Une gauche à la danoise…
Gabrielle Coluche – Vous voilà beau, Gros QI, tout vêtu en Danois !
Héliogabale -: «L'admiration est un abandon heureux de soi-même » disait Sören Kierkegaard, inscription que j’ai lue sur une maison de Kolding. Jugez-moi sur mes résultats et vous verrez.
Gabrielle Coluche – Le succès des Etats membres de l’Union européenne a été assuré grâce à leurs bons modèles sociaux. On assiste à une remise en cause de nos systèmes de solidarité. Dopé par la globalisation de l’économie, le modèle libéral de privatisation et de détricotage de la sécurité sociale paraît indépassable. La régression sociale devient inévitable, car l’Etat « providence » fait obstacle à la compétitivité. Comment un parti comme le PS va-t-il gérer les pertes de pouvoir d’achat de ses électeurs qui semblent accompagner l’évolution capitaliste ?
Héliogabale - Si l’autorité n’a pas d’oreilles pour écouter, elle n’a pas la tête pour gouverner, cette devise de Fredericia…
Gabrielle Coluche - …au Danemark…
Héliogabale - …au Danemark, je l’applique dans la direction du gouvernement wallon. Quelles sont les caractéristiques réelles du modèle nordique ? Est-il transposable chez nous ? Quels enseignements en tirer pour faire évoluer notre propre modèle social ? Voilà ce que j’ai ramené du Danemark. On peut dire que je ne suis plus d’accord avec le modèle ancien socialiste.
Gabrielle Coluche – Comment, Gros QI, vous n’êtes plus socialiste ?
Héliogabale – Depuis longtemps. Nous avons opté pour un parti flex-sécurité.
Gabrielle Coluche – La mondialisation, la libre concurrence, l’individu triomphant du plus grand nombre, c’est le projet danois et donc le vôtre…
Héliogabale – Nous nous inscrivons dans la rénovation profonde du parti. Un parti plus réaliste et axé sur les impératifs du moment.
Gabrielle Coluche – Vous pouvez-nous les rappeler ?
Héliogabale – Nous avons repris le slogan de Louis-Philippe « Allez et enrichissez-vous ! »
Gabrielle Coluche – Et à l‘Institut d’Emile, ils sont d’accord de revenir à 1830 ?
Héliogabale – Il ne faut pas oublier que Louis-Philippe est un des ancêtres de l’actuel prince consort du Danemark, le prince Henrik, marquis de Monpezat. Et puis Louis-Philippe était un socialiste flexible moderne.
Gabrielle Coluche - Les Etats nordiques semblent allier prospérité économique, prélèvements fiscaux importants, protection sociale performante, chômage limité. N’êtes-vous pas déjà au plafond des taxes et impositions diverses en Belgique, supérieures au modèle danois pour avoir une chance de réussite ?
Héliogabale - La route qui mène chez un ami n'est jamais trop longue, dit mon collègue danois, Bendt Bendtsen, ministre de l’économie. Le peuple en bavera beaucoup, nous le savons. Mais il faut passer par là pour retrouver la foi en un socialisme flexible de progrès.
Gabrielle Coluche - Qui suit les avis de chacun construit sa maison de travers, dit-on à Odense…
Héliogabale – …au Danemark, faut-il le préciser. Soyons sérieux, avec l’Institut d’Emile, j’explore les modèles sociaux nordiques et j’ai déjà quelques pistes d’évolution du modèle social belge.
Gabrielle Coluche - Nyrup Rasmussen, Président du Parti socialiste européen, ancien Premier ministre Danois vous a séduit par son projet. Vous comptez le présenter à qui pour sa réalisation ?
Héliogabale – Nous agirons légalement. Nous l’avons toujours fait, en ne présentant pas le projet aux citoyens, comme pour la Constitution européenne ; mais à des sponsors comme Monsieur Dollé d’Arcelor, ou l’Indien Mittal. Monsieur Bill Gates n’est pas contre. Vous voyez nos solides références ?
Gabrielle Coluche - Quelles sont les conditions sociales de la flex-sécurité danoise ?
Héliogabale – La flex-sécurité est déjà d’application à Mons. Je vous annonce à ce propos que nous allons jumeler avec Arhus, ville danoise de la province jutoise. Et que nous attendons que Monsieur Cariat soit sorti d’affaires pour le nommer à un poste important.
Gabrielle Coluche – Et que pense Rudy Demotte de ce nouveau cap du parti ?
Héliogabale – Nous l’avons laissé au carrefour de trois exigences : l’efficience, la justice sociale et la prospérité économique.
Gabrielle Coluche – Et qu’y fait-il ?
Héliogabale – Mais la circulation, pardi. Nous avons toujours prévu des hommes aux emplois qui leur conviennent. C’est ça la force de notre flexibilité. Elle s’adapte partout.