Vers le tout répressif
En Belgique, comme en Europe occidentale, on a tendance à emboîter le pas à la politique américaine, même si, depuis l’affaire irakienne des voix indépendantes se sont fait entendre et notamment celle de Jacques Chirac.
Le gouvernement Verhofstadt composé, comme chacun feint de ne pas le savoir, de libéraux du centre et de socialistes de droite, joue la carte de la menace des intégristes islamistes « toujours devant nous " et incite les populations à rester vigilantes car "la guerre contre la terreur " n’est pas finie. Il y a même des relents nostalgiques de la guerre froide dans les discours des plus exaltés. On a lu dans la presse des propos appelant à la guerre d’une civilisation exemplaire (la nôtre) sur la barbarie (l’Islam).
Evidemment le plus clair des inquiétudes exprimées est à usage interne. A quelques mois des élections, il est impératif de détourner les regards de la politique intérieure afin d’épargner la majorité actuelle.
On voit bien que les lois prises à la hâte sur les armes, sur l’usage des écoutes téléphoniques et la prolifération des caméras de surveillance, sont des lois opportunistes qui succèdent à des faits-divers qui frappent l’opinion. Ainsi, le gouvernement à l’air de prendre des mesures dans la nécessité, tout en masquant les atteintes à la liberté et à la vie privée des citoyens.
L’attention des électeurs est détournée des manœuvres antisociales : les diminutions du nombre des bureaux de poste et des services publics, le mal-être des enseignants et le mauvais fonctionnement de l’instruction publique avec deux réseaux d’enseignement dans une cohabitation délicate de concurrence nécessitant de lourdes dépenses pour peu de résultats, la gabegie persistante dans le système quintuple de gouvernements et l’archaïsme des fonctionnements des provinces avec ces roitelets inutiles que sont les gouverneurs.
On pourrait ainsi dérouler des pages de griefs, tant du point de vue de nos rapports avec une Europe assottée de libéralisme, de nos conflits linguistiques incompréhensibles sauf pour la classe politique flamande frustrée en permanence depuis 1830, de notre asservissement complet aux ukases de l’économie mondialisée et déshumanisée, de notre incapacité à régler les rapports entre l’argent et le travail, que de la manière dont les pouvoirs publics gèrent nos taxes et contributions, ainsi que la comparaison saisissante entre les salaires et pensions de base avec ceux des mandataires et hauts fonctionnaires, compte tenu de la misère générale.
Ceci dit, la menace d’un attentat terroriste est certaine. Mais entre cette menace qui pèse sur le monde entier, y compris sur le monde musulman et les affirmations d’un Dick Cheney que l’Iran enrichissait, depuis Avril 2006, de l’uranium de qualité militaire en utilisant 164 centrifugeuses en cascade dans la centrale de Natanz, il y a de la marge. L’Agence Internationale pour l’Energie Atomique qualifie les propos de Cheney de " scandaleux ", " malhonnête ", " inexact " et " trompeur ".
Nous n’avons pas participé à la guerre d’Irak. Participerons-nous à celle d’Iran ? Est-ce à cela que le tandem libéral-socialiste nous prépare ?
Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller de sécurité nationale du président Carter et l’un des plus prestigieux stratèges du pouvoir américain, affirmait récemment : " les prescriptions des néocons et leurs équivalents israéliens sont mortels pour l’Amérique et en fin de compte pour Israël. Elles retourneront totalement une majorité écrasante de la population du Moyen-Orient contre les Etats-Unis. Les leçons d’Irak parlent pour elles mêmes. Si les politiques des néocons continuent à être poursuivies, les Etats-Unis seront expulsés de la région et ce sera le commencement de la fin pour Israël ".
Est-ce cette politique extérieure stupide que nous privilégions en Belgique afin de détourner les gens de leurs problèmes ?
Autrement dit, nous serions les victimes d’une maffia politique préférant l’aventure extérieure plutôt qu’une explication intérieure, malgré l’attitude franchement pacifique que nos représentants affichent à l’ONU et au Conseil de l’Europe et que contredisent les lois découlant des propos alarmistes diffusés par des médias aux petits soins du pouvoir !