Honneur aux travailleurs flamands.
On est forts… Il paraît qu’on vit depuis dix ans sur le dos des Flamands. Ils travaillent plus que nous, tellement plus que nous on fout plus rien. Ce n’est pas eux qui le disent, mais l’Union wallonne des entreprises. De quoi je me mêle…
Marie Arena fait ce qu’elle peut – c’est-à-dire pas grand-chose – pour avancer les chiffres d’un taux d’emploi en légère augmentation, et faire plaisir aux cadres wallons de la Région, malgré tout très éloignés de la moyenne européenne. (Pas les cadres wallons, les chiffres.)
Elle croyait que Marie-Dominique Simonet avait ses patrons bien en main et que pourvu qu’on les laissât se gaver de subsides et qu’on fermât les yeux sur l’intérim, ils la boucleraient sur les capacités travaillantes de la jeunesse wallonne.
Mais voilà, les chiffres du chômage wallon n’ont plus été aussi mauvais depuis 10 ans ! Ces dix années correspondent au temps que les Flamands disent nous avoir sur le dos. Alors, de quoi ils se plaignent les admirateurs de la belle Marie-Dominique ? Ils n’ont pas à nous supporter, puisque les Flamands s’en chargent !
Mais ce n’est pas tout.
Ils accusent une Marie Arena, la perle de notre démocratie avancée, de laisser crétiniser l’école par les crétins de l’enseignement !
Comme si les pauvres qui enseignent en pouvaient !
A la vérité, les athlètes du capitalisme mondial que sont nos patrons étouffent dans leurs costumes trois pièces en Wallonie. Ils avaient rêvé de grands destins, d’Amérique et où vont-ils ? A Libramont à la foire aux boudins !
Il y a bien certes quelques parfums d’exotisme et quelques satisfactions de l’esprit, dans les missions commerciales, mais outre que c’est le Prince Philippe et Marie-Dominique Simonet toujours à la portière à nous faire des petits signes d’amitié, qui pompent l’air, nos nouveaux Rastignac ressemblent à Saccard l’usurier, sur les photos de famille.
C’est ça, Saccard Aristide, de la Curée d’Emile Zola. Le portrait collectif est frappant. Si ces gens (les patrons) avaient tant soit peu de lettres et d’esprit, ils se reconnaîtraient dans ce portrait « …ce petit homme à la mine chafouine porte en lui toute l’avidité de jouissance matérielle des Rougon, avec une nuance particulière de sournoiserie qui le rend prêt aux intrigues les plus vulgaires ».
De quel droit ces minables du coffre-fort allégé se permettent-ils de critiquer nos chômeurs et le dernier carré d’intellectuels qui nous reste, les enseignants ?
Ce faisant, ils ne perçoivent pas qu’au-delà de leurs perfidies, c’est toute la nation flamande qui pourrait la trouver mauvaise. Ne vont-ils pas éveiller chez elle quelque revendication secrète, comme par exemple celle de ne plus nous prendre en charge à la prochaine législature !
Ce serait le comble que placés dans l’alternative de réclamer leurs traitements ou de payer les subsides aux entreprises, nos ministres, dès la fermeture du robinet flamand, se verraient contraints d’arrêter de subsidier ce joli parterre d’entreprises, alors immanquablement en déficit !
On voit d’ici l’emblématique Marie Arena vendre son cher bureau à l’encan alors qu’il lui a coûté tant de larmes et d’excuses chuchotées d’une voix chevrotantes d’émotion ! et Madame Simonet sous-louer une mansarde au port autonome où sa petite marinière sur jupette plissée, jadis, fit merveille, au point que bons nombres de journalistes locaux s’en souviennent encore !...
Tout ça à cause d’une bave patronale auprès de laquelle celle des crapauds est un élixir…
La voilà bien la stratégie de l’Union wallonne des entreprises, toute dans les mains de nos crétins présidents directeurs de nos mirifiques établissements.
Heureusement il y a parmi cette aristocratie cossue de bureau, un garçon tout simple et qui n’oublie pas qu’avant son mariage, il était d’un milieu fort modeste, Monsieur Mené, si vous m’entendez, rétablissez donc la vérité parmi vos pairs.
Ceux qui vivent aux crochets des Flamands vous en devraient bien de la reconnaissance.
Une supplique aux Flamands : Si vous travailliez davantage, peut-être serions-nous mieux indemnisés en Wallonie ?... Parlez-en à vos patrons. Faites des heures supplémentaires.
Merci d’avance.
Commentaires
Très juste pour Mené! Nous sommes tiraillés entre deux attitudes: dénoncer la perfidie du monde du profit et dénoncer l'aveuglement des gens de gauche qui croient que tout est possible sans effort (yaqua prendre aux riches...!). L'accouchement s'est toujours fait dans la douleur. SPINOZA clôturait L'ETHIQUE par ces mots: "tout ce qui est remarquable est difficile autant que rare!". La gauche et la droite ont perdu la Wallonie; mieux vaut changer d'attelage!Pour BERGSON, le futur n’est pas donné, n’est pas prévisible (contrairement à ce qu’avance un Teilhard de Chardin par exemple) et la démarche humaine, comme pour SPINOZA, est exigeante : « Nous répudions la facilité. Nous recommandons une manière difficultueuse de penser. Nous prisons par-dessus tout l’effort : notre intuition est réflexion. Mais, parce que nous appelions l’attention sur la mobilité qui est au fond des choses, on a prétendu que nous encouragions je ne sais quel relâchement de l’esprit ». On retrouve ainsi chez BERGSON comme chez SPINOZA, l’attention, l’énergie et la profonde joie philosophique qui sont aussi dans le bouddhisme trois des plus importants facteurs d’éveil. Encore une fois, nous observons que le regard profond de ces deux grands philosophes qui ont vraiment vécu leur philosophie, est inséparable d’une attention rigoureuse au fonctionnement de l’esprit et d’un socle rationnel solide. L’homme sage qui a la tête dans les étoiles a aussi les pieds sur terre : à lui de faire en sorte de s’appuyer sur un sol ferme et non de patauger dans la glaise.
Postée le: michel | novembre 9, 2006 08:28 PM