En attendant le 21.
Tournamoche – Avant, c’était mieux.
Gonflebitt – Avant guerre, la vie était moins chère.
T.- Au moins on avait des saisons.
G. – On ne savait pas que la guerre était à nos portes, avant-guerre.
T. – Aujourd’hui on invente des besoins.
G. – Tiens, j’y vais toujours à la même heure ! Je fais en une seule fois.
T. – Je ne parle pas de ceux-là. Des besoins dont on n’a pas besoin.
G. – C’est vrai. J’ai besoin de peu de sommeil. En vacances, je dors tout le temps !
T. – Avait-on besoin de dire que les brunes sont plus chaudes que les blondes ?
G. – M a femme se teint. Je ne saurais pas dire.
T. – La mienne, quand elle l’a su, elle m’a trompé tout de suite.
G. – Tu as appris avec le gouvernement ?
T. – Non.
G. - Il ne se représente pas !
T. – Il devait se représenter ?
G. – Aux élections.
T.- Tu es sûr qu’il devait se représenter ? Je croyais que c’était les partis…
G. – Ils ont eu peur de la date butoir.
T. – Elle glace les sangs…
G - Comment veux tu qu’on soit fixé le jour qu’on vote !
T. – Surtout qu’on ne connaît pas le résultat des autres…
G.- On devrait voter le lendemain des élections.
T. – Au moins, on ferait comme la majorité.
G. – D’autant que ce serait inutile de voter pour qui n’est pas élu.
T. – Ils ne savent pas s’arranger.
G.- Pourquoi ne s’arrangent-ils pas ? A cause de leurs querelles byzantines ?…
T. – Elles sont les seules d’avoir survécu à la prise de Constantinople !
G. – Elles ont résisté à l’occupation des Turcs !
T. – A cause d’elles, ils n’ont plus la vocation…
G. – Ils ne sont candidats à rien.
T. – Pourtant, certains caracolent à la tête des sondages.
G. – C’est un casse-tête…
T. – On n’est pas en Chine.
G – Ils sont incohérents.
T. – Ils exaltent le célibat, puis veulent que les prêtres se marient !
G.- Tu ne crois pas que l’eau du robinet a un goût ?
T. – Ils mettent quelque chose dedans.
G. – Pourquoi dis-tu cela ?
T. – Pour qu’on ne la boive pas.
G. – C’est pour l’économiser ?
T. - Non. C’est parce qu’en bouteille elle est plus chère.
G. – Tous des voleurs, comme les éditeurs et les garagistes.
T. – Y a pas pire que les banques.
G. – On les maintient ouvertes artificiellement.
T. – Quoi, les banques ?
G. – Oui. Voilà pourquoi leurs dirigeants ne sont pas en prison.
T. – Pourquoi ?
G. – S’ils y étaient, comment veux-tu qu’ils ouvrent leurs guichets.
T. – On est à la fin d’une époque.
G. – les grandes époques sont finies.
T. – C’est une époque de transition.
G. – Jusqu’ici on a surmonté toutes les épreuves, maintenant on ne peut plus.
T. - Si seulement on avait appris à travailler en équipe !
G. – On évacue les problèmes.
T. – Il doit y avoir des exceptions qui confirment la règle.
G. – Oui, c’est comme dans le reste, on ne sait pas pourquoi elles confirment.
T. – Donc les exceptions qui confirment la règle sans savoir pourquoi s’annulent.
G. - Il faudra compter sur le facteur-temps, plus que sur Besancenot.
T. – En attendant, c’est la mort de la famille.
G. – Est-ce que j’en peux si ta femme est brune ?
T. – On a eu tort de vouloir gérer l’ingérable.
G. – Tout ça à cause des gens.
T. – Ils sont bourrés de défauts. Il n’y en a plus de vrais.
G. - Dans un monde idéal, les loups et les moutons iraient main dans la main.
T. – Tu crois toujours au père Noël.
G. – Depuis Jugnot, on sait que c’est une ordure…
T. – Karl Marx est mort, mais il n’a pas dit son dernier mot !
G. – Voilà le 21, à demain.
T. - A demain.
(Tournamoche resté seul : « Quel con ce Gonflebitt…)