Une drôle de démission.
La solution qu’a choisie Elio Di Rupo devant le bureau d’un PS phagocyté est la pire de toutes.
Elle va permettre une nouvelle investiture d’un homme qui a montré ses limites, sauf si Daerden se présente.
S’il ne se présente pas, Elio sera réélu par les caciques et les habitués de son clientélisme. Il sera intéressant quand même au décompte des voix de connaître les scores des fédérations de Liège et de Charleroi.
Il compte sur une grosse majorité de votes en sa faveur pour se relégitimer. En somme, il ne veut pas avoir tort tout seul, il veut que tous les militants aient tort avec lui !
Dans l’alternative où il sera le seul candidat à sa succession, on pourra assimiler la nouvelle présidence du PS à celle d’une république bananière.
Il faudrait pour que cela fasse sérieux et un tantinet démocratique qu’un farfelu se présente contre lui, mais surtout pas Michel Daerden, évidemment. Car, dans cette candidature, il y a tout l’affrontement possible entre deux tempéraments et deux orientations différents.
Non pas que Daerden se positionne dans un renouveau de la lutte des classes, l’esprit de collaboration se poursuivrait comme par le passé, mais le Liégeois semble moins disposer à l’égard de la cour et du roi, par antithèse des salamalecs du montois.
Sa position est en outre moins rigide à l’égard des Flamands. C’est un authentique fédéraliste qui se souvient des fameuses réformes de structure du temps d’André Renard. Il n’est pas à tu et à toi avec les libéraux et à Liège, sur le plan électoral, c’est le seul vrai rival de Didier Reynders.
Tout ceci n’est que suppositions, évidemment.
Elio Di Rupo de sa manière jésuitique et insidieuse habituelle a tissé sa toile et pris dans sa soie cardinalice tous les « éléphants » de sa mouvance. Il n’est qu’à entendre le message énamouré de Laurette Onkelinx, et elle n’est pas la seule, pour comprendre qu’un concurrent sérieux à l’emprise de cet homme, aurait de toute manière du fil à retordre.
On ne parle au Bureau du Ps que de préparer l’avenir. Or, préparer l’avenir avec un homme du passé, cela paraît assez difficile.
Il remet son mandat de Président entre les mains des militants du PS. L'élection devait être anticipée au mois de juillet.
Comment, à part Daerden, un petit candidat peut-il se faire connaître des militants en si peu de temps ? Quels moyens lui donnera-t-on, comparés à la lourde machine d’un Bureau à la dévotion de celui qui part pour mieux revenir ?
Tout au long de l’année dernière, Elio a cherché à redynamiser le parti à sa manière en envoyant un acolyte écouter les doléances de la base. Cette mission à proprement échoué. Elle aurait révélé de grandes divergences de vue entre la base et les parvenus du système.
Qu’il se consacre dorénavant en cas de réélection au seul parti ne changera rien à son orientation centriste, patriote et conservatrice.
Il est possible, connaissant l’homme, qu’il s’est déjà abouché avec Michel Daerden lui offrant la présidence du gouvernement wallon en attendant les élections prochaines.
Celui-ci s’est expliqué là-dessus. C’est le parlement wallon et son président le francorchampiste Happart qui, à la démission de l’aigle de Mons, suggérera un nom à l’assentiment de l’assemblée.
Cela revient à la même chose, quand on sait la manière dont les emplois sont désignés et par quels critères ils passent.
On se demande à la mascarade qui se prépare, démission-intronisation au parti et démission adoubement à la Région de Michel Daerden, si le bureau du parti a bien mesuré l’opinion pour oser un jeu de chaises musicales, un peu à la manière des mœurs carolorégiennes.
Dans l’image apaisante que Di Rupo donne au public de la télévision, derrière le masque content de soi, il y a un drame. Celui d’un homme qui n’en est pas encore revenu de son habileté à étouffer dans l’œuf tout courant contestataire et de son influence sur une collégialité acquise à l’avance. A l’intérieur de son parti il n’a jamais été contré par personne. Cet homme à force d’assurance dans sa conviction qu’il est le meilleur, serait-il d’une grande fragilité ?
L’avenir nous l’apprendra.