Le mister cash Beauvau hors d’usage !
C’est un petit marrant, Sarkozy. Il n’a pas son pareil pour condamner la cinquième république, tout en réfutant l’argument qu’il en faut une sixième !
Voilà un homme qui est au pouvoir depuis quelques années déjà et qui nous déclare que son parti, dont il est le président, qui a fourni le plus clair des membres des gouvernements successifs du Président actuel, a eu des comportements qui ne lui plaisent pas et qu’il faut les changer, sans porter lui-même une part de la responsabilité !
C’est vrai, il n’est plus le même homme.
Mais avant de savoir en quoi, ce n’est pas dans sa situation de ministre de l’intérieur ; car, si Chirac au terme d’une négociation avec l’intéressé, le soutien aujourd’hui officiellement, c’est à la condition que Sarkozy quitte la place Beauvau. Ce qu’il vient de promettre en traînant les pieds.
C’est dans la description que sarkozy fait du centre en nous parlant de son aventure personnelle, qu’il est le plus convaincant. Comment ne pas voir que le portrait qu’il fait de Bayrou est le portrait des politiciens de pouvoir, le PS compris, tous attachés à cette conquête de l’opinion du centre, qui est, par nature, instable et inconsistante et qu’un moindre fait divers peut influencer.
Le cas Bayrou, tantôt à gauche, tantôt à droite, c’est la dure réalité des partis qui gouvernent, obligés à se prêter à l’exercice qui veut contenter tout le monde et qui en dernier ressort ne contente personne.
C’est ce que l’on pourrait reprocher au Parti socialiste belge de la même manière que celui de François Hollande.
Il est également assez symptomatique que Nicolas Sarkozy s'en prenne à la "démocratie participative" de Ségolène Royal. On voit bien dans ses arguments, la crainte de se laisser emporter par une opinion fondatrice d’une nouvelle politique, alors que la sienne est, au contraire, axée sur le suivisme économique dans l’orthodoxie d’un capitalisme mondialisé, avec une Amérique triomphante qui donne le ton. Ces libéraux fort conventionnels ont peur des initiatives populaires tant ils savent bien, une fois au pouvoir, que la formule reste la même, celle que Chirac a suivie, un dégoûtant empirisme au service d’une économie de marché sans états d’âme, mais à laquelle on insuffle un semblant de vie sociale, par des constats évidents, comme la campagne de Chirac sur la fracture sociale, qui ne sont jamais suivis des effets correcteurs d’une contre politique à celle de fracture !
Pour Sarkozy le projet de référendum de la candidate "Ce n'est pas le remède contre la dictature de la pensée unique, c'est la fin de la démocratie représentative dans le soupçon généralisé !", ajoutant, "ce n'est pas une nouvelle manière d'associer le peuple aux décisions qui le concernent, c'est juste la forme ultime de la démagogie". Parce qu’il estime qu’une élection tous les quatre ans avec un taux de participation à peine supérieur à la moitié des électeurs, permet d’envoyer à la direction du pays des hommes qui sont certains de mener une politique cohérente et juste dans la généralité de ce que veulent les gens, en se proclamant investi par la confiance populaire !
Si c’est là l’ambition de Sarkozy en matière de démocratie parlementaire, on peut dire qu’elle est très limitée. C’est même dans le programme de Ségolène le seul point qui soit vraiment capital et ce que n’aurait garde de proposer Elio di Rupo en Belgique, par ailleurs fervent admirateur de la dame française.
Les libéraux, dont Sarkozy incontestablement est écouté, n’ont pas leur pareil pour hausser le ton en parlant de démocratie, alors que leur concept de base est justement de fausser le jeu démocratique et d’abaisser le pouvoir du plus grand nombre au seul bénéfice de quelques-uns et ce au nom de l’efficacité économique indissolublement liée aux lois de l’offre et de la demande, faisant de l’espèce humaine qui travaille, une « marchandise » de marché aux chevaux dans les mains des maquignons, ses compères.
Je ne comprends pas, lorsque ce monsieur hausse le ton et parle de démocratie, tout à fait comme un Le Pen qui à chaque fois qu’il ouvre la bouche on croirait entendre la Wermachtmusik, comment personne à gauche, si l’on excepte l’extrême, ne lui rive pas son clou ?
Ce ne serait pas déraisonnable, après tout, et respectable même, que Sarkozy défende clairement ceux qu’il représente le mieux, ou en tous cas qu’il favorise le plus ; mais qu’il vienne démolir le référendum populaire au nom du peuple, en même temps qu’il s’adjuge les quelques grands hommes de gauche d’un passé qui n’a pas été vomi par la droite, c’est trop.
A tel point, qu’il se pourrait que cette permanente outrance, lui soit fatale un jour.
Certes, le peuple est un bon géant, la droite lui croit un esprit borné, vependant ce défaut supposé d’intelligence le conduit parfois à des entêtements dont Sarkozy ferait bien de se méfier.