Un crime qui paye bien !
L’affaire des infirmières bulgares serait plutôt l’affaire Kadhafi dont le 39me anniversaire de sa dictature sur la Libye tombe le 1er septembre prochain. C’est en effet en 1969 que Mouammar Kadhafi déposait le roi Ibris et passait de colonel à président dictateur.
Tant mieux si ces infirmières et ce médecin sont sortis des geôles libyennes. Il fallait bien user de diplomatie en usage dans la police pour qu’à la suite de pourparlers, les ravisseurs libèrent leurs otages. La différence avec l’affaire Kadhafi, c’est qu’à partir de la mise en sécurité des personnes séquestrées, le voyou connu de tous, court toujours.
Tout le monde l’adule et reconnaît son ‘beau’ geste !
Kadhafi, avec cette nouvelle affaire criminelle sur les bras, marque des points, veut faire reconnaître son pays au sein des Nations. (Les laudateurs n’ont pas osé employer le mot « démocratie »).
Après Cécilia, Sarko s’envole pour Tripoli, mais c’est pour faire de la politique et pas de l’humanitaire…
Voilà un dictateur, preneur d’otages, vainqueur sur toute la ligne. Cela va donner des idées dans la région où les chefs d’Etats gangsters ne manquent pas.
Les petits voyous qui tirent dix ans pour moins que ça doivent la trouver saumâtre.
Evidemment, ils n’ont pas à leur disposition une justice qui réprime les adversaires du Régime.
Comment peut-on par exemple, à la suite des déclarations de l’équipe du professeur Montagnier mettant en cause le manque d’hygiène de ces hôpitaux (les enfants libyens ont été pour la plupart contaminés avant l’arrivée des infirmières bulgares) condamner celles-ci à la peine de mort ?
Il est vrai que même Kadhafi traite les juges de son pays avec un souverain mépris. Ces pantins ont condamné à mort, puis à la prison à vie, puis ont libéré « les coupables » rien que sur ordre du despote.
Avec Kadhafi, ne sont-ils pas passibles du tribunal de La Haye ?
Ces infirmières ont été maltraitées, battues, violées, dans ce charmant pays. Les Autorités européennes qui espèrent beaucoup des marchés qui vont s’ouvrir avec la Libye pour son pétrole, redoutent que l’une ou l’autre de ces martyres du dictateur ne dépose une plainte, et qu’un juge ne décerne un mandat international à la clé.
Voilà qui éclaire la raison d’Etat élargie à l’Europe.
De par le monde, l’éthique est au plus bas, quand on sait que l'ambassadrice libyenne auprès des Nations Unies, Najat Al-Hajjaj, a été présidente de la Commission des droits de l'homme en charge de la 59ème session et qu’en cette occasion le porte-parole libyen des affaires étrangères, Hassouna Al-Chaouh, déclara sans rire que ce vote représentait une "reconnaissance mondiale historique du dossier vierge de la Libye dans le domaine des Droits de l'Homme.
Les libertés publiques n'existent pas en Libye, les opposants sont persécutés, tués ou déclarés " disparus ", quand ils ne sont pas poursuivis et assassinés à l'étranger. S'il ne détient peut-être pas le record en termes de violations des droits humains, le régime du dictateur Kadhafi fait incontestablement partie du " Top 10 " en la matière aux côtés de l'Arabie Saoudite, de la Chine, de la Tunisie et de nombreux autres pays tristement célèbres dans ce domaine.
Dans l’apothéose finale de cette libération, l’immoralité de nos dirigeants européens parmi lesquels il faut distinguer Sarkozy et sa marionnette Kouchner, éclate dans la crudité des faits. Elle jette une étrange lumière sur la justice libyenne.
Le gangstérisme lorsqu’il est l’émanation de voyous au sommet de la hiérarchie politique est cent fois plus rentable que la meilleure maffia sicilienne. L’opinion s’aperçoit que les valeurs dites universelles tiennent peu de place quand il s’agit de remplir le tiroir-caisse d’un argent sale purifié par la raison d’Etat !
Un « partenariat entier » impliquant une aide importante de la part de Bruxelles, voilà le résultat d’une séquestration qui aura réussi.
Autres temps, autres mœurs, est-ce qu’un ultimatum ferme de l’Europe pour la libération inconditionnelle des Hongroises aurait eu un effet identique, sinon une conclusion plus rapide ?
On ne le saura jamais.
Cette fermeté aurait eu au moins le mérite de ne pas récompenser le crime et de conserver une opinion européenne favorable sur la moralité de nos dirigeants, quitte à soigner dans nos hôpitaux des enfants atteints des maladies nosocomiales, de la même manière que les accords actuels le prévoient, mais alors de façon tout à fait humanitaire (1) et sans le sentiment de culpabilité qui subsistera sur la nature des faits, parce que la dictature libyenne aura menti aux parents des malheureuses victimes.
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1. A présent, ne conviendrait-il pas de réfléchir à une formule payante, quand on sait que les parents ont empoché un million d'euros par cas ?