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Charlie et Mahomet.

Avec la fin de la prétention des religieux catholiques de vouloir régenter l’Etat, on croyait la race des bigots, sinon éteinte, du moins neutralisée, en Europe. Eh bien ! non… les cafards de bénitier à peine disparus, en voilà d’autres sur des tapis orientés vers la Mecque. Arrêtés devant Vienne en 1683, les revoilà à Paris devant les tribunaux !
C’est ainsi que des croyants attraient les 7 et 8 février devant le tribunal correctionnel l’hebdomadaire « Charlie Hebdo » pour avoir osé reproduire les caricatures du prophète Mahomet parues dans le journal danois Jyllands-Posten.
La mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France unies pour jeter l’anathème sur de malheureux journalistes, voilà la relève assurée et du travail pour Anastasie, si le Tribunal tombe dans un genre nouveau de bondieuserie.
Ce qui n’est pas assuré, c’est qu’il n’y tombe pas. Si on se rappelle la prudence de Chirac condamnant une « provocation manifeste » au nom de son électorat musulman au temps où il conservait l’illusion de remplacer Sarko par Villepin et où il avait besoin de tout le monde. Ce en quoi il avait grandement tort, car, ce qui est en jeu, c’est ni plus ni moins la liberté d’expression. Notion fort peu appréciée chez les barbus qu’approuvent nos sycophantes.
Philippe Vol, cité dans « Philosophie magazine » écrit : « Ceux qui se disent humiliés car on a humilié leur dieu prouvent qu’ils se prennent pour Dieu lui-même » en rappelant que si, à l’inverse, la mosquée de Paris et l’UOIF se moquaient de Charlie Hebdo, le journal lui, ne les attaquerait pas.
C’est un test pour la laïcité et le droit de dire ce qu’on pense.
On pouvait imaginer que notre société européenne avait tranché depuis longtemps le différend qui sépare la liberté de philosopher, voire d’exposer à la curiosité des lecteurs des dessins humoristiques publiés dans une presse étrangère et la piété envers une religion.
On se souvient au moment de l’affaire des injures des islamistes à l’encontre des « impies » traitant Charlie Hebdo de « journal-torchon », « raciste » et même « islamophobode et néo-doriotiste » faisant ainsi allusion aux collaborateurs français des nazis ! Cela rappelle le « cas Spinoza » lorsqu’il publia le Traité théologico-politique… en 1670 !
Alors, ce fut la hiérarchie de l’Eglise catholique qui se déchaîna bientôt relayée par le peuple, traitant le philosophe de « Satan incarné à l’érudition déféquée » et ne manquant pas de mettre en évidence ses origines par un « Mort au juif Spinoza ».
J’ai relu pour ce faire, le chapitre XX du traité cité ci-dessus. Le titre en vaut déjà le détour : « On établit que dans un Etat libre chacun a le droit de penser ce qu’il veut et de dire ce qu’il pense ». Bien sûr, il n’est question le plus souvent dans tout l’ouvrage que du comportement du roi avec ses sujets et des sujets vis-à-vis du roi ; mais, il aborde parfois de manière directe la question de l’autorité religieuse.

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« …il n’est pas possible qu’un homme abdique sa pensée et la soumette absolument à celle d’autrui. » écrit-il dans le premier paragraphe, en n’oubliant pas, quelques pages plus loin d’affirmer une vérité si souvent vérifiée « Moins on accorde aux hommes la liberté de pensée, plus on s’écarte de l’état qui leur est le plus naturel, et plus par conséquent le gouvernement devient violent. »
Enfin entrant nettement dans les rapports de l’église avec les hommes, il nous rappelle : « …qu’en outre les schismes n’ont pas pour origine l’amour de la vérité, mais un violent désir de domination : ce qui prouve plus clair que le jour que les vrais schismatiques sont bien plutôt ceux qui condamnent les écrits des autres et animent séditieusement contre les écrivains la foule effrénée, que les écrivains eux-mêmes… ».
C’est sans doute à la lumière de la citation ci-dessous que Philippe Vol instruisit la sienne : « Qu’arrive-t-il enfin ?» argumente Spinoza « …que ces hommes (les prêtres) usurpent toute autorité, et ne rougissent point de se déclarer immédiatement élus par Dieu, de proclamer divins leurs décrets, et simplement humains ceux qui émanent du gouvernement, afin de les soumettre aux décrets divins, c’est-à-dire à leurs propres décrets. »
Ceci est écrit dans l'espoir que les juges parisiens flytoxerons ces cloportes liberticides, relaxeront Charlie Hebdo et donneront par des attendus argumentés tort à Jacques Chirac dans sa tiédeur dangereuse d’opportuniste bon à tout, si nuisible à l’esprit français, de Montesquieu à Sartre.

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