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Thérapie entéléchique

-Tu mets la jambe gauche bien droite, tu tires dessus, tu pointes en écartant les cuisses…
-C’est drôle votre thérapie !
-C’est nouveau. Ne sois pas distraite. Concentre toi. Je prends ta taille. Glisse comme pour échapper. Qu’est-ce que tu ressens ?
-Une sorte d’angoisse à me demander pourquoi vous avez besoin que je sois en petite culotte pour l’exercice.
-Tout doit sortir du corps.
-Vous me faites mal.
-Le corps est un chantoir d’où doit sourdre les bonnes et les mauvaises liqueurs.
-Je respire mal. Je sens que je vais avoir un malaise.
-Reprends ton souffle.
-Lâchez-moi la poitrine.
-Voilà, c’est bien. Un peu de théorie.
-Je peux me rhabiller ?
- Tu veux rater la thérapie ? On est en phase. Tu ne sens pas monter en toi des chaleurs inconnues ?
-Je sens surtout que cela va mieux dès que vous me lâchez.
-Amandine, tu n’es pas encore prête. Tu dois faire des progrès, tu sais, pour admettre que ton mari s'est enfui avec ta meilleure amie le jour de la Saint-Nicolas du petit Ferdinand.
-Je sais, c’est pourquoi je suis ici.
-Et comment feras-tu des progrès ?
-En vous faisant confiance. Mais en même temps, je me dis que ce n’est pas bien d’exposer mon corps. Ce n’est pas juste.
-Veux-tu que je me mette nu aussi ?
-Pour la thérapie ? Non, alors. Gardez votre pantalon.
-C’est pourtant ce que nous serons obligés de faire, quand viendra le moment du grand aboutissement.
-Ce n’est pas ce qui est écrit sur le prospectus. « La grande thérapie, sans contact, par magnétisme extra-sensoriel. Par le docteur Youssouf des Facultés ».
-Chaque cas est différent. Ça, c’est la thérapie ordinaire. Mais, je sens ton âme plus tourmentée que la moyenne. Il te faut la thérapie dite du contact saccadé. On reprend. ?
-Qu’est-ce que vous allez encore me faire ?
-Remets-toi en situation, Amandine, je sens ton terrain propice. La taille cambrée, le postérieur ressort au maximum. Attention, le mouvement de balancier. Expulse, propulse, révulse… une deux…
-Qu’est-ce vous faites derrière moi ? Je vous vois dans la glace !
-Tiens bon, Jean Jeudi, hardi mon gars…
-C’est qui Jean Jeudi ?
-Vous n’avez pas lu Henry Miller.
-C’est qui ?
- Un thérapeute de la chose. Avec son Jean Jeudi, il a guéri bien des langueurs.
-J’arrête, je suis en nage.
-Repose-toi mon enfant. Demain, je passerai le relais à Jean Jeudi.
-Le docteur sera là ?
-Oui, mon enfant. Et tu verras la suite logique de cette thérapie de groupe en solitaire. Tu auras le bénéfice de ces trois semaines assez dures de mises en train.
-Il me semble que lorsque je rentre chez moi, je pense moins à Benoît Etienne.
-C’est ce que je disais. C’est lent, mais efficace. Il faut y croire.
-C’est pour demain la grande séance ? Vous n’allez pas encore me demander de me mettre toute nue ? J’espère que Jean Jeudi n’est pas comme vous.
-Non. Demain tu gardes tout. Tu t’allonges et je t’hypnotise. Je sens que tu es réceptive. Cela va marcher.
-Et qu’est-ce qu’on ressent quand on est toute endormie ?
-C’est comme un miel fécond qui coule en toi. Quand je dirai « Benoît Etienne sors de cette femme, il y aura comme un combat. Tu croiras qu’il te pénètre, mais ce sera Jean Jeudi.
-…qui va me pénétrer ?
-…dans ton imaginaire, bien entendu. Au bout de trois minutes, tu sentiras une chaleur de bien-être envahir tout ton corps et tu seras guérie.
-Si ça pouvait être vrai !

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-En attendant, encore une séance d’assouplissement doxologique en l’honneur de la trinité : Youssouf, Henry Miller et Jean Jeudi.
-Vous me promettez que vous ne me tordrez plus les seins ?
-Evidemment, puisque nous sommes en phase mydriasique grâce à la poudre d’ellébore…
-Ah ! vous alors, vous êtes un drôle. Il y a une chose que je vous demanderai pour demain. C’est de ne pas faire sortir Benoît Etienne trop vite de mon corps, des fois que le docteur Jean Jeudi parviendrait à le décider de rester.

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