Le début de la fin…
On a prétendu que le PS avait limité les dégâts aux élections communales. Si cela est vrai dans certains cas, dans l’ensemble il y a eu beaucoup de fritures après les ondes négatives du PS de Charleroi qui ont dérangé la mécanique de la gagne et laisser mal augurer de l’avenir, c’est-à-dire les élections législatives de l’années prochaine.
Les dernières en date ont été le couac de Jean-Louis Close, à Namur, juste après le "largage" de Bernard Anselme par le parti. Close ne sera pas député permanent et Anselme se retire de la vie politique sur la pointe des pieds.
L’affaire en soi n’a rien d’extraordinaire. Puisque des compensations en représentations existent comme à Binche où Marie Arena refait surface après une défection de la liste du bourgmestre d’une ancienne du MR, ce qui permet une alliance PS, MR. Par contre, à Huy, traditionnellement socialiste, Lizin perd sa majorité absolue et devra composer avec ses anciens adversaires. Ce qu’elle fera très bien. On peut lui faire confiance.
Ce n’est pas pour gloser sur de pareilles constatations que chacun peut faire à la lecture des journaux, mais pour une autre analyse, celle-là plus inquiétante, au-delà des avatars d’un parti en proie à des affaires relevant des tribunaux.
Il y a un malaise perceptible au sein du parti socialiste qui relève d’une concurrence interne qui a tous les aspects d’une course à l’échalote.
C’est un peu comme si l’observateur était sur la banquise afin de vérifier le réchauffement climatique de la planète et que sous ses pas, la glace commencerait à se fissurer dangereusement.
On a dit à propos des Ecolos, après le jour des dupes à Schaerbeek qu’ils étaient devenus un parti ordinaire, c’est-à-dire peuplé d’âmes basses, de gens médiocres et de planificateurs de plans personnels de carrière.
Voilà très longtemps que le Parti Ouvrier Belge (POB) est devenu le PS en passant par là. Mais, c’est relativement récent que d’abandon en abandon, le PS donne à présent l’apparence d’un parti où des pseudo élites, en général peuplées d’avocats, trompent par leurs discours, une base ouvertement plus à gauche qu’eux.
Et pourquoi d’avocats ? Mais parce que c’est une profession qui pousse très loin l’art de la parole pour ne rien dire.
C’est que les gens qu’ils sont censés représentés vivent une société de consommation qui est à peine à leur portée, une société qu’il n’y a pas très longtemps encore, ils rêvaient de transformer. Il reste de ces temps-là, la nostalgie d’une vraie camaraderie d’action faite de caractère d’hommes bien trempés, de désintéressement et de courage où les discours avaient un sens et étaient suivis d’effets.
Et que voient-ils ? Des messieurs qui vivent autrement qu’eux et qui parlent un autre langage. Pire encore, des « intellectuels » qui ne sont plus qu’au service d’une minorité de fonctionnaires qui en les parasitant et avec eux l’Etat, leur servent de prétexte et de garde rapprochée.
Ce qui est grave dans la maladie de langueur de ce parti, c’est qu’éclatent des querelles de personne dont aucune ne cède ainsi à la malignité publique sa part de quant-à-soi pour des raisons d’égalité et de justice collective, mais pour des inimitiés d’intérêt dont l’électeur n’a que faire.
En un mot, on ne se bat plus au PS pour des causes nobles, mais pour des places.
Cela était à prévoir.
On ne devient pas impunément un parti ordinaire sans céder sa part de pureté originelle. L’exemple d’Ecolo, plus près de nous, plus rapide aussi dans sa liquéfaction, devrait faire réfléchir, non pas les « élites » socialistes, mais les petites gens des sections locales et leurs supporters.
Les « élites », elles, sont condamnées à pervertir jusqu’au bout le parti des travailleurs, jusqu’à ce que des gens nouveaux les relèguent dans les placards de l’histoire, ou, et cette dernière version est la plus vraisemblable, que le parti perdure avec ses avocats dans les méandres d’une société gadgétisée avant de finir, comme les Maingain, Clerfayt, Fournaux et autres Gérard Deprez, dans les bagages du train du parti libéral.
Tous les scénarios sont possibles.
Les élections législatives de l’année prochaine seront les signes que les craquements internes s’amplifient, ou bien qu’une équipe, jusque là faite d’inconnus, nettoie les écuries d’Augias et redonne l’espoir à une base déboussolée.
Décidément, plus on fouille dans le passé afin de trouver les raisons de cette lente décadence du PS, plus on en revient à l’idée que l’abandon solennel de la théorie de la lutte des classes a sonné le début de la fin d’un idéal.