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Une démocratie herméneutique

De quelque côté on reprenne le raisonnement, on arrive au même résultat.
Nous nous saoulons de mots, indifférents à ce qu’ils contiennent. Nous nous nourrissons d’illusions.
Un regret est au bout de chaque tentative. Nous aimerions tant que cela fût vrai, qu’à chaque échec succédât une nouvelle espérance.
Force est de reconnaître, parmi les manières à gouverner les peuples, la seule à ne pouvoir être une réalité, c’est la démocratie !
Oh ! je ne suis pas le seul à le reconnaître. Tous nos mentors le savent. La démocratie est un idéal. Il s’en faut de beaucoup que nous l’atteignions !
Lénine ne disait pas autre chose du communisme. On voit ce qu’il en est advenu.
La navigation se poursuit vers une Atlantide problématique.
D’où la propension du système actuel à se hausser du col.
Alors, que défend-on aujourd’hui, en Europe ?
Après les Grecs, qui y aspiraient avant nous sans pouvoir l’atteindre, les successeurs d’aujourd’hui défendent deux consignes.
1. La démocratie est un but que l’on atteindra un jour, puisqu’on est sur le bon chemin.
2. La boutade qui rendit Churchill et quelques autres célèbres avant lui « La démocratie est le plus mauvais des systèmes, à l’exception de tous les autres » garde son succès.
Avec ça, on est paré contre toutes les dictatures. Ici, c’est mieux qu’en face ! Et ça l’est parfois, quand on compare ce régime à celui de l’Iran.
Cependant la conduite d’un pays par le peuple reste impossible. Ce n’est pas que celui-ci soit à jamais immature, mais il entend rarement la voix de la raison qui passe par le discours diplomatique, d’où la kyrielle de diplomates raisonnant à sa place.
Il y a toujours entre le peuple et le pouvoir une volonté, un intérêt et un raisonnement.
Parfois, cette volonté est honorable.
Exemple. Il est probable que les gens de la rue soient majoritairement racistes en ce pays. Est-ce la volonté du peuple de faire des lois contre le racisme ? On a donc raison de forcer des citoyens peut-être majoritaires à respecter la loi. Ce faisant, on foule au pied le sacro saint principe de la volonté du peuple.
Certains diront, voire ? Peut-être avez-vous tort ? Il y a une majorité pour approuver ces lois.
Qu’est-ce qu’on en sait ? On a été voir ? Y a-t-il eu un referendum ?
Les toujours contents diront « Vous avez un droit de censure, aux élections suivantes n’élisez pas ceux qui ont mal interprété votre pensée. »
Voilà encore une belle manière de mettre à mal la « future » démocratie : la délégation des pouvoirs !
Je délègue mes pouvoirs pendant quatre ans à un type, à un parti, à un gouvernement dont je ne suis pas certain qu’ils respecteront les courants populaires d’une opinion majoritaire !
Et si avec ce mépris-là de l’opinion, la Flandre se réveillait un jour majoritairement à l’extrême droite ?
La majorité du peuple, par le peuple est bien la pierre d’achoppement de nos régimes.

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Quand ils ont raison de craindre le vote sanction du peuple, ils s’en passent ! Personne ne nous a demandé notre avis sur la Constitution européenne.
Un homme politique sait qu’il ne serait pas élu sur une explication honnête des impôts, aussi ne les explique-t-il pas. C’est pour cela qu’on n’en parle jamais, sinon pour évoquer certains allégements.
Celui qui dans son programme revendiquerait des augmentations d’indemnités parlementaires serait certain de ne pas être élu. Cependant, depuis dix ans, il n’est qu’à vérifier les comptes. Ces messieurs se sont bien servis.
L’inégalité des citoyens devant le système électoral belge est flagrante. Bien qu’en principe, tous citoyens ayant l’âge légal peut se présenter au suffrage des électeurs, on en est bien loin. Ce n’est pas si simple. Des barrières existent, moins pour barrer la voie aux farfelus que pour canaliser l’opinion dans des partis « qui jouent le jeu ».
Comment trouver les moyens d’une égalité des chances, alors que l’intrigue, la notoriété, l’argent, à l’intérieur des puissances partisanes, plus que l’adhérent, décident des places ?
C’est impossible.
Quelqu’un a dit « On devrait donner le pouvoir à ceux qui en ont le moins envie. » C’est bien. Mais comment réaliser cela ?
Et tout est à l’avenant. Il semble, comme en philosophie, pouvoir choisir entre le juste et l’injuste, mais la théorie n’est pas la pratique.
La démocratie est une utopie après laquelle tout le monde soupire, mais qui sera toujours inapplicable, tant que les gens ne vivront pas dans la vertu citoyenne absolue.
Le régime actuel s’adapte aux circonstances. Est-il victime d’un terrorisme ? Il devient « terroriste » à son tour, durcissant ses lois et contraignant ses citoyens.
Il se rapproche des adversaires qu’il est censé combattre par les restrictions des libertés.
Le commerce international fait-il pression, le voilà qui propose des régressions de toute nature et des retours en arrière inquiétants. Il prône la mobilité des citoyens dans la course à l’emploi. Il parle de sacrifices nécessaires, alors que le PIB est stable ou en hausse.
Il nous dit que c’est la loi du progrès et que nous devons nous adapter.
Et tout cela avec un raisonnement qui convainc les gens.
Autrement dit, le régime n’est en rien démocratique, il ne s’inscrit par dans un programme d’avancées démocratiques, mais s’éloigne de jour en jour de l’idéal démocratique.
Il existe au-dessus du peuple et au-dessus des gens qui sont au-dessus du peuple, d’autres organisations plus puissantes de commerce et d’industrie que personne en ce pays ne contrôle.
Nous voilà beaux avec nos slogans, notre façon de nous vanter de nos pseudo-libertés, à exposer au monde « ébloui » ce que nous avons le culot d’appeler « une démocratie ».

Commentaires

Je partage depuis longtemps ton point de vue sur la démocratie qui est un mot "mirage".Mais il faut être réaliste. On n'oblige personne à être con :si les gens veulent se laisser duper consciemment, c'est leur affaire après tout. C'est difficile de se tenir au courant et de former des jugements personnels adéquats: la plupart préfèrent s'en remettre à l'appareil des partis qui jouent sur cette démission.De toute façon, la démocratie est le règne des médiocres et non des élites; on pourrait remplacer cela par un régime élitiste, type "despote éclairé". Le problème est qu'on risque autant d'avoir de grands tyrans peu éclairés que des lumières un peu despotiques.La vie en société exige un ajustement continuel aux circonstances du moment; elle ne s'accomode guère de grandes idées générales vertueuses.

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