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Liban : il est urgent d’attendre

Tous les Dupont-Liban brûlent d’amour pour les Libanais. Les Cohenliban en raffolent. Les Bush-Beyrouth sont prêts à quitter l’église évangéliste rien que pour le sourire d’un enfant de Cheebaa. Bush-Beyrouth envisage la fin de la violence sur le terrain. Son porte-parole a souligné "je ne crois pas qu'il se fasse la moindre illusion sur ce qui reste à faire". En effet, le porte-container américain qui doit débarquer des munitions urgemment demandées va arriver sous peu à Haïfa et il serait dommage qu’on n’utilisât point sa cargaison à cause d’un cessez-le-feu trop rapide. Il faut dire aussi que le porte-parole de la Maison Blanche s’appelle Tony Slow, c’est dire s’il s’agit d’être lent.
Même les Tsahal-Nabatiyeh réclament des mariages mixtes avec la famille Hezbollah.
Kofi Annan se dit décidé à envoyer ses enfants étudier le chiisme à Ansar.
Depuis quinze jours tout le monde adore ce petit pays.
S’il ploie sous les bombes, c’est un affreux malentendu.
Le projet de résolution franco-américain sur le Liban appelant "à une cessation complète des hostilités" a été jugé samedi "très important" par le ministre du tourisme israélien, Yitzhak Herzog, porte-parole des amoureux de la paix du gouvernement de Tel-Aviv. "C'est très important car ce projet montre que l'on entre dans la phase de la diplomatie",
Peu après cet élan d’amour, le cabinet de sécurité israélien a approuvé la poursuite de l'offensive au Liban, tout bêtement parce que le premier ministre s’était trompé de papier, il pensait à la pêche au gros en mer Rouge !... C’est ballot quand même. Même le ministre israélien de la Justice Haïm Ramon, celui qui fait ses communiqués depuis la radio des armées, a estimé que le projet de résolution de l'ONU était bon…
Notez qu'Israël a encore quelques objectifs militaires à atteindre. Oh ! pas des masses… Bien entendu les excuses et la peine du Ministre le plus haut en grade de Tsahal sont garanties à la suite des bombes qui tomberaient par inadvertance dans des écoles et sur des villages, tuant des enfants.

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Le Liban enthousiasmé de l’amour universel est donc sauvé. La paix est presque faite. Juste le temps d’ensevelir les derniers morts avant les fêtes de la réconciliation. Quant à la démocratie et au suffrage universel, personne ne trouverait à redire si le Hezbollah était rayé des listes électorales, des fois qu’il deviendrait majoritaire au Liban comme en Palestine.
En attendant que la résolution entre en vigueur « l'armée « incomparable joyau annoncé déjà du temps de Moïse » continuera d'agir. Cependant le temps presse. L'armée devra achever dans les prochains jours son offensive, nous dit d’un ton suave le ministre israélien de la défense.
A cette nouvelle délectable, Sharon s’est retourné sur son lit d’hôpital. « Tiens, a remarqué un de ses médecins, il s’est retourné comme s’il était déjà dans sa tombe ».
Que Chirac discute d’une virgule que Condoleezza dans une traduction imparfaite du cessez-le-feu aurait déplacée, et vlan, voilà une bombe garantie Kacher qui tue une poignée de civils en plus. C’est dire si les traducteurs et les grammairiens ont intérêt à faire des heures sup.
Blair a évidemment assuré Condoleezza de son soutien inconditionnel parce qu’elle a de jolies jambes, qu’elle joue bien du piano et accessoirement qu’un accord sur le Liban à l'ONU est "un premier pas vital pour mettre fin à cette crise tragique".
On va vers une séquence de sortie de crise en trois étapes : cessez-le-feu, accord politique entre toutes les parties, puis envoi d'une force internationale sous l'égide des Nations unies.
C’est la première séquence qui est dure à enclencher. A force de tirer des salves les artilleurs des chars sont devenus sourds, pareil en face à cause du sifflement des roquettes.
On cherche un traducteur français-anglais en langage sourd-muet. On en a bien trouvé un, mais il est au chevet de Castro, dépêché par les cubains de Santa-Monica qui restent sourds au chant des sirènes de La Havane. De toute manière, il ne parle qu’espagnol.
Tandis qu’on meurt toujours au Liban, la première résolution, celle d’un cessez-le-feu n’est pas encore annoncée qu’on parle déjà de la seconde, des fois que la première serait sans effet.
Faut-il qu’on l’aime, le Liban pour vouloir refaire tout le pays à neuf, quand il n’y aura plus un immeuble debout. Quant à la population, l’Europe a prévu le parcage des gens dans des zones de reconstruction, afin de sauver l’espèce en voie de disparition. C’est ainsi que la RTBf nous donne chaque jour des nouvelles des Beyrouthins de Bruxelles. Ils vont bien merci. Knock-le-Zout qui n’a pas d’oiseau mazouté en ce moment, pourrait en accueillir quelques-uns.
Les réfugiés n’attendent qu’un peu moins d’amour de la communauté internationale pour retourner chez eux.
Ce qui pourrait encore prendre un certain temps. Celui de retrouver les deux soldats de Tel-Aviv toujours portés disparus.
On se demande qui, après le Liban, Israël va aimer beaucoup. On lui prête déjà tant d’amour pour la Syrie et l’Iran ! Quant à l’Irak, qu’Israël aimait à la passion du temps de Saddam, Tel-Aviv se réjouit que ce sera bientôt la révolution à Bagdad pour y déverser ses torrents d’amour, grâce à son grand complice aux sentiments élevés qui prêche la paix et la fraternité à longueur d’année à Washington.

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