La liberté à Merdiland…
-Monsieur Jean-Philippe Stadt vous êtes président à vie de Merdiland, pouvez-vous situer ce pays pour nos auditeurs ?
-Bien volontiers. Il résulte de la jonction de deux communautés, les Bœufs au Nord et les Cinglés au Sud. Capitale : Capitalismus. Comme vous ne l’ignorez pas, Jules césar nous avait fédérés dans sa guerre des Gaules : « De tous les Cinglés qui ont la Gaule, ce sont les Bœufs qui ont la trique. »
-Vous avez, depuis quelques temps mis en place une politique de sécurité. Voulez-vous nous en parler ?
-Dans un premier temps, nous avons placé des caméras. Cela étant insuffisant, nous avons placé des caméras surveillant les caméras ; puis interdit les armes à feu, les couteaux sont en passe d’être retirés de la circulation.
-Comment feront les bouchers pour le découpage des viandes ?
-Au laser.
-Et les habitants ?
-Ils se débrouillent avec des scies à métaux.
-Vous avez obtenu des résultats ?
-Oui. La criminalité a augmenté de 45 %
-Comment expliquez-vous cela ?
-Les délinquants n’ont pas rentré leurs armes à feu, ni leurs poignards. Les Agents fédéraux ont cru que la circulaire s’adressait à toute la population. Respectueux des lois, ils ont obtempéré. Si bien que seuls les malfaiteurs n’ont pas rentré leurs armes.
-Vous allez réarmer la police ?
-Non. Nous allons sommer les malfaiteurs de respecter la loi.
-Et pour la suite ?
-Nous avons établi un système de double sas pour l’entrée à l’école. Première étape, exactement, comme dans tous les aéroports du monde, l’élève dépose ses objets personnels sur un tapis d’inspection. Seconde étape, une machine le reconnaît à ses empreintes digitales.
-Pour la sortie ?
-Aucun contrôle. Merdiland est un pays libre.
-Vous êtes satisfait ?
-Les violences dans les établissements scolaires ont augmenté de 12 %.
-Voilà qui est curieux.
-Mais explicable. Comme il n’y a pas de contrôle pour la sortie, les élèves les plus violents entrent par la sortie.
-Il fallait y penser.
-Nous allons les piéger, car dorénavant les entrées se feront par la sortie et les sorties par l’entrée.
-On dit que la pédophilie a beaucoup baissé chez vous. Vous avez une méthode ?
-Nos résultats dépassent nos espérances. Dorénavant l’éducation des enfants se fait par les enfants eux-mêmes. Ils vivent en circuit fermé jusqu’à un certain âge. Les parents, les ecclésiastiques et les enseignants ne sont autorisés à les approcher qu’à dix-huit ans, âge légal de la scolarité à Merdiland.
-Si bien que lorsque vous parlez de vos élèves d’école primaire…
-Ils ont entre dix-huit et vingt-cinq ans.
-Que pensez-vous sécuriser pour l’avenir ?
- Nous avons interdit de fumer à l’intérieur et à l’extérieur des habitations...
-Pourtant vous vendez des cigarettes. Vous-même êtes je crois fabricant de cigarettes.
-Oui, la Crapuleuse, une cigarette 100 % cancéreuse.
-Pourquoi ?
-Une cigarette fumée est une atteinte à l’autorité de l’Etat. Donc elle doit être sanctionnée. Nous pensons que plus nous fabriquerons des cigarettes nuisibles à la santé, plus le contrevenant sera sanctionné.
-Mais alors, pourquoi les fabriquez-vous ?
-Comment bouclerions-nous notre budget sans les taxes énormes que nous prélevons sur la cigarette ?
-Vous avez constaté une diminution de fumeurs à Merdiland ?
-Le bilan est favorable à l’expansion de l’usine qui fabrique la Crapuleuse.
-Donc votre politique en matière de tabac n’est pas bonne !
-Au contraire. Nous avons engagé deux cents personnes sur le zoning de Capitalismus où notre usine est implantée et ouvert des centres anticancéreux partout.
-Vous avez prévu autre chose ?
-Dans un proche avenir nous allons élargir le port d’un bracelet électronique à toute la population. Nous le réservions jusqu’à présent à nos libérés conditionnels.
-Vous craignez que le terrorisme gagne Merdiland ?
-C’est une manière d’affirmer aussi notre patriotisme, car chaque bracelet sera animé à volonté par les forces de l’ordre qui pourront le faire réagir à distance.
-Comme une voiture qui se déverrouille automatiquement quand le propriétaire appuie sur son contact ?
-Exactement.
-Pour faire quoi ?
-Jusqu’à présent le bracelet entame sur demande le chant de la patrie, la Merdilandaise. Nous sommes avant tout des patriotes, madame Fabienne Vande Chose !