Les Unrnevores.
Didier Reynders, le maïeur empêché de Liège par manque d’électeurs, va-t-il réussir à hisser son parti à la première place en Wallonie, ou va-t-il échouer à deux longueurs de son rival Di Rupo ?
On le saura très vite dès dimanche soir.
Les Michel en embuscade attendent le faux pas pour l’évincer.
Di Rupo n’est pas mieux loti. Les socialistes lui reprochent d’avoir échoué dans son travail de nettoyage de la section de Charleroi. Il y a des moments où la diplomatie doit faire place à la fermeté. Le président du PS en manque absolument. Ce n’est pas son moindre défaut. Cependant, c’est un homme qui ne se laissera pas facilement sortir de son fauteuil du boulevard de l’Empereur, sauf si sa sortie est honorable, comme faire partie du gouvernement fédéral, idem de Reynders, d’ailleurs.
Si la présidence du MR risque de passer à Jodoigne en cas d’échec électoral de Didier, celle de Di Rupo ne vaut guère mieux. On parle de Michel Daerden comme outsider, mais Moureaux s’y verrait bien aussi, sans oublier la fidèle Onkelinx qui pourrait bénéficier d’un coup de pouce du montois, s’il partait par la grande porte.
Les ministrables des partis wallons se sont promenés tout au long de la campagne à la manière d’un show, pas tout à fait à l’américaine, mais à la française depuis Sarko-le-flamboyant.
La démocratie d’opinion se fait plus sur les marchés et les halls de gare que dans les meetings. Les magazines nous les montrent bébés, jeunes, moins jeunes, mais toujours pris sous le bon angle, en famille, au bureau, en visite dans les centres villes. On les interpelle familièrement. Ils embrassent les pensionnées qui les appellent par leur prénom et passent une main familière dans les tignasses blondes des tout petits.
En passant de la démocratie en col dur, aux jeans et chemise col ouvert, l’apparat de l’ancienne Belgique disparaît peu à peu. Bientôt le nœud papillon de l’un s’en ira comme la cravate de l’autre.
On pourrait dire à présent que plus le pouvoir ne paie pas de mine, plus il est crédité d’une bonne cote démocratique. Qu’on ne s’y trompe pas, en réalité il n’en dépense pas moins l’argent du public en fastes et dorures, en soupers fins et champagne. Tout ce nouveau protocole simplifié n’est que de la poudre aux yeux. Mais, l’électeur s’en contente et cela est le but poursuivi.
Les partis d’extrême gauche, peu nombreux et peu fournis en militants en Belgique en sont tout surpris. Comment attaquer de front un pouvoir qui semble venir de la population même, qui s’habille comme elle et parle le même langage ?
Pourtant, les catégories sociales pourraient encore s’appeler des classes, et si elles ne s’affrontent plus de par la volonté du PS, il n’en reste pas moins que l’antagonisme est toujours le même entre le possédant et le possédé. Seulement on fait comme si cet antagonisme faisait partie du passé.
Avec sa démocratie participative le pouvoir prend tout le monde de vitesse. Il est tellement certain de sa vigueur, qu’il admet bien volontiers les contestations les plus décentrées, tant il est certain de les contrôler. Du moment que l’on ne conteste pas le sens qu’il donne au mot démocratie, il est tout sourire et admet toutes les controverses.
Cela ferait rire les décideurs si on leur balançait que leur démocratie serait plutôt une ploutocratie de plus en plus avide de conquêtes et de participations bancaires.
Nietzsche a une pensée en raccourci, comme d’habitude, applicable cent ans plus tard : « Jadis, c’est au sein du troupeau que se cachait le moi, désormais c’est au sein du moi que se cache le troupeau. » La démonstration d’une liberté fictive et qui ne devient réelle que parce que la foule y croit, est une vraie politique de la montre en vitrine. En alimentant le conformisme, il fait des victimes, les meilleurs piliers du système.
A y regarder de près, ce pouvoir usurpateur fort injuste est arriver à ce point de perfection que la différence entre l’homme libre et l’esclave, conduit le premier à ignorer et mieux encore à adorer sa propre servitude.