Halt !... Papier, bitte…
Ça ne rappelle rien à la génération d’aujourd’hui, peut-être que les vieux s’en souviennent encore. C’était sous l’occupation allemande entre juin 40 et la mi 45. Alors, chaque citoyen était suspect et envoyé illico à la gestapo, sans ces fichus papiers.
C’était une époque de cauchemar. Peut-être va-t-elle se reproduire reconduite par nos propres SS ?
Grâce aux Lois de l’avocate Onkelinx, ministre par la grâce d’Elio à la justice dans le cabinet sortant, avec l’encouragement personnel de Patrick Dewael, le gus garant de notre liberté de nous faire contrôler parce que nous n’avons rien à cacher : tout personnel des forces de l’ordre peut exiger les désormais incontournables papiers, si par hasard une tête ne lui revenait pas.
C’est le cas d’Ana Elizabeth Cajamarca Arizaga et sa fille Angelica 11 ans, dénoncées sans doute par « de bons patriotes » et « cueillies » dans la banlieue flamande de Bruxelles alors qu’elles descendaient d’un bus.
Conduites au centre fermé de Steenokkerzeel, elles sont sous l’autorité de l’office des Etrangers, forteresse dans l’Etat. On se demande si c’est le ministre de l’Intérieur qui a autorité sur Freddy Roosemont, directeur de ce service, ou si c’est Freddy Roosemont qui a autorité sur Patrick Dewael ?
On a donc, au grand dam d’un chef d’Etat, Rafael Correa, président de l’Equateur qui hélas ne s’appelle pas Khadafi et n’est donc pas un meurtrier modèle, refusé la relaxe de ses compatriotes.
Quand on n’est que le 4me producteur de la banane on n’intéresse personne. Mais, à défaut d’un ministre de l’intérieur intelligent, Guy Verhofstadt même sur le chemin du départ aurait dû demander à Freddy Roosemont de la fermer, de produire ses captifs à l’heure voulue au tribunal qui les aurait relaxées et de présenter des excuses au président de l’Equateur. Mine de rien, si on fait de la raison d’Etat pour tout, il y a du pétrole en Equateur, tas d’incultes…
Ceci dit, on nous les casse tous les jours en Belgique à propos des Etrangers sans papier.
C’est quoi ce système ? On distribue des papiers à qui sait s’y prendre et pour les autres, c’est la lettre de cachet, comme sous Louis XIV. Il n’y a pas de règles précises, ou plutôt grâce à la prolifique Onkelinx il y en a tellement que plus personne ne s’y retrouve, sauf Freddy Roosemont directeur de notre Bastille.
Ceux qui tombent dans ses oubliettes ne sont pas prêts de les oublier. On y entre, on ne sait pas pourquoi, et on en sort de la même manière. Il y a deux sorties, la petite porte, d’où le sortant contemple la campagne environnante, son baluchon à la main, plus pauvre et plus désespéré qu’avant d’entrer, avec les fameux papiers, mais conditionnés par une limitation de séjour le plus souvent, pour se retrouver six mois ou un an plus tard sur le même toboggan, et l’autre, la grande porte, plus expéditive, la fourgonnette jusque Zaventem où l’attendent les ex-héros du coussin de Samira pour un retour aéroporté vers le bled pourri dont les malheureux s’échappent régulièrement sans savoir qu’ailleurs il existe aussi d’autres bleds pourris, qui fleurissent aussi bien à Liège qu’à Charleroi ou à Gand et Anvers..
Didier Reynders a une formule. Il commence par dire comme Rocard un jour de déprime « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde », formule bien pratique et toute faite pour signifier que nous ne tolérerons plus aucune des misères du monde. Sous quelque forme que ce soit, qu’elles aillent arborer leurs guenilles ailleurs !
Puis, en y réfléchissant bien, il a trouvé l’alpha du libéralisme : plus nous enrichissons les riches par nos mesures fiscales roboratives, plus nous appauvrissons les pauvres. Le jour où nos pauvres seront aussi pauvres que ceux d’Afrique ou d’Amérique du Sud, il n’y a aucune raison pour que ceux-ci nous envahissent encore !
Tenant enfin une politique libérale cohérente, il en est tout ému et les Michel avec lui.
Comme le centre-gauche, Laurette, Patrick, Elio et les autres, ça trompe énormément, il se pourrait qu’on ait enfin en Belgique une solution de consensus à nos problèmes d’immigration.
Du coup plus d’atteinte aux droits de l’homme.
Pour éviter les pertes de temps du contrôle des papiers, plus personne n’en aurait. Ils seraient remplacés par un « ausweiss » tatoués sur l’avant-bras gauche des bons citoyens sous forme d’un numéro matricule, très vite identifiable sur l’ordinateur de Roosemont. Qui ne serait pas tatoué serait expédié dans un pays quelconque, assez éloigné pour que l’expulsé ne revienne pas de sitôt nous enquiquiner. On pourrait aussi mettre à flots l’indésirable sur un gonflable du côté de Zeebrugge à la marée. C’est simple, pratique, efficace.
Nous continuerions d’être le phare du monde en jugeant des génocides lointains dans une sorte de monopole qui nous exonérerait des nôtres.
Il ne resterait plus qu’à recevoir avec les pompes et les ors d’usage, le président Kadhafi qui introniserait Yves Leterme au grade de Colonel à l’armée belge avant de déposer le roi.
On ne saurait dire ces choses qu’avec ironie.
Mais parfois, à côté de la plaisanterie, on sent qu’il y a des coups de pied au cul qui se perdent.