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Enfin, les grands problèmes…

Le débat, le vrai, le seul, celui qui divise de la gauche à la droite, au point qu’on en arrive aux mains, la haine féroce et l’inoubliable insulte, c’est à l’identique dans les milieux de la politique, comme chez les bourgeois les plus huppés : qu’est-ce qu’on se met sur le corps et dans quoi est-ce qu’on roule ?
Les vraies Assises des cabinets, réunions militantes, ergotages suprêmes : les fringues, les Goodyear ou les Michelin… bien avant la vie sociale, le débat public, le budget et même les putes. C’est quoi ta voiture ? Ton chauffeur, t’en es content ?
Rien qu’à voir ce qui rentre ou qui sort du Berlaimont, de la rue de la Loi, du Rond-point Schumann, on sait ce qui tracasse, qu’empêche le gouvernement de tomber. On devine les ambitions… les angoisses à pas être réélu… Ferrari plutôt que Jaguar, en rêve secret, Mercedes et BMW en rêve avoué !
Vous ne croyez tout de même pas que les potes de Charleroi se soient dévissé le cul pour pousser la famille, honorer les contrats difficiles, de Lucien à Jean-Claude, d’Albert à Jean-Marie ; que ces dames du boulevard de l’Empereur et de l’avenue de la Toison d’Or, ces messieurs de la rue des Deux Eglises et d’ailleurs se cherchent des poux sur Bruxelles Halle Vilvoorde ou la régionalisation de la Sécurité sociale ?
Savoir si on porte à gauche ou à droite, le croisé ou le boutonné simple, voilà qui est prégnant, d’actualité toujours… de l’entièrement fait main, Ermenegildo Zegna… Aubercy, Shipton & Heneage, Scabal…
L’aporie des banquettes parlementaires : la rivalité d’Oxford et de Derby sur la qualité du cuir dans le fini du soulier… les huit ou les six trous à lacer… révolution des oeillets pour les forts coups de pied…
Bien sûr, tout le monde n’a pas le goût d’usage dans les salons ; mais même les rustauds, les grossiers naturels, les vulgaires par principe, les démagogues du verbe, finissent par sombrer dans l’essayage. Monsieur José, si vous voulez passer en cabine ?... prego…
En 2007, vous porterez un costume adapté à votre morphologie qui corresponde à vos préférences de coupe, de modèle, de couleur, de type de tissu, etc. Une prise de mesure, trois semaines de fabrication, un essayage, une semaine pour des retouches éventuelles... et vous voilà un autre homme, bien présentable et tout, qui tranche avec le militant vulgaire.
Les mandats, c’est pas faits pour dormir dans les coffres, ce n’est pas le moment de s’habiller dans le prêt-à-porter et poigner dans la caisse « spéciale » à Charleroi ou ailleurs, passer cinq jours à la Grande Motte avec une secrétaire. Ils peuvent plus baiser sur autre chose qu’un multispire, l’Epeda 1988, quasiment introuvable… On vise haut, camarade, les Bermudes, par exemple ? Déjà le bagage Vuitton, ça fait trois séances de direction chez Dexia… Les Seychelles, deux jetons de présence d’Intercommunale… faut savoir, merde !...
Ils sont unanimes dans le choix. Il n’y a pas à baragouiner, faut aller au charbon pour survivre...

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C’est à la représentation nationale que ça se gâte… de ces tronches d’envie dans les travées : Didier où il fait faire ses costumes ? La grande question qui les agite. Et les pompes d’Elio, des orteils si difficiles, prompts à l’œil-de-perdrix, t’as vus dans quoi il les range ? Il fait facile du 45 ? C’est dégueulasse tout de même que j’attende les miennes depuis six mois et que lui…
Il va chez Duret, certain…
Qu’est-ce qu’ils se foutent que la Jonagold fait dans les 1 € 50 le kilo, et qu’on allait faire baisser le prix du pain en rétablissant la liberté de son prix…
L’inquiétude de ce que le minus va bouffer demain, c’est pour la frime de tribune.
Tandis qu’ils lisent ce que le nègre a écrit, qu’ils s’arrêtent, semblent souffrir pour le pays entier, prennent le premier rang à témoin, pourtant tout gagné à la cause, ils pensent que l'oxford possède une structure en escarpins avec un cou-de-pied dont le décolleté est voilé par une languette totalement recouverte par deux petits volets obligatoirement percés de cinq œillets, norme imposée par John Lobb depuis 1880. On voit même des oxfords à six œillets comme ce modèle de Weston.
Certains même confondent les œillets. A les voir, on les croirait parlant de leur trou de balle, mais non, c’est d’empeigne qu’il s’agit.
Tous les grands de ce monde arborent à leurs pieds l'un de ces deux modèles donc pourquoi pas vous ?
Quant à l’accessoire, les montres par exemple, ça se voit pas trop… la suisse à 4000 mille €. C’est seulement pour bien se sentir dans le poignet gauche. Elle sert à rien, du reste, quand ils demandent l’heure, c’est le chauffeur qui la donne sur sa Casio.
On n’abordera pas le martyr des dames aujourd’hui, des volumes entiers n’y suffiraient pas…

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