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L’argent et le pouvoir.

Depuis qu’il n’est pas honteux de gagner gros et de s’enrichir, comme l’a déclaré aux ouvriers d’Airbus industrie à Toulouse, le tout neuf président Sarkozy, on se rend compte que cet homme est pratiquement l’ami « intime » de tous les détenteurs des grandes fortunes de France, comme Bolloré et Lagardère.
Du coup de l’autre côté de la frontière, après la publication des multiples mandats des hommes politiques belges dans les banques et la grande industrie, comme Jean-Luc Dehaene et pas mal d’autres cumulards, ces messieurs dames qui ont un pied en politique et l’autre dans les finances respirent beaucoup mieux.
On les dédouane de l’étranger. Pognon sans frontière les félicite. L’Eldorado est à portée… Surtout vous cassez pas le cul au travail, entrez en politique, c’est mieux.
La promiscuité douteuse entre les mandataires publics et les intérêts particuliers est une des plaies de nos Sociétés volontiers donneuses de leçons de probité.
Dans nos démocraties occidentales, le nouveau féodalisme se caractérise par l’existence de groupes détenant de grands pouvoirs dans l’économie et les médias, qu’ils utilisent ensuite pour placer leurs hommes à la tête de l’Etat.
Un seul petit exemple : Alain Genestar, le directeur de la rédaction de Paris Match, a commis un crime de lèse-Sarkozy, en publiant la photo de Cécilia à New York en galante compagnie. Pas de chance pour lui, le propriétaire du journal, Lagardère, est un ami de l’ex-chef de l’UMP. Genestar a été viré. La médiocrité évidente de l’hebdomadaire n’est pas en cause. Lagardère s’en fout.
Le contrôle de l’information et de ceux qui peuvent être élus, le vote de lois garantissant l’immunité aux dirigeants, contribuent à l’émergence d’une nouvelle forme de corruption moderne, difficile à déceler et à poursuivre en justice.
L’adoption par les députés italiens d’un texte garantissant une "immunité temporaire" au président du conseil italien, Silvio Berlusconi, inculpé pour "corruption de magistrats" devant le tribunal de Milan, avait défrayé la chronique l’année dernière.
On se souvient que Jospin, s’y croyant déjà, avait inversé le calendrier en privilégiant l’élection du président de la République avant les législatives, et sur sa lancée, fait exempter le président, en l’occurrence Chirac, de toute poursuite judiciaire pendant son mandat.
On ne va pas refaire le tour des accointances du personnel politique belge avec des intérêts privés. Dix pages n’y suffiraient pas, de Charleroi à Namur en passant par Dinant, Herstal et Bruxelles.

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Pierre Falcone dans l’affaire des ventes d’armes à l’Angola, les sociétés de BTP Spie Batignolles et Dumez International, citées par Fine Maema, procureur général au Lesotho, dans une affaire de commissions à la construction de barrages, à l’affaire des frégates en passant par les chaussures de Roland Dumas et les confidences de sa « putain de la république » de chez Elf, c’est 15 partout, entre nos deux Nations.
Chacun jure de sa bonne foi et de son patriotisme, concède les brebis égarées et les moutons noirs…
Tous corrompus ? Non, non… Faut pas croire.
Plus d’ivraie que de grains, de moutons noirs que de chèvres à Monsieur Seguin ? Va savoir…
Est-ce que depuis l’appel de Genève, on a véritablement avancé dans la prise de conscience internationale du problème ? Que monsieur Cariat se rassure, c’est toute l’Europe qui est en proie au vertige des affaires.
En 2001, l’Union européenne s’est dotée d’Eurojust, un outil chargé de coordonner les enquêtes pénales et de favoriser la coopération en matière de criminalité grave. Les accords de Schengen furent " la première traduction concrète de l’appel de Genève, en permettant la transmission directe, entre juges, des commissions rogatoires qui transitaient auparavant par les Etats".
Le mandat d’arrêt européen s’est substitué en 2004, aux procédures d’extradition dont on se rappelle les lenteurs.
Les pouvoirs d’Eurojust sont néanmoins limités. Nombre de magistrats financiers demandent de véritables parquets européens, capable d’engager des poursuites, ce à quoi les Etats, dont la Belgique, s’opposent encore.
Il faut dire depuis 2002 et les « avancées » dans le domaine de la corruption, que les affaires ne se sont pas arrêtées pour autant.
Un mouvement de repli semble même se produire.
Les juges continuent d’affronter de nombreux obstacles dans leurs enquêtes. Pour certains, le constat d’impuissance effectué à Genève est toujours d’actualité et les grand-messes anticorruption sont vaines.
En matière de paradis fiscaux, "l’Europe ne tient pas ses engagements", souligne M. de Baynast. La transparence demeure un idéal lointain.
L’avènement d’un « nouveau style » d’une présidence dynamique n’inclut pas une plus grande rigueur et une parfaite honnêteté. C’est un objectif qui n’a pas été d’actualité. Cela promet pour l‘avenir. A noter qu’en Belgique, on n’est pas mieux loti.
Est-ce que nos dirigeants se sont rendus compte que la vénalité, le pot-de-vin et l’enrichissement personnel étaient des « attitudes » trop ancrées parmi les gens de pouvoir pour jamais les éradiquer ?
Si c’est le cas, ils nous la baillent belle avec les moutons noirs ! Qui enrayera la transhumance de cette race caprine particulièrement abondante ?

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