On vote aussi en Belgique.
On l’a presque oublié…
C’est à la belge que nous préparons nos élections législatives en parlant davantage de l’élection de la présidence de la République française.
Nous débattons de la pertinence de Ségo ou Sarko, non pas par attachement viscéral à nos voisins, mais parce que c’est une manière pour nous d’évacuer nos préoccupations qui ne sont pas des moindres.
Depuis que le PS grâce à l’impulsion de Di Rupo est devenu le premier parti à soutenir la royauté et l’Etat belge dans sa structure fédéraliste, nous n’avons de cesse de freiner l’évolution confédérale à tendance séparatiste des Flamands.
C’est ainsi que les différents accumulés au long de la législature entre les Flamands et les Wallons sont devenus un formidable contentieux qu’à défaut d’avoir désamorcé, Verhofstadt lègue à son successeur. Dans la dernière bataille au Sénat afin de savoir quels sont les articles qui seront soumis à révision de la Constitution, les socialistes ne veulent pas que l’on touche à trop d’articles et encore moins que l’on modifie la procédure vieille de plus de 150 ans, dont le principe fait que toute modification a besoin de deux législatures pour arriver à terme.
Cette procédure est un obstacle sur la route de l’indépendance de la Flandre, que Yves Leterme vient de dénoncer.
Pour les francophones, la séparation d’avec les Flamands n’est pas envisageable.
Les syndicats et les organisations sociales s’y opposent aussi. Si bien qu’à l’échéance électorale, il faudra bien trouver une majorité des deux côtés de la frontière linguistique sur un accord de gouvernement, ne serait-ce que pour débloquer le contentieux Bruxelles – Hall – Vilvoorde.
Que fait la royauté pour épauler Elio Di Rupo dans sa tentative de pérenniser la monarchie ?
Le Prince Philippe a eu quelques maladresses à l’égard de la presse flamande, tandis que son père anoblit à tour de bras des personnalités flamandes, espérant rallier plus facilement à sa cause des barons et des comtes.
Les patrons sont plus que jamais unitaires. Il leur semble que les investissements viennent plus facilement dans un pays qui peut encore paraître sans problème vu de l’étranger.
C’est paradoxalement le statut de Bruxelles en cas de séparation qui freine l’opinion flamande dans sa fuite en avant. Dans l’état actuel des discussions, il n’y a que la proposition de Jean-Marie Dedecker d’organiser un référendum pour que les Bruxellois se prononcent sur leur devenir, qui semblerait concilier l’opinion et le décisionnel. C’est la seule initiative actuelle concernant la capitale en cas de discussion. Mais, comme toujours, les autorités flamandes redoutent les résultats d’une telle initiative, comme ils bloquent depuis trente ans l’organisation du recensement linguistique de ce pays.
Certains observateurs pensent que seul le statut d’une ville région qui prendrait sa destinée en main avec ses atouts au carrefour de l’Europe, serait la seule porte de sortie honorable que négocieraient royalistes et séparatistes.
Dans une pareille éventualité, le problème du survol de la capitale par les avions décollant de Zaventem en terre flamande, serait illégal, donc résolu.
Voilà où nous en sommes. C’est black out du côté wallon sur les mesures à prendre dans le prochain gouvernement.
Y aura-t-il même un futur gouvernement ? Tant les marges de compromis sont minces… à moins qu’une fois de plus les partis wallons piaillent beaucoup, afin de faire peur à l’adversaire et s‘apprêtent à capituler, aussitôt que celui-ci fera un geste de mauvaise humeur.
Il y a quelques semaines, le président Di Rupo avait laissé courir le bruit qu’il avait toutes les qualités pour être premier ministre.
Trop marqué en faveur de la cour, compte tenu des antagonismes, est-ce une bonne idée ?
Les politiques communales alimentant la chronique judiciaire ne sont pas de nature en Wallonie à redonner confiance au Flamands, qui hésitent dans la poursuite d’une collaboration fédérale.
Les dettes de l’Etat sous forme d’emprunts seraient un véritable casse-tête, afin de savoir quels sont les pourcentages que les Communautés prendraient en charge. Si les scissionnistes disent « non » et ne reconnaissent pas leur responsabilité dans ces emprunts, ce serait une nouvelle version des emprunts russes. N’allez pas croire que l’étranger en serait beaucoup affecté. L’Etat belge a principalement contracté ses dettes parmi les épargnants nationaux.
C’est même une source de parasitisme local, puisque ces dettes rapportent encore jusqu’à des 10 ou 12 % d’intérêt, alors que les banques en sont à 2,5 voire 3,5 %.
On parle aussi de la désillusion soudaine de Di Rupo quant à la capacité de survie de l’Etat et de son changement de cap possible après les législatives.
Au discours flamand selon lequel la Wallonie est un fardeau pour la Flandre a répondu le plan Marshall du ministre président de la région wallonne.
Le bilan est pour le moins mitigé. Les résultats sont minces et le chômage n’a pas diminué.
Ce qui laisserait supposer qu’ayant brûlé ses dernières cartouches, Di Rupo ferait un pas supplémentaire vers le confédéral.
L’après élection nous en dira plus. Elle s’avère déjà capitale pour notre avenir.