comment dois-je dire, éminence, monseigneur, sire… à propos des méditations belges de sa gracieuseté ?
Le Dalaï Lama – Appelez-moi Tenzin. Les belges et moi méditerions ? Vous me surprenez.
G.D.- On vous a surpris, en pleine cérémonie bouddhiste, chuchoter à l’oreille d’Anne-Marie Lizin.
Tenzin – Anne-Marie et moi, c’est du domaine privé. Je coule ma sérénité dans son fond de solitude et nous communions sur les paroxysmes de nos jouissances humaines.
G.D. – Pas la moindre confidence, même sur l’oreiller ?
Tenzin – Nous nous délivrons de nos aspects humains sur des tiges de bambou entrelacées et croyez-moi, ça fait mal… comme tout mal vaut tout bien…
G.D. – Donc, vous ne connaissez rien aux problèmes actuels ?
Tenzin – Dans la méditation, j’ai surpris la sémantique comportementaliste d’Elio Di Rupo. Du reste, il m’a demandé une audience de consultation.
G.D. – De quelle nature ?
Tenzin – Il souhaite permuter.
G.D.- C’est-à-dire ?
Tenzin – Il me donne les clés du parti et moi je le fais mon successeur en Inde.
G.D. – Di Rupo, Dalaï Lama en exil ?
Tenzin – Pourquoi pas ? Il le sera bientôt au boulevard de l’Empereur !
G.D. – Justement. Ne croyez-vous pas que Elio Di Rupo en fait trop en partageant son temps de travail entre la Région wallonne (Namur), le PS (Bruxelles) et sa bonne ville (Mons) ?
Tenzin – Son Ipséité irréductible en délaissant Charleroi la magnifique, et Liège l’Ardente, le futur Dalaï Lama belge gère mal par téléphone, par mail, par SMS, de sa voiture, de son bureau, de sa maison, les problèmes qui lui sont soumis, Elio Di Rupo n'a plus guère le temps de voir ses fidèles. La question qui se pose désormais est de savoir si les affres quotidiennes que son parti subit ne finiront pas par compromettre son gros QI ?.
G.D.- Et les affaires de Charleroi ? Les gère-t-il correctement ?
Tenzin – Très mal.
G.D. – Pourquoi ? Serait-il trop indulgent ?
Tenzin – Au contraire. Il est beaucoup trop dur avec des âmes innocentes !
G.D. – Innocentes ! Certains sont en aveux, d’autres en passe de l’être. Il y aura des condamnations, peut-être même de la prison !
Tenzin – Vous ne comprenez rien au carma de ces ardents socialistes. Quand je serai président du parti, je convoquerai le bureau et ceux que l’on croit coupables sous un grand chêne de vos Ardennes. Là, après une nuit de méditation que j’aurai passée dans un 5 étoiles le plus proche avec Anne-Marie qui est ma conseillère dans la recherche de la parthénogenèse accélérée, dès l’aube je retrouverai mes fidèles sous le chêne et néanmoins sous la pluie et je leur dirai comment je vois nos braves militants de Charleroi.
G.D. – Quoi vous les absolvez !
Tenzin – Mais de quoi sont-ils coupables, mon enfant, de trop aimer le peuple ?
G.D. – C’est trop. Expliquez-vous ?
Tenzin – Voilà des cœurs purs, des socialistes opportunistes de proximité. Ils ont été remarqués pour leur travail et honorés comme il se doit. Leur élévation ne leur a pas tourné la tête. Au contraire. Ils ne souhaitaient qu’une seule chose : faire don de leurs personnes au parti, aux pauvres, à la plèbe, aux travailleurs en deuxième ou troisième vie…
G.D. – Bon. Passons.
Tenzin – Mais, ils ne le pouvaient pas, prisonniers de leurs cages dorées, environnés des vapeurs délétères de l’argent. Alors, comment se rapprocher des petits, des humbles ?
G.D. – Oui, comment ?
Tenzin – Mais en se réincarnant en hommes du peuple utilitariste ! Vous croyiez qu’ils volaient, alors qu’ils se rapprochaient de vous ! Au point que touchant à son comble l’humiliation, certains ont revendiqué l’honneur d’être en prison ! Vous entendez, sur la paille des cachots !
G.D. – Parlez-en, la paille est chez vous ! Ici, c’est mieux que sous le chêne que vous aurez choisi pour le bureau et les repentis dans notre Ardenne profonde.
Tenzin – Admettons. Mais le geste est symbolique. A la Baraque, en compensation, la mousson est fraîche. Il pleut souvent.
G.D. – Et Di Rupo en Inde saura-t-il vous remplacer ?
Tenzin – Le problème est différent. Pour redresser la barre, tellement on m’a volé, il faudra qu’il rétablisse les punitions anciennes.
G.D. – Des punitions de quel genre ?
Tenzin – Il devra faire venir des bourreaux de Chine. On pend le repenti par les pieds et on le scie en deux, en commençant par ses choses de la vie. Le meilleur bourreau est celui qui maintien le repenti en vie le plus longtemps.
G.D. – C’est horrible !
Tenzin – La paix en Inde est à ce prix, mon fils.
G.D. – Que pensez-vous de la Chine, mon Dalaï Lama ?
Tenzin – J’ai fait la Chine à pied. J’étais celui qui vendait de la serge ; Vous en voulez encore ?
G.D. – Non. Je n’ajouterai pas un quart à votre dû…