Le cas de Muriel D.
Est-ce que je suis déconnecté de toute réalité, trop has been pour comprendre, je n’arrive toujours pas à imaginer qu’il puisse se trouver des gens normalement constitués pour se mettre une ceinture d’explosif à la taille et se faire exploser dans un endroit le plus peuplé possible, afin de faire le plus grand nombre de victimes, toutes innocentes et prises dans la tourmente par le hasard absolu d’être là au mauvais moment ?
Je ne vois pas au nom de quel intérêt supérieur on peut souscrire à un tel acte ?
Aucune religion aujourd’hui, aussi sanguinaire soit-elle, ne peut pas trouver autant d’irresponsables, pour un aussi aléatoire résultat… Guerre de civilisation, hégémonie d’une façon de voir sur les autres, esprit de domination paranoïaque, la thèse d’un Ben Laden inspiré ne tient pas la route, quand on sait que ce fils à papa milliardaire s’est mué en prophète comme on obéit à un caprice. Comme il est allé trop loin, il est sans doute entré dans la peau du personnage qu’il s’est créé, sans plus pouvoir en sortir. Ne serait-ce que parce que sa tête est mise à prix. Il y a des canulars qui finissent mal. Le sien, il le sait certainement, n’aura d’autre issue que fatale.
Mais les autres, les suiveurs, les seconds couteaux, les influençables, les têtes brûlées ?
Véhiculons-nous sur la lancée de nos “civilisations” éparpillées, de plus en plus de déséquilibrés, d’immatures, d’esprits faibles ?
Le cas de Muriel Degauque est exemplaire. Cette Belge convertie à l’islam après son mariage avec un barbu extrémiste, décide à trente ans de rejoindre Bagdad et de placer sur son ventre de femme, là où toute vie commence, une charge explosive afin de tuer avec elle la vie à proximité! Cette djihadiste de raccroc, que savait-elle des passions et des haines, des grandeurs et des bassesses du monde, afin de mesurer la responsabilité de son acte ?
A moins d’être une faible d’esprit subjuguée par un fou proxénète religieux, on ne peut pas une seconde envisager la chose.
Or, ces assassins ne sont pas tous fous. Il en est même après avoir fait de bonnes études et vécu honorablement qui disparaissent du jour au lendemain et qu’on retrouve peu après dans la chronique des faits divers, à la catégorie particulièrement horrible des attentats.
Ces malades mentaux qui s’ignoraient peut-être jusque là ou qui cachaient bien leur névrose profonde à leurs proches, se découvrent brutalement comme en crise ouverte. Et, ce qui est encore plus étonnant, l’entourage souvent passe pour faire le deuil de façon curieuse, en exaltant le “sacrifice” de l’assassin, dont l’acte ainsi passe comme gratifiant et valant au “sacrifié” d’entrer sans désemparer au paradis d’Allah !
On voit même des mères qui enjambant la période des pleurs et des lamentations, surtout dans la tradition musulmane, bondissent de joie en brandissant la photo de leur fils assassin afin que nul n’en ignore de la noblesse de son acte !
Comme il serait intéressant de connaître la vie de Muriel Degauque jusqu’à ses trente ans ! Comment elle vécut avant de rencontrer son fanatique époux, quels étaient ses antécédents, avait-elle eu des déboires amoureux, un passé psychiatrique ? Comment percevait-elle ses parents ? Avait-elle été une enfant choyée, détestée ou niée ? Avait-elle lu Victor Hugo, fréquenté les philosophes, réhabilité Nietzsche ? S’était-elle un peu saoulée le samedi en discothèque en se berçant de l’illusion qu’elle ferait une carrière dans la chanson, la danse, la revente du shit, alors qu’elle vivait mal sa troisième professionnelle ? Avait-elle trempé son front dans le baptême chrétien ? Avait-elle un peu couché partout dans le quartier ? Savait-elle au moins lire et écrire, et d’après quels modèles, des romans photos, des gazettes, écrivait-elle ses billets de rendez-vous ? …ou n’avait-elle été qu’une ancienne droguée qui croit trouver son salut dans la religion et qui passe seulement d’un enfer à l’autre ?
Et le mari ? Qu’est-il devenu ? Est-il poursuivi pour complicité de meurtres ? Est-il si faraud que cela d’avoir envoyé quelqu’un d’autre se faire tuer à sa place dans la mission qu’il s’était donnée pour plaire à Dieu ?
Décidément, je suis trop profondément laïc pour croire que se tiennent debout de façon cohérente, les songes creux des religieux.
Alors qu’on ne sait pas historiquement, matériellement et sans baragouiner qu’un Dieu quelconque régit nos destinées, que d’une manière ou d’une autre, personne ne l’a jamais vu se matérialiser d’une manière incontestable, écrit quoi que ce soit, voilà que des illuminés, convaincus que Dieu parle par leur bouche, décrètent des arrêts, inventent des histoires et interprètent les pensées de l’inimaginable avec l’assurance et la foi farouche du mauvais dramaturge qui en veut à la critique et à la terre entière que sa pièce est un four.
Ce serait drôle et grotesque, si ces religieux n’étaient pas souvent des comploteurs dans l’âme, des maniaques de la puissance d’un dieu qu’ils sont les seuls qualifiés à représenter. Si des gens simples et naïfs ne prenaient leurs élucubrations pour des faits avérés et révélés, si des oisifs du genre de ben Laden ne se découvraient brusquement une vocation intéressante qui les sortirait de leur ennui d’enfant de riche !
Que ces fous s’entretuent, que des prêtres illuminés s’exaltent, on verrait bien ça en plein désert, entre eux, mais qu’une femme belge “convertie à l’islam” se fasse sauter sur un marché de Bagdad, c’est trop, c’est insupportable.
Et si, sur le temps qu’on le peut encore, on réaffirmait la primauté de l’Etat laïc sur le bric-à-brac des croyances ?
Si nous nous décidions à être plus fermes vis à vis des barbus, des haineux et des fous de dieu
- ce n‘est pas moi qui le dit, ce sont eux qui le disent qu’ils sont fous – par exemple en ne faisant plus la distinction entre religions et sectes, afin de renvoyer les premières dans le pot-bouille des dernières ?
Les religions et les sectes, toutes mortifères ?