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Louise pochtronne !

-Tu sais, Gustave, je ne t’ai jamais aimé.
-Pourquoi tu me dis ça maintenant ?
-Parce que j’ai envie de te faire souffrir.
-Quelle mouche te pique ? Qu’est-ce que je t’ai fait ?
-Tu es d’un monstrueux égoïsme.
-C’est la meilleure. T’ai-je jamais manqué dans quoi que ce soit ?
-Tu es bas, Gustave, tu es un Oméga. Tu passes à côté de quelque chose d’important dont tu ne soupçonnes même pas l’existence.
-Quoi ?
-Le grand amour, celui qu’on n’a qu’une fois dans sa vie.
-Quoi le grand amour ? Celui que tu me portes ?
-Justement ;
-Tu viens juste à peine de me dire que tu ne m’as jamais aimé !
-J’aurais pu t’aimer ainsi. C’est toi qui ne l’as pas voulu.
-Moi ?
-Parfaitement. Ta conduite est ignoble. Tu me négliges.
-Comment, je te néglige ?
-Oui. Je te demande un service, un seul service et tu ne sais pas me le rendre.
-Lequel ?
-Tu me déçois terriblement.
-Quel service ?
-Ah ! tu le sais bien et tu feins de l’ignorer.
-Je ne vois pas
-Voilà. Le mot est lâché. Tu ne vois pas. Tout est dans cette réponse, Gustave. Ta lâcheté, ton monstrueux égoïsme… Tu ne vois pas ! C’est fou ça… Mais ça ne fait rien. J’ai bien fait de me venger avant.
-Te venger de qui ? De moi ?
-Parfaitement. Tu te rappelles les transformations à l’appartement l’année dernière ?
-Oui.
-Je me suis tapé le menuisier.
-Le type qu’on avait pris en noir parce que sa femme l’avait quitté et qu’il avait besoin d’argent pour payer l’avocat !
-Celui-là même.
-Et pourquoi as-tu fait ça ?
-Pour te punir.
-De quoi ?
-De ce que tu m’as fait.
-J’enrage, à la fin. A ce moment-là tu ne savais pas encore que mon monstrueux égoïsme allait te décevoir au point que tu allais prendre un amant !...
-Deux.
-Quoi, deux ?
-Oui, le menuisier et le type du dégât des eaux.
-Quoi, lui aussi !
-Tu vois, hein ! que cela te fait quelque chose… Tu te rends compte où t’as mené ton égo démesuré…
-On ne sait pas discuter avec toi. Tu tiens des propos décousus, incohérents… Tu as bu… hein ?
-Moi ?
-Oui, toi, tu t’en es jeté quelques-uns dans le cornet…
-Mais, mon cher, je vous emmerde.
-C’est bien ce que je disais.
-Comment préfères-tu que je t’appelle ? Henri ou Victor ? Henri c’est le menuisier et Victor le « Dégât des eaux ».
-Où as-tu mis la bouteille ?

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-Derrière l’évier.
-Mais elle est vide !
-C’est bien ce que je te reproche.
-Comment vais-je savoir si ce que tu me racontes avec Henri et Victor n’est pas insensé ? Quand je repense à leurs pauvres gueules… merde !... Tu te tapes n’importe quoi !...
-Parle pour toi, pauvre type.
-C’est vrai, quand je te vois… Mais qu’est-ce qui m’a pris ?
-Si tu choisis pas entre Henri et Victor, je vais choisir pour toi, une fois de plus. Je choisis Victor. Dorénavant, c’est ton nom… Victor. Il te va bien.
-C’est le plus dégueulasse des deux !...
-Justement. Tu lui ressembles très fort… Eh bien ! Victor…
-Gustave !
-Eh bien ! Victor, quand est-ce que tu montes une bouteille de la cave ? Ta Louise a soif, mon gros rat…

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