Les beaux emplois du FOREm.
Aujourd’hui parlementaire à la carte.
- Monsieur Airtéelle-Èrtébé, peut-on vous demander pour nos élèves du FOREm en quelle branche d’activité votre école offre des débouchés à nos chômeurs ?
-Voilà quelques années nous nous étions demandés pourquoi le réservoir d’emplois parlementaires n’était pas approvisionné par une main-d’œuvre adaptée et moderne ? L’emploi est bien rémunéré, les patrons sont invisibles, si ce n’est une fois tous les quatre ans pour une légère inspection, le travail n’est pas pénible et est assorti de beaucoup de facilités qui n’existent dans le privé qu’à un très haut niveau, comme secrétaire, voiture avec chauffeur, etc.
-Comment avez-vous procédé ?
-Nous avons fait des sondages et consulté des spécialistes. Eh bien ! madame Alampoix, le terreau le plus favorable pour l’accès à la profession est une notoriété adjacente. Par exemple, un gangster célèbre, une vedette de cinéma ou une speakerine de télévision ont beaucoup de chances d’être d’abord remarqués par un président de parti, et ensuite par les électeurs pour les formalités démocratiques. Le reste est d’une grande facilité. Il fallait donc trouver un emplacement à proximité des centres de popularité et inciter les célébrités à s’inscrire chez nous.
-Vous voulez dire que les trois femmes troncs qui sont actuellement en contrat d’embauche dans les formations politiques de ce pays sont sorties de votre école ?
-Premières toutes les trois avec diplôme et mention !
-Quelle a été la période la plus dure de leur écolage ?
-C’est de les avoir placées dans des lieux accrocheurs de célébrité. Le reste est venu tout seul.
-Comment recrutez-vous ?
-Nous observons les spécimens intéressants au sortir des écoles de journalistes. Nous les formons et nous les plaçons.
-Vous vous cantonnez à cette seule profession ?
-Bien sûr que non. C’est ainsi que nous suivons actuellement un Belge qui travaille chez Michou, vous savez cette boîte transformiste à la mode de Paris. Il n’est pas encore connu en Belgique, mais nous avons persuadé Michou de faire une tournée en Belgique. Nous espérons qu’Isabelle, c’est son nom de scène en réalité son nom à la ville est Joseph Sandupié, (Vous comprenez que nous préférons son nom d’artiste) va se révéler au public belge et qu’elle suivra nos cours avec une bonne chance d’être sénateur, enfin c’est ce qu’elle souhaite.
-Vous avez approché Joëlle Milquet ou Didier Reynders ? D’habitude, c’est vers ces deux employeurs que vos starlettes se dirigent.
-Nous avons ciblé le PS pour Isabelle. Elle est spéciale, vous comprenez… Elle plaira certainement à Elio.
-Vous avez des slogans ? Vous faites de la publicité ? Car, cher Monsieur Airtéelle-Èrtébé, c’est la première fois que nous entendons parler de votre établissement.
- Chère madame Alampoix, notre école ne reçoit que des élites et ses cours sont très chers. Mais pour vous, pour le FOREm de Liège, nous avons décidé d’offrir en promotion une place à l’un de vos chômeurs les plus méritants. Car, nous avons évolué. Jusqu’à présent, nous nous étions aidés de la notoriété acquise ailleurs, c’est le cas de nos speakerines que nous avons toutes placées et même de l’ancienne directrice des voies navigables, moins connue. Nous avons une nouvelle méthode qui nous permet de sortir n’importe qui de l’anonymat et de le faire élire haut la main.
-Comment faites-vous ?
-C’est bien simple, nous le rendons célèbre après l’avoir bien étudié et trouvé ce qui correspond le mieux à sa personnalité. S’il est chanteur, nous l’inscrivons à la Star Ac, s’il est voleur nous le présentons à un maître du barreau, maître Magnée par exemple qui va lui apprendre à être naturel devant les caméras, s’il est chercheur, nous nous arrangeons pour qu’il trouve le trésor des Templiers en Belgique. C’est tout simple, il suffisait d’y penser. Ainsi nous n’aurons plus besoin de quémander des postes d’apprentissage à la vie parlementaire pour nos élèves à la RTB ou à RTL. Quand le produit est fini, nous le présentons à un des chefs des partis traditionnels. Le reste est simple. Mais il y a une condition.
-Oui. Laquelle ?
-Notre sujet ainsi préparé ne doit pas avoir d’opinion. Il ne doit surtout pas montrer qu’il est de gauche ou de droite. Moyennant un supplément, nous avons des professeurs qui se chargent des discours et des prises de position.
-Vous avez des références sur la fiabilité de votre programme.
-Pas encore, car nous débutons dans le lancement du candidat inconnu. C’est une grande première. Mais nous avons des rapports de ce que pensent de notre méthode les chefs de partis. Ils sont enthousiastes.
-Vous avez parlé de votre école à d’autres personnalités ?
-Certainement. Eddy Merckx veut payer des cours à son fils Axel qui va se retirer de la compétition vélocipédique. Justine Hennin a voulu payer des cours lors de sa séparation à son ex mari Hardenne, qui n’a pas de métier proprement dit. Enfin, je crois, mais je n’en suis pas encore certain, Christine Ockrent qui est belge comme vous le savez, se verrait bien remplacer comme présidente du Sénat, Anne-Marie Lizin qui n’est connue que d’un petit nombre de personnes, mais ce n’est pas encore signé. Enfin, nous allons pousser François Pirette qui a exprimé le désir de devenir premier Ministre. Mais là, ce sera difficile, compte tenu qu’il n’y a qu’un emploi à pourvoir et qu’il y a déjà beaucoup de postulants.