« Permutation. | Accueil | Ils sont tous au bout du rouleau. »

C’est trop crapules, les honnêtes gens !

Certes, certes, Louis-Ferdinand, fin salaud, pas écrit que des chefs-d’œuvre… ses casseroles : Bagatelle, les Beaux draps, l’Ecole des cadavres…
Entre le père Fernand Destouches, et Marguerite, la mère, la semaine sur la côte bretonne à regarder les trois mâts ça vous détermine un homme au sacrifice, aux traditions françaises sans bien savoir lesquelles.
Oui, on sait, l’artiste aimait pas les Juifs, le moins qu’on puisse dire.
La France trente-six, celle qu’était pas pour Léon Blum, trempait son biscuit dans les ordures de Darquier de Bellepoix, tort de Céline, mi camelot, mi aryens de mes deux, de tomber dans le panneau des fientes. Drumont, voici venir l’arsouille.
On savait pas encore que le fou allait se lancer dans la merguez humaine. C’était avant les Lois anti-juives de Vichy et les Discours de Laval.
Pourtant, le con, il a remis ça jusqu’en 41, dans sa grande naïveté et ses colères franchouillardes de cocu maison.
Le docteur n’était pas Petiot, c’était tout simplement une grande gueule qui eut quatre ans pour se décider à faire dans son froc et se tapir au Danemark, poursuivi aux chausses par les Fifi et regretter sans l’oser dire de laisser traîner des manuscrits qu’on croirait écrit par un demeuré haineux... Le vaguement breton né Rampe du pont, comme Arletty, payait sa souche d’origine au prix fort.
Ferdine était pourtant pas Breton comme le Jean-Marie, il aimait seulement reluquer les bateaux, la marine à voile dans la longue vue de son père, les jours de vacances…
Donc, à côté de Nord, Mort à Crédit, le Voyage :ses pamphlets c’est de la sous raclure d’étrons boches, mais pas inspirés par la kommandantur. Une erreur, quand on pense que l’agité du bocal l’avait dit acheté par la Wermacht !... On peut pas dire que Sartre eut de l’inspiration ces jours-là… Beaucoup ont passé entre les gouttes qui étaient pires que lui, parce qu’ils ont su la fermer au bon moment.

heartsnuffft.jpg

On trouvera rien dans le pot de chambre d’interdits. Sauf quelques belles citations qu’inspirèrent Audiard sur la défaite de l’armée vranzaise mai 40.
Je cite : «Elle coûtait cher l’Armée française, 400 milliards pour se sauver, 8 mois de belotes, un mois de déroute…Ils ont eu raison les civils de se tailler par tous les moyens. Ils ne voulaient pas mourir non plus. Ils avaient rien à faire en ligne qu’à encombrer les batailles, si bataille il y avait eu… C’était aux militaires d’y être, de ralentir l’envahisseur, de rester mourir là, sur place, la poitrine cambrée face aux Huns, et pas le derrière en escampette. Si ils avaient été moins vite, y aurait eu moins d’embouteillage. On peut comprendre ces choses-là sans passer par l’Ecole de guerre. L’Armée qui fuit c’est pas convenable, ça propage des vents de panique. De Meuse à Loire c’était qu’un pouet, une foire unanime. Qui qu’a fait la plus grosse diarrhée ? Les civils ou les militaires , C’est pas une raison de pavoiser, d’afficher des souverains mépris, Scipion-merde-au-cul-s’en-va-juge ? C’est tout le monde qu’a été malade, malade de bidon, de la jactance, malade de la peur de mourir. Les partout monuments aux morts ont fait beaucoup de tort à la guerre. Tout un pays devenu cabot, jocrisses-paysans, tartufes-tanks, qui voulait pas mourir en scène. Au flan oui ! pour reluire , Présent ! Exécuter ?... Maldonne ! ».
Il y en a trois ou quatre pages ainsi. Le trait est juste à peine exagéré. Quand on a vécu « l’exode » demandez à vos vieux, on peut pas dire que l’Armée a eu le beau rôle, que les officiers bousculaient le troufion, premiers à l’abandon de poste, oui, c’est exact. C’est ainsi que ça s’est passé.
Alors, si le reste tombe sur l’estomac indigeste, s’il n’y avait que ces quelques pages d’anthologie sur mai 40, l’extrait mériterait d’être sauvé et en bien supérieure qualité aux galéjades patriotiques qu’on fait croire aux enfants.
« Au nom de quoi il se ferait buter le soldat des batailles ? Il veut bien faire le Jacques encore, il a du goût pour la scène, les bravos du cirque, comme tous les dégénérés, mais pour mourir, alors pardon ! il se refuse absolument !... Et puis d’abord c’est général, les chefs veulent pas mourir non plus. Vous remarquerez que les grands despotes, les présidents, les forts ténors, les rois, les princesses, tout ça se débotte, fonce au couvert, dès que l’aventure tourne aigre, vacille… Foudres d’escampettes. Pas un qui paie de sa personne. Sauver la viande c’est le suprême serre… pas si cul de se faire étendre… »
Le tout est comme je l’ai écrit façon Audiard, un quart de siècle avant la réplique inoubliable « est-ce qu’on prend sa saucisse quand on va à Francfort ? ».
Pas à dire les gens de l’entre-deux, même fachos, même Dupont-Lajoie à l’holocauste, avaient le pamphlet dans le sang, l’art de l’invective. Ils ne valaient pas la corde pour les pendre, mais ils avaient des couilles. Ceux qui ne sauraient être pendus aujourd’hui que pour la farce, au petit jeu de société, quand les potences se dessinent sur le papier quadrillé des dernières pages du cahier de math, n’en ont plus depuis longtemps… depuis qu’on légifère sur la qualité sonore du pet et qu’un pédé à une nature amoureuse différente…
Merde !... On respire bien qu’avec les voyous, tant c’est trop crapules, les honnêtes gens !

Poster un commentaire