Des Germains et des Latins.
C’était prévu, dans le désert de l’info estivale, c’est Leterme qui ramasse tout.
Il nous fait une crise flamingante d’un bel effet. Mais, dans cette haine rémanente des fransquillons il y a une autre haine que nos patriotes exacerbés ne veulent pas voir, celle de l’Etat belge.
Là-dessus, Olivier Maingain, l’ineffable, porte plainte pour les propos qu’il a tenu, en quoi les partisans de la liberté d’expression ne peuvent être d’accord. Enfin, cette plainte relevant d’un folklore pré-électoral n’est que l’expression d’un ridicule dont le Bruxellois est coutumier.
C’est triste à dire, mais le flamand n’est ni plus ni moins qu’une langue bâtarde, un peu comme le français risquera de le devenir un jour par rapport à l’anglais.
D’où cette frustration incessante que l’on rencontre chez les politiques et les intellectuels flamands.
Reste l’autre haine, celle d’un Etat belge dont par compensation nos « hommes d’Etat » francophones portent au pinacle.
Et ils n’aiment l’Etat, ces Pygmalion, que parce que l’opinion générale en wallonie est pour le Roi, la Loi et tout le saint tremblement. La tendance « retour à la France » deviendrait à la mode, vous les verriez parler du « département de l’Ourthe » et des exploits de l’Armée des Sans-culottes.
C’est l’inverse de l’autre côté de la ligne Siegfried-Thyl Uilenspiegel. Puisqu’on en est à la lourdeur belge, disons que ce qui accentue la lourdeur générale, c’est le plomb de la lourdeur flamande. Là, on n’aime pas l’Etat belge à cause de cette aigreur germanique prévenue par atavisme et préjugés contre l’insouciance latine. Nous sommes dépensiers de leur argent, tandis qu’eux sont économes et prévoyants. Nous sommes peu instruits et immatures, tandis qu’eux sont réfléchis et polyglottes. Cela bien ancré dans leur esprit comme dans celui d’Yves Leterme. Quant au fond, c’est pire. L’âme flamande est profondément nationaliste et viscéralement de droite. Tout nous sépare d’eux. Ce qui est extraordinaire c’est que nous n’avons pas d’Yves Leterme en Wallonie. Certes nous avons aussi nos séparatistes, nos rattachistes, mais tout cela dans le folklore et la bonne humeur. Nous entendons le chant des sirènes, un peu comme si nous assistions au Conseil de la république Libre d’Outremeuse. Nous n’y croyons pas. Et nos élus non plus.
C’est notre drame, les Flamands sont demandeurs et comme on ne peut les satisfaire qu’en liquidant l’Etat belge, on leur abandonne sous forme de concessions notre âme et finalement notre honneur.
Pour raccommoder la porcelaine Di Rupo sait qu’il ne peut pas tenir fermement une position wallonne et francophone devant des gens qui ne demandent pas mieux qu’il y ait rupture.
Ce n’est pas une tactique chez Leterme et ses semblables, c’est l’expression d’un dégoût de la francophonie et la volonté de se défaire d’un Etat fédéral de plus en plus lamentable à leurs yeux.
La faute incombe à nos dirigeants, les anciens comme ceux d’aujourd’hui. Di Rupo l’a écrit. Nous avons débuté dans la lâcheté à la création d’une frontière linguistique arbitraire, injuste et déjà conçue pour retenir les Flamands.
Nous n’avons pas cessé depuis de nous pendre à leurs basques à implorer qu’ils restent avec nous, alors que nous n’avons rien en commun à part le roi, le foot et la bière, comme a dit Leterme à quoi peuvent s’ajouter les frites et l’humour à la belge qui est un condensé de l’almanach Vermot et des lieux communs de la connerie occidentale.
Reste que malgré les rodomontades et les prurits nazis, les Flamands sont couillonnés sur leur territoire artificiellement gonflé par le rôle linguistique apparemment favorable, de la montée du Français dans la périphérie bruxelloise et la persistance des habitants de régions entières de la Flandre à s’exprimer en français lorsqu’il s’agit d’avoir une pensée précise.
C’est là que nos pitoyables défenseurs trouvent des forces dont ils auraient tort de se priver. Les Flamands ne peuvent plus annexer Bruxelles à leur fuite en avant. Ils ne pourraient pas condamner 90 % de la population « aux facilités » dont ils accablent les résidents francophones qui campent sur « leur » terre
Ils ont beau établir leur quartier général dans la capitale, bénéficier à leur tour des facilités pour une représentation proportionnelle à la peur que nos élus ont qu’ils nous abandonnent, jamais ils ne pourraient fonder un Etat flamand en faisant de Bruxelles leur capitale. Ce serait une première dans le monde d’un Etat raciste et unilingue ayant pour capitale une ville qui ne parle pas la langue élue !
Que nos petits lâches se rassurent, leurs positions devant les Flamands tiennent sans eux. C’est à se demander si nos ministres ne sont pas un peu pervers en souhaitant la lente pénétration des thèses flamandes, comme les derrières appellent certaines natures à vite baisser les pantalons.