Alain Minc et le Journal Le Monde.
On ne le dira jamais assez, la pluralité de l’opinion est dépendante de la liberté d’opinion et de la diversité de la presse.
En Belgique ce support important de l’information et de la réflexion a été passablement malmené. Ramenant tout à une question d’argent et de profit, les Jivaros du pouvoir dans les banques et les milieux d’affaire ont beaucoup réduit les têtes pensantes de ce beau métier. Il n’y a plus guère que quelques journaux francophones importants, la presse locale ayant été aspirée ou détruite sur moins de cinquante ans. De ce qui reste, on ne pourrait jurer que l’information ne soit pas filtrée et déformée.
Aussi, les Belges d’expression française lisent-ils depuis toujours la presse de nos voisins, par défaut d’une presse locale attractive et aussi par intérêt pour ce grand pays qui borde notre frontière wallonne.
Parfois, l’impression se dégage que les sujets d’actualité en France intéressent davantage nos concitoyens, comme l’élection à la présidence de Sarkozy contre Royal, que nos propres élections qui ont coïncidé dans un chevauchement de dates.
Aussi le départ de Jean-Marie Colombani, patron jusqu’à sa démission du journal « Le Monde » a remis en cause l’impartialité de ce journal, en laissant apparaître en filigrane la personnalité trouble d’Alain Minc, président du Conseil de surveillance de ce journal et qui serait responsable, dit-on, des achats intempestifs de titres de province, mettant les finances du journal dans un mauvais état, mais s’adjoignant par cette action, des membres de province à ce Conseil de surveillance qui lui sont entièrement dévoués.
On garde le souvenir d’Alain Minc en Belgique, bras droit de Carlos de Benedetti lors du raid contre la Société générale, et administrateur-directeur général de Cerus, qu’il quitte en avril 1991. Il s’était fait connaître en Belgique comme un homme intelligemment de droite, c’est-à-dire ne se présentant pas comme un patron insensible et borné à l’intérêt de son tiroir-caisse, réussissant des coups qui finalement poussèrent certaines de ses dupes à regretter le patron insensible et borné.
On connaît le fiasco de l’italien et de son séide, on se rappelle ce dernier, insidieux, convaincant, semblant vouer une grande reconnaissance au Commandatore, quitte à l’oublier le lendemain de l’échec pour convoler ailleurs.
Eh bien ! c’est le même quelques années plus tard, devenu sarkozyste et reconverti en amoureux de la presse, qui pose problème à la Société des journaliste du Monde. Ceux-ci déplorent « l'engagement d'Alain Minc en faveur de Nicolas Sarkozy, inconciliable avec sa fonction dans "un groupe de presse qui entend symboliser l'indépendance à l'égard de tous les pouvoirs".
Essayiste et économiste, Alain Minc est un écrivain facile. Facile ne signifie pas une manière d’écrire simple et à la porte dé tous, mais facilement édité par des gens dont c’est le métier de refuser des manuscrits de caractère d’inconnus, pour éditer des merdes de la jet-set.
Alain Minc a été condamné le 28 novembre 2001 par le Tribunal de grande instance de Paris à verser 100 000 francs (15 244,90 euros) à titre de dommages et intérêts pour plagiat, reproduction servile et contrefaçon, pour son ouvrage intitulé Spinoza, un roman juif, dont le tribunal a statué qu'il était une contrefaçon partielle de l’ouvrage « Spinoza, le masque de la sagesse » de Patrick Rödel
Essuyant de ci de là quelques échecs, ce diable d’homme s’est toujours rétabli. Il est imbriqué dans les milieux de la haute finance par intérêt et par goût pour l’économie spéculative. On l’a vu participer aux directoires de multiples sociétés (par exemple, Valeo) via des jetons de présence des conseils d'administration. Il a dû quitter Vinci en janvier 2007 pour mettre fin à un possible conflit d'intérêts entre son activité au sein de cette société et sa proximité avec le groupe de François Pinault.
C’est la même crainte exprimée par l’assemblée générale des rédacteurs du Monde qui a adopté à l'unanimité moins trois abstentions, une motion concernant Alain Minc, président du conseil de surveillance du groupe depuis 1994.
Dans une interview, M. Mauduit met en cause le président du Conseil de surveillance : « il [Minc] lui est arrivé, plusieurs années d’écrire sur du papier à en-tête Le Monde, directement à la comptable, pour lui demander qu’on verse une avance sur bonus de 200 000 francs à Jean-Marie Colombani. (...) Avant même la moindre délibération du conseil de surveillance ! » Le journaliste prétend également avoir eu connaissance d’autres « pratiques limites occultes ».
Le Canard enchaîné du 20 juin 2007 explique qu’Alain Minc aurait « mandaté un cabinet de chasseur de têtes pour rechercher une personnalité extérieure au groupe » pour succéder à Colombani. Ce cabinet aurait « facturé la bagatelle de 80 000 € au Monde avant de revoir cette douloureuse à la baisse (20 000 euros) pour livrer quelques noms qui n’ont pas été retenus. » Résultat : le casting sera intra muros.
Nous sommes tous attachés au Monde, indépendant, libre de propos, à son équipe, sans cesse renouvelée, certes, mais toujours talentueuse, depuis Hubert Beuve-Méry. Raphaëlle Bacqué, on t’aime !... Le lecteur quand il se sent manipulé, quand on lui ment, ou lorsqu’on ménage le pouvoir, a toujours la ressource de ne plus acheter le journal. C’est avec des gens comme Alain Minc que peuvent se perdre des réputations d’impartialité.
Nous formons des vœux pour que les journalistes, une fois de plus dans l’histoire de ce journal, parviennent à se défaire des importuns du genre d’Alain Minc qui rendent suspect tout ce qu’ils touchent.
Commentaires
Beau constat! T'as juste oublié de lire le monde diplo d'y a deux ans?
Postée le: Colememe | juin 30, 2007 02:43 AM
Tu m'en apprends de belles! Ainsi ce petit salopard aurait été condamné pour plagiat! Ca me donne envie de lire l'ouvrage de Patrick Rödel sur Spinoza que j'ai en très grande estime.
Ceci dit, j'ai lu le bouquin de Minc qui est intéressant. Mais ce qui m'irrite toujours un peu, c'est cette manie de certains juifs (Attali, Minc,...) d'écrire sur de grandes figures de Juifs qui, elles, ont marqué l'Histoire. Comme si, en écrivant sur elles, ils revendiquaient par atavisme une partie de leur gloire. Ne serait-ce pas du racisme à rebours? Cette fable du peuple élu continue à faire beaucoup de dégâts, y compris et surtout dans les rangs juifs, et est partiellement à l'origine de nombreuses persécutions. Mais rares sont ceux qui l'admettent, comme Jean Daniel, patron du Nouvel Obs .. Malgré l'inanité de cette fable, de nombreux médiocres ont tendance à s'en revendiquer pour flatter leur ego.
Postée le: michel | juin 30, 2007 10:01 AM