Deux Républiques et Bruxelles à l’Europe !
Pas que Leterme qui se fiche du monde, les autres négociateurs aussi.
Non pas que 50 jours sans gouvernement fédéral, dans une Belgique qui en compte 4 en-dehors de lui, soit de nature handicapante, mais ils oublient qu’il y a urgence sur un point : la négociation sociale et salariale.
Avant et après les élections, droite comme gauche, l’unanimité s’était faite sur l’urgence de relever les pensions et les minima sociaux. Ici, il n’est pas question de délais et de chipoter sur les sensibilités différentes. Derrière cela il y a des gens aux abois, qui peuvent à peine survivre, tant les hausses galopantes des produits de première nécessité et de l’énergie depuis que ce secteur a été livré à la concurrence, ont quelque chose de jamais vu.
S’il y a consensus au moins sur ce projet, qu’est-ce qui empêche Verhofstadt, qui est encore aux commandes et peut-être là pour un bon bout de temps, de convoquer la Chambre en urgence afin de proposer de relever les minima sociaux, les pensions et les bas salaires ?
Il n’y a rien dans la Loi qui le lui interdise.
Qui serait contre, dès lors que tous en ont approuvé le principe ?
Surtout pas le roi qui vient de se taper un nouveau yacht de plaisance de 12 mètres. Le nouveau jouet royal mouille dans le port de La Napoule. On peut le voir : c’est du lourd !
Il est possible cependant que Reynders, qui veut sa réforme fiscale pour les riches, pourrait saboter celle des pauvres, si les deux n’étaient pas liées ?
Cela aurait une autre gueule cette discussion d’urgence contre la pauvreté, que l’actualité d’un ministre de l’intérieur peu glorieux qui expulse deux malheureuses vers l’Equateur et que la Justice vient de sauver de justesse.
Peut-être aussi que Val Duchesse sonne la fin de la Belgique et qu’il serait temps de savoir qui est ce Leterme qui confond la Marseillaise avec la Brabançonne. Ce qui ne serait pas grave en soi, si ce n’était qu’une question d’ignorance, mais à ce point, c’est du mépris.
D’où l’intérêt de savoir qui est ce type ?
En deux mots, son parti et lui inquiètent.
Le CD&V est un parti aussi coincé dans la mouvance libérale que le MR, avec en plus un fond de nationalisme flamand, donc continuateur du discours flamingant en matière institutionnelle.
Les interlocuteurs actuels wallons et bruxellois qui étaient prêts à faire des concessions et notamment sur la scission de BHV, à condition d’obtenir des compensations pour les francophones de la périphérie, n’en sont pas encore revenus du programme de Leterme !
Même Reynders, pourtant si désireux d’en être, se raidit ! Milquet, n’en parlons pas, elle en est aux sarcasmes et aux mines dubitatives.
Pourquoi Dehaene a-t-il bâclé son boulot de démineur ? Une réponse est possible, parce qu’il lui était apparu que les parties ne pouvaient s’accorder autour d’un projet unilatéralement flamand.
Dehaene n’entrerait-il pas dans les plans de Leterme, puisqu’ils sont de la même formation !
Que va-t-il se passer si ces gens ne parviennent pas à s’entendre ?
Le constat d’impuissance pourrait conduire à une crise institutionnelle d’importance. Un des scénarios serait en effet la sortie avec fracas de la Flandre de la Fédération belge.
Toujours est-il que dans l’alternative d’une séparation, les Flamands pourraient dans la hâte de se séparer de nous, lâcher quelques beaux morceaux et notamment sur la Région bruxelloise, l’entité pourrait devenir une ville ouverte à caractère européen.
Battre les cartes et voter à nouveau est du domaine du possible aussi, avec le risque que dans une campagne électorale courte, les thèses nationalistes s’exacerbent en Flandre et naissent en Wallonie.
Ce qui pèse lourd, c’est l’appréciation qu’a Leterme de la Wallonie. Nous ne sommes pas des gens fréquentables. Pour lui, nous sommes un handicap. C’est inscrit tout a long du projet de gouvernement, en ce sens qu’il n’y a rien qui puisse nous convenir et quand cela serait, c’est toujours en partant de l’intérêt flamand, selon un vieux proverbe « Quand il pleut sur le curé, il goutte sur le sacristain. ».
La future orange-bleue verra-t-elle son mûrissement ?
Reste une ultime hypothèse, devant l’échec et la menace d’une dissolution, si le roi réanimait les socialistes, en confiant, par exemple à Di Rupo une mission d’informateur qui fut celle de Reynders, déchargeant par là Leterme de sa mission ? Di Rupo est tellement unitariste et belgicain que cela semblerait une insulte pour les Flamands. Mais, on a déjà tellement vu des choses bizarres dans ce pays surréaliste qu’une fantasmagorie de plus ne fait pas peur.