Liège tutûte.
C’est fait, Paul-Emile Mottard, le fils de l’autre, député permanent chargé de la culture, sort sont carnet d’adresses pour la troisième édition des Zurbaines, des fois que vous auriez envie de lui adresser un petit mot d’encouragement à la veille des élections d’octobre.
Vous ne savez pas ce que c’est les Zurbaines ? Vous n’êtes pas les seuls à être hors du coup, déculturés à vie, façon officielle. Les Zurbaines, c’est le festival international des arts de la rue qui sévira sur nos places et espaces libres, ces 8, 9 et 10 septembre.
-Avec les patrichoses citoyennes, dis donc ! Ça va en faire du tintouin…
C’est que tous les pauvres types qui perdent leurs quilles ou qui accordéonisent rinforzando l’année durant et à qui les Autorités permettent d’exercer « leur art » sont mobilisés, avec quelques renforts d’orphéons descendus du plateau de Herve. Pas de quoi trouer le plafond du conservatoire, de remettre la piste en état au théâtre des variétés, même si certains de ces pauvres gars ont du talent, je pense au saxo place Cathédrale, entre autres.
Nous revoilà beaux, au milieu de cette culture en sabot post-15 août !
Avec une mention particulière à ceux qui veulent dormir chez eux autour de la place du Marché le samedi après minuit, on peut le dire fièrement bourgeois de Liège, la culture est à la marge, le crayon rouge pointé à la cote maximale. On ne sait pas si Paul-Emile sera en blanc et en paillettes, mais ce qu’on sait, c’est qu’il sera là pour gloser culture du haut de l’estrade Tivoli, poil pile quand la Télé-Radio locale aura mis ses moteurs en marche.
« Paul-Emile l’indubitable culturel vous parle ! » On en pleure à l’avance ;
Ce sera l’occasion, peut-être, de répertorier les féaux du rucher de la gaudriole liégeoise. Car enfin, ils ne sont pas tout seuls à s’autoadmirer, les gens d’estrade ? Il faut des barons pour entraîner le badaud.
Car, si la culture sera à ranger au plus vite avec les accessoires électoraux passés octobre, il faut quand même que les orphéons sonnent des cuivres, que les femmes des éligibles se remuent un peu les fesses pour animer les gigues, et que les « amis de toujours » se poussent au premier rang des fans.
Si c’est un dur métier pour Paul-Emile, la culture liégeoise ; celui de fan est plus dur encore ; car le fan est personnellement responsable du succès ou de l’insuccès. Le succès n’est évidemment pas la qualité du spectacle. Il est dans l’adresse à faire-valoir le chef, sans que cela se sache trop.
On ne peut pas savoir comme la métaphore admirative est contraignante. Si la culture, tout le monde s’en fout, par contre, l’Autorité est intransigeante sur la qualité du rapport mentionnant ses membres éminents. En dessous du génie proclamé, les fans folliculaires commis à l’interview sont en péril.
Pour les aider, j’ai préparé un petit texte qui rend compte à l’avance des cérémonies.
« Nous n’oublierons jamais les festivités de ce…. 2006. Les Autorités communales ont contribué largement au succès sous la responsabilité de…… et de….. (à remplir selon les intérêts des fans). Nous avons, pendant trois jours, assisté à des spectacles de classe internationale (recopier le programme) ; mais c’est surtout le discours de…. qui nous a rendu confiance en l’avenir culturel de notre cité. Liège peut-être fière de ses élus. J’ai noté particulièrement l’enthousiasme et les qualités d’organisateur de l’excellent…., membre du …. , parti que tous les Liégeois apprécient. Nous remercions (suit une liste de gens qui ont un intérêt à être vu et à participer à ces 3 journées, sans oublier les noms des éclairagistes et même ceux des petits gars des voiries communales, du service d’horticulture pour la décoration et de l’école d’hôtellerie pour la collation et la table (toujours placer somptueuse avant ou après table) dressée au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, et surtout (viennent les noms des sponsors dans l’ordre d’adhésion au parti dominant.)
Il est recommandé au folliculaire, qui aurait effectivement assisté en tout ou en partie aux festivités, à rehausser de petits détails, comme le pèkèt offert aux conseillers communaux, l’extrait de poésie qui doit toujours figurer dans tout événement culturel.
En l’occurrence, il y a celui tout approprié d’Apollinaire. On aurait pu citer une gloire locale, Jacques Izoard, par exemple, si seulement il était connu du public en-dehors des Chiroux !
« Dans la plaine, les baladins s’en vont au long des jardins… ».
Cette poésie convient à merveille. Elle a été interprétée par une vedette de la chanson, ce qui la rend facile à retenir et accessible à une érudition sans prétention. Pour les plus fins, elle suggère déjà la saison théâtrale de décentralisation de Stavelot.