Vacuité estivale.
-On n’a plus la coupe du monde de foot. Le Tour c’est fini. Le maillot jaune a des couilles… si, comme il s’en défend, ce n’est pas le docteur Mabuse qui le pourvoie de testostérone. Zizou ne joue plus, mais ça plane toujours pour lui. Justine a les genoux cagneux. Merde, qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ça ?
-T’as les pâtés de sable du bourgmestre devant la Violette.
- Il paraît que les gens s’y rabattent comme à Ostende. Malgré la surveillance, les chiens y lèvent la patte et les pigeons assaisonnent la sauce. On va chopper des maladies…
-T’as eu les Francofolies.
-On a les jeunes talents qu’on peut. J’ai rarement vu pire.
- Et la coupe du Championnat du Monde de la rame, le RCAE et l’Union nautique qui s’alignent.
-Ça n’intéresse personne, à part quelques snobs.
-Toi. Tu t’intéresses à quoi ?
-Je me demande…
-T’as la télé ?
-J’ouvre plus que Télépro. Le poste, c’est plus la peine.
-Tu regardes pas même les infos ?
-Pour qu’on m’explique que le Liban, c’est bien fait pour sa gueule ? Il n’avait pas besoin d’abriter les palestiniens qu’Israël avait foutu dehors en 78, qu’on nous dit sur RTL.
-Tu fais de la politique, toi ?
-Comme ça…
-T’es pour qui ?
-Je sais pas… la guerre me dégoûte.
-Et en politique intérieure ?…
-Tu pointes à la RTBf ?
-Tu parles !
-Pour les Socialistes ?
-…
-Je vois : t’es MR et tu voudrais bien que tes champions recollent au peloton du Conseil communal !
-Je t’en fous. Fais pas chier. Qu’est-ce que tu fabriques, en ce moment ?
-Y a comme un vide. Voilà deux semaines que je conge et ça fait huit jours que je m’emmerde. Pourtant j’aime pas le travail. T‘y comprends quelque chose ?
-J’ai compris. T’es pas parti en vacances et tu accuses le monde entier…
-Voilà cinq ans que je campe chez moi rue de Campine à m’occuper pour me distraire.
-Ah ! J’oubliais, à cause de Mutine. T’en es où dans le divorce ?
-On doit tout refaire. Les manches avaient envoyé la convocation à une autre Mutine qui n’a rien compris.
-D’où ta tronche…
-Pas du tout. J’en ai rien à foutre du divorce. C’est elle qui veut, et elle vient pas.
-Alors, c’est quoi ton problème ?
-J’en ai pas. Je repeins la barrière de la proprio pour me faire plaisir. Enfin, je croyais, sauf que ça m’emmerde terrible depuis 5 minutes.
-La proprio… Attends, c’est pas la grosse qui vient de sortir ?
-Tout juste.
-C’est la mienne aussi. Combien elle a de maisons ?
-Elle sait plus. Elle peut plus les compter… mais quand elle pressent qu’un ver à bois va grignoter la rampe d’un de ses escaliers, elle accourt avec son produit.
-L’argent la rend heureuse.
-Non. L’argent qu’on lui doit la met au désespoir.
-Selon toi, tout est pourri et tout c’est de la merde ?
-Ça, c’est l’ancienne formule de Richard III.
-Tu as de ses nouvelles ?
-Oui. Il prend parti. Il adhère. Il s’excite contre les uns, prend parti pour les autres. On lui a coupé le sifflet, voilà 3 jours. Il s’en remet…
-Son opinion !… C’est son ego, son opinion. Les gens n’en ont rien à foutre… On devrait le décorer, le mec qui nous a débarrassé de sa majesté…
-Il sombre dans le folklore… m’étonnerait pas qu’il fasse Tchantchès au cortège du XV Août. Il postulerait une place dans le gouvernement de la République Libre d’Outremeuse que ça surprendrait personne. Il lit les toutes-boîtes, va aux manifestations, ne rate pas un feu d’artifice. On l’a même vu prendre une cuite au village gaulois. Hier, il gueulait que, dans le fond, l’équipe PS-CDh de la Ville, c’était pas si mal que ça…
-Il est tombé bien bas !
-…pourtant, il n’est pas journaliste.
-C’est un con !
-C’est un con !
-Toi, t’es pas con ?
-Parle pour toi. L’autre jour, je t’ai vu chez IKEA avec ta famille, tu y as passé l’après-midi, puis vous vous êtes tapé des gaufres à la cafeteria. Ne dis pas non, j’y étais, je vous ai vus !...