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Ça la démocratie ?

Pas plus que la population dans sa diversité n’est représentée au Parlement (1), les petits partis n’y sont pas mieux lotis.
Et pour cause. Ils sont systématiquement écartés des moyens officiels pour se faire connaître.
La règle électorale à la RTBF, en vue des élections législatives du 10 juin 2007, stipule qu'à dater du 14 mai et jusqu'au samedi 9 juin, des chronométreurs évalueront les passages d’antennes des radios et télévisions de la RTBF des candidats et mandataires des partis politiques à concurrence de 34% pour le PS, 32% pour le MR, 20% pour le CDH et 14% pour Ecolo.
Les autres pourront se brosser, sinon les « convenables » recevront une invitation à un débat en radio et (sous certaines conditions), sur demande, et s’ils sont vraiment « polis et bien mis sur eux » ils auront une tribune télé et radio de 2 minutes.
Même si en France ce n’est pas le pied pour les petits partis aux législatives, au moins le premier tour de l’élection présidentielle aura permis un temps de paroles identique entre les 12 candidats.
Il faut que ça change disent les petits partis. Les grands ne pipent mot. Quant aux téléspectateurs définitivement anesthésiés, ils verraient Di Rupo jouer dans « les experts : Miami », qu’ils n’en seraient pas autrement surpris.
Officieusement, le bruit court que cette injustice est faite dans le souci de la RTBF de ne pas offrir de tribune au Front National ! Dommage, ç’aurait été drôle pour une fois.
C’est peut-être le seul des petits partis que cela arrange. Ainsi, on parle d’eux, ce qui est l’essentiel, et comme ils redoutent que les citoyens ne découvrent leur manque d’orateurs et, ce qui est rédhibitoire, leur pauvreté d’arguments, ils se frottent les mains.
Les affiches condamnant le Front attirent les mécontents, comme la merde attire les mouches. Elles font le reste !
Alors que font les contestataires ? Ils se réfugient dans les blogs en espérant être lus. Et ils le sont de plus en plus.
Comme le pays a viré « centriste » depuis dix ans, la majorité belgicaine et fière de l’être hait les débats, abomine la contestation. Les idées la dérange, lui font un mal de tête épouvantable. Les mannequins à la Dedecker lui conviennent parfaitement. Ils n’ont rien à dire. Ce qui est parfait. Ils ne savent pas combien d’étoiles il y a sur le drapeau européen, mais le fond est bleu. Ça leur suffit pour aimer l’Europe.
La campagne électorale s'annonce sous d’heureux auspices. Elle mettra en scène Anne Devaux contre Florence Reuter. Mais, qu’on ne se réjouisse pas trop vite, le combat se fera en tenue élégante, jambes croisées et sans décolleté profond. Les déçus pourront toujours zapper sur un site de culs.

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Quant à savoir ce qu’on va privatiser dans la prochaine mouture, si les pensionnés auront droit à un petit rabiot indexé sur le prix de la pomme de terre (100 F ancien le kilo !), c’est le noir.
Si Leterme devient premier ministre, la Wallonie va se flamandiser un peu plus. C’est ça ou la Flandre autonome. Qu’est-ce que vous voulez, la tranquillité est à ce prix.
A force de n’être demandeur de rien, les royalistes wallons risquent de se retrouver un jour sans le roi, mais avec un gouverneur venu à Namur en urgence depuis Hasselt, ou pire, depuis Anvers, après être passé par Laeken pour y mettre une pancarte « Te koop ».
Enfin, en attendant que le 10 juin soit passé, on a quand même les élections françaises pour animer la vie politique en Belgique.
Cela doit être dur pour les mannequins de la maison de mode MR, pourtant tous ou à peu près avocats, quand on compare le niveau des politiciens français avec la lourdeur de nos ploucs parlementaires. Du coup, Sarkozy égale Pic de la Mirandole et M’ame Royal la bonne Jehanne !
Mais qu’ont-ils faits tous nos zèbres pour être aussi ternes, balourds, malgracieux dans un parler flamando-bruxellois ? A tel point que lorsqu’un reporter français laisse tomber son micro dans le pot-bouille marollien du parlement, j’ai honte !

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1. Les professions libérales – surtout les avocats – les fonctionnaires et les familles d’industriels forment un ensemble de citoyens plutôt bourgeois, largement majoritaire, tous partis confondus. On sait les difficultés des travailleurs de la société civile d’entrer en politique. Mais les pires difficultés les attendent quand ils en sortent. Ce qui n’est pas le cas des fonctionnaires et des privilégiés du système. Là, commence déjà la « démocratie » à géométrie variable.

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