Louis Michel, le retour !
C’est fait. On est sauvé ! Le poids lourd du MR a peur pour la Belgique et comme faire Commissaire européen l’emmerdait, il a choisi de revenir. C’est Didier Reynders qui est content ! Déjà avec les ennuis qu’il a avec sa sœur… fallait-il qu’il retombe encore sur « l’irremplaçable » !
Voilà donc Louis Michel rentré à Jodoigne, déployant dans son PC carte d’état-major et plan de bataille, à quelques kilomètres du Lion de Waterloo… le symbole !
Il y a quand même une petite frange de citoyens qui peut tout se permettre ! En voilà un qui s’est lancé dans les affaires européennes en gourmand. On se souvient comme il a répondu « brillamment » et de toutes ses convictions aux députés européens curieux de ses fibres pour notre continent.
Lui, amoureux de l’Europe ? Il n’y a pas plus glamour, plus excitant que ce challenge-là…
Mais voilà, gros Louis est un enfant gâté, complexe de Peter Pan et usure prématurée des beaux jouets made in Europa, brusquement cela ne l’intéresse plus. Sur la tombe de Jean Gol, il a eu une révélation : « Tu es demeuré un poids lourd de l'échiquier politique belge » a-t-il cru entendre venant de l’au-delà.
Porteur de serviette pendant vingt ans du Liégeois, Jean-Jean lui devait bien ça…
Il a commencé sa grande carrière, comme à peu près tous les débutants "hors piston", par des courbettes, des enthousiasmes d’autant communicatifs qu’ils sont feints et une constance de barbouilleur d’affiches de coin de rue. Certes, il était plus svelte alors, et il n’avait pas son pareil pour sortir du véhicule tout l’attirail du parfait militant actif.
C’est probablement devant les affiches géantes de celui à l’ombre duquel il végétait qu’il a senti monter ses premières haines, qui sont toujours pour les dirigeants du parti auquel on s’est affilié, avant de les canaliser vers les gens des partis opposés.
Il faut se méfier de ceux qui ramassent les premières indemnités dans le mépris des chefs par courbettes et flatteries, lorsqu’ils arrivent au micro sur les échafaudages du succès, leur ancienne humiliation est leur pire conseillère. Ils deviennent impitoyables pour ceux qui veulent les égaler. Dans l’esprit de Michel, sa mission est de revenir, d’évincer Reynders et d’adouber son fils…
Voilà pour le programme du MR vu de Jodoigne.
Mais comme Loulou sait compter et qu’il n’est pas sûr qu’on l’aime encore parmi la piétaille, il assure ses arrières : "Je ne ferme aucune porte. Je ne veux pas me bloquer au lendemain du 10 juin. A priori, le 11 au matin, je retournerai à la commission. Mais, si je me présente aux élections législatives, c'est pour connaître l'avis des électeurs. Si je réalise un score appréciable, si la situation le demande, on verra..."
En voilà un poste de Commissaire utile, à tel point qu’on peut le laisser sans personne pendant un mois sans dommage !... dans un sens, c’est chouette pour les secrétaires qui pourront se vernir les ongles sur les heures de bureau.
C’est que le fric que touche un Commissaire européen, c’est du bel argent vite fait et hors taxe. Vous en connaissez beaucoup dans les MR qui cracheraient sur le pactole ? Car, si Michel prévient qu’on ne touche pas à son fauteuil du Rond-point, c’est que la place n’aurait pas le temps de refroidir. Alors il laisse une fesse symbolique, à tout hasard.
Si le quidam faisait un « gros » score et si la Belgique avait besoin de son « sacrifice », alors, il s’offrirait, admirable rempart, aux vicissitudes des jours incertains. Et s’il ose se comparer à « une valeur ajoutée particulière que je pourrais offrir . C’est qu’il n’a jamais fait de la politique autrement que comme une valeur boursière…
Il se voit même au 16 de la rue de Loi, quoique « martelant » le contraire. C’est fou comme on martèle sans jamais toucher un marteau, chez les hommes politiques et comme avec le don des langues, on peut aller loin, sans aucun autre mérite.
L’homme pense modifier le centre de gravité Wallonie/Bruxelles de sa stature d’homme d’Etat..
Par contre, si le MR ramasse une casquette, c’est Reynders qui en couvrira son crâne blanchi.
A la limite, on se demande si ce n’est pas ce qu’espère Gros Loulou, car dans cette perspective, son poussin, son chéri, l’idole bis du MR, Charles, en un mot, aurait toutes les chances de bousculer le président actuel. Ainsi le père pourrait retourner au chaud beurrer ses tartines à l’or fin et se draper en majesté dans les plis du drapeau de l’Europe.
Ce scénario, incertain, pourra se vérifier dans le genre de campagne que va faire le héros de Jodoigne. Si on ne le voit guère que dans les meetings d’arrière-salle du Métropole et pas du tout à manger des frites aux graillons dans les estaminets de Liège à côté de son chef de rang actuel, on pourra dire que le finaud mijote quelque chose.
Déjà dans sa manière d’affirmer « qu'il serait intéressant que le PS sente qu'il y a une alternative à son abus de position dominante. D'ailleurs, cette alternative existe déjà aujourd'hui. Il faut pulvériser cette certitude du PS. ", cela suppose qu’il se demande ce que Reynders a fabriqué pendant qu’il avait le dos tourné ?
Mais où Michel est inégalable dans la drôlerie c’est quand il se lance sur les bienfaits du libéralisme qui "n'a rien à voir avec le capitalisme" et que son affaire a toujours été de faire avancer le droit humain !
On mourrait de rire, si l’homme n’avait d’égal que Sarkozy, qu’il admire beaucoup, dans l’art de dire une chose et son contraire, et de ne faire que ce qui avantage sa carrière.
Et vu sous cet angle, ce rondouillard de bonhomme est dangereux et capable de beaucoup de dégâts.